27 décembre 2008

Ghost Town

Si vous avez récemment vu David Koepp s'afficher un sourire jusqu'aux oreilles aux côtés du comédien Greg Kinnear, c'est tout simplement parce qu'ils viennent de collaborer pour le film Ghost Town. David Koepp, originaire du Mexique, accepte de n'être payé qu'avec une poignée de pesos et du riz complet. Main d’œuvre malléable et docile, ne demandant uniquement la mise à disposition d'un burro pour ses déplacements personnels, il est actuellement le véritable chouchou des producteurs hollywoodiens. C'est pour cela qu'on a croisé son nom au générique de la plupart des films américains sortis récemment. Il officie le plus souvent en tant que scénariste, comme par exemple dans le piètre Indiana Jones 4. De la bouche de notre oncle Steven Spielberg, David Koepp se sert de son stylo de scénariste comme d'une baguette magique, il le surnomme même "David Koepperfield", visiblement très fier de sa trouvaille. Nous, nous le sommes beaucoup moins.




Sachant parfois avec talent et efficacité adapter à l'écran des œuvres littéraires complexes (par exemple Jurassic Perk), le bât blesse inévitablement lorsqu'il décide d'écrire une histoire originale tout droit issue de son cerveau malade et limité. Quand, en plus, il se positionne derrière la caméra, c'est la cata et ça s'appelle Ghost Town. Ce film nous raconte l'histoire d'un type irascible (Ricky Gervais) dont on ne veut pas être l'ami et qui, suite à une opération de l'anus qui tourne mal, développe le don d'interagir avec les morts de la ville de New York. Malgré ce don, il reste toujours aussi peu aimable. Durant tout le film, justement, le type ne fait pas un geste pour que le spectateur ait le moindre élan de sympathie envers lui. Greg Kinnear, décrit par le tout-hollywood comme le "fantôme des plateaux", un acteur dont on ne se rend jamais compte de sa présence mais qui est bel et bien là et assure son rôle, qui n'en fait jamais plus ni moins que ce qu'on lui demande, joue ici l'un des fantômes. Rappelez-vous, Greg Kinnear c'est Gladiator. Il s'acoquine du personnage principal et le pousse dans les bras de sa veuve (incarnée de pied en cap par Téa Léoni, seul intérêt de ce film) sise à l'appartement jouxtant le sien et prête à se remarier avec un sociopathe. David Koepp décide de ne pas nous faire aimer son film. Il le ponctue d'effets spéciaux que l'on croirait sortis d'une quelconque saloperie du début des années 90. C'est réalisé avec la même fascination puérile et l'envie obsolète de nous en mettre plein la vue. L'histoire piétine et n'a ni queue ni tête. Dans le rôle principal, Ricky Gervais, censé être un mec drôle (il est le créateur de The Office et peut se montrer très inspiré en stand up), est d'une tristesse qui plonge le spectateur à un niveau d'affliction nous rappelant le Viêt-Nam. Le film hésite entre le comique de situation et la situation comique du spectateur, le cul entre deux chaises.




Quand il rentre chez lui, David Koepp salit sa moquette avec ses chaussures toutes crottées. Quand il sort son chien, celui-ci s'applique à faire sa crotte sur le perron de son immeuble. Au retour de balade, c'est sur cette même crotte que David Koepp marche du pied droit. A Noël, David Koepp offre à ses amis des "Mon chéri". C'est ce genre de type qui fait pleurer les enfants et n'a pas un bon feeling avec les animaux domestiques, voire un très mauvais contact avec les bêtes sauvages. Il oublie l'anniversaire de ses parents. Si Léon Tolstoï a écrit Guerre et Paix, David Koepp n'a guère écrit que des pets.


Ghost Town de David Koepp avec Greg Kinnear, Téa Leoni et Ricky Gervais (2008)

21 décembre 2008

The Mosquito Coast

Alors, c'est l'histoire d'un type brillamment interprété par Harrison Ford qui cherchait là à se démarquer de ces rôles-étiquettes dans lesquels il s'engonçait, à savoir celui d'un aventurier muni d'un chapeau et d'un fouet et celui d'un mercenaire de l'espace au grand cœur. C'est l'histoire d'un type, curieusement interprété par Harrison Ford, qui cherchait là à rajouter une corde supplémentaire à sa harpe de comédien après avoir réussi à faire croire au monde qu'il était un célèbre archéologue et qu'il savait conduire des faucons milléniums. C'est l'histoire d'un mec, interprété avec classe par un Harrison Ford en roues libres, muni des lunettes de myope de son père (Sean Connery), et qui décide d'emmener toute sa famille vers le Grand South. Horrifié par la menace d'un conflit multi-nucléaire, il choisit de se réfugier au Honduras, avec sa femme (la Reine d'Angleterre) et ses quatre enfants. Là-bas, il est accueilli par une poignée de chicanos qui voient en lui un guide. Harrison Ford, inventeur de génie, se consacre à la construction d'un énorme frigo tout en déclarant, le doigt pointé vers son fils ainé (River Phoenix) : "Je veux faire de la glace avec du feu !". Guide spirituel d'une petite société tribale idéale, le rêve se transforme en cauchemar pour ce papa gâteau suite à l'arrivée de trois bandits de grand chemin provoquant la fuite d'une grande partie des chicanos puis l'explosion du frigo géant. Car des fois, la glace et le feu ne font pas bon ménage.




River Phoenix, spectateur aux bras ballants tout au long de cette histoire, nous conte avec verve les aventures absurdes de son père. Son père malheureux qui prendra une balle perdue après avoir mis le feu à une église. Après un tournage éprouvant, Harrison Ford, méconnaissable et amaigri, revint par ses propres moyens du Honduras, fort d'une connaissance de la jungle rare. Il a appris à sauter d'arbres en arbres tels les écureuils volants, il a appris à dépecer un gibier sans les mains tout en luttant contre les autres charognards : vautours, tapirs, singes hurleurs, Peter Weir lui-même, paresseux à trois doigts, tatous extravertis... De nombreuses propositions affluèrent chez son agent et Harrison accepta probablement le rôle de sa vie : celui du Predator. Lorsque Schwarzenegger lui avoua qu'il n'avait pas une gueule de porte-bonheur, l'ambiance sur le tournage tourna au vinaigre.



Lors de la promo de Mosquito Coast, Harrison Ford déclara à un Roger Ebert médusé : "Je pense que le film Mosquito Coast est très profond. Je crois qu'il est très profond dans le sens où il est très lumineux. La lumière doit provenir d'une place très profonde si c'est de la vraie lumière" (sic et sick !). Petite anedcote à propos de ce film : Mosquito Coast marqua la rencontre entre River Phoenix, le frère du défunt Joaquin, et Harrison Ford, allant jusqu'à créer une "father-and-son relationship" (propos d'Harrison Ford que vous pouvez retrouver dans le dvd collector de Jeux de Guerre), c'est le vieil acteur qui l'a choisi lui-même pour interpréter son propre rôle rajeuni dans les 3ièmes aventures du professeur Jones. Si vous voulez connaître le vrai sens du mot "excéder", parlez donc d'Harrison Ford à Peter Weir. Un Peter Weir qui se fait désormais surnommer "Tupperware" par toute la profession.


The Mosquito Coast de Peter Weir avec Harisson Ford, River Phoenix et Helen Mirren (1986)

16 décembre 2008

Babylon A.D.

J'ai lu la moitié du roman de Maurice Gibert-Joseph Dantec, et la moitié de ce roman c'est 500 pages feuillets doubles, petits carreaux non perforés. Et je viens de voir la moitié du film qu'en a tiré Mathieu Kossovare, le problème c'est que c'est la même moitié, alors je connais toujours pas la fin. Ne me demandez pas ce que veut dire le "A.D" du titre. Mieux, si vous savez ce que ça veut dire, abstenez vous de me mettre au jus, parce que j'en ai vraiment rien à secouer. Avec ce film, tourné en langue anglaise, filmé au Texas, produit par la Twentieth Century Fox, et dont le rôle principal est incarné par un acteur Américain de seconde zone qui réunit à lui tout seul tous les plus accablants clichés de l'actorat Hollywoodien riche en testostérone, Kassovitz avait l'intention de prouver qu'en Europe il était possible de rivaliser avec les Américains, et de réaliser un grand blockbuster à effets spéciaux de qualité, dans la veine de Cécil Blount DeMille. Au final tout ce qu'il y a d'Européen dans ce film, c'est la nationalité du gros taulard qui a écrit le best-seller de mes deux dont le film est tiré, et celle du niais qui a réalisé cette adaptation dont il a fait l'œuvre de sa vie, pour mieux la renier, prétextant qu'il n'avait pas eu le final cut, quand il s'est rendu compte qu'il avait filmé une merde.



Kassovitz a aussi parlé d'une certaine querelle entre lui et Vincent Diesel. En réalité, le frenchy comptait sur son acteur fétiche Vin Cassel pour tenir le premier rôle du film, mais ce dernier l'a poussé dans les orties en l'appelant "mémé", car même s'il lui sait gré de l'avoir lancé pour de bon avec La Haine, Cassel n'en peut plus d'être roulé dans la boue par son ami d'enfance qui est devenu son ennemi juré depuis Les Rivières Pourpres. Alors Kassovitz s'est pris le bec avec son second choix, Vince Diesel: 62 versus 112 kilos, inutile de vous dire qui a eu le dernier mot... 32 centimètres de tour de cou chez Mathieu, 96 centimètres de tour de collier pour Vince Diesel... 1m75 bras levés du côté de Kassovitz, 2m02 au garrot pour Vince SansPlomb95. Enfin bref tandis que Kassovitz chausse du 42, l'autre va nus pieds depuis son adolescence car rien dans le commerce ne correspond à sa pointure inchiffrable, même en dehors du commerce, aucun contenant ne peut accueillir ses pattes. Lors des rares soirées des Oscars auxquelles il assiste en tant que boddyguard de l'acteur The Rock, on l'a vu déambuler avec des planches de surf aux pieds, simplement reliées à ses orteils par des cordages, pour vous donner une idée des pieds de ce mec. Si Vin Diesel devait un jour porter du cuir autour de ses pieds, il aurait plus vite fait d'enfoncer directement ses pieds dans le cul de deux vaches adultes, pour éviter à un jeune apprenti cordonnier de voir sa vie défiler, sa vieillesse l'atteindre et sa mort le frapper en ayant jamais travaillé qu'à une seule paire de pompes. Si vous cherchez quelques anecdotes croustillantes sur le cas Diesel, vous aurez tôt fait de découvrir que c'est bel et bien Spielberg qui l'a lancé dans Il Faut Sauver Le Soldat Ryan. Mais en réalité, si c'est bien dans ce film qu'il est apparu pour la première fois sur un écran, c'est néanmoins bien plus tôt qu'il a donné un premier coup de main à Spielberg, ou plutôt un coup de patte, puisque c'est sa seule démarche nonchalante qui a permis cet effet spécial désormais culte des ondulations à la surface de l'eau dans Jurassic Park, à l'approche du T-Rex.



J'ai maté ce film avec Félix, qui m'a très tôt demandé en pointant Vin Diesel du doigt: "C'est lui Gong Lui ?". Parce que dans cette scène, Vin Diesel donnait la réplique à Gong Li dans une inépuisable série de champ-contrechamp. Il m'a avoué qu'il confondait toujours ces deux acteurs. Au final je me suis endormi, j'étais bien... Je digérais difficilement (peut-être à cause de la façade mal crépie de Mélanie Thierry) un kilo-litre de soupe de légumes noyée de crème fraîche et de fromage rapé qui avant de fondre dans mon estomac comme un pavé dans la marre, venait de fondre dans ma bouche comme un pavé sur la gueule d'un flic. Félix était vexé d'endurer cette horreur seul, et il m'a rapidement remis dans le rang avec un coup de pied latéral idéalement placé entre mes deux yeux.

Je me demande toujours comment il fait, Kassovitz, pour revenir en France toutes les quinzaines donner des leçons de cinéma et de vie, alors que c'est quand même peut-être le pire homme, en tout cas en tant que tel.

P.S. Si y'en a un parmi vous qui sait ce que veut dire A.D., je veux tout de même savoir à quelle sauce j'ai été mangé.


Babylon A.D. de Mathieu Kassovitz avec Vin Diesel, Gong Li et Mélanie Thierry (2008)

L'Emprise

J'étais parti pour télécharger Fenêtre sur cour, le fameux film d'Alfred Hitchcock, et au final j'ai downloadé Smash Court Tennis, un jeu de tennis, alors j'ai passé mon après-midi à y jouer, c'était fun. Le jeu était à ce point fun que j'ai invité un pote pour y jouer avec moi, en doublettes. Ce mec-là est un taré que j'ai rencontré au centre aéré y'a quelques années, c'est le seul qui jouait dehors mais enfermé dans une cage étroite, il m'avait tout de suite tapé dans l'œil, avec une caillasse de bonne taille, j'avais eu un œil au beurre noir pendant plusieurs semaines à cause de lui. Une fois, pour une sortie à la neige, à Camurac, c'était le seul gamin à avoir ramené un sac plein de paille au lieu d'une luge. Il glissait là-dessus, et il nous battait tous, mais il avait fini la journée avec le cul en sang. Le soir on l'a vu manger la moitié du contenu de son sac puis se fourrer dedans pour y passer la nuit. Ce baluchon de paille c'était sa nouvelle maison, sa masure, sa cambuse, c'était son kit de survie. Ce mec là on l'appelait "L'entité" entre nous, moi je croyais que c'était son vrai prénom, que c'était le masculin de Maïté. Et puis hier en jouant à Smash Court Tennis, j'ai repensé à ce sobriquet et en le regardant jouer au jeu, un peu gêné par son bracelet électronique pour tenir la manette, je me suis dit que "L'entité" avait vraiment l'air sous l'emprise de ce jeu vidéo pourri. C'en était trop, trop de coïncidences, il me fallait à tout prix mater The Entity ("L'Emprise" en Français).



The Entity est un film d'horreur de bonne facture, qui commence sur des charbons ardents. C'est l'histoire d'une femme, Carla Moran (Barbara Hershey), qui vit avec ses trois enfants, et qui est soudainement attaquée par une sorte de fantôme qui d'entrée de jeu la viole dans sa chambre. Après quoi les attaques se répètent et se font de plus en plus violentes. Ses enfants en sont témoins et ne peuvent plus ignorer la vérité. Alors Carla Moran décide d'aller voir un médecin pour lui raconter ses mésaventures et lui montrer les traces de coups qu'elle porte. Moi, cartésien jusqu'au bout des ongles, et étant donné qu'elle décrit son agresseur en parlant d'odeur fétide et de sperme froid, j'ai immédiatement pensé que David Pujadas était dans le coup et qu'on allait avoir droit à un caméo mémorable du plus grand animateur Français. Mais en fait pas du tout, déception de ce côté-là, il s'agit bien de ce qu'on nomme un Poltergeist ("esprit frappeur hétérosexuel" en Allemand, à ne pas confondre avec "poltergay", où là on parle d'un esprit frappeur homosexuel comme nous l'apprend le film d'Eric Lavaine sorti en 2006). Le docteur Spiderman (c'est son nom, j'y peux rien) a beau refaire le trajet du violeur fantomatique de Carla pour essayer de trouver des traces, aucune explication rationnelle ne se fait jour, et malgré tout, il ne peut se résoudre à la croire. Le film se clôt donc sur un mystère qui reste entier, avec une descente aux enfers sans escale pour Carla Moran, qui voit les assauts à son encontre se répéter et s'intensifier, impuissante. Ces séquences sont d'autant plus terribles qu'une musique infernale fait de ces moments une suite d'instants plus angoissants les uns que les autres.



Juste avant le générique de fin un petit texte vient nous apprendre que ce film est l'adaptation romancée d'une histoire vraie. Carla Moran a vécu (et vivait encore quand le film est sorti), et tous ces événements sont censés avoir eu lieu, tout ça est vrai. Donc j'ai appris en matant ce film non seulement que les fantômes existent mais que les poltergeist aussi, et qu'il y a des esprits qui violent des femmes. Je ne ferme plus l'œil et j'écris cet article dans un sarcophage.


L'Emprise de Sidney J. Furie avec Barbara Hershey (1981)

14 décembre 2008

Taken

Voici le nouveau bébé de Luc Besson, qui s'est planqué sous le pseudonyme de Pierre Morel pour ne pas qu'on l'accuse d'avoir non seulement produit mais aussi réalisé ce film. C'est forcément Luc lui-même qui se cache sous ce faux nom, sinon comment expliquer que Liam Neeson ait accepté le rôle ? Et quel rôle... Un personnage de comic book, un personnage à mi-chemin entre Batman, L'homme qui tombe à pic, The Sentinel et Le Caméléon. Surtout Le Caméléon en fait puisque Liam Neeson change littéralement de couleur en fonction du mur contre lequel il s'appuie. Sans parler des dizaines de mouches qu'il gobe au vol au moyen d'une langue pourtant tout à fait normale, quoiqu'un peu engourdie à la fin du film. Ce super-héros du quotidien va devoir secourir sa fille kidnappée lors d'un voyage à Paris, ville absolument infestée de gens du voyage abonnés au rapt de touristes et adeptes de la traite des femmes, comme on l'apprend dans ce film. Ce commerce de femmes enlevées semble être cautionné sinon encouragé par la police municipale ainsi que par des hommes politiques directement inspirés de ceux qui nous régissent (le film semble viser Jean-François Copé), qui sont eux-même clients de ces ventes aux enchères de touristes américaines.



Dans le rôle de la fille kidnappée, Maggie Grace qui a soufflé sa 35ème bougie sur le tournage, posée sur un gros gâteau que Luc Besson à avalé tout rond. Vous serez peut-être étonnés de la rencontrer dans le rôle d'une fillette de 10 ans fan de U2. Alors évidemment plus personne n'est fan de U2 en 2008 mais c'est le seul groupe que connaisse Luc Besson. Dans son script original, le personnage de la fille était supposé être fan hystérique d'Eric Serra et s'envoler pour l'Europe dans l'idée de suivre sa nouvelle tournée : "Le grand bleu avec une chaussure noire 2008". Mais Liam Neeson raconte dans le making-of ses querelles avec Besson pour lui faire changer ce passage du scénario, lui rabâchant qu'Eric Serra n'est pas célèbre pour un sou, et que Maggie Grace serait de toute évidence incapable de prononcer Serra sans rouler les "r". Nous éviterons de rapporter l'anecdote selon laquelle dans le manuscrit de départ de Luc Besson, un plan séquence d'une heure et demi s'insérait au milieu du film, dans lequel Liam Neeson devait regarder Taxi 1 en entier en se poilant du début à la fin. Et que faire de cette idée finalement abandonnée selon laquelle le rôle d'Amanda (la copine de Maggie Grace qui l'accompagne à Paris) devait être tenu par Frédéric Diefenthal, que Luc avait renommé Freddy "Les Griffes de la nuit" Diefenthal dans son script pour les besoins d'une meilleure exportation à l'étranger. Dans le rôle de la mère, Famke Janssen (pour prononcer son nom aboyez deux fois, ou bien filez deux grands coups de pieds dans le flanc du chien le plus proche), terrible actrice qui semble heureuse de servir la soupe aux autres personnages. Et enfin, dans le rôle du père donc, le grand, le monumental, l'inénarrable Liam "two-headed dick" Neeson. Dans ce film, Liam "Stairs face" Neeson s'essaie au rôle de composition avant de camper Abraham Lincoln pour Spielberg. Dans ce film, Liam "counterbass" Neeson passe à travers les balles. Dans ce film, Liam "Le placard" Neeson met Paris à feu et à sang, à tel point que dans les prochains manuels d'histoire on pourra lire "2008 : mise à sac de Paris par Liam Neeson". Le making-of est d'ailleurs signé Denys "La malice" Arcand et il s'intitule "Les invasions barbares 2".



Une scène du film mérite particulièrement qu'on s'attarde dessus. C'est la scène à proprement parler du rapt. La fille de Liam, tandis qu'elle téléphonait à son père, a vu ses futurs ravisseurs pénétrer dans son appartement parisien de 800m² loué par papa et maman pour avoir un pied-à-terre le soir du concert de U2, et s'est planquée sous son lit sans se rendre compte que ses jambes de sauteuse à la perche dépassaient de moitié. Elle continue à parler avec son père en attendant que les gitans s'en prennent à elle après avoir déjà capturé son amie Amanda. Liam garde un calme Olympien et très professionnel, il prévient sa fille d'une voix monocorde : "Tu vas te faire enlever, mais reste au téléphone, tu vas peut-être te faire taper, violer et tuer, mais n'appuie pas sur le bouton rouge pour raccrocher, je veux entendre ça, et dis moi tout ce que tu peux voir de tes violeurs". Alors on se prend une seconde à imaginer une suite qui tournerait un poil plus mal, et cette pauvre fille, en ligne avec son père, en train de lui décrire ses bourreaux. Et devant cette scène, on pense à Luc Besson comme à l'incarnation du Malin.




Au finish, seuls 20% des bâtiments de la ville de Paris sont encore debout après la petite visite de Liam (dont la Tour Eiffel, qui sert d'accoudoir à l'immense Léo Neeson régulièrement dans le film), on déplore plusieurs milliers de morts, mais Léo Nessie a retrouvé sa fille, saine et sauve. Dans la dernière séquence, pour fêter sa victoire, Léo Messi fait un petit pont à l'Arc-de-Triomphe et s'en retourne au pays de la liberté.


Taken de Pierre Morel avec Liam Neeson, Maggie Grace et Famke Janssen (2008)

22 novembre 2008

Two Lovers

James Gray s'améliore de film en film. Little Odessa était prometteur mais un peu chiant, The Yards aussi, y'avait un sacré quelque chose dans We own the night, et maintenant Two lovers, qui se révèle plus que convainquant, carrément bouleversant. L'hideuse affiche annonce un triangle amoureux et si c'est bien ce dont il s'agit, nous voilà à des lieues de bien d'autres films eux aussi bâtis sur ce schéma éculé, citons par exemple le dernier Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona, dont le titre dresse la liste des prénoms des protagonistes du trio sentimental. Allen a beau défendre sa gamelle assez logiquement, son film n'est pas pour autant digne de lui, il n'est pas digne de nous. James Gray quant à lui tire largement son épingle du jeu de Mikado qu'est le cinéma hollywoodien actuel. Son film est sombre, mais il ne l'est pas grâce à des personnages de comic books et des cervelles éclatées comme chez Cronenberg (A History of Violence), pas grâce à des personnages de comic books et un suspense à la noix comme chez les frères Coen (No Country for Old Men), pas grâce à un personnage de comic books et une vision écologiste et pontifiante comme chez Sean Penn (Into the Wild), pas grâce à des personnages de comic books et un zeste de conscience politique biaisée et puante à souhait comme chez Christopher Nolan (The Dark Knight). Son film est sombre parce qu'il parle d'un vrai personnage, d'un homme en proie aux affres des sentiments les plus authentiques et les plus puissants.




Et qui mieux que Joaquin Phoenix pour interpréter ce personnage? L'acteur atteint très probablement ses sommets dans ce film. Ses comparses n'étant pas de reste (Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, actrice d'une beauté éclatante, sans oublier Isabella Rossellini). Mais véritablement Phoenix montre des choses dans ce rôle qui donnent à penser que si nous avons récemment perdu le plus grand des jeunes acteurs français en la personne de Guillaume Depardieu, nous venons peut-être bien de perdre (si sa parole est d'or, puisqu'il prétend arrêter sa carrière, mais on peut largement douter de cette affirmation) le plus grand des jeunes acteurs américains. Espérons que Joaquin reviendra sur sa décision, ou que ce n'est qu'un canular, car c'est un très grand acteur et ce film est certainement son Pic de Dante.




C'est aussi le film de James Gray (à ce jour) qui ne s'encombre plus d'histoires policières un peu pâteuses, prétextes à des portraits efficaces mais distants. Dans ce film il fait place et entièrement place à la comédie humaine, et si ça n'est pas gai gai, c'est au moins Gray Gray, c'est en tout cas ultra poignant, et il en ressort quelque chose d'aussi précis que solide. James Gray ne s'embête pas avec les poncifs à la mode, tous plus désolants les uns que les autres. Dans son film, il y aurait mille occasions de faussement surprendre le spectateur, de faire mentir les personnages en leur créant des secrets de polichinelle et des cachoteries surfaites, il y aurait mille aubaines de créer du suspense superflu ou de laisser s'immiscer des intrigues secondaires tortueuses et saugrenues pour ne pas perdre l'attention du spectateur demeuré bercé à la série télé racoleuse et rentable. Mais James Gray s'épargne ces foutaises pour se concentrer sur ses personnages, sur son histoire, et sur sa mise en scène. Dans un film par ailleurs brutalement émouvant il se permet des choses somme toute assez banales (quid du regard caméra) mais qui sont devenues si rares aujourd'hui, employées avec conviction et talent, qu'elles offrent un bol d'air d'audace et d'idées.


Two Lovers de James Gray avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw et Isabella Rossellini (2008)

20 novembre 2008

Hitch - Expert en séduction

Dans ce film, Will Smith incarne Hitch, expert en séduction. Will Smith, lui qui dans la vie n'a qu'à sourire dans la rue à New York pour se retrouver sous une tempête de corps à Taïpeï le soir même. Will Smith, lui qui quand il agite son mobile voit de nouveaux 06 affublés de prénoms féminins s'afficher. Will Smith, lui qui ne dort jamais (seul). Will Smith, lui qui n'a jamais le temps de petit-déjeuner le matin ni de souper le soir, lui qui chaque midi, pour rattraper son manque de nutrition, fait un gueuleton pantagruélique dans d'incessants remakes de la Cène où tous les apôtres sont remplacés par des personnes nues de toutes origines, de toutes couleurs, de tous sexes, de toutes tailles, buvant son sang et mangeant son corps, tant et plus. Will Smith, mon idole, ce sex-symbol transgénérationnel, qui fait tripper ma grand-mère comme ma petite-sœur, incarne donc un expert en séduction, épris de Rosario Dawson, dans la peau d'une avocate mal fagotée.


Rosario Dawson dans la peau d'une avocate mal fagotée


Rosario Dawson telle qu'elle est grimée en avocate intellectuelle dans ce film, dépeinte ici en quelques coups de pinceau : Rosario Dawson dans ce film c'est le sosie de Jeff Goldblum à la moitié du film La Mouche, pile au moment où ses yeux commencent à s'écarter, et où il arrache des bras en serrant la main à ses amis, juste avant qu'il ne se déchire une oreille avec un coton-tige. Prenez la gueule de Goldblum à ce moment du film, rajoutez-lui les lunettes de Woody Allen et rajoutez quatre foyers aux carreaux du nymphomane de Manhattan qui lui-même souffre de triple glocomes. Si, à partir de là, vous voulez revenir à Jeff Goldblum, rajoutez encore à ce visage des dents espacées par le bâton d'un aveugle fraîchement atteint de cécité, rallongez la bosse de son nez de deux mètres, écrasez sa gueule dans un étau afin qu'elle soit environ trois fois plus longue que large, et faîtes de ce menton un cul. Enfin faîtes de sa pomme d'Adam un accoudoir géant. Chez Jeff Goldblum, homme magnifique au demeurant, la pomme d'Adam c'est pas une pomme, c'est un pommier, c'est un arbre géant, c'est le haricot magique de Jack, sauf que c'est une plante carnivore alors pas intérêt pour Jack d'y monter dessus. Sa glotte c'est la pêche géante de James. Jeff n'a pas que la pomme d'Adam, il a tout le jardin d'Eden sous la gueule. Fréquemment il s'estube en mangeant. Il croit avoir avalé quelque chose de travers (qui s'apparente étrangement à un aileron de requin, plat qu'il déteste et dont il se tient pourtant consciencieusement éloigné), quelque chose qui serait resté québlo dans sa triste Gorge de Galamus, et dont il s'aperçoit en définitive qu'il ne s'agit que de sa pauvre glotte et qu'elle est supposée rester là pour le restant de sa maigre vie. Mais à l'instant où je vous parle, je ne suis pas certain de ne pas confondre cet acteur et un autre...


Hitch - Expert en séduction de Andy Tennant avec Will Smith (2005)

14 novembre 2008

Cortex

Dans ces lignes nous allons adresser un hommage éclair, un blitzhommage, à notre acteur fétiche, j'ai nommé, l'illustre André Dussollier, aussi appelé Dédé Ducolbac. Cet homme, soyons clairs, n'a plus rien à prouver, il a tout joué : l'enfant, l'adolescent, l'adulescent, l'adulte, l'homme, la femme, le trans, le vieillard, le macchabée et la veuve et l'orphelin. Il a déjà eu l'Oscar, il a déjà eu le César. Il a joué aux côtés des plus grandes actrices : Catherine Frot, Sabine Azéma, Nathalie Baye, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Jeanne Moreau, Eric Caravaca, Isabelle Adjani. Il a joué pour les plus grandes réalisatrices : Danièle Thompson, Tonie Marshall, Josée Dayan, Michèle Bernier, Bela Tarr (bon ok, les réalisatrices c'était surtout pour citer une poignée de nos plus célèbres freaks humains). Il occupe le paysage du cinéma français, il a pignon sur rue dans les médias, il a l'empreinte de ses mains sur le Hollywood Boulevard (certes au beau milieu de la chaussée, et c'est suite à un accident lors de sa dernière visite au pays de Walt Disney, que la trace de son genou gauche et de son coude droit sont restés incrustés à jamais dans du béton pourtant sec). Il est l'ami des plus grands comme des plus cons (on se rappellera avec émotion de son caméo dans le Vivement Dimanche de Jean-Pierre Raffarin, où il est apparu camé et en paréo, une guitare à la main). Il est le bras droit des politicards de droite comme de gauche et fréquente le cercle très fermé des scientologues hors-la-loi de France. Il organise des castings pour choisir ses futures conquêtes (la légende raconte qu'il a laissé passer Katie Holmes pour le plus grand plaisir de Tommy's Dinner Cruise).



Ses destinations de vacances sont les lieux de pèlerinages de sa horde de fans. Il précède toujours leur arrivée, il a toujours un temps d'avance sur les gens. Il est parti de Pompéi quand ça a sauté. Le 10 septembre 2001, André se faisait prendre en photo par d'aimables touristes au sommet des deux tours, les jambes écartées. La nuit du 13 août 1961, il traversait d'est en ouest une rue quelconque de Berlin tandis que de part et d'autre de la chaussée, des officiers de la Stasi ayant enfilé leur bleu de travail, assemblaient les dernières briques fatales d'un mur si fameux qui sépare encore aujourd'hui la RDA de la RFA. Le 25 décembre 2004, profitant de son dernier jour de vacances sous le soleil de Malé, André erre sur une plage, sa serviette nouée autour de la taille, ses tchancles aux pieds. Le 26 au matin, une heure après le décollage d'André, un mur d'eau de la taille d'un building honnête s'abat sur cette plage des Maldives qu'il foulait encore de ses pieds plats la veille au soir. Début octobre 1492, ayant élu domicile sur un bord de plage de la côte-est cubaine, André retire son pagne, se rase la barbe, efface ses peintures de guerre, et coupe ses ongles, en signe de protestation contre ses parents Maya et Pastèque Dussollier. Le lendemain, à la même heure, après l'accostage de la Niña, la Pinta et la Santa Maria, le petit André est le dernier Dussollier vivant, et ne rechigne pas quand Chris "Le policier" Colomb lui tend au bout d'une brochette un bout rôti de la cuisse à son père. Le 9 août 1969, André Dussollier fêtait son énième anniversaire quand son amie Sharon Tate l'invite pour fêter ça chez elle dans sa villa Californienne. André lui répond alors au téléphone: "Laisse le portail ouvert, je rapplique dans la soirée". Finalement la voiture à Dédé ne démarre pas, et un tout autre invité se pointe en douce profitant de ce concours de circonstances pour s'introduire dans la villa.



En quelques mots, Dédé Droit-dans-ses-souliers est non seulement l'acteur qu'on sait, mais possède aussi une armoire à anecdotes. Sa bio est longue comme le bras, y'aurait là de quoi remplir quelques tabloïds. Si un jour Dudule sort une autobiographie on lui en voudra pas de se payer un nègre, qui lui-même se paiera trois ou quatre négrillons, qui eux-mêmes engageront un troupeau de scribes pour s'en tirer. Nicolas Boukhrief, connaissant la vie démente de Diddle Dussollier, a décidé de faire un pied-de-nez à ces mémoires d'outre-tombe en lui offrant le rôle d'un homme frappé par la maladie Alzheimer doublée de celle de Creutzfeldt Jacob.



Bien que le film soit une merde, pensez à la poussière que ce film représente dans l'existence interminable et trépidante d'un Dédé qui n'a certainement pas oublié de ressortir tout son répertoire millénaire pour une performance digne des talents d'acteur d'un homme qui a toujours vécu et qui a pu accumuler plus de 14 000 ans de techniques théâtrales. Dans le métier, Ducolbac se fait appeler tantôt Man from Earth, tantôt Cortex, tantôt Jésus Christ. Ou bien l'appelle-t-on par l'acronyme LUCA venant de l'anglais Last Universal Common Ancestor. Notre vénéré acteur Édouard "Sheva" Daladier serait actuellement en pourparlers avec LucasArts, dans le cadre d'un procès qui fera date dans la jurisprudence des marques déposées, du copyright. Non content des milliards de dollars et autres lingots d'or que Du Sollers a amassé durant ses 14 siècles de vie, il tente encore de faire tomber le jackpot en frappant là où ça fait le plus mal : chez Lucasfilms.


Cortex de Nicolas Boukhrief avec André Dussollier et Pascal Elbé (2008)

12 novembre 2008

The Visitor

Voilà la petite discussion qu'on a eu, Félix et moi, juste avant de mater ce film :

Félix : J'ai téléchargé un film peut-être pas mal. C'est par Thomas McCarthy, le réalisateur de Station Agent, et y'a un acteur que j'aime bien dedans, qui avait déjà joué dans Fous d'Irène, Richard Jenkins. J'avais bien aimé Station Agent, tu te rappelles, ce film avec le nain qui débarque en ville et fout la merde dans tout son voisinage ?

Rémi : J'avais aimé moyen Station Agent. C'est quand même un long métrage sur un nain qui s'encule des géants.

Félix : Arrête c'est un chouette film.

Rémi : Aussi chouette que Sideways, ton autre film de chevet...

Félix : Ouais il est trop bien Sideways. Paul Giamatti rulez.

Rémi : On parle bien de cet acteur qui a "éclaté" dans La Planète des singes version Tim Burton ?

Félix : Moi je le trouve cool. Dans ce film il me fait penser à mon frère puiné. Mon middle brother. Il a les yeux globuleux pareil, il s'habille avec des gros pulls en guenilles rentrés dans son jean. Il a une "barbe de trois jours" qui en réalité date de sa puberté. C'est celui de mes frères qui te fout la race au ping-pong.

Rémi : Ah tu veux parler de ce jour où il m'a battu trois fois d'affilé dont une où je jouais à ses côtés ? Celui qui propage des racontars dans mon dos ?

Félix : Il a ça dans le sang cet enculé. Rappelle-toi que la première fois qu'il t'a vu, il était convaincu que t'étais un dealer et que tu faisais pousser de la beuh sur notre balcon.

Rémi : Non la première fois qu'il m'a vu, il t'a glissé à l'oreille : "Si un jour vous vous battez, tu vas prendre cher".

Félix : Bon on se met le film ?

Rémi : Dégueule.



Une demi heure plus tard:

Rémi : Tu viens de casser un truc.

Félix : Je préférais quand il faisait des films sur des nains découvrant l'amitié que sur des vieillards séniles découvrant l'ouverture d'esprit via l'apprentissage du steal drum.


The Visitor de Thomas McCarthy avec Richard Jenkins (2008)

Wanted : choisis ton destin

Je fais le topo. Timur Bekmambetov, je ne suis pas ton nègre. Je ne vais pas écrire ton script à ta place sur ce blog. Timur Bekmambetov, tu as choisi ton destin. Quant à l'acteur principal de ton film, le dénommé James McAvoy, après avoir tutoyé le meilleur du ciné grand public avec Atonement, il a décidé en jouant dans ton film de se forger une crédibilité artistique, un palmarès d'acteur, il a décidé de se choisir un destin, qui aura pris la forme d'une balle tirée dans son pied. Après avoir joué dans Le monde de Narnia chapitre 1 tome 2 partie 3 verset 4: Le lion, la sorcière blanche, l'armoire magique, le golden compas et le seigneur des anneaux d'Harry Potter (prisonnier d'Azkaban), McAvoy a lu les scripts de Dark knight (pour le rôle du Joker), de There will be blood (pour le rôle finalement attribué à Jerry Lee Lewis), et de No country for old men (pour le rôle de Javier Bardem). McAvoy a déclaré au micro d'ABC News, en pleine cérémonie de remise des Oscars, une larme au bord de l'œil tandis que Javier Bardem brandissait son trophée: "J'ai choisi Wanted pour faire plaisir à mes enfants. Mon plus jeune fils, qui est complètement con et fan du comic book, m'a dit et répété : 'Papa ça ne se rate pas Wanted, fais-le pour moi'. J'avais déjà fait Narnia pour cette raison là. Systématiquement, après un an de tournage, je rentre chez moi les bras en cœur, la bouche en croix, quelques goodies et le dvd de mon nouveau film dans la valise, et pour tout remerciement mes enfants disent de mes films qu'ils sont pourris". Triste sort que celui de ce McAvoy. Dernièrement on a vu le nom de McAvoy sur la working list de High School Musical 2, la suite du 1, le prequel du 3. Au bas de son contrat, à côté de sa signature, on pouvait voir ce smiley : " : ( ".
 
 
Wanted : choisis ton destin de Timur Bekmambetov avec James McAvoy, Angelina Jolie et Morgan Freeman (2008)

10 novembre 2008

Tout pour plaire

J'ai adoré ce film. À tel point que je l'ai vu deux ou trois fois. C'est en quelque sorte le pendant féminin du diptyque de Marc Esposito, Le cœur des hommes 1, 2 et 3, mais en un seul tome compact et supra-riche en anecdotes. Ou pour éclairer votre lanterne c'est un peu le miroir avec un -e à la fin du fameux 15 août, où Richard Berry et deux autres mecs profitaient du départ de leurs femmes pour s'occuper de leurs enfants, chier la porte ouverte et faire du ski en plein mois d'août. En somme c'est aussi, pour les plus cinéphiles, un équivalent de Comme t'y es belle, ce pastiche avec Michèle Laroque qui reprenait La vérité si je mens au féminin, le temps de quelques bobines dignes d'une œuvre du démon, si ce dernier se s'inscrivait un jour en fac de cinéma et tournait un premier long métrage de fin d'études.



Bref vous l'aurez compris, j'ai adoré suivre les aventures insipides de ces trois personnages. Mathilde Seigner joue une avocate incapable de trouver un homme (et ça se comprend), qui se croit supérieure à des types assez communs qu'elle qualifie imperturbablement de "chauves" quand bien même ils ont sur le crane la tignasse à Christobal Karembeu. Cette avocate vit dans un appartement immense dont le loyer s'élève à 2600 euros par mois (tout ce que j'avance est mentionné dans les dialogues), qui gère son découvert bancaire en allant s'acheter chaque jour plusieurs tonnes de vêtements de luxe, qui touche un chèque de "150 000 euros" pour sa première affaire plaidée et perdue (elle dit être débutante), et qui reproche à son banquier (l'infatigable Pascal Elbé) de ne faire que peu de cas des "pauvres" comme elle. Ce personnage adorable et si vrai, qui porte le nom de Juliette, finit par trouver le grand amour en la personne de son banquier.



D'un autre côté Anne Parillaud vit avec un homme qui n'aime que la réussite sociale et copule extrêmement mal. C'est le personnage de la femme qui se fait marcher dessus, se fait insulter pendant 5 minutes non-stop, au début du film, dans la voiture de son mari. Je quote : "Une merde, t'es qu'une merde, une grosse merde, t'es une merde, rien qu'une merde, ma parole mais t'es une pure merde ! Grosse conne de merde." (sic). Elle se fait ensuite rudoyer sexuellement par son supérieur direct, dans son bureau, en simulant un orgasme comme elle a appris à le faire avec son tendre époux. Finalement, quand elle s'approche de son tout petit enfant qui regarde sagement la télévision aux côtés de sa babysitter Samira, pour lui faire un bisou, celui-ci lui crache un mollard sur la bouche (dont on sent bien qu'il le mijotait depuis un fameux bail) avant de lui demander de foutre le camp car il mate Naruto. Ce personnage de femme malmenée quittera finalement son immense appartement et son travail grassement rémunéré pour s'émanciper et refaire sa vie avec un homme un peu plus doué pour la considération d'autrui. Ouf !



Enfin il reste à évoquer le cas du personnage interprété avec génie par Judith Godrèche, qui a encore dû rafler une nomination aux Césars avec ça, à tous les coups. Bordel mais qui l'arrêtera ? C'est certainement notre plus grande... elle fait partie de nos plus grandes actrices. Son personnage est celui d'une médecin généraliste qui insulte invariablement tous ses patients de façon assez ostentatoire et un peu choquante - il faut bien le dire - pour le spectateur qui pourrait voir là une certaine gratuité dans l'emploi du mot doux, un certain zèle dans le goût pour la grossièreté la moins fine. Cette femme médecin dit à ses patients (de vieilles gens malades) : "Votre mari n'en fout pas une, c'est un connard et un vieux débris", ou : "Remuez vous le cul, déchets humains, enfoirés gériatriques de mes deux !" Mais cette vulgarité, cette lassitude angoissée qui caractérise notre chère doctoresse et qui se manifeste sur son lieu de travail sont à mettre sur le dos de son mari. Son homme est pourtant le seul personnage à peu près normal et appréciable du casting. C'est un peintre du dimanche, certes un peu tire-au-flanc, mais aimant, bonhomme, agréable et à peu près drôle. Seulement voilà, notre sage-femme n'en peut plus d'être à la charge de la famille, de ramener l'argent et la pitance. Son mari est à ses yeux un paria, un pouilleux, un va-nu-pieds, un clochard, une sous-merde, parce qu'il n'est que peintre, "et pas célèbre en plus" (sic et resic). Du coup elle va le tromper avec le premier zonard venu. Mais évidemment elle finira par se rendre compte que son époux est plutôt sympa et qu'il ne méritait peut-être pas ça, quand il acceptera d'apprendre à remplir les fiches d'imposition et de revendre le grand et bel atelier où il vivait (en mémoire de son grand-père, peintre avant lui), pour acheter une grande maison ou un grand appartement de luxe (comme ceux des deux copines fortunées de notre femme médecin) où ils pourront élever un enfant insupportable de plus.



Bref je ne vais pas m'étendre davantage. Pourtant le ciel m'est témoin qu'il y aurait tellement plus à dire sur ce film. Après tout c'est vrai, je n'ai même pas parlé de la bande originale. Je n'ai pas parlé des vannes du film, qui donnent à penser qu'un trio de grandes comiques est peut-être né, allez savoir, peut-être les nouvelles Inconnus. Ou bien Cécile Telerman serait-elle la réincarnation féminine du grand Mel Brooks ? Qui sait ? Quant à moi, j'ai adoré.


Tout pour plaire de Cécile Telerman avec Mathilde Seigner, Judith Godrèche, Anne Parillaud et Pascal Elbé (2005)

9 novembre 2008

Hellboy 2 : les légions d'or maudites

J'ai tenté de regarder Hellboy 2 ce week-end et j'ai pas tenu bien longtemps. C'est quand même mortellement con comme film, avec seulement des types tous plus laids les uns que les autres qui se battent sur fond vert je ne sais même pas pour quelles raisons tant l'histoire m'a saoulé. La palme de la laideur revenant tout de même à la version juvénile d'Hellboy, qui choque le spectateur dès la première scène, attribuée ex-æquo au personnage de Selma Blair, qui a la particularité d'entrer en combustion dès qu'elle s'énerve ce qui, à l'image, se traduit par l'un des effets les plus ratés qu'il m'ait été donné de voir sur un écran. Je crois que je deviens simplement allergique à ce genre de films, qui ne sont qu'enchaînements de scènes d'actions ridicules à peine justifiées, où les effets spéciaux sont si envahissants qu'ils ne pensent même plus une seconde à passer inaperçus ou à créer l'illusion, ce qui est pourtant leur nature propre.



J'ai arrêté le film juste après la scène où l'affreux prince cerné à la mine mauvaise et aux cheveux couleur pisse tue son propre père après une cabriole ridicule afin de lui chiper le bout de plastique doré manquant pour faire à nouveau chier le monde. Avant cela, il avait éliminé à lui seul toute une armée minable lors d'une chorégraphie lamentable. La scène de l'interminable attaque des "fées mangeuses de dents" (évidemment, en anglais, leur nom est moins ridicule, mais tout paraît moins ridicule en anglais, c'est bien connu) avait déjà failli avoir ma peau. Rien que l'idée de savoir que, d'après le scénario, Selma Blair est enceinte d'Hellboy me donne la nausée. J'imagine la tronche du gamin et le spectacle hideux qu'a dû être leurs ébats et je recule d'une heure ou deux mon repas du soir. Vous allez croire qu'il m'en faut peu, mais mon imagination a bien moins de limites que l'équipe de techniciens derrière ce foutu film.



Guillermo Del Toro croit mener avec brio une double carrière, avec d'un côté ses films hollywoodiens, qui sont de grosses machines à fric aux budgets colossaux (Blade 2, Hellboy 1 et 2) ; et de l'autre ses films plus "européens", beaucoup plus personnels et souvent mieux reçus par la critique (L'Échine du Diable, Le Labyrinthe de Pan). Son nom est désormais gage d'une certaine qualité, d'une certaine crédibilité artistique, et on a fini de le confondre avec l'acteur Benicio. Il ne sait pas qu'il échoue dans les deux tableaux et que ses films, quelle que soit leur nature, portent les mêmes défauts. A savoir, pour résumer, une certaine puérilité voire une grande naïveté dans la façon qu'a Del Toro d'aborder de la même façon un comic merdeux et des sujets autrement plus sérieux, d'aucuns diront plus graves (la guerre d'Espagne, où l'on retrouve son bestiaire habituel avec ses méchants monstres et ses gentilles fées). Son film peut-être le meilleur reste Cronos, qui remonte à une époque où il n'avait pas encore le cul entre deux chaises.



En apprenant que notre ami Guillaume désire prochainement s'attaquer à l'adaptation d'une nouvelle d'H.P. Lovecraft, j'ai la mâchoire qui tremble. Si c'est un prétexte pour nous étaler d'autres spécimens de son affreux zoo, résultats d'SFX miteux, j'en connais un qui risque de se retourner dans sa tombe.


Hellboy 2 : les légions d'or maudites de Guillermo Del Toro avec Ron Perlman et Selma Blair (2008)

6 novembre 2008

Substitute

Ce film je l'ai vu y'a six mois, et ça fait six mois que je suis incapable d'avaler la pilule, je l'ai dans la bouche depuis tout ce temps, et le pire c'est que c'est une pilule effervescente, du genre qu'il faut pas essayer de gober, du coup je bave toute ma race. J'écris ce texte en guise de catharsis, comme une sorte d'ascèse pour mettre un terme à cette pénible torture.

Un après-midi, alors que je venais de revoir Les Yeux dans les bleus (plus grand documentaire jamais réalisé, devant Shoah de Claude Lanzmann et devant le making-of du dernier Astérix par Thomas Langmann), désireux de me plonger encore et encore dans l'univers du ballon, de me repaître de foot, je suis parti à la recherche (et c'était pas gagné, finalement j'ai mis la main dessus à la Fnac après l'avoir cherché en vain chez Decathlon) du dvd du film tant décrié de Vikash Cristina Barcelona Dhorasoo (ne faîtes pas l'erreur coutumière, prononcez Dora zoo).


On est à l'ère du DV !

Quel ne fût pas mon effroi en découvrant ce film de merde. Ce film affreux où deux zigotos en tongs, armés de caméras Super 8, se filment dans la banlieue Berlinoise la plus déserte, errant dans des parcs, l'âme en peine. Déjà quelle idée de choisir le Super 8 ? C'est vraiment des intérêts de petit filmeur du dimanche que d'utiliser ce format désuet dans le simple but de faire artiste et de tourner la plus quelconque image de trottoir en œuvre d'art à la manque. Je me doutais bien que jamais ce documentaire (qui d'ailleurs se veut être davantage un film d'auteur qu'un véritable document d'information) n'arriverait à la cheville des Yeux dans les bleus, ou même de Rendez-vous le 9 juillet, j'ai acheté ça en tout connaissance de cause. Ou disons en toute relative connaissance de cause. Je m'attendais pas quand même à une telle avalanche de connerie. Ce film sent le soufre. Il est sulfureux dans le vrai sens du terme.


Si vous aimez le film, vous aimerez cette tof. Si vous aimez cette tof après l'avoir matée dix minutes sans bouger, vous aimerez ipso facto au moins une scène du film

À quel moment ça devient intéressant de voir Freddy Poulard et Vicky Rasodoo en train de débattre de si oui ou non ils filmeront leurs voyages en train respectifs ou s'ils se limiteront aux voyages en voiture ? À quel moment on s'intéresse à ce footballer, pour qui on avait quand même pas mal de sympathie au départ, du fait de sa gueule d'ange et de son franc parler, mais qui se révèle ici un footballer gaucher, de gauche et un peu gauche, très sûr de lui et revanchard, pas très malin, pleurnichard, nullard, tocard, crevard, rasoir, criard, vachard. À quel moment se passionne-t-on pour Freddy Cougar qui filme ses chaussures Puma tandis qu'il fait réparer sa caméra perso chez un couple de nazis retraités, parce que Fred Pulet réserve bel et bien 35 minutes du montage de ce film d'une heure et demi (qui paraissent une vie) à la réparation par des particuliers Allemands méticuleux et zélés de sa caméra en bois. À quel moment peut-on supporter de voir pendant dix minutes montre en main nos deux cons se chercher à 100 mètres de distance dans un parc désert, et se filmer l'un l'autre en train de se filmer l'un l'autre, fiers de cette mise en abîme du pauvre.

C'est le seul dvd que j'ai foutu en revente sur PriceMinister avant d'avoir fini de le mater. Je l'ai revendu à un Port-de-Boucain mort de faim. Je l'ai revendu au prix fort à un miséreux de la région PACA fan de l'OM qui n'avait pas pris le temps d'aller faire un tour à la fnac où il aurait pu le trouver, bradé en prix vert deux fois moins cher. Et comme je l'avais chouravé à la Fnac, ça s'appelle du recel. Et ça se traduit accessoirement par un big up de 10 euros sur mon compte en banque perso.


Substitute de Fred Poulet et Vikash Dhorasoo avec Vikash Poulet et Fred Dhorasoo (2008)

Tonnerre sous les Tropiques

Sans doute touché par les intempéries qui ont ravagé la Nouvelle-Orléans (État d'origine de sa famille), Ben Stiller a cru bon de réaliser un film là-dessus, sobrement intitulé Le tonnerre des tropiques. Ce film fait aussi écho aux continuelles inondations qui frappent régulièrement certains villages Français à proximité de nos grands fleuves. En ce moment même, 4 départements sont en alerte rouge sur Bison Futé : la Loire menace d'emporter la moitié du pays. Moi ce que je ne pige pas c'est tous ces paysans qui s'installent dans les lits des fleuves. Ils bâtissent leurs villages au beau milieu des cours d'eau, avec des maisons pas étanches et aucun système d'évacuation des eaux usées. Tu m'étonnes que les assurances refusent de leur rembourser leurs taules insalubres pour cause de catastrophe naturelle. Quand tu parles à ces gens-là et qu'ils te décrivent leur village sous-marin avec amour, ils disent, fiers d'eux : "au milieu coule une rivière", en versant une larme comme si y'avait pas suffisamment d'eau dans leur bled. Quelle idée d'aller vivre sous un fleuve et de se plaindre quand il déborde. Votre terroir de merde, il prend l'eau mes amis, il est grand temps de faire votre baluchon et de nourrir les rangs de l'exode rural. À côté de ces deux mois de l'année où ils sont un peu emmerdés par la météo et qu'ils passent les pieds dans la boue, la gueule à ras l'écume, période durant laquelle on note un taux d'adultères ruraux impressionnant vu que les pompiers se payent les paysans du coin en guise de médailles, les mêmes paysans, que je respecte à mort, se font des couilles en or en vendant leurs poivrons et leurs tomates importés de Hollande et d'Espagne à 6 bâtons le kilo.
 
  
Alors que les recettes de Tropic Thunder devaient aller tout droit dans la poche des sinistrés de l'Alabama et du Gard, et conscient de cet état de fait, j'ai fièrement téléchargé le film sans dépenser un kopeck. Je ne suis pas meilleur qu'un autre, mais faut pas abuser. Je suis sorti du film fou de joie. En fait c'est un film de guerre, d'action, et comique. C'est le meilleur film de Ben Stiller. Sur 10 je lui mettrais 1. Le début est bien. Ben Stiller a pour seul mérite de ridiculiser la scientologie en faisant du générique de fin une lap dance maléfique de son plus fidèle et dévoué représentant en la personne de Tob Cruise.  
 
 
Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller avec Ben Stiller, Jack Black, Robert Downey Jr, Tom Cruise, Steve Coogan, Nick Nolte et Matthew McConaughey (2008)

3 novembre 2008

WALL-E

C'est l'histoire d'un PC qui s'encule un MAC. On m'avait dit que la première demi heure était très audacieuse, presque muette. En réalité le film s'ouvre sur une chanson Walt Disney dégueulasse et poursuit avec une pluie de bruits et de chansons habituelles du genre. Ce soir j'ai eu l'impression d'être dépucelé, et que mon violeur a pris mon globe oculaire pour mon hymen. Avant ce film, j'ai vu Shoah de Claude Lanzmann, qui dure 9 heures, et c'est passé en un battement de cil, surtout en regard du viol sans fin qu'a pu être Wall-e en fin de soirée. Le film est à la fois très réaliste et complètement chimérique (je ne parle pas de Shoah). Je m'explique, le film se veut sans concession dans sa façon de dépeindre son personnage féminin (Ève, prononcez Yves avec l'accent Audois), qui commence par vouloir cramer la gueule à son prétendant puis lui tourne largement le dos avant de finalement lui tomber dans les bras quand il lui offre une plante dans une godasse (le film est-il involontairement réaliste ou volontaire chimérique ?) ; et par opposition, l'animé se veut très nébuleux quant au comportement de son personnage masculin (wall-e, prononcez comme tous les autres connards français qui parlent du film), qui n'a qu'une idée en tête : attraper la poigne de sa dulcinée. Si les personnages étaient humains (suivons jusqu'au bout le processus anthropomorphiste du film), admettons donc qu'il ne reste qu'un seul homme sur terre et qu'une femme new age débarque à l'improviste, notre Dom Juan à la manque n'aurait donc pas perdu une minute (quitte à se faire incendier le crâne par le bras bionique de sa nouvelle égérie) pour lui sauter à la gorge et lui régler son compte (il s'agirait ici encore d'un viol donc)... De quoi méditer pour les gosses du monde entier.




Peut-être que cette vision manichéenne des rapports amoureux (sous forme de guerre des sexes, l'un belliqueux, l'autre le disque dur en surchauffe, et pas ceux que l'on croit), viendrait du fait que les êtres vêtus de baskets blanches et de casquettes à visières opaques à l'effigie de Tenacious D qui écrivent des scripts aussi cons pour Pixar sont des geeks en mal d'amour, et des obsédés du fion. Comme des condamnés de droit commun dessinent des vulves à la craie sur les murs de leur cellule, eux le font sur la toile du net. Ces gens-là sont gavés jours et nuits par des gros sketches pornos ricains bangbros à la mode du site Bigtitsatwork.com. Ils ont des imaginaires d'enfants de 5 ans qui auraient eu une puberté de malades mentaux. Ils voient l'homme avec des yeux d'enfant, et la femme avec des yeux de vieillard moribond sorti tout droit d'une guerre de Corée qui aurait duré 65 ans. À ce titre, ils ne se privent pas pour glisser dans l'image des représentations de bites en veux-tu en voilà, comme cette image sans trucage, qui survient sauvagement à la 33ème minute :


(Suis-je le seul à voir dans cette image au moins deux queues ?)

Mais qui sont ces créateurs qui se régalent de dépeindre le futur cataclysmique de l'humanité, où tous les Hommes sont réduits à des gros lards vautrés dans des fauteuils, incapables de bouger, la tête enfoncée dans leurs écrans d'ordinateurs. Ils nous font un spot manger-bouger tout en dépeignant comme repoussoir leur propre existence diabolique. Au fait, le message écolo signé Gore Al ne passe pas. Pire, il se contredit. D'abord, le film nous fait la promesse (rappelons qu'il s'adresse d'abord aux enfants avant de devenir l’œuvre phare de 2008 de tout un tas d'adultes inquiétants), qu'une fois la planète transformée en gros conteneur à ordures et autres détritus, l'Homme ira faire un tour de l'autre côté du soleil, dans un vaisseau-planète maxi-modèle, en atteignant un niveau intellectuel inespéré (vitesse de la lumière apprivoisée, chaleur du soleil domptée, apesanteur masterisée, robotique pulvérisée, absence d'atmosphère vaincue, ingénierie banalisée, informatique sodomisée, etc.) où il se la coulera douce, vautré dans un fauteuil, comme décrit précédemment, dans un monde où le confort est roi, le travail n'est plus, les conflits n'existent plus. Au prix certes d'un manque total de communication, abrogé précisément par une hyper-présence de moyens de communications, critique ici en demi-teinte d'un phénomène de société actuel et primordial qu'un enfant balaye du bout du coude en réclamant un autre soda. En sus on constatera l'absence (totale ?) de gens de couleur dans ce vaisseau peuplé uniquement d'américains dont on peut penser que leur niveau de vie leur a pas permis d'être sauvés (sélectionnés pour constituer une colonie de repopulation de la planète) au moment du cataclysme. Le plan final, équivalent visuel et sonore d'un gros dégueulis sous forme de zoom arrière, nous rappelle d'ailleurs que Wall-e vit au départ sur le sol des États-Unis, le reste du monde semblant avoir disparu sous un épais nuage vert-de-gris (il est bien connu que les ricains, eux, ceux de la Silicon Valley, ne polluent pas notre monde de merde). Le détenteur d'œil avisé placé au bout d'un canal rétinien guidé par un cerveau non-totalement liquéfié peut certes jeter des objets sur son écran, mais un enfant de CE2, encore une fois, n'a cure de ces éventuelles pistes scénaristiques à demi ébauchées par une bande de bras cassés. Dans le même genre ruez-vous plutôt sur le dernier Shyamalan qui, bien que véritablement pourrave, véhicule le même message avec un poil plus d'habileté. Pour qu'on en vienne à conseiller ça...



Au-delà du réel de ces considérations que certains jugeront inopportunes, le film est en plongée sous-marine, se noie dans les goofs, se prend les pieds dans d'innombrables traquenards et nous immerge dans un ennui de chaque instant. Cette fameuse ouverture de 30 minutes, soi disant muette ou tout au moins audacieuse, la survivance de l'esprit de Buster Keaton dans le cinéma contemporain à en croire la critique, est un clip lamentable. Montrez-là à vos gosses, et s'ils tiennent le crachoir à l'écran de votre télévision sans toucher à la télécommande pour passer sur le clasico OM-VA du soir, préférant attendre fiévreusement la suite de ce navet pixelisé la bave aux lèvres et les mains dans le dos, alors dites-vous bien qu'ils sont prêts à endurer l'intégrale Tarkovski, et si tel est le cas, vos enfants sont des putains de prodiges ! Des freaks de première ! Remerciez le Seigneur. Où sont les débuts réellement accrocheurs des films de notre enfance ? Où sont les scènes d'ouverture telles celle de Qui veut la peau de Roger Rabbit, mise en abîme frauduleuse et riche de sens pour les moutards que nous fûmes. C'est grâce à cela que nous sommes devenus ce que nous sommes, bon sang ! En voilà des manières de commencer à bander, d'apprendre à triquer. Comment voulez-vous qu'un gosse chope le marbre devant Ève et sa copine Wall-e ? Tout ce que ces films inculqueront aux gosses d'aujourd'hui c'est le début d'une conscience politique misérable, l'envie de voter Dominique Voynet et un goût douteux pour le spectacle le plus nerveux et abrutissant possible.



Blague à part, ce film m'a sapé le moral. Il m'a ramené à un des plus tristes épisodes de mon enfance passée derrière les wagons, à repeindre les trains. J'avais un chat à l'époque, nommé Matou. Je m'étais fait de sa personne mon plus fidèle ami. Un matin, en nettoyant les chiottes d'un TEOZ, j'ai trébuché dans mon chat qui avait pris une allure fort cubique. Il avait dû se coincer quelque part, ou se faire compresser Dieu sait où. Le mystère est intact. Comment s'est-il retrouvé compacté en cube parfait et solide, avec une boîte de conserve à jamais unie à son petit corps, et une capsule de bouteille de bière plantée entre les deux yeux à la mode hindoue ? Je n'ai jamais percé le secret de cette mort sans pareille, mais j'ai chialé tous mes morts en matant Wall-e, lui et sa manie de merde de faire des cubes compacts d'ordures et de déchets. Matou était tout sauf un détritus.


WALL-E de Andrew Stanton (2008)

31 octobre 2008

Titanic

Encore hier j'étais le dernier à ne pas avoir vu Titanic. Aujourd'hui, c'est réparé. Par contre le film ne m'a pas branché. Je me suis tellement ennuyé que j'ai failli partir trois fois mais j'étais chez moi dans mon salon, j'allais pas me faire foutre à la porte de chez moi par un film de merde. L'histoire cousue de fil blanc, le bateau qui coule à trois reprises, et les gens qui tombent à trois reprises, dans un sens puis dans l'autre... Je ne comprends pas pourquoi tout le monde s'est rué sur ce film tellement Hollywood. Pas assez brut, pas assez réaliste. Il n'est jamais fait mention de ce passager qui selon les témoignages des derniers rescapés a passé tout le naufrage à se bâfrer dans les cuisines du navire pour finalement se jeter la tête la première sur une des cheminées du paquebot à la renverse. James Cameron nous montre le capitaine du bateau fier d'aller se planter devant son grand volant en attendant que l'eau explose les vitres de la cabine de pilotage pour l'engloutir, mais un témoin a pourtant raconté dans une interview accordée au Times à l'époque qu'il avait vu de ses yeux vu le capitaine à barbe blanche du Titanic sauter à pieds joints sur l'iceberg qui venait de causer la fin du plus grand paquebot du monde pour regarder son bébé couler tout seul, croyant ainsi s'assurer une survie qui se révéla toute relative. Le film fait l'impasse sur cet épisode édifiant de l'histoire du naufrage, et en un mot comme en cent la version de James Cameron est largement arrangée, manipulée pour le grand public.




Regarder ce film c'est comme manger un kilo de sucre au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner. Un bon film historique se doit d'être un peu leste sur la salière, avec un zeste de citron et un peu de cacao à l'état pur (pour l'amertume) : vous obtenez un PH neutre. Je me demande encore pourquoi tant de gens sont allés se passionner pour les amours d'un gosse de 12 ans et d'une obèse. C'est plat, plat, plat, même au moment où cet ado pré-pubère et sa bourgeoise s'envoient en l'air dans une vieille deuch. James Cameron ferait mieux de s'intéresser au sort de son pays d'origine (le Cameroon) plutôt que de nous infliger ce spectacle, même si Leo Dicaprio et Winslet s'en sortent bien (peu le savent mais Winslet incarne deux rôles dans ce film, Rose et la bouchère du navire). La légende dit que l'épitaphe de la dernière survivante du Titanic était une insulte en langage assez châtié adressée tout droit à James Cameron et à son fidèle acolyte Bill Paxton, accusés d'avoir ramassé un gros pacson sur le dos de la congélation de milliers de malheureux.




Dans la catégorie "film de bateau" je préfère me retourner vers le grand classique USS Alabama où Denzel Washington, chauffé à blanc, est la réincarnation avant l'heure d'un Barak Obama opposé à un ersatz de McCain sous les traits de Gene Hackman, vert de rage. Mais je triche un peu car il s'agit d'un film de sous-marin. Pour rester dans le domaine du bateau à vapeur et même dans la catégorie très fermée des films sur le Twitanic, au remake préférez l'original, jetez vous sur la version télé avec John Zéta Jones !


Titanic de James Cameron avec Leonardo DiCaprio et Kate Winslet (1997)