28 février 2008

Seraphim Falls

Je l'ai maté avec la qualité d'une vieille VHS et ça donne un certain cachet au film. De toute façon moi j'écoute tous mes mp3 sur mon vieux walkman à cassettes donc ça me change guère. J'aime tout ce qui est vieux. J'aime les vieillards. Dans la rue je me surprends souvent à reluquer les vieilles. J'achète toutes mes fringues dans des friperies, je ne peux pas porter des trucs qui ne soient pas de seconde main voire de troisième main. Mes godasses sont méga trouées mais j'adore ça, mes pieds respirent. J'avais réussi à choper le film en 5.1 mais j'ai changé mes réglages sur mon ampli, je l'ai mis en 0.0 histoire de retrouver le son de la vieille téloche de mes parents quand j'étais gosse. J'entends que dalle mais c'est ma came. Je suis allé jusqu'à filer des coups de cuter sur ma télé 16\9 de sorte que les rayures me rappellent les vieilles bandes pourries d'antan. J'ai aussi réglé mon téléviseur sur pal\secam de façon à ce que l'image soit rognée sur les côtés comme c'était le cas dans mon cinéma de quartier à la vieille époque. Puis j'ai retiré les couleurs sur ma télé Daewoo DE. Et finalement j'ai maté le film juché sur un tabouret de bar pour retrouver l'inconfort de ma triste jeunesse. J'ai également retiré mes lunettes, que je ne portais pas quand j'étais gamin, et sans lesquelles j'y vois pas à un mètre. J'ai donc maté ce film flou en étant à moitié aveugle. Il manquait juste mon vieux père pour me filer de grands coups de latte dans le cou au moindre mouvement un peu bruyant.




Le début du film est très spécial. Pierce Brosnan est dans les bois, sous la neige, dans un gros manteau en peau d'ours. Il est en train de pisser et d'écrire son nom dans la neige (d'ailleurs, goof, il écrit Pierce Brosnan, son nom à lui, pas celui du personnage, une erreur qu'apparemment personne sur le plateau ou en salle de mixage n'a relevée), il pisse dans la neige donc quand Liam Neeson et ses acolytes, sans crier gare, lui tirent des balles dans le bras. Plusieurs dizaines de balles, dans le même bras, à plusieurs centaines de mètres de distance. Une précision peu commune et sans fondement. Pourquoi se focaliser sur ce bras ? Le scénario ne nous le dira jamais. Disons-le carrément, le screenplay n'est pas près de nous dire pourquoi ces types s'acharnent ainsi à crever la paillasse du vieux Pierce qui pendant les 15 premières minutes du film subit donc un parcours du combattant éprouvant pour le spectateur pris en otage. Cette cavalcade infernale s'achève quand Pierce, après avoir escaladé plusieurs falaises et traversé un fleuve à la nage, s'arrête cinq minutes dans une clairière pour retirer les quelques douzaines de balles, une cartouchière complète, que trois types étranges lui ont logées dans l'épaule gauche. Nouveau goof, d'un plan à l'autre Pierce voit le couteau qu'il portait dans la main droite se transformer en grande branche d'arbre. Ce goof qui paraît anodin mettra sans doute Pierce en grand danger quand il s'agira de faire face à un Liam Neeson remonté comme une pendule.




Ce film est un western de neige, un western des plus simples. Un western qui ne s'encombre pas avec le début d'un scénario. C'est une course poursuite, une chasse à l'homme, un type seul traqué par des tueurs sans foi ni loi, sans motif, sans mobile, pour le plaisir du sport. David Von Ancken a de toute évidence adapté le scénario écrit par son fils de 6 ans qui lui dictait sa trame narrative allongé au milieu de ses playmobils. Qui dit western dit canassons. Or quatre canaris qui galopent à toute allure et côte à côte dans le désert ça fait vibrer le sol. Ne vous étonnez donc pas de voir la caméra trembler sans ménagement sur son pied. De temps à autres le pied de caméra se casse même la gueule et Von Acken n'a semble-t-il pas jugé nécessaire de couper ces ratés au montage. La traque est si longue que l'on voit les saisons défiler. Au bout de 45 minutes c'est l'été Indien sur les Rocheuses et Pierce n'a toujours pas semé ses poursuivants, ni passé sa tête sous l'eau. Il transpire de la boue, il suinte la terre. Mais après une heure et demi de métrage, nous voilà rendus. Le mexican stand off arrive enfin. Empruntant le chemin biaiseux du flashback, Von Ancken nous explique le fin mot de cette poursuite endiablée. À la fin de la guerre de sécession, Pierce Brosnan a foutu le feu à l'épouse de Liam Neeson ainsi qu'à ses deux enfants. Celui qu'on croyait être le gentil traqué par de vilains bandits est en fait un affreux assassin poursuivi par la main vengeresse d'un veuf qui a vu ses gamins cramer à ses côtés. C'est un twist infernal que même mon clébard allongé à côté de mon tabouret pendant toute la séance avait su deviner dès le générique d'ouverture.




Mais pas de ça entre nous Von Ancken, le bien et le mal, cette vision manichéenne du monde, c'est pas la mienne et tu le sais. Eh bien ce n'est pas non plus celle de Van Hallen qui, et là accrochez-vous bien, rallonge son film de 45 minutes, oui pas moins que ça, histoire de faire durer ce duel de pacotille, parsemé de scènes oniriques dans le désert d'un ennui prodigieux, avant de voir les deux ennemis jurés s'en aller côte à côte face au soleil couchant. Parce qu'au fond Pierce n'avait pas fait exprès d'enflammer la petite famille au complet de Liam, et lui-même regrette bien fort ce douloureux événement du passé. Alors Liam le croit sur parole et croit bon d'ajouter : "De toute façon j'ai plus de balle pour te descendre ni d'allumette pour t'enfumer". Ce western partait bien mais il a fini en grosse queue de poisson. Une queue de poisson de deux plombes qui m'a rappelé Le Grand bleu de Luc Besson en cela qu'il m'a lui aussi fait vivre l'extase des profondeurs.


Seraphim Falls de David Von Ancken avec Liam Neeson et Pierce Brosnan (2006)

Michael Clayton

C'est la première critique que j'écris IRT (In Real Time), c'est à dire que j'en suis à 1h26 là, le film dure 2 heures. C'est aussi le premier article que j'écris sur mon tout nouvel ordinateur portable MultiMedis que j'ai acheté pendant le film histoire de pouvoir écrire en le regardant. Un article historique donc. C'est grâce au film que j'ai pu brancher le wifi si vite. Le film parle en effet des Télécom en général. C'est le sujet du script. Les répondeurs téléphoniques sont de chaque plan. Au bout d'une heure trente, le répondeur de Mickey Clito tombe en panne, on croit à la fin du film mais c'était sans compter sur un réparateur de répondeurs qui le remet en selle aussi sec. J'ai acheté une glacière pour ne pas avoir à lâcher l'écran des yeux une seule fois. C'est la première fois que je fous autant d'argent dans un film et il faut savoir que je me suis contenté de le graver sur un dvd-rw. Je me suis acheté un Sagem pour commander à bouffer. Dans ma glacière y'a un compartiment trousse de survie au cas où une merde m'arrive en plein film. J'ai tout prévu pour ne rien rater. On en est à 1h36 actuellement. Ma maman me manque.



Au moment où j'écris y'a Sydney Pollack à l'écran. L'illustre réalisateur\acteur, qui s'est illustré dans des réalisations telles que L'Interprète ou des rôles tels que celui que lui avait refilé Kubrick dans Eyes Wide Shut. Il n'a semble-t-il rien perdu de son talent de réalisateur puisqu'il ponctue chacun des plans dans lesquels il apparaît en criant : "CUT !" et en frappant très fort dans ses paluches. Le vieux Pollack est totalement out of Africa.

Ce film c'est le récit d'un grand et rocambolesque changement de conscience très lent. C'est un quasi western. C'est un stern. Y'a des flingues et des chevaux mais pas l'ombre d'un sombrero à l'horizon. Le genre est totalement revisité. J'en suis à 1h49 et je viens de composer le 17 sur mon Sagem. J'appelle les flics.



1h58, voici un énorme goof. Mickael Clito retrouve son ami avocat, campé par Tom Wilkinson, dans une rue de New-York, lequel tient sous le bras une bonne douzaine de baguettes de pain. L'explication ne nous est pas donnée. On ne saura pas pourquoi ce personnage jusqu'ici tout à fait honnête et intéressant est allé se payer 15 baguettes de pain pour son petit déjeuner. La scène est tournée en champ\contrechamp et d'un plan à l'autre le nombre de baguettes sous le bras du collègue de Michael augmente petit à petit, ça saute aux yeux. Quand la scène se termine, le pote de Clayton lui demande s'il a envie d'un quignon de pain puis se lachave en lui disant : "Excuse j'ai du pain sur la planche". C'est la fin du film. Clooney se barre en taxi, le générique de fin défile sur un côté de l'écran tandis qu'il regarde la caméra pendant dix bonnes minutes dans l'autre partie du cadre. En fond sonore, la bande originale du jeu vidéo Projet I.G.I se profile.


 
Le film a été nommé plusieurs fois aux Oscars cette année. Pour la meilleure décoration notamment puisque Tony Gilroy filme les objets statiques comme personne. Quid des répondeurs, des chaises de bureaux et autres lampadaires. Le point est toujours fait sur l'objet de déco au détriment de l'acteur en présence. Le film a aussi reçu le Prix d'Interprétation Animale du Festival de Carpentras (le Cheval D'Or de Carpentras pour être plus précis) pour le cheval noir qui joue une scène de 5 bonnes minutes en tête à tête avec George Clooney, à noter que ce cheval avait déjà reçu le prix du Canasson D'Argent de Genève pour son apparition mémorable dans Les 7 Mercenaires.


Michael Clayton de Tony Gilroy avec George Clooney et Sydney Pollack (2007)

22 février 2008

Je suis une légende

L'homme, quand il est seul, certain de n'être pas observé, a des manies bien étranges. L'homme, par exemple, adore ses odeurs. L'homme au sens générique du terme j'entends, la femme est dans le même bateau. Quand il est seul, l'Homme se cure les pieds et sent ses doigts, il se passe les phalanges entre les couilles et les porte invariablement, machinalement, à son nez. La femme fait pareil en passant le bout de ses doigts sous ses seins, ou sous ses aisselles, ou contre son entre-jambes, sans doute. Les deux font ça avec leurs panards ou leurs culs. C'est quelque chose de très étrange et de pourtant tout à fait naturel. De même l'Homme pète et baigne dans son pet, aussi abominable puisse-t-il être, il s'en délecte et ramène l'odeur vers lui avec ses mains pour mieux en apprécier toute l'horreur. Horreur qui n'est perçue ainsi que lorsque le pet vient d'un autre. Quand il est nôtre, le pet est toujours agréable, voire d'autant plus agréable qu'il est puant. On secoue les draps quand on pète dans son lit pour être certain de recevoir toute les fragrances de son pet et pouvoir mieux le mesurer. Mesurer son importance. Laquelle dépend de sa puanteur. Plus un pet sent, il faut bien le dire, la merde, ou le renfermé, plus il est important et plus on en est fier. C'est très intéressant de voir comme l'homme est toujours d'autant plus fier de ce qui émane ou sort de son corps que ce qu'il dégage est plus répugnant. Tout le monde se retourne après avoir chié. Notre fierté peut se voir quand on va aux chiottes. On sait que personne ne nous regarde, alors on étudie la taille de notre besogne, et on est plus ou moins content de nous selon l'importance de nos déjections. On est fiers de ce qu'il y a de plus dégueulasse qui puisse sortir de notre corps, et on l'est plus ou moins selon sa grosseur et sa coloration. Ces rejets sont un insondable tabou en société parce qu'on les adore absolument en privé et que c'est évidemment une profonde honte pour tout un chacun. Tout le monde se retourne après s'être torché. Pas juste pour tirer la chasse d'eau, non, c'est pour bien regarder ses selles, passer un moment en tête à tête avec elles. Parce que tout le monde a peur. Tout le monde est inconsciemment effrayé par la perte de fluide corporel, c'est pour ça qu'on se retourne toujours pour regarder notre merde quand on l'a chiée.




Ce film est une étude théorique sur ces questions. Will Smith est seul à New-York, personne ne le regarde, alors il sent ses doigts.

Francis Lawrence, qui a signé cette merde, n'a de cesse de revoir son film, pour contempler ce qu'il a chié, et croyez-moi, il en est fier.


Je suis une légende de Francis Lawrence avec Will Smith (2007)

19 février 2008

I Heart Huckabees

Vous connaissez l'histoire de Romain Gary qui avait pris pour pseudonyme Émile Ajar histoire de recevoir deux fois le prix Goncourt, d'abord sous son pseudonyme habituel, pour Les Racines du ciel, en 1956 et la seconde fois donc sous le pseudonyme d'Émile Ajar, pour La Vie devant soi, en 1975. Eh bien Michel Gondry a voulu faire pareil. Après avoir tourné des films à succès tels que Eternal sunshine of the spotless mind ou La science des rêves, il a donc choisi de se déguiser sous une nouvelle identité, David O. Russell, pour sortir un nouveau film : I heart Huckabees. Et si après avoir su la vérité sur la double identité de Romain Gary on devait découvrir que Gary et Ajar signifiaient respectivement "brûle !" et "la braise" en Russe, force est de constater que la supercherie chez Michel Gondry tient par des ficelles un peu moins solides, puisque d'après certains spécialistes ès Gondry, ce dernier aurait choisi le prénom David en hommage à David contre Goliath, le héros préféré de Gondry, petit et maigre comme lui, puis le nom Russell en guise de clin d'œil à Russell Crowe, son acteur fétiche, petit et maigre aussi. Quant à la lettre O. les chercheurs sont encore sur le coup. D'aucuns pensent qu'elle pourrait faire référence à O.J. Simpson aussi bien qu'à Wilson Oruma, les deux pygmallions officiels du réalisateur de clips.



Il n'était pas bien difficile de démasquer le coupable. Cependant le principal intéressé n'a pas encore avoué, et je pense même être le premier à mettre publiquement le doigt sur son crapuleux subterfuge. Mais la vérité ne saurait tarder à éclater au grand jour. Il n'y a pas beaucoup de place pour le doute. On retrouve dans ce film tous les éléments chers à l'univers de Michel. Un personnage principal disgracieux dont la tignasse ignoble lui assure la liberté de déambuler à sa guise sur les trottoirs que les passant désertent à son passage. Un bonhomme sympathique, fondamentalement gentil, en contentieux avec ses parents comme avec ses collègues de bureau et chèrement attaché aux bonnes manières ainsi qu'à la protection de l'environnement. Un univers décalé où urbanisme coloré et fantaisies mignonnes font bon ménage. Des seconds rôles tous plus improbables les uns que les autres baignant dans une folie douce et propices à un humour gentillet permanent. Enfin bref une escroquerie, une friponnerie, une malversation, une filouterie, un abus de confiance. Gondry nous prend pour des cons.



Pourquoi un pseudo ? Peut-être par peur de surprendre son audience habituelle rodée à des actrices aussi douées que Charlotte Gainsbourg ou à des acteurs aussi brillants que Gabriel Garcia Macdal . En effet on retrouve à côté des abominables malfrats que sont Jason Shwartzman et Jude Law des gens intéressants comme Dustin Hoffman, Naomi Watts, et Isabelle Huppert. Mais ne vous méprenez pas. Tous ces acteurs se sont vus confier des rôles si chiants qu'on en oublierait presque leur talent. À l'exception de Mark Wahlberg qui trouve enfin un rôle qui ne soit pas une insulte radicale à sa personne autant qu'au spectateur, un rôle assez marrant qui plus est. Peut-être aussi que Michel Gondry a choisi de prendre un pseudonyme pour remporter deux fois la Palme d'Or à Cannes, comme Gary avec le Goncourt, c'était oublier un peu vite qu'il n'a jamais reçu aucun grand prix à ce jour, hormis les Oscars du meilleur décorateur et du meilleur photographe de plateau pour sa publicité de la Smirnoff Ice, spot publicitaire qui a fait de Gondry le Méliès d'aujourd'hui.


I Heart Huckabees de David O. Russell avec Mark Wahlberg, Naomi Watts et Isabelle Huppert (2005)

Bigfoot

Qui ne connait pas le Big Foot ? Littéralement "Gros Pied", du fait de la taille gigantesque des empreintes qu'il se plaît à laisser dans la boue les soirs de pleine lune (si le dicton "grand pied grosse bite" est vrai, imaginez un peu la taille que doit avoir son GrosRobert), le Big Foot est plus connu chez nous sous le nom d' « Abominable bonhomme des neiges ». « Yeti » ou « Mi-Go » au Tibet, où il est très souvent surpris dans les fêtes de villages, le Big Foot ne répond de toute façon jamais quand on l’appelle, d’où cette abondance de surnoms. Hergé lui a consacré un album, Pocahontas serait morte étranglée par l'un d'eux, Jeremiah Johnson en aurait combattu un à mains nues, Brad Pitt le défend, Ernest Giger s'en serait inspiré pour designer l'Alien, Spielberg en aurait apprivoisé un en lui montrant E.T... C'est bien simple : le Big Foot est l'une des légendes urbaines les plus vivaces de notre temps. Toute personne s'intéressant un tant soit peu aux mystères qui font froid dans le dos a déjà entendu parler du Big Foot. Ici, nous sommes bel et bien en présence d'un cas d'homme de néandertal qui aurait survécu à travers les âges, chose tout à fait plausible affirment les scientifiques et d’autant plus effroyable que l'on relève des témoignages venant d’Asie qui sont étrangement cohérents avec d'autres originaires d’Amérique ou de Patagonie ! Selon l’IFOP, et d’après les chiffres datant de 2003, on recenserait chaque année pas moins de 850 preuves -and counting- de l’existence du Big Foot. Comme vous le voyez, j'ai moi-même du mal à cacher mon enthousiasme lorsque j'évoque la personne du Big Foot ! Une biopic référence sur le Big Foot DEVAIT exister, Slatzer s'en est chargé.




C'est suite à une longue traversée du désert et au braquage d'une banque dans le Kansas que Robert Slatzer trouva les fonds nécessaire pour mettre en chantier le tournage de son film. Saltzer avait tout simplement l'intention de réaliser une oeuvre bigger than life, c’est à dire LE film définitif sur le sujet du Big Foot. La vingtaine de pages qui constitue le scénario de Saltzer cache un film d’une profondeur rare, contenant son lot de scènes d’anthologie et permettant de faire passer un message humaniste d’une simplicité désarmante sur la tolérance et la vie en communauté. Je ne peux à présent m’empêcher de vous présenter le synopsis. Si vous n’aimez pas les spoilers, passez donc votre chemin ! 




Le début du film nous présente un Big Foot hyperactif et suspicieux, ayant par conséquent du mal à trouver le sommeil. Il noie donc sa solitude et son chagrin dans une bouteille de whisky dérobée à un bûcheron. Une nuit, après un brainstorming éreintant où il est aidé par un jeune verrat qui deviendra par la suite son sidekick, le Big Foot décide d’aller à la rencontre des villageois, dans l’espoir de se faire des amis. Sous-homme à l’allure simiesque et à l’hygiène rudimentaire, le Big Foot aura au départ bien du mal à faire sa place parmi les villageois. Grâce à un sens de l’humour à toute épreuve et une répartie qui laisse pantois, le Big Foot autodidacte se fera peu à peu accepter et deviendra un membre essentiel de la communauté. Nous sommes alors dans le premier acte du film, tout va bien et le climax du bonheur survient lorsque le Big Foot a sa première relation sexuelle avec une jeune attardée, qu’il conclue par un interminable cumshot, rythmés par les cris de la bête. 




C’est alors que survient l’inévitable élément perturbateur, ouvrant le deuxième acte : une bande de bikers sans pitié et le drapeau en berne depuis des mois, débarquent en ville, surprennent le Big Foot dans un bar et s’en prennent directement à lui avec leurs fouets. Sachant que son penchant pour la bibine est son talon d’Achille, les bikers lui tendent un guet-apens en se servant d’une canette de bière pour l’attirer dans une cage. Le Big Foot se retrouve alors dos au mur, ignorant encore les intentions des bikers qui désirent le revendre à un savant fou !  




Je préfère ne pas dévoiler le reste de l’intrigue afin de préserver l’effet de surprise, mais sachez que le métrage est ponctué de scènes cultes qui sont désormais au panthéon du cinéma. Parmi elles, je citerai en premier celle du mémorable mexican stand off où le Big Foot est cerné par trois bikers armés et à cran ! Celle où l’on voit le Big Foot prendre sa première douche vaut également son pesant de pesos car rien ne nous est caché sur l’anatomie de la bête. Le spectateur médusé se rend alors compte que notre Big Foot a effectivement un sexe de la taille du bras d’un enfant bodybuildé. Que dire du final en apothéose où le Big Foot, ayant réussi à s’échapper, se retrouve traqué par un Mirage 2000 et évite de peu un raid aérien lors d’une scène évoquant inévitablement La Mort Aux Trousses et la fin de 24 heures chrono saison 3 ! 




Ne vous laissez pas duper par l'affiche mensongère du film car à sa sortie, la presse lui réserva en réalité un accueil particulièrement glacial avec quelques phrases assassinent qui eurent pour effet inattendu de rendre Robert Slatzer encore plus euphorique, rappelant qu’il en avait été de même pour le Citizen Kane d’Orson Welles et que seuls les vrais chefs d’œuvre ne sont pas immédiatement reconnus. « Quid de Titanic dont personne ne se souvient aujourd’hui alors qu’il déchaîna les foules à sa sortie ? » déclara-t-il lors d’un entretien privé.

Son film provoqua carrément une sorte de séisme au sein de la presse spécialisée. Les critiques n'ont vraiment pas été tendres et, pour que vous ayez des preuves, je vais à présent vous citer les exemples les plus fameux :

"Je fêterai mes 118 ans demain. J'ai supervisé les effets spéciaux de L'Arroseur arrosé, j'ai même eu l'idée de la blague en premier, j'étais parmi les passagers du train de la Ciotat, j'ai échappé au McCarthisme, j'ai accueilli Kirk Douglas lors de son arrivée aux pays de la liberté, je suis celui qui suite à une faute de frappe a définitivement transformé Gary en Cary Crant et j'ai connu George Lucas à l'époque où il avait un peu de talent. J'ai vu des milliers films, interviewé des réalisateurs du monde entier et visité les salles de cinéma de tous les pays. Je pensais avoir été achevé par le dernier Ron Howard. C'était sans compter sur la chose méprisable de Robert Slatzer, qu'on m'obligea à voir jusqu'à la fin, un fusil à canon scié collé à ma poitrine." Le Père-Noël

"C'est bien simple : j'ai eu l'impression de voir les rushes du plus mauvais premier film d'un réalisateur raté qu'on aurait forcé à faire du cinéma." Jean Claude

"Un pet cinématographique." Télé Z

"L'espace d'une heure trente, j'ai envié ma tante aveugle, pour la première fois de ma vie." Télé 2

"Un traquenard." Bricoloisirs

"By the way, this movie caused terrible trauma for me !" TGV Magazine, le magazine à grande vitesse

"BigFoot fait partie de ces quelques films qui feraient regretter aux frères Lumières d'avoir inventé le cinématographe." Kansas City Chronicles

Beaucoup de haine pour un film qui n’en mérite pas tant. 





BigFoot se termine sur quelques lignes nous racontant le futur incertain du Big Foot et de sa nouvelle compagne, hommage direct aux grandes heures du cinéma muet. On y apprend qu’ils se marièrent, qu’ils vécurent heureux mais qu’il décida de divorcer car elle était stérile. Terrible fin, ou quand la fiction parvient à être aussi cruelle que la réalité. Après avoir réalisé ce film, l'allemand Robert F. Slatzer a tout simplement arrêté le cinéma, jugeant qu'il ne pourrait jamais faire mieux et que tout avait été dit. Une vision du cinéma peu banale, pour un réalisateur unique. 


Bigfoot de Robert F. Slatzer avec John Carradine, Christopher Mitchum, John Mitchum et Christopher Carradine (1970)

18 février 2008

30 jours de nuit

Vous vous demandez sans doute ce que peut signifier ce titre. C'est très simple. Il y a des endroits sur Terre où il ne vaut mieux pas élire résidence. Par exemple l'Alaska. L'Alaska se situe sur un décan tel qu'à une certaine période de l'année la région toute entière se retrouve plongée dans la nuit noire trente jours d'affilée. Un autre film avait déjà été fait là-dessus : Insomnia, de Christobal Nolan, avec Robin Williams et Al Pacino, un thriller un peu raté où l'idée avait déjà montré ses limites. 30 Days of night est l'adaptation d'un comic dont l'auteur, Steve Niles, avait trouvé là un bon prétexte pour renouveler le mythe des vampires. Il aurait déclaré au journal Ciné Live à la sortie du film : "Putain, quand j'ai appris qu'il faisait pas jour pendant trente jours dans cette région pourrie du Canada, j'ai immédiatement repris mon fusain et mon papier cançon pour pondre un comic de merde !" Deux jours plus tard il devait croire bon de rajouter dans Studio : "La neige, blanche. La nuit, noire. Le sang, rouge. J'ai tout dessiné en noir et blanc".




L'idée de base était de donner une nouvelle jeunesse au mythe des vampires, en balayant tout ce qui faisait sa grandeur et son romantisme (le côté hors du temps des goules, le fait qu'ils soient en de nombreux points supérieur aux hommes et qu'ils ne les perçoivent pas comme de la simple nourriture), en faisant de ces créatures de simples animaux, bêtes et méchants. Une relecture synonyme de transformation et de simplification du mythe qui a, en plus, déjà été faite mille fois par le passé. Dommage...




Malgré tout, les studios choisissent l'occulte David Slade pour adapter ce comic au cinéma. Pour ce qui est de l'histoire : comme l'indique son titre elle se déroule sur deux journées et il fait nuit. Le reste n'a rien d'original ni d'intéressant. Les vampires tuent les gens, les gens cherchent à survivre, etc. Josh Hartnett et Melissa George campent les premiers rôles. Le premier continue de fusiller sa carrière à bout portant tandis que la seconde poursuit sa spécialisation dans l'horreur. Ils font tous les deux assez pitié, même si certains ne seront pas insensible au charme de l'actrice blonde aux lèvres en forme de débouche chiotte. 




L'ennui avec un film comme ça c'est que si on me propose de le revoir demain, je dirais oui vu que je me souviendrai plus l'avoir vu.


30 jours de nuit (30 Days of Night) de David Slade avec Josh Hartnett et Melissa George (2007)

Le Voile des illusions

Ce film raconte l'histoire d'une jeune aristocrate anglaise (Naomi Watts) méprisée de ses parents et qui, en 1925, accepte par défaut la demande en mariage d'un jeune bactériologiste fou amoureux d'elle (Edward Norton Antivirus), histoire de partir le plus loin possible de son affreuse génitrice. Épouser ce charmant jeune homme s'avère bien pratique puisqu'il doit partir en Chine aussitôt la bague passée au doigt de la dame. Une fois arrivés sur place, la jeune femme alterne gros smileys et caprices d'adolescentes, mais le mariage se consomme avec joie de vivre. Et puis arrive un grand con (Liev Schrieber), qui la fait marrer avec une vanne de merde et qui se retrouve au pieu avec elle aussi sec. Edward Norton découvre rapidement l'adultère et soumet un dilemme à la jeune fille : soit ils divorcent, mais à condition que Liev Shrieber quitte sa femme et épouse Naomi Watts dès après, soit elle le suit dans un village reculé où sévit le choléra pour le soutenir tandis qu'il combattra la maladie. Fidèle à sa ligne de conduite de fils de pute, le personnage incarné par Liev Shrieber la laisse tomber et les voilà embarqués pour un hameau infesté.




Tout ça pour dire que John Curran va vite en besogne. Après un générique d'ouverture d'outre-tombe, en pas plus de 26 minutes on a la rencontre Norton/Watts, la demande en mariage, la rencontre Watts/Shrieber, l'adultère, la proposition de divorce, l'annulation du divorce, le choléra. Il ne perd pas une minute ! Il ne perd pas une minute parce qu'il sait que derrière il va planter sa tente et son pied de caméra et prendre son temps pour tourner une tannée de 2h10.




Vous vous demandez peut-être que nous vaut le grand retour au cinéma de Liev Shrieber, sosie officieux et Américain de Michael Youn. Ce type-là n'a sur son CV que trois films, à savoir Scream 1, Scream 2 et Scream 3. En tant que productrice, Naomi Watts, son épouse à la ville, n'a pas eu de mal à imposer son mari dans un rôle qui s'avèrera finalement assez insultant. Liev Servan-Shreber a raconté qu'il suivait le tournage du film en duplex depuis son salon et se mordait les pieds en voyant Edward Norton lécher le visage de sa chère et tendre en direct-live. Liev + Naomi = ?




Norton / Naomi = ? aussi. Norton dont le personnage, après avoir forniqué pour la seconde fois de sa vie avec sa jeune épouse pour se la remettre dans la poche, se prend le gland dans la porte puis se teint les cheveux, se fait des mèches et un brushing. Drôle de choix scénaristique. Et dès que ça tourne de nouveau au vinaigre pour Eddie, ses cheveux reprennent leur couleur maussade originale. Assez édifiant.




Alors attention The Painted Veil est un film qui coche les tags suivants : femme sexuellement frustrée, femme secrètement éprise, femme de ménage, femme sans enfant, femme au mari dédaigneux, femme en cavale, femme à l'amant dilettante, femme à l'amour révélé, femme lunatique, femme à rebondissements, femme capricieuse, femme libertaire, femme aux sentiments croisés, femme aux ligaments croisés, femme enceinte, femme au mari malade, femme au mari clamsé, femme à l'enterrement de son mari, femme veuve. Oui vous avez bien lu "femme enceinte", car Naomi Watts apprend qu'elle est en cloque après s'être rabibochée avec Edward Cabron, et le fait est qu'elle ignore si le gamin est de lui ou de Schrieber. Elle aura la réponse 9 mois plus tard quand elle découvrira que le gosse ne mesure pas 3 mètres de haut et qu'il ne cause pas Allemand : ça ne peut pas être le marmot de Liev Tyler. Ce bambin-là vendra de toute évidence des logiciels Antivirus. Norton 1, Shrieber 0 !




Bref, tous les ingrédients sont là pour faire chialer. Et tout ça est plutôt bien manigancé. Si bien que deux estudiantins dégueulant la testostérone vont au bout sans ciller. Un film très académique mais tout à fait convenable. Ce film est un film à Césars, ce film est un film à Goyas, ce film est un film prétendant au Premio Ariel, ce film est une bestiasse de foire, ce film est une foutue tringle à tapis rouge.


Le Voile des illusions de John Curran avec Naomi Watts et Edward Norton (2007)

17 février 2008

The Darjeeling Limited

Voici donc le nouveau bébé de Wes Anderson et il n'a pas meilleure façade que ses grands frères. Au début du film Bill Murray fait un ride en taxi pour attraper son train puis, découvrant une fois arrivé à la gare que le TEOZ se fait déjà la malle, il cavale le long du quai et voit Adrien Brody le doubler à la course, monter dedans à sa place et le regarder s’essouffler en vain avant d'abandonner. Wes Anderson filme sa scène au ralenti avec une musique trop chouette derrière. Toujours le même, Wescoast Anderson, il n'a pas bougé d'un millimètre. Bill Murray vient de passer le relai, il n'est plus la tête d'affiche de Wes Anderson, on aura pigé. Désormais les sales gueules d'affiche sont au nombre de trois: Adrien Brody donc, Owen Wilson et Jason Schwartzman. Gros concours de nez sur le plateau. Brody remporte la manche mais c'était serré.




C'est l'histoire de trois frères qui font un voyage spirituel en Inde pour y retrouver leur mère après le décès de leur père (d'où l'éviction de la figure paternelle incarnée par le vieux Murray au début du film, on aura pigé !). C'est une quête initiatique, un road movie, un film de marche, les douze travaux d'Hercule, les douze salopards, une suite d'épreuves, d'étapes, à la fin desquelles les trois personnages auront gagné la fraternité. Personnellement j'avais jamais vu ça, ni sur grand écran, ni sur petite lucarne ni sur papier glacé. Avoir pondu une histoire si faible à trois c'est accablant.




Dans les faits c'est trois personnages plus chiants les uns que les autres qui se disputent dans un train sur fond de musique indienne en mode "Repeat all". Trois acteurs pas drôles une seule seconde, incapables de réussir le moindre gag même en jouant des coudes. Une suite de péripéties fades et de running gags faiblards. Un panorama peu reluisant de l'Inde, pays dans lequel la femme répond au doigt et à l’œil à l'homme blanc quand il lui fait signe de le rejoindre dans les chiottes pour se faire baiser vite fait, et dont les gamins sont des voleurs de godasses à la manque. Les clichés d'un goût douteux chez Wes Sonny Anderson c'est décidément un gros gagne-pain. Le tout dans ce style qui est celui, typique, de Wes Anderson, et qui est devenu plus que facilement identifiable au fil des films, tant il est bête comme ses gros panards. De larges champs/contrechamps à 180 degrés interminables et sans amorces, des travellings latéraux trafiqués par ordinateur qui passent à travers les parois des compartiments du train pour nous montrer chaque cabine "en coupe", de grands panoramiques extrêmement rapides qui passent d'un gros plan sur la gueule d'un des acteurs à l'autre tandis que la caméra, au centre du triangle d'acteurs, tourne sur son axe à toute allure (grâce encore une fois à des effets spéciaux très laids). Le tout avec des scènes ralenties, de la pop top chouette à intervalles réguliers et de la musique indienne d'ascenseur en permanence pour créer une "ambiance" de mes deux, des décors surchargés qui feront employer le mot "mignon" quelques centaines de fois aux spectateurs qui auront adoré, et ainsi de suite.




Au début du film Félix s'est levé pour aller chier. En ce moment il est un peu constipé. Deux heures après il est sorti des chiottes les bras en croix : "T'AVAIS PAS MIS PAUSE ?".


The Darjeeling Limited de Wes Anderson avec Adrien Brody et Bill Murray (2008)

16 février 2008

Copying Beethoven

C'est un biopic intéressant et c'est assez rare. Pas d'exhaustivité ici, pas de récit académique du type "Toute une vie de Beethoven" ou "Beethoven de A à Z", "Beethoven pour les gros tanchards" et autres "Comment tout savoir sur la vie de Beethoven sans se faire chier à ouvrir un livre". Le film a deux personnages principaux, Anna Holtz et Ludwig Van Beethoven donc. Anna Holtz est une jeune copiste désireuse de composer elle-même mais prisonnière d'un couvent et qui, pour remplacer le copiste habituel du grand maître, valet trop vieux et croulant sous la tâche, est envoyée à Ludwig Van Beethoven déjà bien sourd tandis qu'il compose la 9ème symphonie. Anna Holtz est interprétée très brillamment par la sublime Diane Kruger et c'est le fameux Ed Harris qui se charge d'incarner Ludwig, et avec quel talent. Je ne le savais absolument pas capable d'un tel travail. Et pourtant je suis un fan de la première heure. Mais même quand on l'a aimé dans ses rôles pour L’Étoffe des héros, Appolo 13 ou A History of Violence par exemple, on est loin d'imaginer qu'il puisse devenir à ce point Beethoven, dans toute sa folie et toute sa grandeur. C'est saisissant de voir comme il s'est imprégné du rôle pour lui rendre vie. Donc le film ne prétend pas nous résumer Beethoven, simplement nous montrer le génie de cet homme, de la composition/représentation de la 9ème symphonie jusqu'à celles de la Grande Fugue dont l'injuste insuccès à l'époque aura marqué sa fin.



Ce film est, me semble-t-il, totalement passé inaperçu à sa sortie. Je n'en avais jamais entendu parler pour ma part. Ed Harris a d'ailleurs déclaré avoir appris une des plus grandes leçons de sa vie en voyant la distribution du film : "Don't let MGM distribute a film you care about". Ne vous laissez pas duper par la scène d'introduction, totalement en roues libres, avec des effets assez grossiers, un peu clipesques, qu'on ne retrouve plus jamais dans la suite du film. C'est un bon film, intéressant, très prenant, qui fait des choix peu communs, et dont une scène en particulier retient l'attention, la première de la 9ème symphonie (certes coupée de façon souvent douloureuse mais déjà longue, et puis comment faire autrement ?) et son triomphe, dans laquelle Beethoven est filmé tel qu'il est, de façon très survoltée, tandis qu'il communie comme jamais avec Anna Holtz qui lui donne le tempo, assise au milieu des violons, afin qu'il sache malgré sa surdité quand attaquer ses reprises. Certains trouveront peut-être l'interprétation d'Ed Harris un peu cabotine ou caricaturale, mais de mon point de vue, il doit être bien facile de tomber dans la caricature avec un personnage aussi haut en couleurs que Beethoven, et Ed Harris fait juste ce qu'il faut, très justement. Il y a bien quelques insistances dans certaines scènes mais souvent sur les points les plus importants, donc pardonnables, et puis compensées par bien des économies dans des scènes romantiques qui vont droit au but et évitent les poncifs du genre.



Il faut aussi souligner la qualité du titre. Un titre qui peut être interprété de bien des façons puisqu'Anna Holtz copie littéralement Beethoven, au même titre qu'Ed Harris et que le film, qui ne prétend pas à l'absolue véracité de son propos mais simplement s'inspirer du personnage.

P.S. Félix l'a loué en pensant qu'il s'agissait du troisième volet des aventures de Beethoven le Saint-Bernard le plus célèbre de la petite lucarne.


Copying Beethoven de Agnieszka Holland avec Ed Harris et Diane Kruger (2006)

15 février 2008

Lonesome Jim

Lonesome Jim est le troisième film de Steve Buscemi, l'acteur aux yeux globuleux le plus connu d'Hollywood. Il raconte l'histoire d'un jeune écrivain en constante déprime, brillamment (comme toujours) interprété par Casey Affleck qui, parce qu'il n'a plus d'autres endroits où aller, se résigne à retourner dans son foyer familial où vivent donc ses parents, son frère et les deux filles de son frère, pour y vivre une nouvelle dépression. Mais c'était sans compter sur son don pour répandre ses idées noires, puisque après avoir démontré à son frère que sa vie est une tragédie sans fin, ce dernier s'encastre contre un arbre en voiture et tombe dans le coma. Notre héros raté va alors devoir aider ses parents, entraîner l'équipe de basket de petites filles dont s'occupait son frère, être à la hauteur de sa nouvelle petite-amie (Liv Tyler, ici aussi parfaite dans son rôle que jolie) et son jeune fils, qui le prend presque pour père, ainsi que son oncle dealer de drogue (un personnage très drôle).




Le scénar est très simple, presque banal, un return home comme le ciné indé en propose tant, c'est l'histoire d'un type qui broie du noir jour et nuit, qui se demande à quoi bon essayer puisqu'il y a des chances pour que ça rate et veut donc s'épargner la possibilité d'un échec en ne s'y risquant pas, et qui comprend petit à petit son erreur. En soi c'est très commun. Mais Buscemi a un style bien à lui, le film a un ton qui lui est propre, assez original et très appréciable, puis le casting n'est pas pour gâcher la fête avec en tête Casey Affleck donc, bel homme et bel acteur, impeccable, et à noter quelques scènes fort drôles. Une bonne surprise.


Lonesome Jim de Steve Buscemi avec Casey Affleck et Liv Tyler (2005)

Fun with Dick & Jane

Je l'avais déjà vu y'a deux ans et j'en gardais pas un excellent souvenir. Je l'ai revu avec Rémi, qui lui le découvrait complètement car il en avait strictement jamais entendu parler. Et en fait c'est un très bon film ! Jim Carrey assure le spectacle, il est hilarant à plusieurs reprises, transforme des scènes banales en sommet d'humour terre-à-terre et pourtant si rarement osé et réussi. Téa Léoni, dans le rôle de sa femme, est bonne dans tous les sens du terme. Ce film marque également le grand retour de la dynastie Baldwin dans le cinéma qui sort sur grand écran avant de sortir en dvd. Alec Baldwin a un rôle de gros connard et l'interprète à merveille, il est bluffant, il prend visiblement beaucoup de plaisir dans ce film.




L'histoire est toute simple : Jim Carrey vient d'être nommé vice-président de l'énorme firme dans laquelle il travaille et suggère donc à sa femme de quitter son job. Le lendemain Carrey est envoyé dans une émission télé par son patron, ce qui s'avère être une embuscade puisqu'il apprend que sa firme ferme ses portes et qu'il est donc à la rue. Après avoir cherché du boulot en vain et vendu tous ses meubles, lui et sa femme décident de faire des braquages pour payer les factures qui s'accumulent et éviter l'expulsion. Tout ça nous vaut des scènes cocasses où Jim Carrey nous fait pisser de rire comme à son habitude. L'un des seuls hommes capables de nous faire marrer comme des baleines en jouant avec des interrupteurs et une rampe d'escaliers. Il y a plus d'une scène d'anthologie qui perdraient à être décrites. En voyant le talent et l'aisance éclatante de l'acteur dans ce genre de films, on regrette qu'il ne tourne pas plus souvent, sans s'égarer dans des daubes comme Nombre 23. On regrette surtout de ne pas le retrouver à la place de vauriens comme Ben Stiller, de scélérats comme Owen Wilson, de crapules comme Vince Vaughn ou d'escrocs comme Anne Roumanoff dans des films qui deviendraient magiques s'il était là. Grand Monsieur. Ce type-là est sans égal.




Fun with Dick and Jane de Dean Parisot avec Jim Carrey, Téa Léoni et Alec Baldwin (2005)

7h58 ce samedi-là

J'attendais beaucoup mieux du dernier film du grand Sidney Lumet. L'histoire est vraiment tirée par les cheveux, avec des personnages qui ont des comportement tellement bêtes et méchants qu'ils en deviennent tout à fait irréalistes. Le montage, loin de ce à quoi nous avait habitué le cinéaste et parfois digne des films d'Inarritu (21 grammes, Babel...), fait de nombreux retours en arrière signalés par des sons difficilement supportables. Ce qui n'apporte vraiment pas grand chose et permet seulement de rendre compliqué un scénario dont ces flashbacks ne parviennent pas à cacher la débilité. Albert Finney en fait des caisses dans son rôle de père haineux. Philipp Seymour Hoffman devrait surveiller de près sa santé tant la rougeur de son faciès inquiète. Ethan Hawke s'en tire plutôt bien dans son rôle d'idiot du village, il a l'air parfois totalement en roues libres. Y'a bien quelques scènes réussies où il veut récupérer le cd d'Ok Computer qu'il a laissé dans une voiture louée... Et Marisa Tomei, souvent nue, est très jolie mais son personnage se limite à un rôle d'accessoire. Tous les autres personnages féminins sont soit insupportables soit inexistants.




Je vais quand même vous raconter vite fait de quoi ça cause pour vous donner envie. C'est donc l'histoire de deux frères interprétés par Ethan Hawke et Philip Seymour Hoffman qui, parce qu'ils ont tous les deux besoin d'argent, ne trouvent rien de mieux à faire que braquer la bijouterie de leurs vieux parents. Evidemment rien ne se passe comme prévu et la famille Hawke-Hoffman finira considérablement réduite. Le dernier plan du film c'est Albert Finney qui, après en avoir terminé avec l'un de ses fils qu'il vient d'étouffer avec un coussin la bave aux lèvres, s'en va dans les couloirs de l'hôpital sur un fondu lumineux aux accents bibliques particulièrement laid. C'est très glauque, c'est long et ça ne raconte que des choses moches et bêtes. Nota bene : c'est l'une des rares fois où le titre français colle plus au film que le titre original (Before the Devil Knows you're dead), tape à l'œil et racoleur pour un thriller dramatique finalement très quelconque.


7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows you're dead) de Sidney Lumet avec Ethan Hawke, Philip Seymour Hoffman et Marisa Tomei (2007)

14 février 2008

Marie-Antoinette

Jusqu'à ce soir ce film était un vaste point d'interrogation pour moi, désormais c'est un grand panneau sens interdit. C'est pas tout à fait vrai, j'avais déjà une certaine idée de l'ampleur du désastre. Sofia Coppola n'a pas pépom Quentin Tarantino pour rien. Elle a la même obsession que lui : tâcher de prouver dans chaque film son bon goût. Et alors les petits fans de musique sont tout enjoués de reconnaître quelque chose dans un film, il leur suffit de savoir le nom d'un groupe utilisé dans la bande originale pour adorer ce qu'ils voient à l'image, la vie de ces gens est semble-t-il un blindtest permanent. "Putain fatche j'ai reconnu New Order et Air, ce film est vraiment puissant !". C'est d'une tristesse accablante. S'ils aiment ces musiques ils n'ont qu'à les écouter sur leur ipod et qu'ils se fassent pas chier à foutre le dvd du film dans leur platine pour les entendre sur un clip écoeurant... Si le même film, très exactement, était sorti en France, réalisé par, mettons Laurent Tirard, sans New Order et Sparklehorse dans la BO, peu de gens seraient allés le voir, ou en tout cas peu de gens auraient aimé. C'est assez tragi-comique.



À part ça le film est d'un ennui prodigieux. Kirsten Dunst est jolie mais Sofia Coppola filme plus volontiers les lustres quand elle est nue, puis elle baisse sa caméra une fois la robe enfilée. Pourquoi ne pas la filmer directement habillée donc ? J'aurais fait un porno assez salace à sa place croyez-moi. L'acteur qui joue Louis XVI, le jeune type de Rushmore, Arthur H je crois, je sais plus son nom, ressemble à Dustin Hoffman s'il avait été laid. Y'a un petit caméo de Mathieu Amalric qui indique que Coppola, l'ayant vu chez Spielberg, l'a tout de suite contacté pour son unique film se déroulant en France. Bref le podcast fait pas toujours rêver. Le chef décorateur non plus, puisque tous les plans où on aperçoit les extérieurs de Versailles sont faits par ordinateur ou simples effets spéciaux à la con, ça se voit très nettement et c'est d'une laideur peu commune. Y'a même toute une scène où Jason Bourne (l'acteur de Rushmode qui incarne Louis XVI) cause à un éléphant dans le parc du château, et un grand portail en inox le protège de ses assauts répétés. Ledit éléphant est un gros effet spécial dégueulasse et saccadé comme les hologrammes avec lesquels ils communiquent à distance dans Star Wars New Episode. Le gros connard de Jason Molina (l'acteur de Mushroom qui joue Louis XVI) agite les bras devant un fond bleu, c'est pathétique.



En parlant d'animaux de compagnie, y'a au minimum un clebs dans chaque plan de ce film, quand c'est pas trois, une épreuve pour les yeux car ce sont des charpets, clébards hideux qui selon Wikipédia n'ont été inventés que bien plus tard. Le dirlo de la photo a fait son boulot, y'a rien à redire, il a suivi les indications de Coppola, c'est son film qui pue la merde pas le vieux dirlo. Et puis elle nous fout du Français de temps en temps, pour faire couleur locale, qu'on adhère un peu, mais Marie-Antoinette d'Autriche parle anglais, comme semble-t-il tous les Autrichiens dont la langue maternelle selon Sofia est l'Anglais. Et puis très vite comme c'était chiant de faire parler Ahston Cutcher (Louis XVI) en Français, vu qu'il sait pas, elle a décidé que tous les Français parleraient tout le temps anglais, même quand la Reine autrichienne qui parle anglais n'est pas là, même le peuple français de France quand il hurle qu'il veut de la farine. Ils ont foiré leur coup au mixage parce qu'il reste des bouts de français un peu partout et tout ça ressemble largement à du gros foutage de gueule.



C'est un film vraiment très très bête. On nous dit que Marie-Antoinette était une pauvre jeune fille comme les autres, exactement comme celles d'aujourd'hui (étonnant pour une Reine de France autrichienne en 1765, non ?), qui ne voulait qu'une chose, se faire niquer une fois convenablement. Et pour nous démontrer cette insignifiance Sofia Coppola nous fait chier pendant deux longues plombes. Putain vous pouvez pas savoir comme je me sens léger, enfin débarrassé, et de ce film de merde, et de ce que j'en pense.


Marie-Antoinette de Sofia Coppola avec Kirsten Dunst et Jason Schwartzman (2006)

13 février 2008

Planet Terror

Halloween 2008 était pas top alors on a mis Planet Proof de Michelle Rodriguez. Comme prévu c'est une énorme daube.

Trois adjectifs:

- Ridicule
- Chiant
- Laid

Je pourrais continuer pendant 10 lignes comme ça. Ça ferait 13 adjectifs. Si encore il faisait juste un film hommage, je le trouverais pourrave mais bon je comprendrais à la limite l'envie du gars (ça vaut pareil pour Tarantino) aussi pourri soit le film en lui-même. Mais le simple fait qu'il mette une fausse bande annonce avant, des titres et des logos écrits comme à l'époque et qu'il raye la pellicule, mette des faux collages et interrompe le film avec "désolé bande manquante", ça me le rend ultra détestable. Ça rend toute la chose absolument minable. C'est un petit fan de merde, un collectionneur à la manque. Comment se contenter de ce goût superficiel du passé, de cette fausse nostalgie ridicule, cette passion non pas pour le contenu des œuvres passées mais bien pour le contenant, au sens strictement matériel du terme, cette débilité qui consiste à ressortir sa gameboy ou son walkman cassette aujourd'hui sous prétexte que parce que c'est démodé c'est méga cool, alors qu'à l'époque où on passait au cd on était bien content de jeter l'auto reverse à la poubelle. Je hais ce rapport de connard au passé. Un mot sur Roberto Rodriguez : clebs.


Planet Terror de Robert Rodriguez avec Josh Brolin et Quentin Tarantino (2007)