16 juillet 2012

La Bande des quatre

Quatre jeunes hommes viennent de fêter leurs 19 ans. Cela fait un an qu'ils ne cirent plus les bancs du lycée et qu'ils occupent leurs journées entre petits boulots merdiques et purs moments de détente partagés. Ils se retrouvent généralement autour d'une immense carrière abandonnée, devenue un grand lac à ciel ouvert dans l'eau duquel ils plongent joyeusement, comme pour oublier leurs peines. Ne sachant pas vraiment quoi faire de leurs vies, ils traversent ensemble une drôle de période de transition, perdus quelque part entre l'adolescence et l'âge adulte. Ces quatre jeunes hommes forment une bande de potes inséparables. L'un d'entre eux est un peu moins paumé que les autres bien qu'il ait toujours la tête dans le guidon : toute sa vie tourne autour de sa grande passion, le cyclisme. Bien décidé à gagner quelques trophées, il s'entraîne chaque jour en vue de participer à une course locale où une équipe professionnelle italienne sera au centre de toute l'attention.




Voici donc le point de départ de Breaking Away, de Peter Yates, qui fut réintitulé La Bande des quatre pour sa sortie en France. Ce titre français, qu'il partage avec un film de Jacques Rivette, est moins bon que l'original mais tient tout de même la route étant donné la place considérable qu'occupe l'amitié qui lie ces quatre jeunes personnages, simplement désireux de pouvoir continuer à passer leurs journées ensemble, en chassant leurs responsabilités, bien loin des soucis adultes. Cette très sympathique bande de potes, pointée du doigt comme les "cutters" (tailleurs de pierre) par les étudiants de la ville issus de milieux plus favorisés, est constituée de personnages très attachants auxquels donnent brillamment vie chacun des acteurs. Le plus connu d'entre tous est Dennis Quaid, parfait dans un rôle de grande gueule au caractère de cochon qui lui va comme un gant. L'ex de Meg Ryan trouvait-il là son meilleur rôle ? Peut-être bien... C'est également le cas de l'acteur principal, l'impeccable Dennis Christopher : il n'a semble-t-il pas connu la carrière qu'il méritait suite à ce film, qui lui rapporta pourtant quelques récompenses précoces. On y retrouve aussi avec plaisir le dénommé Daniel Stern, celui dont on reconnaîtra tous la tronche d'enflure sans pareille pour l'avoir déjà croisée dans Maman j'ai raté l'avion, où il joue le second braqueur, le grand dadais idiot, souffre-douleur de Joe Pesci et du petit Macaulay. Le quatrième larron n'est autre que Jackie Earle Haley, devenu depuis un grand abonné des rôles de second plan (Shutter Island, Semi-Pro) grâce à son corps tout minable et reconnaissable entre mille. Sa ganache, très particulière aussi, lui a également permis d'être le successeur de Robert Englund dans le remake de Freddy. Le film de Peter Yates nous apprend qu'à 18 piges, cet acteur ne foutait pas encore trop les j'tons et avait une allure quasi normale, même si, évidemment, rien n'encourageait à lui prédire un avenir de beau gosse.




S'appuyant sur un scénario très justement récompensé d'un Oscar signé Steve Tesich, l'auteur du génial Karoo, le film de Peter Yates se focalise principalement sur ce personnage de jeune adulte accro au vélo, motivé par ses rêves de vitesse et féru de culture italienne. Sur un rythme trépidant, on suivra avec délectation sa vie familiale, ses joies éphémères, ses déceptions amoureuses et ses désillusions sportives. J'avais pour la première fois entendu parler de ce film dans une interview de Darren Aronofsky donnée à l'occasion de la sortie de Black Swan. Le cinéaste citait tout simplement l’œuvre de Peter Yates comme une influence majeure dans son travail et comme l'un de ses films de chevet. Assez peu étonnant, finalement, quand on voit comment y est traitée la passion dévorante du jeune homme pour la bicyclette : il s'y adonne corps et âme, ne vit que pour elle et à travers elle, un peu à la façon d'un Mickey Rourke dans The Wrestler ou d'une Natalie Portman dans Black Swan, en moins jusqu’au-boutiste, bien entendu. Voir Breaking Away en ayant connaissance de cela est donc aussi l'occasion de constater combien Aronofsky sait faire preuve de talent pour joliment puiser dans son inspiration cinéphile sans jamais manquer d'y apporter sa patte personnelle. En plus d'être un très beau film sur un personnage passionné, se consacrant pleinement à son art, à son but, Breaking Away est aussi une œuvre très réussie sur la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte. Peter Yates traite ce thème-là de façon très juste, avec une grande délicatesse, ce qui est une des plus frappantes qualités de ce précieux teen movie. Enfin, Breaking Away est des plus agréables à suivre grâce à une histoire menée tambour battant qui parvient à nous captiver totalement, du début à la fin. Vous pousserez forcément un soupir de soulagement après avoir assisté à la dernière course, climax génial d'un film adorable qui fut un pur plaisir à découvrir.


La Bande des quatre (Breaking Away) de Peter Yates avec Dennis Christopher, Dennis Quaid, Daniel Stern et Jackie Earle Haley (1979)

14 juillet 2012

Le Territoire des loups

Le film devait à l'origine s'intituler "Le Territoire des gnous" et être beaucoup moins palpitant. L'arrivée dans le projet de Liam Neeson a obligé les scénaristes à trouver des ennemis plus consistants à un acteur au sommet de sa forme, habitué à mettre à feu et à sang des continents entiers, parfois même à distance. Ils ont pensé au "territoire des babouins" et le tournage, en plein Congo, put commencer normalement avant qu'une scène fatidique pose problème, celle où le chef babouin devait lutter contre Liam Neeson : l'animal n'a pas voulu coopérer et son énorme cul violacé s'est retrouvé coincé dans l'immense appendice nasal de la star. Cet incident de tournage sans précédent a mis fin à la collaboration entre Hollywood et cette bande de babouins venue de Gibraltar. Chris Columbus, réalisateur de ces désormais "lost footage", fut également mis à l'écart, au profit du spécialiste des films bourrés de testostérone, Joe Carnahan, l'ex-protégé de Tom Cruise et futur gland.



Que faire après les gnous et les babouins ? C'est à cette question épineuse que Carnahan devait trouver une réponse dans les plus brefs délais, la star Liam Neeson menaçant de quitter le plateau à tout jamais. C'est alors que Joe Carnahan s'est souvenu de ses parents éleveurs de brebis dans le Vercors, qui avaient dû lutter tout un été contre des loups ritals affamés de chair fraîche. Le réalisateur a tout de même perdu son père dans cette tragédie. Il voulait donc faire d'une pierre deux coups : réaliser un long métrage et se venger des loups en liquidant une meute entière. Très emballé par cette idée, Liam Neeson promet de livrer une prestation habitée. Le tournage coïncide avec les heures les plus sombres de la WWF. Le jour du clap de fin, Joe Carnahan a achevé lui-même le dernier loup (un innocent oméga sans défense), d'un coup de savate astucieusement placé sur la cassure du museau ; un geste calculé, prémédité, celui d'un assassin animé par une rage peu commune, réglant là ses comptes avec un passé trop douloureux.



Après avoir mis Paris à genoux à lui tout seul, Liam StairFace Neeson se retrouve donc ici confronté à une meute de loups dans les contrées les plus hostiles de l'Alaska, soit dans le territoire des leups. Tireur d'élite tourmenté par la perte tragique de sa femme et employé d'une compagnie pétrolière, Liam Neeson prend l'avion avec des collègues pour profiter de quelques jours de congés bien mérités après avoir dégommé quelques canidés arctiques. Car en effet, sa profession est de faire le guet pendant que ses collègues réparent les pipelines : il zieute tout autour d'eux, pour prévenir les attaques des loups, à l'aide de son plus fidèle compagnon, son flingue à lunettes. Dans l'avion qui le ramène à la civilisation, une avarie provoque un terrible crash dont Liam Neeson et une poignée de collègues sortent indemnes.



Le problème, c'est qu'ils se retrouvent en plein milieu de la banquise, giflés par un blizzard de tous les diables, entourés d'une meute de loups à l'esprit de vengeance et au sens de la propriété bien affirmé. Liam Neeson et ses potes se sont crashés en plein territoire des leups. Dès la première nuit, le nombre de survivants se réduit de moitié, malgré un Liam Neeson survolté qui de ce côté-ci enflamme une torche et de ce côté-là ajuste son flingue à bout portant sur le crâne d'un leup ; cautérise la jambe arrachée d'un compagnon, ou creuse une tombe à mains nues dans la terre gelée pour enterrer un autre collègue moins chanceux. Le lendemain, Liam motive ses compagnons et devient le leader naturel d'une bande de types désespérés qu'il essaie de sortir du territoire des leups, avec pour seule boussole son gland qui, renfrogné par le froid, se tourne toujours en direction du sud. Liam Neeson et ses compagnons, par -30°C, courent sur la banquise, fuyant une meute de loups dirigée par Tourak (qui enchaîne les tournages après le succès d'Avatar), le chef loup, l'alpha de la meute.



On assiste tout le long du film à un écrémage régulier du groupe humain jusqu'à un final tétanisant : Liam Neeson seul face au "king de la meute", les bras en sang, les épaules avachies par l'effort, le gland gelé d'avoir été trop sorti, l'espoir disparu avec son dernier compagnon noyé et congelé à quelques mètres de lui, le regard dur et la bave aux lèvres... On ne donne pas cher de la vie du loup, mais on ne le saura jamais puisque le film se termine soudainement. Ecran noir. "En territoire des leups". Fin. Un goût amer dans la bouche, nous sommes venus à bout de cette péloche qui commençait pourtant assez bien, avec la promesse d'un film de survie haletant, avant de se transformer en une sorte de film de monstre ultra basique et bête comme ses pieds, comme on n'en a plus vu depuis la fin des années 80. La faiblesse du film ne lui a tout de même pas empêché de faire le buzz à sa sortie, d'où mon étonnement et ma déception face à la tournure prise par les évènements.



La petite histoire raconte qu'après la sortie du film, Joe Carnahan est allé voir sa maman en annonçant qu'il avait enfin vengé la mort de Joe Carnahan Sr. C'est là que sa mère marqua une longue pause, pris une lente inspiration et lui dit dans un monologue tétanisant "Fils, il faut que je te dise maintenant comment ton père nous a réellement quittés. Toi et tes yeux plein d'étoiles quand tu parlais de papa, je ne pouvais pas t'avouer la triste réalité. Je t'ai donc fait croire qu'il avait héroïquement défendu notre troupeau de 300 brebis, seulement armé d'un bâton. En réalité, il a trouvé la mort assez bêtement, en assistant à une étape du Tour de France 1965 qui passait dans le Vercors, au Col de Romeyère. Ton père a glissé du talus au moment même où le peloton passait à environ 66 km/h, ce qui lui a été fatal. Mort sur le coup. Il emporta aussi la vie de trois coureurs et de 15 vélos, et fut lui-même déchiqueté par les roues en titanes activées par les muscles saillants des coureurs. Sur la page wikipédia du tour de France 1965, apparaissent rayés les noms de ceux qui ont été tués par ton père. Ce que tu as filmé sur les hauteurs du Mont McKinley, c'est mal."

Bonne nouvelle pour le cinéma : Joe Carnahan ne réalisera pas un film de si tôt, il doit d'abord faire un stage chez son psy.


Le Territoire des loups de Joe Carnahan avec Liam Neeson et une meute de loups (2012)

12 juillet 2012

Eastern Plays

En direct de Paname, notre guest star Simon critique ici le premier film du bulgare Kamen Kalev, réalisateur de The Island (sorti en salles hier), et il le fait avec ce je-ne-sais-quoi de vista enthousiaste qui lui appartient et qu'on adore :

Ça se passe à Sofia. Christo, la trentaine, artiste plasticien contrarié, est en cure de désintoxication (il vit chez lui mais va régulièrement à l’hôpital où on lui donne de la méthadone). Il est en train de se séparer de sa nana, il est en froid avec sa famille, avec son jeune frère en particulier, qui commence à tomber sous la coupe de groupuscules extrémistes. Un jour la bande de son frère tabasse le père d’une famille turque en visite à Sofia. Christo intervient et se lie avec la fille de ce dernier. Le personnage de Christo et l’acteur qui l’interprète ne font qu’un. Kamen Kalev et lui étaient amis d’enfance ; après ses études en France Kalev est revenu en Bulgarie, a retrouvé Christo, et a écrit le scénario en quelques jours en se basant sur sa vie réelle. Dans la vraie vie Christo n’était pas en désintoxication ; il est mort d’une overdose quelques jours avant la fin du tournage.



Cette trame et ce contexte peuvent laisser augurer d’un film social édifiant et glauque au possible. Il n’en est rien car Kalev fait preuve d’un vrai regard de metteur en scène : la bienveillance voire l’amour qu’il porte au personnage se ressentent à chaque instant sans qu’il ne tombe jamais dans la complaisance. Il est probable que Christo lui-même (le vrai) y soit pour beaucoup, en contribuant au regard critique voire moqueur qui est souvent porté sur son personnage et qui ne fait qu’accentuer l’intensité tranquille qui se dégage de lui. Pendant le film j’ai beaucoup pensé à Oslo, 31 août, vu récemment et au sujet relativement proche, et de ce point de vue, celui de l’intensité, de la force et de la complexité du personnage principal, le film de Kalev est probablement un peu au-dessus - même si le film de Trier a d’autres qualités : il est peut-être plus audacieux et plus composé formellement, là où le bulgare est sûrement dans une saisie plus brute, dans un « arrachement des choses » au réel... Il est amusant aussi de constater que les deux films se rejoignent dans leurs petits défauts, notamment des petites séquences musicales un peu gênantes dans leurs dernières parties respectives.



Kalev se montre aussi très bon dans sa peinture d’une ville et d’une société. Quelque chose de très intense, encore, transpire en permanence des décors, de cette ville en mutation, de ces personnages très durs... On sent une violence sourde et très ancrée, mais aussi et de façon concomitante une grande fragilité. Dans une période post-électorale où les questions européennes ne sont abordées que (de façon déprimante) sous des angles économiques ou (de façon nauséabonde) dans des discours identitaires, le film donne à voir une Bulgarie tiraillée entre héritage communiste, conversion précipitée au libéralisme, xénophobie latente et réelles velléités d’ouverture sur l’union européenne, qu’elle n’a rejoint qu’en 2007. Kalev saisit cette complexité de façon très simple, sans tomber dans le démonstratif. Ce mélange de dureté et de fragilité s’incarne de façon évidente dans le personnage de Christo lui-même et dans celui de son jeune frère, mais c’est aussi quelque chose qu’on ressent, de façon très émouvante, dans la relation entre Christo et sa copine. Une relation finissante, empreinte de tendresse mais aussi d’une grande cruauté, et que Kalev (avec le consentement probable de ses deux interprètes, puisque la copine en question était aussi la vraie copine de Christo... sauf que dans le film c’est lui qui la quitte alors que dans la vie c’est elle qui était en train de le quitter), une relation que Kalev, donc, n’hésite pas à traiter avec humour, voire avec des accents burlesques dans la manière qu'elle a de venir pleurer à la porte de Christo tout au long du film... La façon dont cette relation est traitée est assez emblématique de l’équilibre que parvient à trouver le film : violence, intensité, émotion, immersion, détachement.



De façon plus inattendue le film va aussi, dans sa dernière partie (qui n’est cependant pas la plus réussie), basculer vers plus de douceur et de retenue : il le doit en bonne partie à la présence de cette jeune femme absolument adorable du nom de Saadet Isil Aksoy, dans le rôle de la jeune turque avec qui, vers la mi-film, Christo entame une relation tendre et passionnée, mais platonique. Elle prête de jolie façon son visage lumineux à ce beau personnage d’ange gardien qui aide le film à s’inscrire dans un mouvement d’espoir, dans le dessin d’une trajectoire qui se sépare in fine de celle de Christo, le vrai.

Un bien beau premier film, dont on guette avec curiosité le successeur sorti ces jours-ci, The Island (avec un curieux casting francophone composé de Laetitia Casta et Elli Medeiros).


Eastern Plays de Kamen Kalev avec Christo Christov, Ovanes Torosian et Saadet Aksoy (2010)

10 juillet 2012

Piégée

Je suis en train de regarder Piégée (Haywire en VO, littéralement "devenir dingue") et je m'ennuie tellement que j'ai décidé de boucler ma critique en temps réel. A l'heure où je vous parle Mathieu Kassovitz essaie de faire du gringue à l'héroïne (homme ? femme ? difficile à dire, c'est le "e" final du titre français qui me fait dire "héroïne") dans un enchaînement de champs contre-champs impardonnable. L'héroïne est une sorte de Michelle Rodriguez bis, autrement dit elle possède un gros chromosome Y inopiné. "Ne la vois pas comme une femme, ce serait une erreur..." lance Ewan McGregor à Michael Fassbender, tu m'étonnes ! Cet homme donc, Gina Carano, a un visage et une silhouette plus larges qu'un monster truck et sa seule revanche sur la vie c'est que sa poitrine l'est aussi. Je m'interromps pour revenir au direct. Champ : Mathias Kassovitz, contrechamp : Michael Fassbender, cherchez l'erreur. Y'a tout le monde dans ce film, tout Hollywood : Antonio Banderas, Michael Douglas, Channing Tatum, Ewan McGregor, Bill Paxton avec une moustache énorme. Vous cherchez une star ? Matez un film de Soderbergh, elle est forcément dedans. Chez Soderbergh même les figurants sont des acteurs oscarisés, mais ça n'empêche pas ses films d'être autant de remakes des Sous-doués.


La reconstitution de l'Arc de Triomphe par l'équipe des effets spéciaux... Soderbergh n'a manifestement pas eu le budget escompté, la prochaine fois il faudra peut-être te délester d'une ou deux stars espèce de tocard !

La gestion du rythme dans ce film relève de la torture psychologique pure et simple. L'histoire c'est Michelle Rodriguez qui sirote un jus de chaussette dans un bar paumé au cœur de la cambrousse américaine quand elle reçoit la visite d'un type venu lui jeter son café brûlant au visage. Elle le dégomme aussi sec avant de prendre la fuite dans la bagnole d'un client du bar, ledit client assis à ses côtés, à qui elle raconte toute son histoire, sans raison, toute sa vie, déballée gratos à ce quidam qui écoute sagement sans paniquer, en passant tranquillement les vitesses, elle lui raconte tout et quand je dis tout c'est toute son histoire : "En neuvième j'ai triché à la compo d'histoire et géographie. En huitième j'ai volé la moumoute de mon oncle Max et je l'ai collée à ma figure pour jouer Moïse à la fête de mon cours d'hébreu, et en septième j'ai fait tomber ma sœur Maggie dans les escaliers et j'ai fait punir le chien. C'est pour ça que ma maman m'a envoyée dans une colo spéciale pour les enfants trop gros, et alors un jour, au déjeuner, j'ai craqué et je me suis goinfrée et ils m'ont foutue à la porte !... Mais le pire des trucs que j'ai jamais faits : j'ai fait une bouteille de faux vomi chez moi et je suis allée au cinéma de mon quartier. J'avais la bouteille sous mon sweat-shirt, je suis montée m'asseoir au balcon et alors... et alors j'ai fait un bruit dégueulasse. Beuaaark ! Beuaaaark ! Beuaaaaaaark ! Beuaaark.... Et j'ai vidé la bouteille de dégueulis, je l'ai jetée par-dessus bord sur la salle, et alors ça a été vraiment horrible. Tout le monde s'est mis à dégueuler dans la salle. Ils dégueulaient partout les uns sur les autres. De toute ma vie j'ai jamais autant regretté ce que j'avais fait...", à ce moment-là le conducteur du véhicule se permet de l'interrompre : "Mais c'est qu'elle commence à me plaire cette gosse moi !" S'ensuit le récit de tout le parcours professionnel de Michelle dans le milieu des services secrets, trajet qui l'a amenée à se faire jeter le contenu d'une tasse de café pur arabica à la gueule par un collègue de bureau, entre autres... Donc le film est une sorte de compilation de flashbacks insipides où Michel Rodriguez s'infiltre chez des gros méchants en belle robe à brillants pour séduire un salop au sourire carnassier avant de lui envoyer son genou dans les burnes, un tas de trucs déjà vus dans mille autres navets du genre, et très régulièrement Michel Rodriguez se bat, à coups de poings et de pieds, de coudes, de têtes et d'épaules, pendant de longues minutes, contre des hommes qu'elle finit toujours par fracasser après avoir pris son élan sur tous les murs pour les frapper. Qui est encore sincèrement impressionné par ces chorégraphies minables depuis que le générique de fin de Matrix s'est déroulé sur le premier écran qui l'a diffusé en 1999 ?


Michael Fassbender, l'acteur de Shame, a intérêt à se renouveler s'il ne veut pas passer sa vie à jouer les gynécos du dimanche en mal d'amour.

Rodriguez sort vainqueur de chacun de ses affrontements après s'être également servie de chaque objet de la maison pour en faire une arme, tout y passe et tout est bon pour me rappeler les fins de soirées difficiles de feu ma collocation avec Félix, co-auteur de ce blog : le fouet de cuisine électrique pour ruiner les couilles de l'adversaire et lui monter les blancs en neige ; le four allumé thermostat 6 en passant devant tout en se bastonnant avant de se rediriger sournoisement dans sa direction quelques minutes après, l'adversaire tenu par le colbac, pour plonger sa tête dedans et la coincer entre deux grilles brûlantes ; le même usage est fait quelques instants plus tard, au cours du même combat, d'un four micro-ondes, avec une attente moins longue entre l'allumage et l'enfournage mais un effet apparemment moins douloureux sur l'ennemi, toute la chaleur foutant le camp à l'ouverture de la porte marquée par un "Ding" qui ne manque pas de donner du rythme à ce pugilat sans saveur. Michel Rodriguez manque manifestement d'inspiration à force de fatigue et répète un peu ses tricks, comme en atteste quelques secondes plus loin cette nouvelle attaque en forme de hat trick, le "coup du chapeau" pour les francophones, où elle plaque le visage de l'ennemi sur l'ouverture d'une lampe de chevet allumée depuis le début de la séquence, ce qui suffit quand même à amocher encore un peu la tête déjà bien chaude de sa pauvre victime. J'en passe et des meilleures.


Mathieu Kassovitz incarne un enfant pour la première fois de sa carrière.

A l'heure où je vous parle Michel Rodriguez vient de tuer Michael Fassbender en l'étranglant sur son pubis, triste mort pour un homme qui aimait les femmes… C'était un traitre, l'héroïne de ce film est trahie et c'est ça le pitch (je viens d'aller le lire sur wikipédia parce que je n'avais encore rien compris à cette histoire). Les cadrages de Soderberg, ses filtres qui sentent le renfermé, sa musique d'ascenseur, son ambiance apathique, son scénario si mauvais qu'on ne le comprend pas et qu'on s'en fout, font de ce film un merdier de plus dans la carrière pavée de bonnes intentions de ce réalisateur malade. J'en suis à 1h04 de film, lequel ne dure qu'1h30, et pourtant on ne sait toujours pas qui sont les différents personnages, ce qu'ils font et ce que raconte ce film sans vie, sans caractère, sans énergie, sans début ni fin, sans rien. Ne dépensez pas un euro pour aller voir cette arnaque XXL sur grand écran, conseil d'ami. Imaginez quelqu'un qui déciderait de vous péter dessus pendant une heure et demi sans raison et vous aurez une idée de ce que fait Steven Soderbergh avec ce film. On a déjà assisté à trois courses poursuites interminables faites de plans très longs sur Michel Rodriguez courant tantôt en gros plan et tantôt en gros plan aussi, sur Michel Rodriguez qui marche vite dans la rue avec sa grosse casquette en laine vissée sur les yeux, suivie de loin par un type en imper gris de rigueur, sur Michel Rodriguez faisant une marche arrière en bagnole dans les bois pendant dix minutes, sans que personne ne la poursuive, ni devant ni derrière, jusqu'à ce qu'elle se paye un garde forestier de trop dans cette forêt, forêt dont elle regrette ensuite (dans un dialogue qui restera) qu'elle contienne tant d'arbres l'empêchant de "rouler à sa guise". A 1h06 Bill Paxton discute avec Ewan McGregor dans une vaste maison forestière, demeure dont les grandes baies vitrées donnent sur le paysage, comme l'immense baraque de Pierce Brosnan dans The Ghost Writer, un film au moins deux fois plus trépidant que Piégée et qui grimpait pourtant difficilement à deux de tension lors de ses climax. By the way si dans les deux films c'est une référence à la grande maison de la fin de La Mort aux trousses je veux bien me tailler les veines tout de suite, par solidarité pour le fantôme d'Hitchcock.


Après s'être fait courser sur la plage de Polanski, McGregor se fait rouster sur celle de Soderbergh par une agent secrète très discrète, comme vous pouvez le voir. Nota bene : fixer du regard les cheveux hallucinants de l'acteur est une bonne échappatoire aux scènes de baston de ce film d'action et d'espionnage en veux-tu en voila.

La fin du film c'est un festival de connerie en cascade, du flash-back sentimental au flash-back en noir et blanc, des plans en plongée oblique qui assurent le statut artistique d'un film signé par son auteur de sa griffe unique (Soderbergh a bel et bien le sens artistique d'un yaourt) au fondu enchaîné sur la plage et son soleil couchant quand Michel Rodriguez va se venger d'Ewan McGregor en lui sautant dessus pour le frapper au lieu de le menacer d'une arme à feu, ce dernier tentant d'échapper à sa poursuivante en courant contre un rocher sur lequel il s'assomme, et ainsi de suite. Il reste 7 minutes à voir et je n'ai plus un souffle d'énergie. Soderbergh m'a vidé. A la toute fin Antonio Banderas n'a soudain plus de barbe, un faux-raccord parmi tant d'autres, un goof de malade pour ponctuer un film qui n'en est qu'un gros, un gigantesque goof d'une heure et demi aux frais de la princesse. La toute fin je ne vous la raconterai pas car elle ne se raconte pas, elle se subit. J'arrête là mais laissez-moi vous dire que je me demande encore si j'ai pas regardé un fake, une version remontée par un fan malveillant, c'est pas possible de réaliser un film aussi abscons… Piégée est une farce qui porte bien son titre, un film pratiquement sans équivalent, un foutage de gueule intégral qui porte le nom de "long métrage" et qui fait une ligne de plus dans le tableau "filmo" de la page wikipédia de son imposteur d'auteur. Steven Soderbergh, le réalisateur, est définitivement une énorme enclume.


Piégée de Steven Soderbergh avec Gina Carano, Michael Fassbender, Ewan McGregor, Bill Paxton, Channing Tatum, Antonio Banderas et Michael Douglas (2012)

8 juillet 2012

Bel-Ami

Une semaine avant la sortie de The Amazing Spider-Man, Hollywood nous a livré son adaptation du Bel-Ami de Maupassant. L'imagination ayant totalement foutu le camp chez les scénaristes des grands studios, quand ces derniers ne tournent pas misérablement en boucle sur les pires comics pour adolescents peu exigeants ils s'en prennent à un autre matériau brut, d'une qualité inversement proportionnelle : les grands auteurs classiques. C'est plus rare évidemment, et pour un roman des sœurs Brontë ou de Maupassant taillés en pièces sortent cent films de super-héros, mais le mal occasionné est plus grand. Il est plus grand quand le produit ciné fruit de l'adaptation, d'une qualité médiocre quoi qu'il en soit, massacre un grand texte au lieu de sur-populariser une bande-dessinée déjà populaire et de crétiniser un comic book déjà crétin. La crétinisation du texte de Maupassant s'organise en deux temps. D'abord celui de la mise en scène, d'une banalité sans faille bien qu'essayant vaguement de passer pour maligne, balisée par le cahiers des charges habituel, le guide du routard hollywoodien, le petit futé du film en bois, le manuel illustré d'Alan Smith en personne. Le film de Declan Donnellan et Nick Ormerod (car ils s'y sont mis à deux…), qui se paye pourtant le luxe d'avoir Maupassant pour scénariste, Maupassant l'un des plus grands et des plus efficaces conteurs de l'histoire de la littérature, nous plonge dans un ennui tel (le film est presque aussi excitant que son homonyme Bellamy) qu'on se met à observer les plans concoctés par les deux horlas aux manettes et par mille autres manchots avant eux, à scruter chaque travelling et chaque contre-plongée, et il y a de quoi se rendre nauséeux comme on peut l'être face à un Paris-Brest (même si une tarte à la crème serait plus adaptée) quand on en a déjà bouffé des tonnes, à ceci près que ce film n'a pas le centième de la saveur d'un Paris-Brest. Puis, seconde étape de la crétinisation de l’œuvre originale : les comédiens. Et petit interlude imagé avant d'attaquer le second et dernier (faut pas exagérer) paragraphe de cette critique :




Tous les acteurs du film sans exception cabotinent comme des sagouins en donnant à la prose de Maupassant des accents vaudevillesques de théâtre de boulevard. Le cadavre d'Uma Thurman et le squelette de Christina Ricci s'appliquent à foutre en l'air tous leurs dialogues et se rengorgent de vomir ici ou là un mot en français, y compris le titre du film et de l’œuvre source, qui risque d'en pâtir à jamais. La palme revient peut-être à Robert Pattinson, qui minaude d'un bout à l'autre comme la dernière des starlettes glam-rock en mal d'amour (le magazine Glamour donne d'ailleurs 4 étoiles au film comme nous l'apprend une affiche rose-bonbon proprement hideuse, en affirmant : "Les Liaisons Dangereuses pour une nouvelle génération", c'est juste dommage qu'ils aient confondu les deux livres). Pattinson en fait des tonnes à coup de froncements de sourcils inopinés et de mouvements de lèvres en tous sens, supposés chavirer les dames. L'acteur se sait boloss et fait tout pour l'être à chaque seconde où il est à l'image (ça fait un paquet de secondes d'auto-masturbation), n'ayant pas encore compris que c'est en évitant de la quêter que la beauté apparaît. Pattison inverse sous nos yeux le paradigme mathématique selon lequel moins par moins égale plus : plus il en fait des tonnes moins il nous convaincra et si je ne parle que de ce tocard c'est vous dire qu'il n'y a rien à retenir de cet affadissement malingre du roman de Maupassant. Dans les toutes premières scènes le film semble bénéficier malgré lui de la richesse du texte qu'il adapte mais très vite Hollywood dans ce qu'il a de pire reprend ses droits et une superficialité accablante vient martyriser l'écrivain français. Le vrai drame c'est que pour quelques années la couverture de l'édition poche de Bel-Ami sera à l'effigie vulgaire de ce naveton de premier choix.


Bel-Ami de Declan Donnellan et Nick Ormerod avec Robert Pattinson, Uma Thurman, Christina Ricci et Kristin Scott-Thomas (2012)

4 juillet 2012

The Amazing Spider-Man

Nous recevons aujourd'hui un invité spécial, Paul-Émile Geoffroy, pour nous parler du tout nouveau reboot de la franchise Spider-Man, en ce moment sur vos écrans. Place à l'hôte :

J'hésite à désigner ce qui est le plus amazing d'un productorat Hollywoodien sans-gène ou de la panurgerie assumée des spectateurs par-delà les frontières, mais une chose est certaine : dix ans seulement après le Spider-Man de Sam Raimi, la franchise rebootée va faire un carton en salles, sans risque (on n'aura pas confié le job à un "auteur", la jurisprudence Superman Returns n'est donc pas applicable ici).


Spiderman, le super-héros auquel on est censé s'identifier pour rêver un max, n'est autre que le copain geek de Mark Zuckerberg dans The Social Network, un clampin adulescent au visage mal fagoté typique des pires lycéens et coiffé comme Gérard Piqué.

Dix ans déjà que Tobey Maguire nous impressionna par ses bonds de toit en toit, et déjà on veut revoir la même histoire all over again. Pas même une génération d'écoulée, non, nous-mêmes qui étions allés voir Kirsten Dunst roussir retournerons dès aujourd'hui voir quelle tête aura sa doublure... et comparer ! Tout l'intérêt est là, désormais. Hollywood s'est transformé depuis quelques années (faute d'idées originales ou de courage pour aller vers du neuf, peu importe d'ailleurs) en un nouveau Broadway ! Sitôt le spectacle représenté un nombre suffisant de fois, on conserve ainsi les décors, et les rôles sont redistribués. On ne change pas une idée qui marche ! Spiderman vaut bien un Cats en lettres étincelantes, et puis ça reste des bêtes. Plus la peine d'attendre vingt ou trente ans pour reprendre une franchise, ce temps-là serait perdu. Savez-vous que des millions de spectateurs naissent chaque année ? Ceux-là, tous ceux-là aussi ont droit au frisson de découvrir leur Spiderman. Et puis quoi ? Christopher Nolan a bien compris, lui, que l'industrie cinématographique change - et qui sommes-nous pour nous y opposer ? - et il s'est déjà engagé, avant-même la sortie du troisième et dernier opus de son reboot de Batman, à être conseiller attitré sur le reboot (suivant) qui est déjà prévu pour la franchise. Voilà qui est sain et prévoyant, c'est dans l'ordre des choses après tout.


La petite amie de Spiderman est une actrice porno qui s'ignore abonnée aux grosses comédies romantiques sur le phénomène des sex friends et autres fuck buddies. Tu m'étonnes... Ne fais pas semblant d'aimer les livres...

Il nous faut accepter que les choses changent car c'est inéluctable. Notre demande a occasionné un cinéma produit à une vitesse hallucinante et en un siècle, tout l'éventail des idées, suspenses, clichés, mises en scène, twists, psychologies, futurismes et fresques historiques a été traité. Nous sommes allés vite, trop peut-être, et tout ou presque a été fait... Il reste bien quelques coins du monde, quelques recoins de l'Histoire qui mériteraient leurs longs-métrages, leurs séries, leurs remakes, préquelles, séquelles, puis reboots, mais ce sont des secteurs à risque (financiers ou moraux). On risque d'emmerder ou de choquer donc de manquer le public...

Alors on tricote des pullovers avec les trames de nos sujets favoris. Ceux qui ont toutes les chances de plaire, les best-sellers. Les Karate Kid, Rambo, Piranha, Alien et autres The Thing. Si c'est une franchise, on la reboote, si c'est un one-shot, on le remake, ou mieux, on conserve le titre mais on le réécrit un peu, ou encore mieux, on conserve le titre mais on en fait une préquelle, tout est possible ! Il faut bien continuer d'amuser, de divertir le public. C'est la demande qui fait l'offre.

Il est intéressant cependant de constater qu'en France, on procède différemment. Les yeux de notre industrie sont ouverts, eux aussi, sur cette grande mutation et on n'invente plus beaucoup non plus de côté-ci de l'Atlantique (qui étaient les derniers grands producteurs d'un cinéma populaire original ? Jean-Marie Poiré, peut-être...), mais en France on met en scène des concepts plutôt que des aventures. On a "Les Beaux Gosses", "Les Chtis", "Les "Infidèles", "Les Kailleras"... On attend "Les Roms", "Les Grévistes" et "Marine" pour la rentrée. Ces études de caractères (qui pourraient presque faire office d'études de phraséologie, décortiquant chacune des expressions syntagmatiques "à la mode") sont dans notre tradition (depuis au moins La Bruyère) bien davantage que les aventures épiques. On a bien eu notre Astérix (et ses suites... à quand le reboot ?) mais Chrétien de Troyes n'aura pas engendré tant de Ridley Scott, de Roland Emmerich ou de Wolfgang Petersen que ça. Chercher des Peter Jackson ou des James Cameron par chez nous relève de l'aiguille dans la botte de foin. Nous avons des Musset, des Balzac, des Rohmer, des Resnais et même l'industrie populaire s'affaire autour de caractères, jusqu'à Besson lui-même, notre industriel en chef, du moins jusqu'à ce qu'il ne tourne définitivement américain. C'est ainsi.


Ma chambre d'étudiant en cité U ressemblait assez à celle de Spiderman sur cette photo...

Il n'est pas question de porter d'ailleurs de jugement comparatif quant à ces deux manières d'envisager un tournant de l'histoire du cinéma. L'industrie s'adapte à une pénurie d'histoires commercialisables, c'est un fait. Le cinéma d'auteur continuera de satisfaire les plus exigeants d'entre nous tandis que les autres s'acclimateront sans doute de la nouvelle donne et retourneront au cinéma dès 2022 (avec leurs enfants cette fois) pour y voir le premier épisode des aventures de Peter Parker, comment il s'est fait piquer, comment son oncle est mort et comment Mary Jane est jeune et séduisante, éternellement.

Cependant, rien évidemment ne nous obligera plus à jamais et nulle part, presse ou web confondus, mentionner, critiquer, évaluer ou même considérer l'existence d'aucuns de ces produits cinématographiques, de ces spectacles, qui ne sont pas ou qui ne sont plus du cinéma.


The Amazing Spider-Man de Marc Webb avec Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans, Martin Sheen et Sally Field (2012)

2 juillet 2012

Beginners

Pourquoi je regarde ça, moi ? C'est typiquement le genre de film qui me donne envie d'arrêter le ciné. Très franchement. Quand je vois Ewan McGregor broyer du noir dans son pull à rayures trop "cute" en singeant Jim Carrey dans Eternal Sunshine et l'affreuse Mélanie Laurent débiter les dialogues les plus creux du monde avec un accent anglais insupportable, j'ai réellement des envies radicales qui s'imposent à moi comme autant d'échappatoires salvateurs. J'ai en outre déjà pensé à une reconversion dans la blogosphère... Je compte devenir chasseur de petites culottes. Je prendrai des photos en douce avec mon portable. J'en ai déjà un petit stock de côté, de quoi facilement alimenter un tumblr pour les prochains mois, à raison d'une dizaine de photos volées par jour. Mon terrain de chasse favori, ce sont les escalators, à la sortie des stations de métro. Je profite du retour des beaux jours pour mitrailler sous tous les angles, principalement en contre-plongée, les jeunes demoiselles légèrement vêtues. Un soleil rasant m'aide parfois à découvrir de bien jolies choses, que j'aimerais vraiment partager avec vous, par pur altruisme, puisque l'adresse de mon tumblr devra bien entendu rester secrète, ne serait-ce que pour préserver mon couple de ma "dark side". En me renseignant un peu auprès de mon frère avocat (non pas parce qu'il est avocat, mais parce qu'il s'est déjà fait prendre pour le même genre de pratiques), j'ai appris qu'il est purement et simplement interdit de photographier des culs à leur insu. Quelque chose que l'on nomme le "droit à l'image" est supposée protéger toutes ces jeunes filles. Des sites absents de mes marque-pages, mais parmi les plus fréquentés de ces 36 derniers mois si j'en crois mon historique web Google, me font toutefois réaliser qu'il s'agit apparemment d'une protection bien peu efficace. Cette règle de pacotille ne va donc pas suffire à me faire oublier ce beau projet que le film de Mike Mills a ravivé dans mon esprit. Je reste tout de même sur mes gardes, car je ne veux pas finir en taule. Je veux continuer à pouvoir librement télécharger des films et photographier des culs.


Beginners de Mike Mills avec Ewan McGregor, Mélanie Laurent et Christopher Plummer (2011)