
Y'a beaucoup à dire. Trop à dire, quasi, sur le cas Laurent Mélanie. "On est jugé de tout" nous dit Mélanie "2 de QI" Laurent, elle qui a pour métier et pour passion le fait même de soumettre des objets à la critique, elle qui n'a jamais vécu en Russie sous le régime autoritaire de Joseph Stalone et qui ne sait pas ce que c'est qu'un vrai "jugement" aboutissant à un voyage sans retour sur ce qu'on appelait "L'île des cannibales", un endroit où les gens étaient tellement livrés à eux-mêmes, sans rien pour se sustenter, qu'ils finissaient par se manger. Combien de jours tiendrais-tu sur cette île, Mélanie Laurent ? Je ne mise pas un rouble sur toi. "On ne peut jamais répondre, vraiment", rajoute-t-elle en giflant l'air de ses revers de mains et en balançant ses faux ongles aux quatre coins de la pièce. Elle regrette de ne pas avoir suffisamment d'espace d'expression, elle qui s'aplatit sur tous les écrans de cinéma et de télévision du monde. N'y a bien eu que Fred Taddéi pour ne pas l'inviter. C'est le dernier à résister. Tous les autres l'ont accueillie sur un tapis roulant, les David Poujadiste, les Franz Olivier Gisberg, celui qu'on appelle Phileas FOG, Bolt your doors, lock your windows, there's something in the FOG. "Mais qui tu es pour me juger ? Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?", nous sort-elle dans un dédale de questions rhétoriques qui foutent le tourni, la ritournelle habituelle de qui n'a jamais réfléchi une seconde à son propos. Devant Manchester - Schalke, ces mêmes gens disent : "Moi je ne fais pas trois jongles donc je peux pas juger, moi je suis qui pour dire ça ? Pour critiquer Dwayne Rooney ?" Non. Moi-même qui suis Schalkeux, originaire de la ville de Schalke 04, je n'ai aucun complexe à dire que Raul a été une merde sur les demi-finales. Je pourrais donner mille exemples. Quid du gars qui va au resto pour bouffer un bon kefta couscous, qui se retrouve avec dans son assiette l'ersatz d'une purée de mousseline parsemée des mokos du cuisto, matez-moi dans les yeux, ce type-là se tait-il ? Prétextant : "Je ne suis pas cuisto, je suis mal placé pour critiquer, j'avoue que ça n'a pas le goût ni la texture habituels, mais c'est peut-être une autre recette à base de fientes" ? Non, j'en doute. Ce que je vous raconte là je l'ai vécu hier et je vous déconseille "Le Sherpa" à Toulouse.
On peut en vouloir à Philippe Lioret car c'est lui qui a lancé la carrière de Mél L. avec le fameux Je vais bien ne t'en fais pas (pas de titrologie pour cette fois, pourtant y'a de quoi), où elle incarnait une disparue, une fugueuse, recherchée par ses parents et son frère, dans un remake déguisé de Fievel et le Nouveau Monde, à la différence près que dans l'original les personnages étaient des souris. Ah non ! Non non. C'est son frère qui disparaît et c'est elle qui le cherche ! Je m'en souviens trop mal... Du coup c'est une réécriture de Fievel mais du point de vue de la famille de souriceaux cette fois. Normalement, si le compte est bon, le frère de Mélanie Laurent a rencontré un gros chat pédé, Tiger, avec qui il est devenu méga pote et ensemble ils ont dégagé tous les chats de New-York à l'aide d'une souris géante fabriquée de toutes pièces. Voilà pour l'histoire du film de Lioret, dans lequel Mélanie Laurent jouait extrêmement mal. A la bande originale de ce film, signée aAron (?), préférez l'originale et surtout son tube : "Très loin là-bas". Il y a quelques années, j'ai essayé de choper l'attention de Mélanie Laurent (dont je suis secrètement fou amoureux) sur Facebook avec le leak youtube de cette chanson Disney, ça n'a pas marché. Par contre quand je lui ai envoyé "Lili" par Aaron, elle m'a ajouté en ami et j'ai déposé un cierge à Notre-Dame.

J'accuse Lioret alors que le vrai coupable c'est Gérard Depardieu, le grand manitou du cinoche français qui l'avait repérée en premier sur le tournage du film Un con entre deux rives. Mélanie Laurent raconte la scène à longueur d'interview : le gros doigt boudiné de Depardieu lui faisant signe de s'approcher dans l'ombre d'un énorme monticule de choucroute, et elle, terrorisée en le prenant pour le fameux tueur en série pédophile de son village que les médias avaient surnommé "L'Anorak". L'actrice n'a jamais conscience d'égratigner l'image de celui qui l'a pistonnée puis portée aux nues en racontant cette anecdote sordide.

Mélanie Laurent, l'actrice sur des charbons ardents, la moving target de la critique, assaillie de toutes parts, attaquée par les charognards de la blogosphère, dépecée dans les papiers glacés, sera la maîtresse de cérémonie à Cannes dans une semaine. Elle a aussi reçu le César du Meilleur Espoir Féminin en 2007 pour le film que nous avons résumé plus haut, et quand elle l'a reçu, elle a tenu un discours très proche de celui de Sara Forestier, qui l'a remporté cette année avec Le Nom des gens, mais il fut coupé au montage par un Philippe Dana qui n'en avait rien à battre. Elle y disait ceci : "Philippe Lioret, quand j'ai fait ton film, je jouais une fugueuse alors que je suis la dernière des casanières et j'interprétais la sœur de mon frère fugueur alors que dans la vie je suis fille unique, truc de ouf". Je pense du coup qu'elle peut dire merci au zélé Philippe Dana, le précog de Canal+.
Je vais bien ne t'en fais pas de Philippe Lioret avec Mélanie Laurent et Kad Merad (2006)