David Prior a commencé sa carrière à Hollywood du mauvais pied. Attiré
depuis son plus jeune âge par le domaine de l'imaginaire et de
l'étrange, lecteur précoce de Lovecraft et fan invétéré de la saga
Alien, David Prior a connu sa première expérience sur un plateau de
cinéma en 1997, devant la caméra hésitante de Jean-Pierre Jeunet. C'est
en effet nul autre que David Prior qui, sous une impressionnante couche
de maquillage et de latex, incarnait le monstre mi-alien mi-humain qui
faisait un gros câlin à Sigourney Weaver dans la scène la plus
embarrassante du
film de Jeunet (avant de se faire sanibroyer et aspirer vers le vide intersidéral). De David Prior, nous ne devinions en
réalité que les yeux, deux billes de jais pathétiques qui, dans leur
reflet humide, exprimaient la plus profonde des tristesses et un
mal-être terriblement communicatif. Le regard de David Prior, personne
ne l'a oublié, bien que tout le monde se soit efforcé de l'effacer de sa
mémoire de cinéphage. Ses yeux caves, emplis de désespoir, offraient une
image saisissante rendue possible par une détresse bien réelle,
non feinte, chez celui à qui on avait annoncé qu'il allait incarner le
fils de Ripley. Prior, certes un peu naïf, avait endossé ce "rôle"
de façon bénévole, s'imaginant qu'il était voué à reprendre le flambeau
du personnage iconique inventé par Dan O'Bannon et Ronald Shusett dans
d'éventuelles suites. Durant ses quelques jours de participation à
Alien la Résurrection, il s'est donc montré particulièrement serviable en coulisse,
un amour d'homme, se donnant à fond, croyant vivre un rêve éveillé. En
réalité, personne d'autre n'avait accepté de passer une semaine gratis
dans la loge exiguë et surchauffée de maquilleurs rustres et peu appliqués pour les besoins de
l'une des pires scènes de l'histoire du cinéma. Tuyauté par un vieil ami
surnommé le Tank, qui s'est également avéré être l'amant de sa femme,
David Prior avait quant à lui accepté du tac o tac, emporté par son
enthousiasme débordant pour la saga et sans lire une seule ligne d'un
scénario de malheur dont aucune copie ne lui avait été fournie. Le
retour à la réalité a été douloureux, vous imaginez bien...
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David Prior, circa 2005
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Mais
tout n'est pas si noir en ce bas-monde et, comme il est d'usage de le
dire, David Prior a tout de même eu un peu de chance dans son malheur.
Son ineffaçable regard, si poignant et hideux, d'ersatz d'homme et d'alien avait
tapé dans l’œil, et le bon, d'un autre grand fan de la fameuse saga de
science-fiction. Un fan, lui aussi, remonté à bloc et contrarié à jamais par son expérience particulièrement douloureuse vécue durant la
réalisation d'
Alien 3. Cet homme-là, c'est évidemment David Fincher.
Très secoué par la fin cruelle du film de Jeunet, qu'il déteste copieusement,
Fincher a remué ciel et terre pour retrouver l'acteur, l'être humain,
caché derrière le monstre. A qui appartenait donc cette paire d'yeux chargée
d'une telle tristesse mais allumée de cette flamme de vie si ardente ? A
l'évidence, à quelqu'un qui avait conscience de la mascarade dans
laquelle il était mêlé malgré lui. Après des années de recherches,
menées en parallèle à des tournages assurés par-dessus la jambe, vite
fait mal fait (notamment pour
Panic Room, où le cinéaste était plus
occupé par son enquête personnelle que par son travail de metteur en
scène), David Fincher a entendu, tout à fait par hasard, dans les
couloirs d'un studio, un machiniste qui avait participé au tournage du
quatrième
Alien et évoquait, avec une nostalgie sincère et une once de
pitié, les "si bons cafés préparés par cet assistant, aux yeux aussi
noirs que ce café délicieux qu'il nous servait amoureusement". Cet
assistant qui,
lui a-t-on précisé ensuite,
"avait fini humilié dans la peau de l'hybride final ignoble". Bingo !
David Fincher avait enfin retrouvé la trace de David Prior. Il ne lui
restait plus qu'à mettre sur le coup toutes ses relations au FBI, tissées lors de la
préparation de
Se7en, pour dénicher ses précieuses
coordonnées, un 06, un mail, une adresse postale, quelque chose.
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David Fincher, seul dans l'Enfer des studios, sur le tournage d'Alien 3.
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Cela
n'a pas été si simple de remonter jusqu'au bon David Prior puisqu'il en existe 3862 rien qu'à Los Angeles. Et le FBI se
montrait d'une aide particulièrement nonchalante pour celui qui les
avait tant saoulé par son perfectionnisme et sa maniaquerie déplacés.
Les recherches traînaient. C'est dans ce laps de temps, avec peut-être l'espoir de forcer ainsi le destin, pour réparer une anomalie, rendre un peu justice
à celui qui était encore pour lui un estimable inconnu, que David
Fincher est allé lui-même compléter
la fiche IMDb du film de Jean-Pierre
Jeunet, afin d'y mentionner le nom de David Prior dans le rôle de
l'alien final. Une petite anecdote méconnue qui en dit toutefois très long sur la relation à venir entre Fincher et Prior. Et c'est encore le pur hasard qui devait leur permettre
de se rencontrer enfin pour de bon. Durant les repérages effectués pour
les besoins de
Zodiac, David Fincher a simplement eu envie de tester ce troquet dont on lui avait maintes fois parlé, comme quoi on pouvait y
boire le meilleur café d'Arlington Heights. L'air abattu du serveur, son
dos voûté et, surtout, son regard reconnaissable entre mille sont alors
apparus comme une révélation immense pour Fincher. Les deux hommes munis
du même prénom et animés d'une même passion étaient enfin réunis ! C'était un
beau matin de janvier 2005, au coin d'une rue de L.A., autour d'un café
bien chaud, succulent, mais loin d'être aussi bon que tous ceux que
Prior allait être amené à préparer sur les tournages des projets
suivants de son nouvel ami et mentor.
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David Prior (tourné) et David Fincher (pointilleux), sur le tournage de Gone Girl.
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David
Fincher avait fait la connaissance d'une âme sensible, fragile,
blessée, en grande difficulté ; un vrai paumé, hébergé en établissement
médico-social, sans attache ni famille, qui parvenait à susciter encore plus d'empathie
que son maudit regard aperçu auparavant ne le laissait envisager. Touché en
plein cœur, décelant chez cette personne qu'il avait tant recherchée une
passion sans borne pour le septième art qui pourrait peut-être lui être
utile, David Fincher a alors choisi de prendre sous son aile David
Prior. C'est donc autant par charité que par calcul et opportunisme que
Prior est devenu le
protégé d'un Fincher pour une fois compatissant, très humain. Fincher a d'abord permis à Prior de réaliser ses propres
courts métrages, en lui prêtant du vieux matériel qu'il n'utilisait
plus, lui laissant libre accès à ses studios personnels. Le matériel
était, selon les termes de Fincher, totalement dépassé, "fucking
useless", mais il ne faut pas oublier que le papa de
Benjamin Button a
toujours eu un temps d'avance sur la technologie audiovisuelle. Prior
était donc ravi, car il pouvait en réalité profiter d'un matos encore à
la pointe, que beaucoup lui auraient envié. Il bénéficiait en outre des
conseils avisés de son mentor, qui ne lui fermait jamais la porte,
toujours désireux d'étaler sa science. Dans le même temps, Fincher
invitait son padawan à réaliser des
making of sur les tournages de ses
propres films. Des expériences très enrichissantes. C'est ainsi que
le nom de David Prior apparaît inévitablement dans les
featurettes présents
sur les dvds des films de Fincher depuis 2007. En plus d'une loyauté et
d'une fidélité infaillibles, Fincher pouvait compter sur sa
disponibilité, son professionnalisme et son souci permanent de bien
faire. En outre, Prior répondait toujours présent quand il fallait
brosser le réalisateur de
Social Network dans le sens du poil, lui
rappeler qu'il était le meilleur et n'avait pas d'équivalent sur cette
terre, ce qui s'avérait parfois très utile face à des techniciens
dubitatifs et éreintés qui ne comprenaient pas pourquoi la caméra devait
forcément passer par l'anse de la tasse de café tenue par Brad Pitt.
Pendant ce temps, d'ailleurs, le café incroyable de David Prior
continuait de faire des émules et de voir sa réputation grandir.
C'est sur le tournage de
Millenium que David Prior a confectionné sa
propre machine à café semi-automatique, une merveille d'ingénierie produisant le meilleur
café du continent nord-américain. L'adaptation ratée du best-seller de Stieg Larsson aura au moins servi à ça !
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David Fincher et David Prior sur le tournage du making of de Gone Girl sur le tournage de Gone Girl.
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Parallèlement à ces tâches que l'on pourrait
qualifier d'ingrates mais néanmoins fructueuses et instructives, David
Prior continuait à travailler dans son coin, pour ses propres projets.
Souvent des trucs complètement barrés que lui seul comprenait. C'est
après des nuits et des nuits de dur labeur qu'en juillet 2008, Prior
s'est présenté au domicile de Fincher en portant triomphalement une clé
USB qui contenait la première œuvre dont il était assez satisfait pour
oser la montrer à son guide. Il s'agissait d'un moyen métrage de 39
minutes sobrement intitulé
AM1200, un thriller aussi mystérieux que
minimaliste qui attestait d'un véritable talent de cinéaste. Le film ne
menait nulle part, mais on s'y laissait prendre, on n'y comprenait
strictement rien, mais on le suivait malgré tout, happé par la beauté
des images, la qualité de la photographie et une atmosphère inquiétante à
souhait. Fincher était sur le cul, Prior avait réussi son coup ! Plus
tard, en aparté d'un interview pour la promotion de son pire film
(sans doute
Benjamin Button), Fincher a déclaré, pour mettre enfin en lumière le
travail de son disciple : "En 40 petites minutes, David Prior montre
pourquoi il est l'un des cinéastes les plus prometteurs que j'ai jamais
vus. Les gens me demandent toujours comment faire pour obtenir une carte
de visite à Hollywood. Eh bien, faites quelque chose comme ça, et
essayez de faire à moitié aussi bien." Une bien jolie pub de la part de
l'un des cinéastes les plus respectés (à tort) d'Hollywood ; trois
phrases qui ont changé la vie du réalisateur en devenir, dont le statut passait immédiatement à "
under the radar" sur le site de référence
Metacritic. D'abord visible sur le compte
Viméo de David Prior puis mis en ligne sur YouTube par un fan pirate,
AM1200 allait finir par devenir le moyen métrage le plus populaire du
début du siècle, rien de moins (il a même connu les honneurs d'une édition dvd spéciale).
Les années ont
passé et les rapports entre Fincher et Prior n'ont guère changé, à
quelques menus détails administratifs près : le premier est désormais le curateur
renforcé du second dont il était auparavant le tuteur. Un allègement de
la mesure de protection qui devait permettre plus d'autonomie à Prior
dans la gestion de ses propres biens et de ses droits de propriété
intellectuelle. Malgré quelques déboires sentimentaux, David Prior a
continué de nourrir d'ambitieux projets. Et, fin 2016,
à la veille de l'achat de la Fox par Disney, Prior s'est pointé
dans des locaux pratiquement vides pour demander le financement de son
dernier scénario, un pavé illisible de 666 pages inspiré d'un
comic book
qui l'avait longtemps empêché de dormir, au titre énigmatique :
The
Empty Man. S'aventurant à pousser la porte d'une pièce plongée dans l'obscurité, Prior est alors tombé sur un homme seul et ravagé, un
producteur jadis omnipotent qui venait tout juste de ranger son revolver
dans le tiroir de son bureau. Après avoir baratiné son pauvre
auditeur pendant un long moment, lui racontant qu'il tenait-là une
histoire terrible qui s'inscrivait de plein pied dans l'horreur cosmique
chère à H.P. Lovecraft, mêlant allègrement et audacieusement les genres du
fantastique et du polar, David Prior a réussi à obtenir un feu vert
complet, le
final cut et un budget tout à fait satisfaisant. Sans le
savoir, il avait aussi rappelé à ce producteur de la Fox, au bord du
gouffre et à quelques secondes de commettre l'irréparable, que l'air était
sans doute plus respirable ailleurs, qu'une échappatoire était
encore possible,
que la vie valait peut-être le coup d'être vécue. Paradoxalement,
The
Empty Man venait de remplir un être à la dérive d'un nouveau souffle de vie... Le
film devait être le dernier projet produit par la Fox, un film de genre
bizarre et débordant d'une ambition mal maîtrisée, comme il ne s'en fait
quasiment plus de ce côté-ci de l'Atlantique. Une anomalie, à laquelle
je vais désormais m'intéresser (il était temps).
Bouthan,
1995. Deux couples d'amis font une randonnée en haute montagne quand
l'un d'eux est attiré par un étrange bruit de flûte à l'origine
inconnue. Comme envoûté par ce son curieux qu'il est le seul à entendre,
le randonneur fonce droit devant lui et chute dans une crevasse au bout
de quelques pas. En panique, les autres vont aussitôt le secourir et le
retrouvent indemne, assis en tailleur au centre d'une grotte,
silencieux, imperturbable, comme médusé par un immense squelette, qui
semble humain et rappelle certains croquis de H. R. Giger, gisant devant
lui. Ses amis l'ignorent, les spectateurs commencent déjà à s'en douter :
le pauvre gars vient de voir son esprit vidé puis possédé par une
entité millénaire et innommable. Il est devenu l'homme vide du titre, le
réceptacle et transmetteur d'un esprit maléfique sans âge capable de
commander son monde, de dicter à n'importe quel quidam de commettre les
pires atrocités, gratuitement, sans raison, comme pour rappeler à
l'homme son inimportance et le confronter aux mystères insondables
qui l'entourent... Ce prologue d'un quart d'heure situé dans les contreforts de l'Himalaya
suscite à la fois méfiance et curiosité. Il est très ambitieux mais déjà trop
long, esthétiquement soigné mais infesté de personnages inintéressants
au possible, l'histoire entamée surprend mais paraît d'emblée très
absurde. En fin de compte, cette introduction annonce totalement la
couleur de ce qui nous attend. Le titre apparaît, avec une lettre
manquante (le "P", ourquoi ?), uis nous nous retrouvons rojetés quelques années lus tard,
aux States, où un ancien olicier, travaillant désormais dans un
magasin de matériel de surveillance et d'autodéfense, mène une enquête
suite à la dis arition inex liquée d'une jeune fille qui lui était roche. Avant de s'envoler dans la nature, celle-ci a eu le temps
d'écrire, au sang, sur les murs de la salle de bains "The empty man made
me do it". Une phrase que l'on retrouvera sur d'autres lieux,
théâtres de disparitions inquiétantes et irrésolues, avec toutefois
quelques variantes selon le niveau grammatical des victimes présumées : "Emptyman did dat", "Da empty man just wanna
have fun", ou encore le plus interrogateur "Is the glass full or half
empty, man ?" qui s'avèrera non lié aux autres cas.
Menace indicible et immémoriale, humanité dépassée, sans défense, remise
à sa place insignifiante dans l'univers... C'est assez réducteur mais
les éléments de base sont vaguement là : on peut donc effectivement
parler d'
horreur cosmique, comme l'avait promis Prior à la Fox, et ce,
dès l'introduction, très lointainement apparentée à celle d'
Alien, qui
tente à l'évidence de convoquer ce grand frisson, ce vertige quasi addictif produit par
Lovecraft dans la plupart de ses écrits. Précisons cependant que cette
association n'est pas vraiment un très bel hommage fait à l'écrivain de
Providence tant plusieurs mondes séparent les œuvres en question... Après
son ouverture à moitié prometteuse, le premier long métrage de David
Prior prend des allures de thriller surnaturel bouffant un peu à tous
les râteliers. Cela pourrait ne pas être une mauvaise chose du tout si
le mix fonctionnait mieux que ça. Sont ainsi notamment convoqués les codes
habituels du
slasher puisque l'on décline ici le mythe, surtout véhiculé
par des
memes internet, du
Slender Man, cette espèce de croque-mitaine
mystérieux qui prend l'allure d'une ombre filiforme et menaçante en
arrière-plan de photographies de toutes les époques et de tous les coins
du monde. Le film flirte aussi plus d'une fois avec la
j-horror,
invitant ses fantômes urbains, chevelus, mal fringués, et ses
adolescents errants, destinés à être les premières victimes d'une
malédiction ancestrale.
On dérive également peu à peu vers l'horreur sectaire, le scénar
empruntant grosso modo la même trajectoire que le
Kill List de Ben
Wheatley (paix à son âme) avec, au programme : organisation secrète, gourou
illuminé, sombre sermon, rites païens et... arroseur arrosé.
Enfin, on tient là un film policier, où l'on suit de près la procédure
et l'investigation d'un ex-flic, personnage principal des plus bateau
campé par un James Badge Dale plutôt convaincant qui a bien la tronche de l'emploi. Des recherches menées à
grands coups de plans de coupe répétés sur des écrans d'ordinateur
surfant sur Wikipédia, de vieilles brochures de journaux, et autres
documents du même genre qui, c'est assez rare pour être signalé, sont
pour une fois assez joliment filmés.
Sans
surprise, on pense très facilement au cinéma de Fincher, puisque Prior
filme un peu de la même façon, mais plus sobrement, et cherche
visiblement à insuffler une ambiance similaire aux titres les plus
connus de son modèle. La parenté est toutefois suffisamment
superficielle pour ne pas agacer. Le résultat à l'écran n'est jamais
désagréable à l’œil,
David Prior priorise la forme au fond, c'est un esthète, c'est évident. Dommage qu'il n'ait pas
encore toute sa tête... Son premier long est beaucoup trop lent,
inconsistant et nébuleux pour réellement accrocher. Notons également que
le cinéaste tente peut-être d'apporter une dimension philosophique à
son œuvre en nous montrant ostensiblement le fronton d'un lycée du nom
de Jacques Derrida, ce qui ne suffit pas : ce plan n'a pas d'autre
intérêt que de nous montrer que son auteur a de saines lectures. En fin
de compte, toutes ces références, ces sous-genres, ces influences,
mélangés pendant près de 2h30, font de
The Empty Man un gloubi-boulga
audacieux, oui, qui a son petit charme, certes, (ce qui suffit, si l'on
en croit
Wikipédia, à ce que le film jouisse d'un
cult following – déjà !), mais
qui est très très loin d'être réellement réussi. Trop pris par le
développement pénible du très pénible
Mank, David Fincher n'était guère
là pour prodiguer ses conseils, et personne d'autre n'était dispo pour
contrecarrer les petits plans d'un David Prior trop isolé et sûr de ses
effets.
The Empty Man est l’œuvre d'un homme sans doute sympathique et plein de bonnes intentions, mais livré à lui-même.
Un film trop ambitieux, un peu fou,
vraisemblablement issu d'un esprit pas encore très en ordre, en roues libres,
qu'un ultime twist finit par rendre complètement incohérent et absurde.
Une jolie promesse non tenue. Espérons que David Prior fera mieux, je continuerai à garder un œil sur sa carrière. En tout cas, si David Fincher a vu
The Empty Man et
qu'il continue de défendre son cher poulain dans les médias, il est bien plus qu'un
mandataire judiciaire de renom, c'est un véritable ami !