

Il y a quelques scènes de lectures à voix haute de la vieille à un Depardieu fermant les yeux le plus fort possible pour s'imaginer. Et c'est intéressant car c'est là que la pauvreté et la nullité profonde du cinéma de Becker explose à nos yeux. Notre cinéaste préféré choisit en effet de mettre en image le plus gauchement possible les extraits lus par la vieille dame, notamment des extraits de La Peste de Camus et d'un bouquin de Sepultura, et donc, à moins que Becker ait ici volontairement cherché à nous démontrer la faiblesse et l'impuissance infinie du cinéma à retranscrire la force et la beauté de mots choisis par de si grands écrivains, ces scènes sont d'une tristesse sans nom, car pendant que nous sont lues des phrases savamment construites, fourmillant de détails et d'émotions, on a droit à l'écran à la plus bête et laide des représentations, vide de strictement tout, totalement nulle, dans le sens premier du terme. On se dit que soit Becker a une idée infiniment basse de son art et veut nous la faire croquer, soit il est simplement très bête et n'aurait jamais dû chercher à mettre en image ces extraits littéraires.

A part ça, je relève une scène assez fameuse où l'on assiste, tétanisé, au spectacle saugrenu d'un Depardieu découvrant le dictionnaire et dialoguant avec son chat, partageant avec lui de terribles commentaires sur cet objet qui lui était encore inconnu. A elle seule cette scène justifie toute la filmographie de Becker.
Le film se termine sur un plan qui n'en finit pas de la chaussée défilant, pendant lequel un poème nous est timidement chanté par Depardieu, un poème sûrement écrit par Laurent Voulzy (c'est à lui que l'on doit la musique du film, et y'a pas de zik excepté lors de ce générique), et peut-être bien chipé à mon frère Glue 3, dont j'ai clairement cru reconnaître la "patte"...
La Tête en friche de Jean Becker avec Gérard Depardieu et Gisèle Cassadeus (2010)