J'ai vu ce film quand j'étais dans le Lubéron chez ma grand-mère avec mon frère et mon cousin, qui est devenu schizo depuis (c'est pas drôle mais c'est vrai). Un soir que mémé avait rencard avec son groupe d'anciens résistants-collabos, elle nous a embarqués dans sa bagnole pour qu'on aille louer le film de notre choix à Pertuis, quarante kilomètres plus loin. On est revenus chez ma grand-mère avec le dvd de Jack, suite à un douloureux compromis entre mon frère, mon cousin et moi. On voulait tous les trois un film différent, et ces trois films étaient disposés dans les étalages de telle façon qu'ils formaient un triangle, au centre duquel trônait le Jack de Coppola. Et ma mémé a tranché, elle qui connaissait un brin de cinoche et qui avait reconnu le blaze de Francis Ford. Quand on ne loue qu'un dvd par an et que le dvd en question c'est celui de Jack, on peut parler d'une année de merde.
Je crois vraiment que c'est ce soir là que la schizophrénie de mon cousin Sam s'est manifestée pour la première fois. Il a passé le plus clair du film à imiter Jim Carrey dans Dumb & Dumber en relevant ses jambes derrière ses oreilles pour péter le cul en bombe sur la flamme d'un briquet idéalement placé par mon frère et moi pile devant ce qu'on peut nommer "son étoile noire". Jack vieillissait à vue d'œil sur l'écran de la téloche pendant que mon cousin pétait tout son méthane et foutait le feu aux broderies en soie de mémé.
Pour quand même dire un mot du film, il s'agit d'une pierre angulaire dans la filmographie de Coppola puisqu'il réunit ses thèmes favoris: le temps qui passe, le vieillissement, l'âge, le poids des années, la fuite du temps, les éphémérides, les temps qui changent, les époques formidables, les illusions perdues (avec le temps), l'écoulement des années, le sablier du temps qui se fait la malle, les premières rides, la chute des cheveux, le blanchissement des perruques, le tassement des os, la chute des chicots d'argent, les articulations qui se coincent, la rate qui se dilate, la cellulite sur les joues de sa mère et ainsi de suite. Jack a effectivement une maladie très rare, son vieillissement est d'une rapidité fulgurante. Il croupit quatre fois plus vite que la moyenne et à dix ans, il en paraît donc soixante. Qui choisir pour incarner Jack ? La question ne se pose même pas. Robin Williams est un éternel adulescent, un bambin à jamais enfermé dans la peau d'un vieillard prof de philo. Robin Williams est né et il mourra "entre deux âges". L'acteur n'a rien à se reprocher dans ce film. Il apporte sa fraîcheur et son enthousiasme naturels pour faire de cette œuvre autre chose qu'un naufrage, ou disons un naufrage à peu près doux à l'œil.
Mais que dire de Coppola, qui, dans le making-of de son dernier film en date (L'Homme sans âge), interviewé chez lui au coin du feu, tente vainement avec son énorme bide de camoufler sa dvdthèque ikéa dans laquelle Jack côtoie Apocalypse Now et la trilogie du Parrain, et même Virgin Suicides, qu'il revendique et qu'il semble s'être approprié en bel opportuniste qu'il est, cafi de gras. Ce réalisateur, grand nom incontournable du cinéma contemporain, semble ne pas être totalement en harmonie avec son passé. Il n'a pas l'air d'être en paix avec lui-même. C'est bel et bien lui qui a choisi Jennifer "The Butt" Lopez pour incarner une prof de littérature. Jennifer Lopez. Littérature. Jennifer Lopez. Littérature. J-Lo. Littérature ! Ces deux mots ne vont pas ensemble.
Une chance qu'il fût plus inspiré dans sa jeunesse en choisissant Bob Duvall et Marion Brando dans Apocalypse Now. S'il l'avait tourné aujourd'hui on aurait retrouvé Justin Timberlake et Eminem sur les plages Vietcong. Si Coppola avait tourné Le Parrain dans les années 90 c'est Elton John qui aurait joué le rôle titre avec des cotons dans les gencives, et la star à paillette Prince, aussi appelé "Prince of Persia, la gangrène de la pop et la reine des gang bang", aurait remplacé Al Pacino. Coppola a beau être le roi du cinoche italo-américain contemporain, on est bien obligé de considérer sur un pied d'égalité toutes les composantes, voulues et existantes, de son œuvre.
Jack de Francis Ford Coppola avec Robin Williams et Jennifer Lopez (1996)
Bel article-hommage qui m'a ravivé ces souvenirs (authentiques) de nos séjours chez mémé. Les tentatives de pet-flammes se sont soldées par des échecs, mais c'est pas faute d'avoir essayé.
RépondreSupprimerPetite remarque pourrie mais ce serait bien de corriger "existentes" et de mettre le "a" qu'il manque.
Dommage que tu te sois trompé sur le titre, parce que le film où Robin "wood" Williams passe d'une prise à l'autre de l'enfant naïf et globalement innocent (globalement, gosse, on a tous une saloperie à se reprocher) à l'adulte posé et sur de son fait (malgré qu'il soit chassé par un chasseur - normal - d'homme -normal aussi). Ce film, il s'appelle Jumanji, et il a marqué des tas de générations, notamment la mienne, celles des mecs qui sont nés en 1987 et qui ont vu Jumanji.
RépondreSupprimerHey les gars, je vous conseille pas ce jeu d'ailleurs, c'est un sacré traquenard: Je suis en pologne pour avoir fait un "double trois", payes ton jeu putain!
Désolé pour mon comm calebare, mais vous aurez pigé le propos.
RépondreSupprimerMoi jl'ai aimé ton commz, Vincenzo Coprophaggi !
RépondreSupprimerMon Capri : c'est finir.
L'homme sans âge (mondieucommeilétaitmauvais) n'est heureusement pas le dernier long métrage en date de FFC. Est sorti l'an dernier Tetro, qui je suis sûr te réconciliera avec le cinéma de papa Coppola et saura te faire fermer les yeux sur les quelques erreurs faites auparavant.
RépondreSupprimerPour J. Lo en prof de lits et ratures, je ne savais point, j'en ai bien ri.
Ça fait un moment qu'il faut que je regarde Tetro, oui. :)
RépondreSupprimerIdem. C'est typiquement le genre de film qu'il "faut qu'on regarde", qu'il "faudrait mater", mais qui crève en silence sur notre DD externe et qu'on ne verra jamais.
RépondreSupprimerGéante critique :D
RépondreSupprimerExpdr la photo de Robin WIlliams en t-shirt rose faisant un bisou au papillon ! ;D
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