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12 juillet 2018

Manon des sources

En 1986 Claude Berri tue le game en adaptant d'une seule foulée Jean de Florette et Manon des sources. Son coup de génie, c'est de tourner les deux films en même temps, s'assurant une harmonie visuelle sans solution de continuité : les deux suites adoptent ces teintes jaune pisse et ce fond sonore à base de cigales qui en font toute la saveur. Les deux parties du récit sont à ce point indissociables qu'on peut lire sur l'affiche de Manon des sources ci-contre, "Jean de Florette 2ème partie", de même que sur l'affiche de Jean de Florette on pouvait lire "Manon des sources 1ère partie". De quoi perdre la tête ! Peter Jackson s'inspirera des méthodes de Berri pour réaliser sa trilogie de l'Anneau, mise en boîte d'un souffle dans la même région de France. Mais avant d'inspirer le cinéaste néo-zélandais, la trilogie de Berri a marqué mon enfance d'estoquefiche. En effet j'ai vu le deuxième volet, dont il est question ici, des dizaines de fois (sans avoir jamais vu le premier épisode) en raison du fanatisme de ma tante aveugle dont c'était le long métrage préféré. Il fallait que je lui raconte chaque scène, que j'assure le commentaire pour sourds et malentendants avec tous les sous-titres multicolores qui envahissaient l'image. Je me demande encore comment ce film pouvait être le préféré d'une aveugle alors que de mon côté tout passait par la vue... Peut-être les fameuses cigales ? 





Forces en présence : Montand, Auteuil, Neuilly, Passy, Bugsy, Gyneco, La Peste, et pour couronner le tout, au milieu de ce banc de requins, la divine Manu Béart. Comment parler d'elle ? Elle était le soleil de ce film déjà bien éclairé. Et puis il faut dire que je suis né en Provence, comme Jésus, et que le cadre, les senteurs, les bruits, ce sont les miens, ceux de chez moi. J'avais plus l'impression d'ouvrir la fenêtre que de mater la télé. Ma tante était dans le gaz complet ("Qu'est-ce qui se passe ? Tu me racontes ? C'est une partie sans dialogues ! Ils vont où là ???"), tandis que je humais l'air. Quand je ne foutais pas carrément les voiles discrètement pour aller gambader dans la garrigue en quête d'une source où une naïade s'espongerait. Au village, me sachant déjà fan de l’œuvre de Tolkien, on me surnommait Sauron des sources. Malheureusement je vivais dans un coin très sec, sans eau, sans source, d'où, aussi, mon intérêt pour ce film où la flotte est le nerf de la guerre. 





Il faut ajouter un mot sur la performance de Daniel Auteuil. Ce n'est que récemment que j'ai compris qu'il avait toutes ses capacités cognitives, et qu'il n'était pas réellement le doux débile qu'on voit évoluer à l'écran sous le nom de Galinette. L'acteur m'a tellement impressionné que j'étais sur le cul de le voir enchaîner les rôles et parvenir à jouer si bien les personnes non-diminuées intellectuellement. Pour moi il était Hugolin, il était le couillon du village : il ne jouait pas ! C'est Le Huitième jour qui m'a mis sur la voie : pourquoi engager deux trisomiques pour n'en jouer qu'un seul ?


Manon des sources de Claude Berri avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart et Yves Montand (1986)

5 juin 2018

Mission : Impossible

C'est donc dans ce film qu'un hélicoptère poursuit un TGV dans le tunnel sous la Manche. En 1996 deux nouvelles inventions du génie civil font perdre la tête à De Palma : le TGV et le tunnel sous la Manche. Deux créations que même les Chinois nous ont enviées et qu'ils nous ont achetées au prix fort. De Palma a voulu faire la promotion de ces nouvelles inventions dans ce que Laurent Weil a nommé "le meilleur film d'action qui se déroule dans un tunnel, loin devant Daylight". Cette séquence de haute voltige venait conclure un film d'une lenteur accablante dans un feu d'artifice pyrotechnique de goofs. Tout le monde l'a dit, les trains ne se croisent pas dans le tunnel sous la Manche, contrairement à ce que nous fit croire De Palma. L'autre séquence d'action du film, à peine moins ridicule, c'est évidemment celle où Tom Cruise est suspendu à une corde au-dessus d'un ordinateur, tentant de taper le bon mot de passe pour accéder à sa session Windows 95. La moitié du public rêverait que l'acteur soit nu comme un ver dans la scène, pour voir son étoile noire ou pour que ses couilles chatouillent le bout de son nez (car il est très petit et monté comme un poney), l'autre moitié espère qu'il s'étrangle avec sa corde. A la fin de la scène c'est une goutte de sueur irrépressible qui tombait du front du comédien sur le touchpad de son PC et qui activait le système d'alarme ultra chatouilleux du magasin FNAC Micro où il essayait de tirer du matos Hi-Fi. On était suspendus à une goutte de sueur ! Si à la place de Cruise on avait eu droit à un Ving Rhames pendu par le cul et poussé dans ses derniers retranchements, c'est une cascade de sueur qui se serait déversée sur l'écran de l'iPad tant convoité, car l'acteur souffre d'un hyperhidrose palmaire primaire, ce qui fait qu'il a constamment le front et les aisselles embobinés dans des serviettes.


Jeu d'adresse : sachant qu'Emmanuelle Béart mesure 1,61m et se tient légèrement de biais, tracez une ligne partant du sommet de son crâne et se terminant au sommet du bellâtre sis à droite de la photo. Que remarquez-vous ? La ligne est parfaitement horizontale [surlignez pour voir la solution]

Oui car le grand Ving Rhames était de la partie. Casting 4 étoiles pour ce film faisant la part belle aux français : Tom Cruise, Jean Reno, Jon Voight, Kristin Scott Thomas, Emilio Estévez et Ving Rhames. Mais surtout Emmanuelle Béart. Car c'est aussi dans ce film qu'elle est apparue pour la première fois avec une ventouse à la place de la bouche, très utile tout de même pour sauver le héros Ethan Hunt dans certaines situations périlleuses. Pensant sans doute que ce film allait la propulser au sommet du cinéma ricain, la star s'est crue obligée de se faire démolir la tronche pour ressembler aux idoles de l'époque : Carmen Electra, Pamela Anderson, Julia Roberts ou Sylvester Stallone aka "le Sly". Quel carnage, quels ravages, si son ramage se rapporte à son plumage on est mal. Rappelons aux plus jeunes d'entre nous, qui n'ont peut-être pas appris à bander devant Manon des sources ou Un Cœur en hiver, assis aux côtés de leur tante aveugle, que Manu Béart était facilement parmi les cinq plus belles femmes du monde en ce temps-là. Rappelons à ceux qui n'ont jamais fait le pari avec les potes du bahut d'arriver à tenir les 4h18 de La Belle noiseuse sans débander une seule fois, y compris quand seul le gros Piccoli est à l'image, que la Béart des débuts c'était l'Himalaya.


Ce petit bijou de femme s'asseyait régulièrement sur Daniel Fauteuil en ce temps-là, comme quoi tout est possible dans le football, ne désespérez pas !

Quid de ce gimmick de la série Mission : Impossible : le message informant le héros de sa mission censé s'auto-détruire dans la minute. C'était une bonne idée au départ mais depuis que ma directrice de recherche l'a adoptée pour me faire part de ses commentaires sur mon Mémoire, ça me séduit moins. J'ai donc trois raisons au moins d'en vouloir à De Palma par rapport à ce film. Il va me foutre dedans pour cette année scolaire très coûteuse, il a contribué à exploser le visage d'une idole, et il a aidé à établir Tom Cruise à la tête d'une franchise entièrement dédiée à sa mégalomanie. C'est l'acteur qui choisit toujours le metteur en scène qui lui cirera les pompes sur chaque nouvel épisode de la série. On a donc eu droit à John Woo dans le second volet, avec son lot de vols de pigeons et de ralentis sur des types qui tombent ou qui retirent leurs masques, comme dans tout bon John Woo. On a subi le troisième épisode réalisé par J.J. Abrams, la poule aux œufs d'or des séries télé qui sur le coup s'est un peu planté dans une éternelle redite des mêmes scènes d'action interminables où l'on doit admirer Tom Cruise et ses muscles saillants. Et on vient de subir le quatrième volet où le choix de la star concernant le metteur en scène fut un peu plus audacieux puisqu'il a fait appel à Brad Bird, le réalisateur de Ratatouille, qui réalisait là son premier film avec de vrais acteurs.


Hypnotique...

Tom Cruise choisit aussi ses partenaires dans chaque film. Dans le premier épisode il se contentait de pousser ses camarades hors du cadre afin d'y régner en seul maître. Il y avait quelques plans étonnants où on le voyait littéralement jouer des épaules à la manière d'un Marcel Desailly rudoyant pour sauver un corner. C'était encore timide, la star d'un mètre vingt de haut n'ayant pas le physique de "The Rock", le meilleur pote de Deschamps en défense centrale, pour étaler la concurrence. Avec un type comme Tom Cruise dans la surface de réparation y'a corner à chaque ballon. Et vu sa taille, y a but à chaque corner. Dans le deuxième film il n'y avait plus que Ving Rhames, présent pour respecter un certain quota de blacks et pour faire marrer l'acteur sans lui faire de l'ombre. Dans le troisième épisode, Cruise avait fait table rase de tout l'esprit originel de la série qui consistait à taffer en équipe : l'acteur était absolument seul en scène, parcourant le monde et défonçant des milliards d'ennemis avec la seule aide de son GPS humain, incarné par un Simon Pegg (un acteur comique blond typiquement brittish remarqué dans Hot Fuzz et Shaun of the dead, deux films moisis), pendu à son kit main libres pour guider le héros dans ses courses poursuites. Typique de Tom Cruise que d'essayer par tous les moyens d'être seul sur l'affiche, ne cédant de place que pour un maximum de courtisanes qui, alliées ou ennemies du héros, n'en ont toutes que pour son regard irrésistible et son sourire irrésistible aussi. Et aussi, selon le scénario, que l'acteur a retouché avant le tournage, pour sa teub de "37 cm de long". J'avoue que moi-même j'en pince pour Tommy Cruise depuis Top Gun, devant lequel ma sœur s'envoyait en l'air avec elle-même.


Mission : Impossible de Brian De Palma avec Tom Cruise, Jean Reno et Emmanuelle Béart (1996)

11 mars 2018

La Doublure

Tout a déjà été dit sur le onzième film (j'ai compté !) de Francis Veber, son dernier succès au cinéma avant sa chute finale, le remake complètement raté de L'Emmerdeur. Et puisque tout a déjà été dit et redit sur La Doublure, j'aimerais aujourd'hui me focaliser uniquement sur la prestation de Dany Boon. L'acteur ch'ti campe ici le rôle du colocataire de Gad Elmaleh (Gad Elmaleh et Dany Boon, réunis dans un seul et même appartement, cela devrait être interdit par la loi), ce même Gad Elmaleh qui, pour vous faire un court rappel du scénario particulièrement tordu signé Veber, est amené à devoir héberger sous son toit la boombastique Alice Taglioni et faire semblant d'être en couple avec elle afin de tirer Daniel Auteuil d'une mauvaise passe en échange d'une grosse somme d'argent. Je m'arrête là avec l'histoire, j'ai déjà mal à la tête. Bref. Boon joue donc Richard, un pur zonard, voiturier de son état au même titre qu'Elmaleh, qui passe son temps libre devant la télé et ses jeux vidéos, les pieds sur la table basse, une main sur la télécommande, l'autre dans son paquet de chips. Disons-le tout net : ce rôle paraît taillé sur mesures pour Dany Boon qui en profite pour nous livrer sa plus marquante prestation à l'écran, très justement saluée par l'Académie des Césars via une nomination pour le meilleur second rôle masculin. 




Il faut aussi préciser que Dany Boon incarne ici un grand frustré du cul, un obsédé sexuel de premier plan, totalement incapable de gérer ses émotions dès qu'il voit une jolie meuf et encore pire quand il se retrouve face à un morceau de choix comme Alice Taglioni, alors au faîte de son sex appeal. Et là encore, tout colle parfaitement : Francis Veber a choisi l'acteur idéal. C'était deux ans avant le succès des Ch'tis, à une époque où Dan' Boon pouvait encore accepter d'être un second couteau et d'apparaître en tout et pour tout cinq minutes à l'image. Veber avait vu juste. Parce que, disons-le tout net, Dany Boon a aussi cette très rare particularité de ressembler à une bite. Une vieille bite usée par la main, fatiguée d'avoir trop peu servi. Son front ridé évoque une grosse couille trop longtemps restée calfeutrée dans son caleçon poisseux, ses yeux vitreux et cernés rappellent deux tristes glands mal décalottés, ses cheveux dégueulasses font immanquablement penser à des poils pubiens aussi drus que sales, sa mine toujours décomposée ranime automatiquement nos souvenirs de bite déconfite et malheureuse. A son physique naturel si avantageux pour incarner un tel rôle, le comédien ajoute son talent pur. C'est bien simple, dès lors que Boon fait face à une actrice, il paraît littéralement suer du liquide séminal par les tempes et dégouliner de testostérone impuissante. On se croirait face à une triste queue flétrie, un énorme gland humain tuméfié, tétanisé devant une apparition divine, condamnée à lui échapper. En contre-champ, on devine toute la gêne d'Alice Taglioni, tout de même honorée de l'NRJ Ciné Award de la Meilleure Actrice pour ce travail. Même en expirant tout l'air présent dans ses poumons, l'actrice si bien équipée apparaît comme une menace terrible pour son vis-à-vis. Dany Boon excelle en pine pathétique. Son meilleur rôle. Il est tout simplement parfait. Il aurait amplement mérité son César. Ou au moins un NRJ Ciné Award lui aussi...


La Doublure de Francis Veber avec Dany Boon, Gad Elmaleh, Alice Taglioni, Virginie Ledoyen et Daniel Ateuil (2006)

25 janvier 2015

Je vous trouve très beau

Isabelle Mergault... Dans ces trois petits points de suspension imaginez toute la haine du monde. Rappel du CV : comédienne de théâtre criarde et vulgaire de formation, elle est surtout connue pour avoir fait partie de la "bande à Ruquier", où elle passait pour une tuerie au milieu d'une troupe de vieillards (dont le baveux Maurice Béchamel et le nain Jean Bengimli) et aux côtés d'une seule concurrente, la clébarde de garde Isabelle Alonzo, qui avait elle aussi un énorme problème de dentition. En fait il y avait d'autres tromblons sur le plateau d'On a tout essayé : le squelette de Claude Sarraute, Sophie Garel, qui a joué dans The Return of La Momie avec Brendan Fraser, Elsa Fraser, la sœur de Brendan Fraser justement, refaite de la cave au plancher à seulement 32 ans, Valérie Mairesse, la grosse ménagère d'à peine moins de cinquante ans (fallait prévenir France 2 que cette catégorie de la population est censée regarder l'émission, pas faire le show), Christine Bravo dans le rôle de l’alcoolo de service, Péri Cochin, le corbeau humain, et Maureen Dor, l'éternelle enfant enceinte qui faisait fantasmer les plus pervers d'entre nous avec ses énormes seins qui trainaient sur tout le plateau et qui lessivaient le parquet. On a fait le tour du proprio. Concentrons-nous donc sur le cas Mergault.




C'est moche de commencer une critique comme ça, en s'attaquant au physique, sachant qu'on est loin d'être intouchables. Revenons donc au sujet. Après nous avoir fait chier au quotidien pendant des années sur le service public et aux frais de la princesse avec sa frimousse de malade, son dentier de macchabée, sa voix de mouette à l'agonie et ses mille postillons à la seconde, propulsés par l'éolienne à merde qui lui sert de bouche et de fourre-tout, Mergault s'est cru le droit de passer derrière la caméra, épaulée par les plus grands acteurs de sa génération : Michel Blanc d'abord, puis Jacques Gamblin et Daniel Auteuil. Mergault avait la haute ambition de renouer avec le cinéma populaire français de qualité à tendance vaudevillesque. Au final, on a du mal à faire la synthèse de la masse énorme de saloperies contenues dans ce seul premier film, aussi facho que mégalo, aussi populo que vérolé. L'histoire est un medley des pires épisodes de L'Amour est dans le pré, cette émission présentée par l'ex-femme de Lilian Thuram (Karine Le Marchand, que le frère aîné avocat de Félix, dont nous tairons le nom, a vue en vrai, et quand on lui a demandé ses impressions il a utilisé cette expression très rare dans sa bouche : "Peau de zob"), où des fermiers au bord du suicide et analphabètes rêvent de s'encastrer dans des grosses coiffeuses de villages de campagne qui rêvent de pognon quitte à faire une croix sur les grattes-ciel, pour aller s'enterrer avec un demeuré ou son voisin trépané, ayant littéralement le choix entre l'âne et le gros porc. Au final ces pauvres malheureuses se retrouvent soit prises au piège de l'un des outils agricoles détournés de leur utilité initiale par un paysan aux couilles gorgées de sang, soit les voilà qui prennent leur jambons à leur cou pour retourner chialer chez Dilloy's.




Medeea Marinescu incarne donc dans le film de Mergault une future pute roumaine prête à sucer Michel Blanc inside out pour obtenir un visa de séjour, quitte à finir coincée entre une botteleuse et un épandeur de fumier. Vous l'aurez donc compris, Michel Blanc prête son crâne d’œuf à un agriculteur grincheux et insupportable dont la femme vient de mourir (c'est la scène d'intro du film, où la vieille épouse acariâtre de Blanc crève en passant sous la roue de son tracteur, une scène ni drôle ni triste, plutôt gênante en fait, car c'est le genre d'accident qui se produit quotidiennement dans les campagnes) et qui a pour projet d'investir l'un des milliards qu'il a accumulés au Crédit Agricole dans un billet d'avion d'abord puis dans un bidet humain ensuite. Mergault nous livre un regard puant aussi bien sur les roumaines que sur les paysans. Celle-ci est prête à tout pour rouler du cul dans un jean Celio* en plein Paname, celui-là en est au même stade d'avancement intellectuel et culturel que Jacquouille la Fripouille débarquant à notre époque dans Les Visiteurs, la bonne humeur en moins. Il faut voir Blanc prendre l'avion pour la première fois pour aller dégoter sa future compagne dans les Balkans et s'émerveiller de l'invention de l'aéroplane puis cracher entre les jambes des contrôleurs qui lui demandent de retirer sa faux de son bagage à main.




Ce film haïssable, et surtout répugnant (la mise en scène de Mergault, c'est même pas de la mauvaise télé) a fait un carton : 4 millions d'entrées dans l'hexagone. On a permis à Mergault de se prendre pour une fameuse réalisatrice et elle nous l'a fait payer cash en réalisant deux nouvelles saloperies intégrales : Enfin veuve et Donnant donnant, autant de supplices repoussant toujours plus loin les limites de l'horreur et de la débilité, à la fin desquels on se dit inévitablement qu'on a sans doute vu ce qui s'est fait de pire avec une caméra. Je vous trouve très beau a en prime le tort irréversible d'avoir lancé la mode des titres en "Je", exemples : Je vais bien ne t'en fais pas, Je l'aimais, Je préfère qu'on reste amis, Je suis une légende, etc. Bref, tout est dit. Va crever Mergault.


Je vous trouve très beau d'Isabelle Mergault avec Michel Blanc (2006)

2 août 2013

La Fille du puisatier

Je me souviens que quelques semaines avant la sortie de ce film, un journal sur une chaîne de télévision hertzienne diffusait un mini-reportage intitulé "Daniel Auteuil, metteur en scène". Pour sa première réalisation, Daniel Fauteuil a choisi de tout miser sur l'audace et la fraîcheur en adaptant un roman de Pagnol déjà adapté au cinéma par Pagnol lui-même en 1940. C'est un peu salop de ma part de l'attaquer sur l'aspect pas méga original voire légèrement rance et totalement casse-gueule de sa première réalisation, car au fond je l'aime beaucoup Daniel Auteuil, et je comprends bien qu'il ait voulu laisser parler son désir ancré de vieille Galinette en s'investissant dans un projet qui lui tenait à cœur, même si ledit projet lorgnait d'avance vers le téléfilm sans intérêt atrocement mal interprété qu'il s'est bel et bien révélé être... Pagnol est l'auteur par lequel Auteuil a débuté sa grande carrière, dans Jean de Florette puis Manon des sources. C'est l'auteur, quand même, qui lui a permis de devenir une star hexagonale ("hexagonale" parce qu'il est Français et parce qu'il a une tronche à angles droits et à six côtés). Pagnol lui a donné l'opportunité d'être l'époux d'un temps d'une Emmanuelle Béart au faîte de sa beauté. Danny Auteuil revient donc à Marcel Pagnol en adaptant La Fille du puisatier pour sa première expérience derrière la caméra et sa millionième expérience devant, aux côtés d'un Kad Merad benêt prêt à faire étalage de l'étendue de son immense absence de talent pour remplacer Fernandel, tandis qu'Auteuil himself, au four et au moulin, remplace Raimu au pied levé.


"Oh pute vierge que c'est beau vé !"

Grâce à ce reportage, on pouvait avoir un aperçu du tournage de ce film. C'était le jour où Auteuil s'apprêtait à tourner cette scène où le héros du film, Kad Merad, affublé d'un uniforme de poilu et d'un accent marseillais piteusement surjoué, prend le train des conscrits pour partir à la guerre. Kad Merad n'est pas encore sur le front mais le massacre a déjà commencé quand on le voit coucher les oreilles et les yeux (sa ganache d'une élasticité horrible permet de jouer ça sans forcer), une gambas dans le train, l'autre hors du wagon et à deux doigts d'y rester à tout jamais quand le train démarre en trombe. Sur le quai, les familles éplorées chialent devant le train, monument aux morts sur rails. Double monument aux morts d'ailleurs, qui enterre aussi le cinéma avec lui, et toute la famille Lumière d'un coup. Car on a pu voir Daniel Auteuil aux manettes ! Assis derrière son combo, dirigeant du bout du nez (dans son cas on parle quand même de deux mètres de blair) ses acteurs et ses techniciens, assurant avec une concentration maximale la direction d'un plan dit "de coupe". Un plan coupé à la serpe. A l'image, on découvrait alors ce fameux plan mitonné par notre acteur chéri, ce plan qu'on a tous vu au bas mot un milliard et demi de fois, ce cliché visuel éternel, le plan serré qui balaye les mains des soldats tendues hors du train et touchant presque celles, dressées en l'air, des gens restés sur le quai. Les bras sont coupés aux épaules (façon de parler, la guerre n'a pas encore commencé), la caméra est à côté du train qui défile et filme sur fond de ciel gris toutes ces mains qui s'effleurent. C'est beau ma parole. Et Daniel Auteuil, notre idole, de frapper dans ses mains en hurlant : "Coupez… coupez… coupez… ÇA ! ÇA, c'est magnifique…". C'était apparemment le premier jour de tournage et on savait déjà que Daniel Auteuil, acteur cher à nos cœurs, s'apprêtait à devenir un réalisateur de merde. Depuis le film est sorti, je l'ai vu, car j'aime à ce point Daniel Auteuil, et j'en reste convaincu.


La Fille du puisatier de Daniel Auteuil avec Daniel Auteuil, Kad Merad, Jean-Pierre Darroussin, Sabine Azéma et Nicolas Duvauchelle (2011)

23 avril 2013

Ensemble, c'est tout

C'était le dernier film non-posthume de Claude Berri, avant l'affreux Trésor. En vedettes, tous les acteurs qui à l'époque bataillaient pour avoir la carte Claude Berri, le pass allociné qui leur donnerait l'accès à tous les rôles, tous les Césars, tous les Oscars, bref à tout ce dont rêvent tous les Tautou et les Canet du monde, ainsi qu'à toutes les séances gratos à l'UGC des Halles. Lisez l'affiche et vous entrerez dans la même dépression qui semble frapper tous les personnages qui la décorent : d'après un roman d'Anna Gavalda, déjà. Combien de "a" dans Anna Gavalda ? Cinq fois plus que de talent en tout cas. Assise devant une feuille blanche à remplir le plus vite et le plus connement possible pour engranger des biffetons, c'est la meilleure. On dirait que cette femme écrit tous ses bouquins dans la situation où se trouve James Caan au plus fort de Misery : verrouillée sur un lit, pieds et poings liés, les chevilles broyées, le moral à zéro et, forcément, parce que ça joue un peu : l'inspiration en berne. Alors qu'en réalité elle écrit ses torchons sur un matelas de gros billets, tout en loufant dans la soie. Avec Musso, Foenkinos et Levy entre autres, Gavalda est la reine du roman de grande surface écrit le temps d'une lessive à 30 degrés et à 12000 tours minutes. Cette "écrivaine" n'entretient rien de la flamme révolutionnaire jadis allumée par son aïeul latino Ché Gavalda.



Sans entrer dans le détail, l'affiche jette tout de suite un gros froid. Ce halo flou de taches marronnasses en fond et, collés les uns sur les autres, tous ces acteurs à l'air malade... Sans parler de la petite vieille au milieu, qui gâche moins l'affiche qu'elle ne gâche le film. Eh oui car Ensemble, c'est tout fait partie de cette flopée de films français des années 2000 mettant en scène un personnage de vieillarde en bout de course, obsédée par sa mission, qui consiste à faire croquer son mal-être à tout le plateau. Comme bien d'autres, ce film de Berri donne des envies d'euthanasie. Pour le reste, c'est un jeu du chat et de la souris dans un immense appartement glauque entre Canet et Tautou, dont on sait très bien qu'ils vont tôt ou (décidément elle est partout !) tard finir par se rentrer dedans avec pour spectateur Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie Française, qui dans ce film nous donne plutôt l'impression d'être sociétaire du Conseil Régional de la région PACA et d'avoir envie de se pendre en allant tous les matins faire son office administratif.



Un mot sur ses cheveux de paille (récemment encore ils brillaient dans L'Exercice de l’État ou L'Art d'aimer). Cet acteur ne pourra jamais être un héros. Pour la petite histoire, il a d'abord tenté Médecine après avoir obtenu un bac S avec mention PB, "Pas Bien", croyant que ça allait être "un boulevard". Dès les premiers mois, enfermé dans une cité U avec comme seule échappatoire le spectacle offert par son micro-ondes, d'énormes pellicules sont apparues sur ses épaules sous le coup du stress intense et de l'absence de femme dans son entourage depuis sa naissance. Il a cru devoir exterminer ces pellicules massives à coups de Head & Shoulders et de Desktop. Son shampooing antipelliculaire était indiqué pour un usage hebdomadaire, hélas la posologie perso de Laurent Stocker le contraignait à un usage quotidien de ce pur désherbant capillaire, et son rendu graphique en a pris un coup pour toujours. Au terme de sa première année de Médecine, Laurent Stocker culminait à 5,09/20, et il a terminé sa deuxième première année aux alentours de 259ème sur 270 étudiants (les 11 derrière lui se sont réunis et ont formé un club de foot à Petit-Quevilly). Après cet échec cuisant sur tous les tableaux Laurent Stocker s'est tourné vers la comédie. Il rêve toujours d'incarner Dracula sans maquillage dans une adaptation du célèbre roman de son homonyme Bram Stoker et, pas bégueule, se satisfait déjà de ce qu'il a : chaque jour plusieurs piétons foutent le camp quand ils le croisent, persuadés d'être tombés sur le Comte de Dracula, aka Vlad Dracul l'Empaleur de Pennsylvanie. Sans rancune aucune, on t'aime bien quand même Laurent.



Ensemble, c'est tout fait partie de ces films où Audrey Tautou fait penser à Fantomas. Quant à Guillaume Canet, il a récemment déclaré qu'il a surtout accepté de tourner dans ce pire film pour prendre des notes sur le métier de cinéaste en admirant le maître aux manettes du film, et ça se ressent. Les Petits mouchoirs sont un véritable manuel du petit Claude Berri illustré. Certains ont dit que Trésor n'était pas vraiment à prendre en compte dans la filmo du grand magnat de l'industrie cinématographique française, et il est vrai que Claude Berri est décédé au début du tournage, mais il était par contre bel et bien aux commandes d'Ensemble, c'est tout, et en pleine possession de ses moyens vu qu'il disait "péter le feu", et pourtant ce film est également naze à mourir. Claude Berri n'a de toute façon jamais réalisé que des quasi-navets, plus ou moins glabres, sauf peut-être le diptyque Jean de Florette et Manon des Sources, les deux films préférés de ma tante aveugle, qui adore la "musicalité" de l’œuvre, musicalité qu'il faut davantage attribuer à Montand, Auteuil, Neuilly, Passy qu'à Berri himself, et dans tous les cas ça reste un drôle de compliment.


Ensemble, c'est tout de Claude Berri avec Guillaume Canet, Audrey Tautou et Laurent Stocker (2007)

5 novembre 2011

Dialogue avec mon jardinier

J'ai oublié de vous parler de cet opus de Jean Becker au moment de sa sortie il y a quatre ans... Mille excuses, mea culpa, c'est juste que j'en avais rien à battre et du coup j'ai zappé... Pardon encore. Félix et moi on vous a pourtant torché Deux jours à crever et La tronche en friche, mais j'ai oublié de parler de celui qui les a précédé, Dialogue avec mon macchabée, qu'on a pourtant vu à sa sortie sur divx, au garde-à-vous, comme à chaque parution d'un nouveau Becker. Dans cet opus du maître, Daniel Auteuil interprète un peintre assez fortuné en plein divorce, revenu habiter la maison de son enfance après la mort de ses parents. Il convoque un jardinier pour remettre en état le jardin et quand son nouvel employé (Jean-Pierre Darroussin) rapplique enfin il s'avère être un de ses anciens camarades de classe. Ils se rappellent leurs bêtises d'autrefois et redeviennent amis. Darroussin incarne un cheminot retraité, fatigué, vivant en HLM, aux antipodes sociaux de son ami, mais leur différence de niveau de vie et de trajectoire ne sera pas un rempart à leur sympathie réciproque et les deux personnages vont créer de gros liens d'amitié autour de la peinture, des légumes potagers, de la pêche à l'épuisette et d'un déluge torrentiel de pinard.



Jusqu'aux deux tiers du film c'est vraiment bien. Lumineux, très coloré, assez intéressant et souvent drôle, car on voit bien que pour chaque scène en tête-à-tête, Auteuil et Darroussin n'ont fait qu'une prise et que c'était la bonne, notamment dans une séquence interminable où les deux comparses échangent sur des dizaines de sujets incompréhensibles pendant des heures, Auteuil vautré dans un canap' et Darroussin lui faisant face, bien tanqué dans un fauteuil apparemment pas aussi confortable que celui de son copain, les mains vissées sur les genoux, hagard, fixant son vieux pote au bout du rouleau qui tombe les litrons de rouge en causant dans un charabia sans queue ni tête de tout et d'absolument rien dans une suite de faux-raccords involontaires de haute volée. On notera en prime une apparition d’Élodie Navarre, très agréable par sa présence car essentiellement nue dans l'herbe. Au tableau d'affichage des scores on a donc Becker 3 - le spectateur 0, car il nous met dans la vue une bonasse à poil dans le foin et deux alcooliques en roues libres, c'est paname à la campagne. Et puis tout à coup un des deux personnages tombe gravement malade. Et le dernier tiers est d'un chiant... mais d'un chiant... Jean Becker, on l'a déjà dit, faut toujours qu'il fasse dans le pathos en fusillant un de ses personnages au moment où tout le monde était bien à l'aise dans ses godasses. Au début il filmait deux amis discutant pendant des heures en nous faisant marrer, puis il s'est rendu compte qu'il n'avait pas de scénar, or la maladie ça reste une bonne sortie de secours pour niquer un film.



C'est typique, c'est comme ça dans pratiquement tous les films de Becker, qui aime finir en eau de boudin et nous voler le sourire qu'il nous avait offert si gracieusement en essayant de choquer par la mort subite d'un personnage sympathique - aussi y a-t-il fort à parier que si Becker Jean devait filmer le biopic d'un footeux, il choisirait Marc-Vivien Foé. On verrait l'international camerounais le plus sympathique de l'histoire des Lions Indomptables tailler le bout de gras avec ses coéquipiers, se pisser au froc de rire avec ses potes, enchaîner les matchs comme un Dieu, une passe par ci, un dégageo en touche par là, puis un panneau annoncerait la date, le 26 juin 2003, et on commencerait à trembler du menton sévère. Puis Marc-Vivien Foé, joué par Omar Sy sans doute, la star montante du cinoche franchouillard, s'écroulerait soudain sans crier gare, les yeux révulsés, au cours de ce fameusement triste match de Coupe des Confédérations contre la Colombie, à Gerland. Guy Roux, incarné par Michel Galabru, déplorerait devant la caméra de Becker imitant les conditions d'un reportage la négligence des soigneurs qui ont fait tomber "Marco", Marc-Vivien Foé, en le transportant hors du terrain. Ce serait un Becker sans bavure et ça ferait quelques entrées à proximité des stades. Le cinéaste Becker flingue lui-même sa filmographie. C'est con. Mais on l'avait vu venir, on connaît notre petit Becker illustré par cœur.


Dialogue avec mon jardinier de Jean Becker avec Daniel Auteuil, Jean-Pierre Darroussin, Élodie Navarre, Fanny Cottençon et Alexia Barlier (2007)

27 août 2011

Propriété interdite

Cet horror flick a obtenu de très bonnes critiques, parfois dithyrambiques, dans une presse d'un certain calibre qui se veut plutôt estampillée de gauche et qui aime à dénicher les symptômes de notre société dans un moyen métrage de derrière les fagots. C'est donc avec l'espoir de tomber sur un bon film de genre français qu'on s'est lancé à l'abordage du combientième (?) long métrage d'Hélène Angel. L'affiche, la bande-annonce, les éloges de certains papiers, tout laissait présager un film de maison hantée de qualité avec un sous-texte pertinent à la clé. Au lieu de ça, Propriété interdite se vautre sur tous les tableaux. A cumuler les ambitions, la réalisatrice échoue absolument de partout. Hélène Angel aurait gagné à commencer son film sur un rythme plus tendu et à nous immerger tout de suite dans un univers beaucoup plus effrayant pour ensuite nous cueillir avec son drame social à deux euros. Le début du film s'avère ô combien laborieux quand il nous dépeint ce couple au bord du gouffre, et notamment cette femme (Valérie Bonneton) qui, hantée par le souvenir de son frère récemment décédé, sombre dans la boulimie (la scène où elle se fait vomir m'est restée là !), puis finalement dans la pure folie. C'est ce fameux frère, Michel (Bob Bonneton ?), dépressif, pas maniaque pour un sou et dont on croit comprendre qu'il s'est suicidé, qui s'occupait de la grande maison de campagne où le couple débarque au début du film afin de remettre la demeure familiale en état pour mieux la vendre. Quelques bruits et autres coupures d'électricité (la seule scène à peu près réussie du film, car même si elle fonctionne sur des clichés elle parvient à ne pas trop s'y embourber) foutent les jetons à l'héroïne qui est persuadée d'être visitée par le fantôme de son regretté frère. Mais dès le départ nous savons à quoi nous attendre : à pas grand chose.


 Le seul plan à peu près intéressant du film, qui dure 1,15 secondes

Au bout d'une demi heure (dans un film qui ne fait qu'1h10 et qui semble en durer le double), on découvre sans surprise que l'esprit fantomatique du frère n'est rien d'autre qu'un sans-abri qui s'incruste dans la maison par un tunnel creusé entre le jardin et la cave. Exit la problématique auto-centrée et ultra psychologisée typique du cinéma français tel qu'on se le représente et que le film semblait aborder en peignant le portrait de cette femme endeuillée malmenée par sa propre psyché via un pseudo tunnel introspectif symboliquement matérialisé par un trou dans la cave et menant tout droit à son cerveau, la maison de l'enfance, le lieu de la mémoire. Hélène Angel semble vouloir mêler cette veine psycho-familiale franchouillarde à des préoccupations plus directement humanistes et actuelles en introduisant un personnage de squatteur Roumain. Ce revirement du scénario n'apporte rien d'étonnant ni d'intelligent à un film terriblement chiant dont la réalisatrice grossit le trait et appuie tous les sobres effets. Après la rencontre avec son nouvel ami des Balkans, l'héroïne pète un plomb et s'enfonce dans sa démence, le mari (Charles Berling), quant à lui, a les boules : leur couple se déchire et le sans-papier se comporte comme un clébard. Il frappe, vole, boit des gamelles de lait chaud préparées par Bonneton, crache au visage des gens bienveillants et il aboie plus qu'il ne parle, car les sons qu'il produit ne sont pas simplement la manifestation d'un manque de maîtrise de la langue française mais presque ceux d'une absence de capacité au langage. Remarquez cet être franchement détestable vaut presque plus cher que sa famille de romanichels qui, quand ils voient arriver Bonneton aux abords de leur campement, innocente et même souriante, la fracassent tous ensemble à coups de bâtons et de jets de pierre jusqu'à la mettre en sang. Joli portrait d'une communauté de sans-papiers que nous dresse là Hélène Angel... Et c'est pas la symbolique de fond de placard que déploie la réalisatrice à la fin du film quand le mari - qui contrairement à sa folle de femme demandait simplement à l'étranger de ne pas lui foutre la chiasse en ruant dans les brancards de sa cave et de ne pas démolir les murs porteurs de sa maison - crève comme un salop dans le tunnel qu'il avait condamné côté sous-sol et où pionçait le jeune sans-papier, tunnel qui devient alors sa propre sépulture puisque sa femme le rebouche avec du béton côté jardin. Ce retour de flamme plein de sens est d'un lourd... On n'en voudra même pas à Angel pour ses messages foireux car son vrai problème c'est la somme de maladresses qui constitue son film, un tas de défauts qui le rendent imperméable, inefficace et épuisant.


L'héroïne lunaire du film, de retour de sa petite visite amicale chez les Roms

J'ai pas dit un mot de Charles Berling. C'est peut-être parlant. Je me demande si c'est pas lui le fantôme du film. J'ai simplement remarqué qu'il s'est laissé aller à un léger embonpoint sans renouveler sa garde-robe, mais je ne lui en veux pas. Aux manettes de ce film, deux femmes, Valérie Bonneton, la Shelley Duvall française, et Hélène Angel, dont j'étais persuadé de découvrir là le premier film. Vous aurez sans doute tiqué sur le mot "combientième" au début de l'article, et c'est pas un hasard. J'étais parti pour écrire "premier film", sûr de moi, quand mon professionnalisme m'a poussé à aller vérifier pour m'apercevoir qu'elle avait déjà réalisé deux œuvres : Peau d'homme cœur de bête et L'Année du dragon, avec Auteuil quand même ! Quand personne n'entend causer d'un film avec Auteuil c'est que c'est un film de merde pour lequel la star elle-même n'a pas daigné bouger son gros fiac afin d'en faire la promo sur tous les plateaux télé où on l'accueille habituellement à bras raccourcis. Quoique, il est bien allé défendre le Donnant donnant d'Isabelle Mergaux le mors aux dents... Pour moi ça reste le premier film d'Hélène Angel, car on ne peut pas réaliser un tel fiasco d'une heure dix quand il ne s'agit pas d'un premier film. Bon bref, j'ai un demi-melon dans le bide là, donc ciao !


Propriété interdite de Hélène Angel avec Valérie Bonneton et Charles Berling (2011)

19 novembre 2010

Je l'aimais

Ce film est naze et il est intensément chiant. Quand on adapte un livre d'Anna Gavalda en même temps... Les 22 premières minutes sont un calvaire. On peut dire que le film de Breitman serait moins pourri s'il commençait à la 23ème minute (je ne sais plus pourquoi... les 22 premières minutes devaient être horribles pour que j'écrive ça) mais il faudrait encore de longs travaux de ravalement de façade pour améliorer tant soit peu ce gros navet. Et pourtant Daniel Auteuil sort le grand jeu comme à son habitude, et celle qui joue sa compagne, Marie-Josée Croze (de 20 ans sa cadette) se débat dans la souille du scénario. Mais rien n'y fait. C'est l'histoire d'une jeune femme qui se fait larguer par son mari et qui se tire avec ses deux gosses pour se réfugier chez ses beaux-parents, les parents de son mari, parti pour une autre femme. Le beau-papa de la jeune mère esseulée décide de la cloîtrer dans un refuge campagnard pour lui raconter une histoire à glacer le sang : lui-même a laissé l'amour de sa vie (Marie-Josée Crozé) pour vivre une vie de cadavre auprès de son épouse légitime.



On a droit à une soupe froide et à de longues discussions d'entrepreneurs. En gros le message final : si vous vous faîtes plaquer par l'amour de votre vie et qu'elle vous quitte parce qu'elle a trouvé un mec mieux gaulé et plein aux as, c'est pas plus mal. C'est pas une si mauvaise philosophie de vie quand je repense à un type dans le village de mon père qui la semaine dernière a envoyé une boule de pétanque au visage de son meilleur ami lors d'un concours de boules avant d'aller réduire sa propre casbah en miettes à coups de masse parce que sa "grosse", comme il est de coutume d'appeler amoureusement sa femme dans ce coin-là, vient de le quitter. J'espérais qu'à la fin de sa démonstration Daniel Auteuil allait sortir du refuge pour téléphoner à son fils adultère et lui dire texto : "TKT". Mais non, le film n'est jamais marrant. Ah si par contre au début du film Auteuil dit très sérieusement un truc marrant: "A dix ans j'avais déjà cette tête" :



Ça, ce serait un film à faire : une sorte de Jack de Coppola avec Daniel, un Benji Button avec Auteuil ! Imaginez deux secondes un gosse de 10 piges avec cette trombine de malade. Faut que le gosse ait subi des trucs horribles pour trimballer cette façade au CM2. Sans déconner regardez-moi cette tronche de rêve ! Visez un peu ce piaf de malade, ce profil d'ange, ce menton glabre, ces chicots d'argent, cette vieille trousse de tueur en série libre comme l'air ! Matez-moi cette horreur ! J'en suis baba...


Je l'aimais de Zabou Breitman avec Daniel Auteuil, Florence Loiret Caille et Marie-Josée Croze (2009)

10 avril 2008

Deux jours à tuer

Le nouveau cru de Jean Becker est un Jean Becker pur jus. Au début du film Antoine (Albert Dupontel), publicitaire pour yaourts, envoie copieusement se faire foutre son patron et ses collègues lors d'une réunion marketing, quittant par la même occasion son job et revendant ses parts à un de ses collaborateurs, qu'il traite de connard. Sur le chemin du retour il envoie chier tout le monde, dit ses quatre vérités à qui ne veut surtout pas les entendre. Arrivé chez lui, sa femme (Marie-Josée Croze) lui fait une scène : sa meilleure amie l'a vu en compagnie galante. Il admet l'évidence et, après l'avoir envoyée caguer, explique à sa femme qu'il n'en peut plus de cette vie bourgeoise bien rangée, impeccable, pleine de fric et d'ennui. Le climax de ce ras-le-bol arrive avec une grande scène de repas d'anniversaire (celui d'Antoine), où notre Dupontel de rêve crame tous les amis de la famille les uns après les autres, survolté, à tel point que le repas se finit dans le sang. Enfin, on n'est pas non plus dans Bernie, mais disons que les convives en viennent largement aux mains. Après ça Antoine décide de quitter les siens, qui le font chier, pour toujours. Il part en Irlande, retrouver son père qui l'a abandonné quand il avait 13 ans et qu'il n'a pour ainsi dire jamais revu depuis, sans doute pour aller lui dire qu'il l'emmerde et qu'il peut aller chier.




Alors je vais vous raconter la fin, donc ceux qui n'aiment pas ça peuvent cesser de lire ces lignes. Rien de bien surprenant non plus. À la fin du film on découvre (pour les plus naïfs, parce que des indices flagrants jalonnent quand même le film, personnellement je me suis fait cueillir comme une fleur), qu'Antoine est mourant, il est atteint d'un cancer en phase terminale, il ne lui reste que quelques jours à vivre (et à tuer). Il a fait tout ça certes un peu pour vider son sac (à ses collègues et faux amis pleins de pognon), avant de crever, mais surtout pour préserver ceux qu'il aime (sa femme et ses enfants) en le dégoûtant de lui, pour ne pas qu'ils le pleurent et pour éviter qu'ils le voient dépérir (à ce titre, sa supposée maîtresse n'était que son docteur et une bonne amie, interprétée par Alessandra Martines).




On perd énormément avec cette fin. On perd l'idée que ce personnage ouvre soudain les yeux sur la connerie générale qui caractérise ses amis et décide de les envoyer paître et de vivre vraiment. Il ne fait tout ça que parce qu'il va mourir, sans quoi il aurait donc continué à subir des dîners minables entouré de raclures finies. Et puis on parle du grand courage du personnage principal, mais ça se discute. Et si j'étais sa femme je ne le détesterais que davantage de ne pas avoir passé ses derniers jours avec ses enfants et de ne pas avoir laissé la femme qui l'aimait lutter avec lui jusqu'au bout. D'ailleurs à un moment Antoine traite ses gosses comme deux merdes afin de passer pour un salop auprès de sa femme, et s'il va s'excuser auprès de sa grande fille avant de partir, le pauvre gamin quant à lui aura toujours le dernier souvenir de son papa se foutant de sa gueule en mémoire. Sans compter que c'est complètement surréaliste comme réaction : le type se sait au bord de la mort et au lieu de profiter des siens et de leur dire combien il les aime, il se fait passer pour le dernier des enculés. Becker donne dans la science-fiction pure et dure, mais pourquoi pas. Le dvd de ce film est à ranger entre Rencontre du 3ème type et Zardoz dans votre dvdéothèque.




Jean Becker a ce travers qu'il se sent forcé de conclure tous ses films par un coup sec et rapide de faux dans la gueule du spectateur, signant le triomphe de la mort. Dans Les Enfants du marais Michel Serrault passe l'arme à gauche avant le générique de fin. Et si c'était un peu plus légitime dans Effroyables jardins, on avait à nouveau droit à une mort soudaine et rageante dans Dialogue avec mon jardinier. Les deux films sont particulièrement à rapprocher de ce point de vue. Tout du long, on se marre sans arrêt, le ton est gai et les acteurs en roues libres (Auteuil et Darroussin dans le premier, un Dupontel les doigts dans la prise ici), et puis à la fin, comme si on avait trop ri, le personnage principal se trouve frappé d'un cancer incurable et clamse en deux jours. Voilà qui devient plus que lassant. Becker dit mettre tout ce qu'il aime dans ses films : la nature, la pêche à la mouche (on y aura toujours droit), les bons amis, le bon vin, la bonne chaire, les clebs (y'a un nombre pas croyable de clébards à l'image), la rigolade, mais il oublie de dire qu'apparemment il adore aussi les macchabées.




J'imagine le vieux Becker quand il passe des soirées entre amis : tout se déroule dans la bonne ambiance, on se marre comme des baleines, on boit du vin rouge à flots, on bouffe comme des chiens, on se tape dans le dos en se racontant des histoires de cul dégueulasses, et à la fin de chaque repas, dès après le digestif, le vieux Jean se lève et dit "Au fait, vous vous souvenez d'un tel ? Eh ben il est mort", avant de se tirer comme un prince, d'aller se coucher. Ma grand-mère fait ça aussi. Elle adore ruiner l'ambiance en annonçant soudain une ou plusieurs morts récentes parmi les gens du quartier, sans raison. Pas un repas familial qui ne se conclue pas sur un coup de tocsin. C'est leur came, à ma mémé comme au Jeannot Becker. Tout est beau, tout est ensoleillé, et rask ! À la fin le héros meurt en dix minutes. C'est pas marrant marrant pour les potes à Becker qui n'ont jamais fini un repas en paix. Ceci dit, à part cette fin à tiroir couperet habituelle et épuisante, et hormis un scénario de SF donc, le film se laisse apprécier. Très principalement grâce à Albert Dupontel, que je rapprocherais volontiers d'un Yvan Attal ou d'un Clovis Cornillac, ces acteurs surdoués ou sous-doués, on l'ignore, toujours un peu à côté du ton, toujours en pentes raides, toujours délicieusement drôles quand il ne faut pas. Dupontel est de tous les plans et ce film offre un florilège de son grand (manque de ?) talent.




Nous sommes allés le voir à une avant-première, en présence de Jean Becker, Albert Dupontel et Marie-Josée Croze. Je n'ai pas posé de questions pendant le débat, mais si j'avais dû m'exprimer, j'aurais demandé à Jean Becker d'arrêter de faire crever ses héros à la fin de chacun de ses films, et de continuer à faire des séquences entières dédiées aux chiens. J'aurais dit à Albert Dupontel (qui a été drôle plus d'une fois durant le débat, plus souvent que dans tous ses spectacles réunis) que c'est mon idole ET ma nemesis, et je l'aurais supplié d'arrêter de faire des films pour continuer à nous régaler de son génie comique dans ceux des autres. Et j'aurais juste dit à Marie-Josée Croze, avec toute la courtoisie qui me caractérise, qu'elle est sous-exploitée par le cinéma français et que Jean Becker (comme tous les autres réalisateurs avec qui elle a tourné) a beaucoup de mérite d'avoir réussi à l'enlaidir vu qu'elle est toujours terne dans les films, celui-ci compris, alors qu'en vrai mazel tov.


Deux jours à tuer de Jean Becker avec Albert Dupontel et Marie-Josée Croze (2008)