J'ai subi ce film deux fois au cinéma. On ne pourra pas me reprocher de faire preuve de mauvaise volonté. Deux fois 2h30 de Batman, ça tient de la prouesse. Comme le film n'est vraiment pas génial (bien qu'il soit forcément supérieur au premier volet de la trilogie, Batman Begins, formidablement creux, parfois risible, et d'un ennui formidable), je vais éviter de m'étendre à son sujet. Et puisque la critique parle unanimement de ce Dark Knight comme d'une œuvre sombre, adulte, profonde, morale et ainsi de suite, poussée à cela par le film lui-même et par son réalisateur, qui se prend méchamment et de plus en plus au sérieux (on aimerait répondre à la critique et à Christobal Nolan lui-même par les mots du Joker : "Why so serious ?"), j'ai plutôt envie de me laisser aller à une critique sérieuse, beaucoup trop sérieuse...
Ce film est une sorte de plaidoyer pour ceux qui ont tué Kennedy et interdisent l'accès aux dossiers depuis lors. C'est une légitimation de l'Amérique qui sert des boucs émissaires au grand public pour soi-disant l'épargner. Et puis pas finaude la légitimation, de celles qu'une voix-off vient finir de dégueuler une minute avant le générique de fin. Cet éloge - car comment croire que Nolan puisse détester son Batman ? - du mensonge contre l'humanité, ou disons contre le saint peuple américain, éloge qui aurait fait marrer tout le Kremlin, débarque après deux heures et demi bien remplies : trois cascades et un joker cabotin. Ce super-vilain séduisant (et ô combien plus excitant que le sobre Batman de Nolan, incarné par un Christian Bale carrément éteint) se veut quand même une allégorie de l'Axe du Mal absolu, c'est l'agent du chaos qui n'a peur de rien et n'a aucun autre motif que sa cruauté, qui n'a même aucune histoire (ou qui en a plusieurs, fictives), bref qui semble insaisissable et qu'on est en droit de torturer pour lui soutirer quelques informations quant aux attentats qu'il a fomentés. Pour arriver à déjouer les maléfices d'un tel terroriste, il est capital que le justicier se fasse Chevalier Noir... Charmante parabole nauséabonde sur le 11 septembre, Ben Laden, Guantamo et Abou Ghraib, sous-texte qui, tout comme le Jack Bauer tortionnaire de la série 24 Heures Chrono, doit donner des ailes à ce vieux Donald Rumsfeld.
Avant ces assertions finales franchement limites, le film tâche aussi de démontrer que l'Homme est bon par nature, que seule la rancune peut le pervertir, et alors jusqu'au point de non-retour, et puis encore que l'instinct de survie n'existe pas, que l'humain, quel qu'il soit et en groupe, se laissera tuer pour épargner un inconnu, ou même un criminel. Tout est bidon : du bon samaritain qui, rancunier, se met à massacrer des flics, pauvres instruments à la solde du méchant Joker incarnant le Mal Absolu et que le justicier blanc épargne quant à lui ; aux deux groupes d'hommes (civils/criminels) qui non seulement ne veulent pas appuyer sur le bouton pour faire sauter le bateau d'en face histoire de s'éviter ce sort morbide mais qui, mieux encore, se comportent en véritables héros aux grands cœurs, acceptant le saint sacrifice sans condition pour ne pas s'abaisser au meurtre déresponsabilisé par principe de survie. C'est à croire que la Shoah ne fait déjà plus partie des images primitives de nos contemporains. Oubliés les kapos.
D'ailleurs The Dark Knight est au moins aussi détestable que le Kapo de Pontecorvo (je mets carrément les panards dans le plat en évoquant un grand chapitre de la critique cinématographique sur lequel il est de bon ton de vociférer aujourd'hui), et il ne s'agit pas seulement d'un travelling enjoliveur* ou d'un mouvement de caméra final chez Nolan mais d'une voix-off craspec qui nous déballe un truc peu digeste censé glisser après 150 minutes de cascades en cuir. Chez Pontecorvo au moins, seul le travelling séduisant était abject. Chez Batman il n'est que le papier cadeau d'un propos, d'un message, en bonus. "C'est mal", comme dit Morgan Freeman dans une scène impayable quand le Batman lui demande d'utiliser les ondes émises par tous les téléphones portables de la ville pour localiser le méchant, c'est mal mais quand c'est pour vaincre l'Axe du Mal alors c'est bien... et ceux qui aiment ce film au point de le défendre bec et ongle comme un intouchable se feront fort de transformer le discours du film - dont le super-héroïque Batman, quoiqu'on en dise, torture gaiment un terroriste, fait le "mal" en utilisant l'intimité des citoyens à leur insu et crée un mensonge d’État plus confortable que la réalité, le tout pour débarrasser le monde d'un super-méchant insatiable - en ironie et en critique en creux de l'Amérique de Bush. Let me laugh. Ce film, pour cette raison et pour bien d'autres (musique pompière, personnages inexistants hors le cabotin Joker, montage comique, goofs à revendre, etc.), est digne du plus profond mépris.
Ce film est une sorte de plaidoyer pour ceux qui ont tué Kennedy et interdisent l'accès aux dossiers depuis lors. C'est une légitimation de l'Amérique qui sert des boucs émissaires au grand public pour soi-disant l'épargner. Et puis pas finaude la légitimation, de celles qu'une voix-off vient finir de dégueuler une minute avant le générique de fin. Cet éloge - car comment croire que Nolan puisse détester son Batman ? - du mensonge contre l'humanité, ou disons contre le saint peuple américain, éloge qui aurait fait marrer tout le Kremlin, débarque après deux heures et demi bien remplies : trois cascades et un joker cabotin. Ce super-vilain séduisant (et ô combien plus excitant que le sobre Batman de Nolan, incarné par un Christian Bale carrément éteint) se veut quand même une allégorie de l'Axe du Mal absolu, c'est l'agent du chaos qui n'a peur de rien et n'a aucun autre motif que sa cruauté, qui n'a même aucune histoire (ou qui en a plusieurs, fictives), bref qui semble insaisissable et qu'on est en droit de torturer pour lui soutirer quelques informations quant aux attentats qu'il a fomentés. Pour arriver à déjouer les maléfices d'un tel terroriste, il est capital que le justicier se fasse Chevalier Noir... Charmante parabole nauséabonde sur le 11 septembre, Ben Laden, Guantamo et Abou Ghraib, sous-texte qui, tout comme le Jack Bauer tortionnaire de la série 24 Heures Chrono, doit donner des ailes à ce vieux Donald Rumsfeld.
Avant ces assertions finales franchement limites, le film tâche aussi de démontrer que l'Homme est bon par nature, que seule la rancune peut le pervertir, et alors jusqu'au point de non-retour, et puis encore que l'instinct de survie n'existe pas, que l'humain, quel qu'il soit et en groupe, se laissera tuer pour épargner un inconnu, ou même un criminel. Tout est bidon : du bon samaritain qui, rancunier, se met à massacrer des flics, pauvres instruments à la solde du méchant Joker incarnant le Mal Absolu et que le justicier blanc épargne quant à lui ; aux deux groupes d'hommes (civils/criminels) qui non seulement ne veulent pas appuyer sur le bouton pour faire sauter le bateau d'en face histoire de s'éviter ce sort morbide mais qui, mieux encore, se comportent en véritables héros aux grands cœurs, acceptant le saint sacrifice sans condition pour ne pas s'abaisser au meurtre déresponsabilisé par principe de survie. C'est à croire que la Shoah ne fait déjà plus partie des images primitives de nos contemporains. Oubliés les kapos.
D'ailleurs The Dark Knight est au moins aussi détestable que le Kapo de Pontecorvo (je mets carrément les panards dans le plat en évoquant un grand chapitre de la critique cinématographique sur lequel il est de bon ton de vociférer aujourd'hui), et il ne s'agit pas seulement d'un travelling enjoliveur* ou d'un mouvement de caméra final chez Nolan mais d'une voix-off craspec qui nous déballe un truc peu digeste censé glisser après 150 minutes de cascades en cuir. Chez Pontecorvo au moins, seul le travelling séduisant était abject. Chez Batman il n'est que le papier cadeau d'un propos, d'un message, en bonus. "C'est mal", comme dit Morgan Freeman dans une scène impayable quand le Batman lui demande d'utiliser les ondes émises par tous les téléphones portables de la ville pour localiser le méchant, c'est mal mais quand c'est pour vaincre l'Axe du Mal alors c'est bien... et ceux qui aiment ce film au point de le défendre bec et ongle comme un intouchable se feront fort de transformer le discours du film - dont le super-héroïque Batman, quoiqu'on en dise, torture gaiment un terroriste, fait le "mal" en utilisant l'intimité des citoyens à leur insu et crée un mensonge d’État plus confortable que la réalité, le tout pour débarrasser le monde d'un super-méchant insatiable - en ironie et en critique en creux de l'Amérique de Bush. Let me laugh. Ce film, pour cette raison et pour bien d'autres (musique pompière, personnages inexistants hors le cabotin Joker, montage comique, goofs à revendre, etc.), est digne du plus profond mépris.
* Voici quelques lignes de Serge Daney à propos de ce fameux travelling: "Film sur les camps de concentration, tourné en 1960 par l'Italien de gauche Gillo Pontecorvo, "Kapo" ne fit pas date dans l'histoire du cinéma. Suis-je le seul, ne l'ayant jamais vu, à ne l'avoir jamais oublié ? Car je n'ai pas vu "Kapo" et en même temps je l'ai vu. Je l'ai vu parce que quelqu'un – avec des mots me l'a montré. Ce film, dont le titre, tel un mot de passe, accompagna ma vie de cinéma, je ne le connais qu'à travers un court texte: la critique qu'en fit Jacques Rivette dans les Cahiers du cinéma. L'article s'appelait "De l'abjection", Rivette avait trente-trois ans et moi dix-sept. Je ne devais jamais avoir prononcé le mot "abjection" de ma vie. Dans son article, Rivette ne racontait pas le film, il se contentait, en une phrase, de décrire un plan. La phrase, qui se grava dans ma mémoire, disait ceci : "Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés: l'homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant le soin d'inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n'a droit qu'au plus profond mépris". Ainsi un simple mouvement de caméra pouvait-il être le mouvement à ne pas faire. A peine eus-je lu ces lignes que je sus que leur auteur avait absolument raison. (…) Au fil des années, en effet "le travelling de Kapo" fut mon dogme portatif, l'axiome qui ne se discutait pas, le point limite de tout débat. Avec quiconque qui ne ressentait pas immédiatement l'abjection du "travelling de Kapo", je n'aurais, définitivement, rien à voir, rien à partager" [S. Daney et S. Toubiana "Persévérance" – op. cit.].
Ainsi qu'un lien pour voir ladite scène.
The Dark Knight de Christopher Nolan avec Heath Ledger, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman, Michael Caine, Christian Bale et Morgan Freeman (2008)
Tu viens avec nous mardi. It's on me !
RépondreSupprimerPenses-tu que le majestueux Heath Ledger (prononcer Wisk Lodger) remportera son si mérité Oscar posthume ?
RépondreSupprimerLe costume de Batman est-il bien adapté à son boner machine ?
RépondreSupprimerLe joker a t'il utilisé son joker, ou bien a t'il préféré sortir son boner machine ?
RépondreSupprimerLa queue de Harvey "Double-Face " Dent est-elle un boner double face ?
RépondreSupprimerLe commissaire Gordon a t'il subit le bat-boner-machine du Batman ?
RépondreSupprimerMaggie Gynellhalll (prononcer Marie Gillain) a t'elle taté du boner machine de Bruce "le batman (aka l'homme chauve-souris)" Wayne Robinson ?
RépondreSupprimerFais-tu partie des fans qui estiment que la Bat-mobile (en français "la peugeot 106 du batman") n'est pas fidèle au design du DCcomics de Stan Lee ?
RépondreSupprimerLe match Katie Holmes - Maggie Gynennhall est-il vraiment gagné d'avance ? Laquelle des deux ferait ton plus grand BONER ? Moi perso au point où j'en suis je me taperais même le batman sans utiliser mon joker.
RépondreSupprimerCe que je n'ai pas aimé dans Batman:
RépondreSupprimer-La non interaction entre Batman et Joker.
-Les gens qui parlent du "jeu" d'Heath Ledger alors que son maquillage et de bonnes punch-lines éclipsent totalement un Aaron fumé.
-Batman qui raconte sa vie avec sa grosse voix.
Ce que je n'ai pas aimé dans ta chronique:
Tout
T'es pas obligé de venir me lire hein mon vieux. Si tu trouves ma "chronique" si peu intéressante, rassure toi par exemple en te disant que je me bats profondément l'œil de ce que tu n'as pas aimé dans Batman. Franco prends exemple sur moi: Je lis pas ton blog, pour éviter d'aller m'acheter une corde et un escabeau chaque jour.
RépondreSupprimerMerci pour votre remarque. D’accord avec vous, cela parait très pertinent.
RépondreSupprimerDeux remarques:
- Bettelheim a montré que ce genre de suicide dans les camps était une rareté, une incongruité. Levi montrait plutôt que le « mode opératoire » du suicide relevait de ce que leur montraient les « musulmans », ces êtres entre-deux mort, cadavre vivants ou hommes-morts qui erraient vidés de leur histoire, de leur parole….
- Oui, l’image masque plus qu’elle ne montre. Elle masque une réalité, celle des musulmans que nul ne peut comprendre (Agemben, Ce qui reste d’Auschwitz). A la place de cette réalité, elle veut montrer, elle affirme une chose fausse que nous sommes priés de croire, en laquelle il est important d’avoir la foi pour le metteur en scène. Le sujet interné dans un camp continue à espérer, s’il espère, l’espoir lui-même n’est pas perdu. A l’horizon des personnes concernées, rien de moins sûr…
Donc, ne pensez-vous pas que la question de ces travelling abjects, ne renverrait-elle pas à celle de l’abjection de l’image (animée ou pas) ?
A vous.
Essayez de pas vous entretuer pour des conneries les mecs. Sérieusement.
RépondreSupprimerRéponse à Fleury:
RépondreSupprimerJe répondrais volontiers par Daney.
Pour ça il ne faut pas confondre l'image animée (le cinéma en ce qui nous concerne) et l'image arrêtée. Si le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde, ça n'est cependant pas 24 fois une image fixe par seconde. Techniquement si bien sûr. Mais pas dans l'idée. Le cinéma répond moins de l'image que du temps. C'est un espace-temps, pas de l'image pure et simple. Or le cinéma c'est aussi montrer quelque chose, dans cet espace-temps. Et l'acte de montrer implique qu'il y a une morale possible. Daney le dit très bien. Montrer mouille, on peut se faire foutre de soi en montrant quelque chose.
C'est pour ça selon lui qu'il n'y a pas de critique possible de la télévision, parce qu'il n'y a pas de morale possible à la télévision, tout simplement parce qu'on ne montre rien, ça défile droit vers la poubelle. De même qu'il serait grand temps de se poser la question que Daney se posait déjà en son temps, à savoir la question des nouvelles images, des images de synthèse. Il dit quelque chose comme ça: "Ils savent reproduire un ongle avec un ordinateur, ils ont des imaginations de petits chimistes, ça va pas bien loin, alors ils sont sans doute très heureux de leur côté mais pour moi à quel moment ça devient vraiment sidérant ? Un ongle je peux prendre une caméra et le filmer, et là, la question qui se pose c'est de savoir comment je vais le montrer, et à partir de là on fait une histoire. Mais quand y'a plus de caméra ni d'ongle, comment on montre ?".
Enfin tout ça pour dire que si le cinéma est aussi l'art de montrer, alors il y a une morale possible du cinéma, et s'il y a un morale possible au cinéma les images du cinéma ne sont pas d'autor abjectes. Il y a ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas, et on ne fait pas le travelling de kapo.
Par ailleurs ce travelling n'est pas abject vis-à-vis de l'acte d'Emmanuelle Riva précisément, son suicide. Il est abject parce qu'il est fait dans un camp de concentration. Peu importe comment Emmanuelle Riva meurt. Qu'elle se suicide ou qu'une Kapo l'abatte n'est pas le problème. Le problème c'est qu'on ne fait pas un travelling avant sur une femme morte dans un camp de concentration pour la placer plus joliment dans le cadre. Je pense que ça ne va pas plus loin que ça.
Ensuite il y a bien des questions à se poser sur le suicide. Est-ce que les occupants du bateau dans Batman commettent un suicide en se laissant tuer ? Est-ce que se laisser tuer est de l'ordre du suicide ? Est-ce que les millions de juifs qui se sont laissés abattre sans révolte (il aura fallu attendre la révolte du ghetto de Varsovie pour voir des juifs se soulever) ont commis un suicide ? Je ne le crois pas. Si on savait que ces millions de gens ont tous suivi les préceptes du Nouveau Testament on pourrait le penser, et là ça deviendrait vraiment dégueulasse: 1) Si on te frappe sur la joue gauche, tends l'autre joue. 2) Il faut aimer ses ennemis car aimer ses amis n'a aucun mérite. Si en suivant Jésus on en vient, en étant juif à la fin des années 30, à aimer les bourreaux S.S. pour le mérite et à redemander encore quelques fours de plus, ça devient littéralement dégueulasse. Mais évidemment ça n'est pas ça.
Louis-Ferdinand Céline a dit plusieurs fois: "Quand vous voyez une bagnole éclatée dans un arbre, ne croyez pas qu'il s'agisse toujours d'un accident, il y a là-dedans des vicieux." Mais peut-on étendre ce phénomène à de telles populations (les juifs des camps, ou les civils du bateau de Batman)?
Bref se laisser donner la mort pour une cause ou une croyance quelconque ou se la donner soi-même, est-ce du même ordre ?
Le bon soldat (si tant est qu'il aie jamais existé) qui va se faire tuer, qui court vers une mort certaine tout en espérant un tant soit peu qu'elle ne lui arrive pas (je ne parle pas des kamikazes Japonais ou Vietnamiens qui se donnaient la mort eux-mêmes), pour éviter la mort à son régiment, commet-il un suicide ?
Suicidés ou pas, ce que dit la scène du bateau dans Batman est ajbect, elle prétend que l'Homme, en groupe et unanimement, est bon par nature et qu'il ne tentera rien pour se sauver si sa mort peut épargner des inconnus qui ne lui ont rien fait de personnel. L'histoire nous a prouvé et rabâché que l'homme, à l'état de nature, est un loup pour l'homme comme disait Hobbes. Et quel meilleur état de nature que le dilemme final entre la vie et la mort. Les kapos n'étaient après tout que des juifs qui avaient décidé d'accepter d'en arriver là pour peut-être survivre au bout du bout. Qui peut juger ça ? Les hommes les plus raffinés et les plus innocents s'étripaient à mains nues dans la boue des camps pour un morceau de pain dont les protéines leur permettraient de tenir 2 ou 3 jours de plus. Christopher Nolan n'a pas l'air d'être au parfum.
Critiquer un film et ne pas parler une seule fois de cinéma en jactant autant, c'est un tour de force. Parler tout seul et atteindre de soi-même le point Godwin sur un film de comics, c'est un tour de force encore plus impressionnant. Cette critique, pour cette raison et pour d'autres, est donc digne du plus profond mépris.
Supprimer"ce que dit la scène du bateau dans Batman est ajbect, elle prétend que l'Homme, en groupe et unanimement, est bon par nature et qu'il ne tentera rien pour se sauver si sa mort peut épargner des inconnus qui ne lui ont rien fait de personnel". Voilà bien une citation qui montre à quel point son auteur sait aussi bien réfléchir qu'il sait voir un film (et ici l'essentiel n'est pas vraiment que le film soit bon ou pas). Premièrement, la décision n'est pas unanime (prière de revoir la scène). Secondement, elle tient compte de l'aspect collectif et des barrières sociales ancrées inconsciemment, et dont même un criminel ne saurait s'affranchir totalement sauf à incarner le mal absolu, qui par définition ne peut exister, puisque cela sous-tendrait que le bien n'a pas de réalité (à partir de là, où serait le mal?). La question se serait posée autrement s'il n'y avait eu qu'un homme dans chaque bateau. Troisièmement, rien ne permet d'affirmer avec certitude qu'un des camps décidera d'exterminer l'autre: puisqu'il faut mourir, pourquoi décider de mourir en salaud? Puisqu'il faut vivre, pourquoi décider de vivre en salaud? Pour résumer, la scène du bateau ne prétend pas que l'homme est bon par nature, elle instille le doute et confronte l'homme au vice du mal qui est en chacun. La réponse ne va pas de soi, et puisqu'il faut évoquer la seconde guerre mondiale à laquelle vous tenez absolument à comparer ce film, il y a eu des salauds et des héros, des héros malgré eux et des salauds malgré eux, et tous avaient peur. Le joker avait conçu un choix diabolique où seul le mal devait subsister. Même confrontés au mal dans ses pires manifestations, il ne restait aux déportés que l'espoir fou et vain. La passivité en a sauvé certains, ce fut le cas dans cette scène.
J'aurais pu utiliser des "il me semble", des "peut-être" ou du conditionnel pour relativiser mes propos, attendu que je ne prétends pas fournir la meilleure analyse, mais puisqu'il ne semble pas vous effleurer l'esprit que vous ne détenez pas la vérité (puisque celle-ci est contenue en chaque lecteur ou spectateur, indépendamment des visées initiales de l'auteur de l'oeuvre), j'ai préféré m'abstenir et vous confronter aux limites de votre raisonnement.
Cordialement, comme il est de bon ton de le faire.
Dann
Par ailleurs je suis tout à fait impatient de me voir expliqué jusqu'à quel point se laisser tuer et se donner la mort répond également du suicide. Je n'ai pas travaillé la question et encore moins la psychanalyse. Et au fond les deux actes me semblent se valoir quelque part. Mais néanmoins, je ne peux pas m'empêcher d'y voir d'énormes différences. Se suicider me semble presque plus naturel, plus normal. C'est décider de ne plus vivre, pour diverses raisons qui au fond se résument toujours à la même chose: ne plus supporter quelque chose de trop grand pour soi. Il y a ceux qui ne supportent plus un amour trop grand pour eux, il y a ceux qui, comme Deleuze, ne supportent plus une tâche trop grande pour eux. Mais se laisser tuer relève d'une folie toute autre, d'une rage ou d'un courage inconcevables. Qu'est-ce qui mène à se laisser tuer sans que précisément l'instinct de survie, de révolte, ne s'en mêle ? Je crois que l'exemple de la Shoah est très significatif. Qu'est-ce qui pousse un juif qu'on pousse vers une four ou à qui on demande de s'agenouiller avec 10 autres hommes pour recevoir dans trois minutes une balle dans la tête à ne rien faire d'autre que ce qu'on lui demande et qui l'amènera à une mort très prochaine et très certaine ? Mourir pour mourir, pourquoi ne pas se jeter sur un allemand, ou tenter de s'échapper, ou ne serait-ce que cracher un gros mollard dans l'œil d'un S.S. ? Peut-être pas le désespoir total. Bien au contraire, certainement un dernier espoir, l'espoir que la mort ne vienne pas. Et cracher sur un S.S. ou tenter de s'enfuir c'est précipiter cette mort d'une certaine façon. Il doit s'agir d'un fond d'espoir, celui que tout s'arrête. C'est ce vain et noble quoique fol espoir que Christopher Nolan justifie en ne faisant exploser aucun des deux bateaux de son film. Au fond Christopher Nolan signe un film contre la révolte. Contre l'instinct de survie.
RépondreSupprimerAu lieu d'aller voir Batman, voyez Les dames du bois de Boulogne de Robert Bresson, à la fin duquel on entend comme disait Godard les seules paroles de résistance dites au cinéma durant toute la guerre, quand à la fin du film Elina Labourdette dit de ce qu'on appellera plus tard une voix-blanche Bressonienne: "Je reste, je lutte".
Une analyse déjà plus juste. Comme quoi ça sert de se poser des questions....
SupprimerDann
Hm. Les prisonniers, parce qu'ils n'ont pas exploser le bateau des gentils civiles ont fait ce que les SS n'ont pas fait... se rebeller contre le MAL, contre l'abject.
RépondreSupprimerPour vous les civiles auraient du sacrifier les prisonniers pour leur survie ? Aurait-ce été un acte de rebellion que de tuer d'autres victimes ?
Il me semble que si les prisonniers avaient fait exploser l'autre bateaux, une comparaison aurait été peut être possible avec l'Histoire. Hors, là tout de suite maintenant, cette comparaison est abhérente ou peut-être seulement pas très fine.
Ok, on peut vivement critiquer la morale bizarre de cette scène... mais le fait qu'aucun bateau n'a explosé prouve que la comparaison avec quelque chose comme la Shohah est surfaite. Si les civiles avaient fait explosé le bateau : "bravo les Juifs, vous avaient tué les méchants SS", le contraire "bah voilà, l'Histoire se répète". Pourtant, des deux côtés, chacun sait qu'il faut arréter ses conneries. Alors chacun agit pour ce qui lui semble Bon. Et tout le monde est sauf, youpi.
SI VOUS VOULEZ: les Juifs SS se sont rébeller contre HITLER. bravo, c'est la chute du Joker.
Malheureusement ni les juifs ni les SS ne se sont rebellés contre Hitler (avant la révolte du ghetto de Varsovie ou les attentats). Et ça n'arriverait toujours pas aujourd'hui dans le même contexte. Le cinéma c'est fait pour raconter des histoires, mais faut pas non plus nous raconter des histoires, si tu vois ce que je veux dire.
RépondreSupprimerMerci pour votre réponse et votre développement.
RépondreSupprimerL’abjection mérite au moins d’être précisée et elle est difficile à cerner. Plus que l’image que l’on montre, je pense que c’est en l’acte de la montrer que réside l’abjection.
Dans Dark Knight, c’est à l’ensemble du film que se généralise le travelling abject englobé dans une voix-off dégueulasse dont le message s’ajoute aux images. Et j’ai beaucoup apprécié votre façon d’énoncer la signification du message obscène de cette voix-off (« Il vaudrait mieux se laisser embarquer même si cela conduit à notre mort »).
Et vous concluez très justement que Dark Knight est un film contre la révolte. Dark Knight nous déconseille la révolte.
Je partage votre point de vue et je trouve que vous posez la bonne question : comment concevoir que l’on puisse se laisser faire tout en sachant que cela mène à un mort proche et certaine ?
Là, il n’y a pas d’image possible, aucun travelling à monter sur la file des personnes à qui l’on demande d’entrer dans telle ou telle pièce. Car il y a un silence qui ne permet pas au spectateur de savoir quelle est la signification des actes de ceux qui se laissent ainsi faire.
Dans Kapo, c’est très nauséeux. Pour Kapo, l’abjection consiste à diviser et à séparer les personnages de la scène. D’un côté, la file des silencieux qui se laissent faire. De l’autre, celle qui se tue. Cette division est abjecte car elle suggère que ceux qui se laissent faire auraient renoncé à toute révolte. En est-on si sûr ?
Le groupe des prisonnières anonymes en arrière plan de la scène tente de retenir Emmanuelle Riva. Donc, Pontecorvo, le metteur en scène, ne sachant pourtant rien de que ce pourrait penser ce groupe de celles qui se laissent faire, leur colle une opinion fausse : « il faut rester parmi celles qui acceptent ce qui leur arrive ! Il faut se laisser faire ! Ne te suicide pas ! Tu dois accepter ! ».
Avec cette scène, il inverse la signification de la résistance d’Emmanuelle Riva. Emmanuelle Riva, la rebelle, celle qui dit non aux crimes des nazis, est privée de son cri au moment de son suicide. Elle est muette, son acte veut probablement signifier le refus : « il ne faut pas faire ça ! ». Mais l’objet de cette révolte est tu, il est effacé : « les nazi ne doivent pas faire ça ! ».
Au lieu de cela, la file de ses camarades prisonnières reprend son cri, « ne fais pas ça ». Mais, pour retourner l’objet de ce cri contre la révoltée et non pas contre les nazis. A noter, l’image d’Emmanuelle Riva est une image muette dissociée de son cri, coupée de sa signification qui est déplacée sur le groupe des autres prisonnières. Ce faisant, c’est l’image de la révolte de l’une qui masque la non-révolte des autres.
C’est comme si justement, Pontecorvo prétendait que ces millions de personnes abattues dans les camps étaient d’accord avec leurs bourreaux. Ce en quoi Pontecorvo se mouille. Il se compromet par une idéologie inacceptable. En tant que promotion de cette idéologie, l’ensemble de son film est abject. Et effectivement, il suffit de voir cette scène pour le comprendre, pas besoin de voire le reste du film…
Je voudrais juste ajouter un point. Se tuer et se laisser tuer sont une même chose du point de vue de la « causalité » de l’acte pour parler comme Durkheim : un suicide.
Durkheim considère en effet que le sujet peut utiliser l’autre comme l’agent de son propre acte. « Le rapport de causalité peut être indirect, le phénomène ne change pas, pour cela, de nature. L’iconoclaste qui, pour conquérir les palmes du martyre, commet un crime de lèse-majesté qu’il sait être capital, et qui meurt de la main du bourreau, est tout aussi bien l’auteur de sa propre fin que s’il s’était porté lui-même le coup mortel ; du moins, il n’y a pas lieu de classer dans des genres différents ces deux variétés de morts volontaires, puisqu’il n’y a de différences entre elles que dans les détails matériels de l’exécution. Nous arrivons donc à cette première formule : On appelle suicide toute mort qui résulte médiatement ou immédia¬te¬ment d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même » (Durkheim, Le suicide (1897), p.13).
Et Durkheim ne manque pas de commenter le suicide pendant les guerres chez les militaires.
Par contre, se tuer et se laisser tuer n’est pas la même chose quand on considère le sujet et son discours. Un sujet qui se tue n’est pas « comparable » à un sujet qui se laisse tuer. Si l’effet de ces deux actes est le même, leur signification sont opposées, hétérogènes, distinctes.
C’est pour cela que les psychanalystes se méfient des discours généraux, des discours qui parlent du point de vue de l’opinion en général. Dans le genre : « on est ceci », « on est cela ». L’opinion, je ne sais pas ce que c’est, je ne sais pas ce qu’elle pense, ni ce qu’elle dit exactement.
Par contre, je crois qu’il est absolument nécessaire que vous continuiez de dénoncer et à décrypter les messages en voix-off des films de cinéma comme vous le faites dans votre blog. L’imposture de cette voix-off consiste justement à parler au nom de l’opinion générale.
Bon, et bien j'ai également trouvé ce film d'une nullité absolue, d'une crétinerie infinie et d'une incohérence totale, alors que j'avais pourtant placé mon niveau d'exigence au plus bas après avoir été mis en garde par Rémi. J'espérai, au moins, assister à un "spectacle" honnête, et je partais même avec un a priori positif puisque, jusqu'à ce film, aucune oeuvre de Nolan ne m'avait véritablement déplue. The Dark Knight me fait à présent revoir tout ça à la baisse. Il y aurait de quoi écrire une série de commentaires négatifs pour chaque scène du film. Et, comme l'a fait Rémi, il y aurait beaucoup à dire sur les messages véhiculés par le film mais, en plus d'être honteux, ils ont selon moi le triste défaut d'être très incohérents, contradictoires... ce qui fait que j'aurais du mal à les montrer du doigt en premier. Je félicite tout de même Rémi d'avoir su se concentrer sur un détail particulier de Dark Knight dont il voulait parler, tant la piètre qualité du film ajoutée à son énorme succès offre plutôt l'occasion et donne surtout envie de se perdre en écrivant un série de reproches, voire d'insultes, bien moins constructives. Bref.
RépondreSupprimerJe crois que je suis définitivement allergique aux films de super-héros, que je trouve systématiquement d'une débilité abyssale (à l'exception d'Incassable de Shyamalan, que je ne qualifierais pas de "chef d'oeuvre" pour autant, mais qui, dans le genre, est nettement au-dessus du lot). Je me demande comment on peut aimer ça en étant autre chose qu'un gosse de 8 ans...
Je me demande également comment Dark Knight a pu rencontrer un tel succès. Il y a beaucoup de films que je trouve mauvais, mais dont je suis capable de reconnaître et comprendre pourquoi des millions de personnes se sont déplacées pour les voir. Pas celui-ci. Tout ça n'est bien sûr qu'une histoire de marketing particulièrement efficace...
C'est marrant... quand est ce que vous parlez de The Dark Knight dans vos commentaires ?
RépondreSupprimerOn a bien compris pour le travelling de Kapo, mais à mon souvenir, The Dark Knight n'est pas un remake de ce film, hin ?
Et puis pour en revenir à la scène "des bateaux" pourquoi vouloir voir à tout prix une image de la Shoah ? On peut surement voir dans The Dark Night des références au 11 Septembre, au terrorisme et à la Guerre en Irak... mais de là à extrapoler jusqu'a la Shoah peut être simplement pour faire de l'esprit (bien fait, d'ailleurs, vos réflexions sur KAPO et le SUICIDE sont intéressantes, oui... mais là encore où est Batman ?)
Je trouve vraiment vos critiques grandiloquentes, pompeuses et hors sujet. Un film contre la révolte ? Pourquoi qui ne s'est pas révolter ? Les civiles du bateau, batman, le procureur, morgan freeman ?
Moi je l'ai vu hier et je l'ai trouvé poussif, brouillon et parfois involontairement drôle. Et ça dure 2 plombes et demi ! Le Joker est le seul mec qui s'en tire à peu près mais c'est vrai qu'il a un rôle "coloré" à côté de celui de ce tricard de Batman. Il aura sûrement un Oscar® même si sa performance n'est pas meilleure que celle de Pascal Gregory dans Jeanne D'Arc. Au final, c'est dommage que ce soit le seul qui ait réellement passé l'arme à gauche.
RépondreSupprimerLe record de commentaires est largement dépassé. Ce blog commence à avoir une aura internationale. On m'a dit que Spielberg l'aurait parcouru, il serait tombé sur l'article concernant Indy4, qui l'aurait incité à renoncer à refaire du cinéma. La preuve, il vient de quitter brusquement le tournage de "Chicago 7", une bonne grosse bouse en devenir quel que soit le director, de toute manière.
RépondreSupprimerQuant à mon point de vue sur le Dark Knight : ce ne fut pas un boner de le vouloir. Je dirait même que mon BONER était tout raplapla après avoir vu ce navet.
J'ai pas tout compris, en fait.
RépondreSupprimerJe vois pas le rapport entre un mouvement de caméra à ne pas faire et un mouvement (ou une suite de mouvments) enjoliveur...
En plus, tu dis toi-même que ce n'est pas la même chose (abjec d'un côté, papier cadeau de l'autre) et que c'est la même chose (Kapo l'a fait, ce film n'a droit qu'au plus profond mépris... En gros, pour les mêmes raiosn que Kapo puisque c'est Kapo ton argument), je comprends plus rien.
Si tu n'as pas compris que ce qu'il y a d'abject dans le travelling de Kapo c'est précisément qu'il place plus joliment Emmanuelle Riva dans le plan (et donc qu'il enjolive), je peux pas faire grand chose pour toi.
RépondreSupprimerCher Rémy,
RépondreSupprimerVous avez lu Daney et le criez à la face du monde... C'est bien. Vous parlez du travelling de Kapo, on s'en doute, sans même avoir vu le film. Par contre le combat d'arrière garde que suscite le texte de Jacques Rivette semble être au centre de votre absence de pensée. Pensez par vous-même avant de recracher sans réfléchir. L'abjection est surtout dans le fait que vous utilisiez la shoah pour descendre un film que vous n'avez pas compris. Car si The dark knight n'est qu'un blockbuster de plus, il n'est pas non plus l'immondice propagandiste que vous dénoncez. Nolan, dans sa prétention, tente de dénoncer la politique actuelle de l'administration Bush et ses dérives. Il ne faut pas confondre discours des personnages et discours du réalisateur. Seuls les mauvais critiques incapables de développer une pensée personnelle se vautre dans ce genre de discours contre sensique et idéologique à deux balles.
Revenons, un peu au fameux travelling de Kapo. La caméra va dans le sens contraire des prisonniers qui marchent au pas et qui sortent vite du champ. Ce resserrement du cadre sur l'actrice sert avant tout à l'isoler et par là montre que sa mort est inutile. Personne n'y prends garde, tout le monde s'en fout dans le camp. Et c'est exactement ce que veut dire Kapo, que dans un camp d'extermination, c'est chacun pour soi. Que la mort en devient banale. Le personnage est mort seul, dans l'indifférence générale, voilà le but de ce travelling. Et que cinquante ans après, un étudiant qui ne connait en cinéma que les gros films qui passent à l'UGC (il n'y a qu'à lire votre blog, pathétique) en fasse une démonstration aussi crasse, démontre à quel point vous vivez dans le passé, déconnecté de la réalité. Et cela prouve aussi votre méconnaissance du medium, votre ignorance et votre suffisance.
A noter que Gillo Pontecorvo signe avec Kapo un film courageux, peut être maladroit et non exempt de défauts (imposés par la prod). Qu'il en a signé d'autres tout aussi courageux : La bataille d'Alger et Queimada (en avez-vous seulement entendu parlé ?). Le second est avec Marlon Brando et traite de l'esclavage. J'ai beau chercher dans la filmographie de Jacques Rivette, je ne vois pas de films aussi courageux, aussi engagés au milieu de ses captations de pièces de théâtres bourgeoises. Quant à Serge Daney, qu'a-t-il fait ? Un épisode de Cinéma de notre temps sur Rivette ? Autant dire rien. Un peu comme vous, non ? Soyons élitiste, le cinéma ne peut souffrir d'être discuté par des clients du café du commerce, aussi doués soient-ils à tourner leurs phrases.
Dans vos critiques, faites autre chose que d'insulter les réalisateurs que vous détestez pour nous montrer que vous êtes réellement capable d'une pensée, d'une réflexion sur le cinéma, sur le signifiant et le signifié. Citer Daney et Rivette, c'est facile mais n'est en aucun cas votre pensée. Et cela définit votre absence de personnalité, votre désir de paraître plus que d'être, enrobé dans de la philosophie de comptoir...
A bon entendeur...
Je ne sais pas pourquoi j'ai posté des réponses, tout avait déjà été dit :)
SupprimerJ'ai vu La bataille d'Alger, j'ai vu bien des films, sans doute bien plus que toi mon pauvre dabe (non ce blog ne résume pas ma culture cinématographique).
RépondreSupprimerLa preuve en est que pour parler du grand courage de Pontecorvo (certes brave homme de gauche mais bien piètre cinéaste) et de la médiocrité globale de Rivette puis de l'incompétence de Daney (qui est un des deux ou trois plus grands critiques de l'histoire du cinéma. Il n'a pas fait qu'un épisode de la série cinéma de notre temps non, c'est d'ailleurs Claire Denis qui l'a fait cet épisode, il n'était qu'un acteur. Il a surtout écrit des centaines d'articles et des livres aussi majeurs que passionnants, encore faut-il le savoir), il faut vraiment être un grand abruti affreusement inculte.
De même qu'il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte que Riva est déjà isolée avant que le travelling ne commence. Qu'un gros plan isole moins qu'un plan d'ensemble qui montrerait le vide autour d'un personnage. Et que ce travelling n'a pas pour but d'isoler un corps qui l'est déjà, mais uniquement de mieux le placer dans le plan avec la main dans la diagonale du cadre, pour enjoliver le tout. Ce qui, t'en déplaise, est abject.
Quant à Dark Knight, il faut déjà être capable de développer ses idées avant de dire aux autres qu'ils ne savent pas le faire. C'est bien beau de répéter comme un mouton "il critique l'amérique de Bush" comme l'ont écrit tous les mauvais journaux que tu dois lire, encore faut-il réfléchir par soi-même, je te renvoie la pareille donc.
Avant de juger la culture des autres et leurs idées ou projets, tâche de revoir les films dont tu parles, de lire un peu Daney, et d'enfin piger quelque chose, même pas grand chose, du cinéma.
Je le confesse, je n'ai pas vu Kapo, je ne m'en tiendrais donc qu'à ce qui en est dit. En quoi est-ce que la volonté de vouloir enjoliver la mort (ou plus exactement, enjoliver un plan qui traite de la mort) est foncièrement abject? D'autres ne l'ont-ils jamais fait? Est-ce parce qu'il s'agit de la Shoah? Une mort est-elle plus horrible qu'une autre parce qu'il y a une idéologie derrière? Doit-on s'abstenir de la tourner trop esthétiquement pour ces raisons? Encore une fois, je constate qu'il n'y aurait selon vous qu'une seule vérité, ce qui serait déjà discutable lorsqu'il s'agit de faits, à fortiori lorsqu'il s'agit d'art.
SupprimerEn tous sens, ces réactions du style "j'ai raison, des films j'en ai vu plus que toi" me paraissent un tantinet infantiles, et à tout le moins indignes d'un cinéphile éclairé. De là à penser que ce dernier adjectif est de trop, ce serait presque vous rendre justice.
J'aurais pu faire plus long. En disant par exemple que si je n'ai pas vu Kapo dans son intégralité et me permets de parler d'une séquence vue, tu parles de Daney sans même le connaître. En disant que tu me reproches de me limiter aux films de l'UGC et de vivre dans le passé dans la même phrase. En disant que tu écris: "Et cela prouve aussi votre méconnaissance du medium, votre ignorance et votre suffisance" ce à quoi je répondrais que si tu considères le cinéma comme un "médium", et non pas comme un "art" (à ce propos lis les textes de Daney sur le cinéma et la télé) tu n'as vraiment rien compris à ce que tu aimes, ce qui est peut-être la chose la plus tragique. Qui plus est cette vision se confirme quand tu parles de Pontecorvo comme d'un héros qui a filmé les camps et la guerre d'Algérie avec courage (dans le second cas peut-être.. mais si mal) et d'un Rivette qui n'a aucune forme d'intérêt parce qu'il a adapté de grandes œuvres littéraires se situant des intérieurs bourgeois. Autrement dit pour toi le cinéma est un acte courageux, quitte à être mauvais, un tract en fait.
RépondreSupprimerJe ne dis pas qu'il ne peut pas être ça, mais il n'est certainement pas que ça. Puisque, tout simplement, c'est un art. Lis aussi Oscar Wilde, ça t'apprendra des petites choses sur ce truc qu'est l'art.
Qui plus est le courage n'est pas toujours là où on croit le voir. Mais pour ça encore faut-il "voir", en être capable. Par exemple si tu voyais "Les dames du bois de Boulogne" de Bresson, tu qualifierais certainement ça de "petit cinéma bourgeois", alors qu'à la fin de ce film, comme le disaient Daney (tiens tiens) et Godard avant lui, quand Elina Labourdette dit "je reste, je lutte", elle prononce les seules paroles de résistance du cinéma Français pendant la guerre.
Enfin j'ai commencé par ne pas dire tout ça parce que tu es d'une telle indigence culturelle, et d'une telle arrogance, que tu m'as tout l'air d'être irrattrapable.
À bon entendeur.
Cher Rémy,
RépondreSupprimerJe ne vois pas où vous avez vu que vous pouviez me tutoyer...
Non, je n'ai pas lu, Daney, cela m'importe peu. Je sais que Daney est considéré comme l'un des plus grands critiques de l'histoire du cinéma. Est-ce une raison suffisante pour que je sois d'accord avec ça et que je sois à genoux devant ses écrits ? Non. L'idolatrie est réservée aux faibles. Pour développer une pensée autour du cinéma rien ne vaut de lire (romans, socio, histoire, philo...), bien sûr, mais aussi de regarder des films, beaucoup -et, pour rentrer dans votre jeu stupide, je pense que j'en ai vu bien plus que vous- et, surtout réaliser, etc.
Je ne répète pas bêtement pas ce que j'ai lu dans les journaux, j'ai simplement vu le film et j'analyse ce que je vois sur l'écran, c'est tout. Je n'ai pas besoin de lire des magazines de cinéma, Daney ou Rivette ou vous-même pour développer mes propres opinions critiques... La vision de films est essentiel pour ça...
Je ne pense pas que vous ayez vu plus de films que moi, renseignez-vous avant de dire n'importe quoi et de faire preuve d'une arrogance dont vous n'êtes pas capable. Mon argumentation sur The dark knight est développée dans le numéro 11 de Brazil actuellement en kiosque. J'écris aussi ici : http://www.lecoindeloeil.com. Vous verrez ainsi que je ne comprends rien au cinéma.
J'ai et j'ai vu Les dames du bois de Boulogne de Robert Bresson et bien d'autres films de Sembene Ousmane, Stephen Frears, Max Ophuls, Marcel Ophuls, John Carpenter, William Friedkin, Michelangelo Antonioni, Andreï Tarkovski, Sam Peckinpah, Maurice Pialat, Leni Riefenstahl, Fritz Lang, Claire Denis, King Vidor, Michael Winner, Ken Russell, Alain Corneau, John Landis, Frank Darabont, Akira Kurosawa, Joel Schumacher, Roland Emmerich, Walter Hill, Souleymane Cissé, Francis Ford Coppola, Kathryn Bigelow, Paul W. S. Anderson, John Ford, John Boorman, John B. Root, David Wark Griffith, Carl Theodor Dreyer, Ingmar Bergman, Bob Fosse, Jack Clayton, Robert Kramer, Jean Rouch, Robert Flaherty, Jacques Tourneur, Maurice Tourneur, Jules Dassin, Michael Curtiz, Paul Schrader, Richard Fleischer, Paul Grimault, Michael Cimino, Robert Wise, Orson Welles, Samuel Fuller, Michael Haneke, Howard Hawks, Jacques Audiard, Nicolas Roeg, Otto Preminger, Djibril Diop Mambéty, Youssef Chahine, Raoul Walsh, Anthony Mann, S. M. Eisenstein, Yves Boisset, Dziga Vertov, Bakthiar Khudojnazarov et bien plus encore... Pontecorvo a filmé les camps en 1959, peu de temps après la guerre, peut être l'un des premiers à l'avoir fait. Voilà l'aspect courageux de son cinéma. Et, à aucun moment, je n'ai dit que c'était un héros. Mais un film peut aussi être intéressant vis à vis de son contexte historique. Il soulève des questions bien avant d'autres et avant Rivette qui n'a fait que du théâtre filmé.
Jusqu'à preuve du contraire, je ne parle pas de cinéma en insultant bêtement les réalisateurs dans une langue approximative (relisez-vous avant de vous réclamer de Wilde et Daney). Parler de cinéma demande de s'intéresser un minimum aux autres, bien plus qu'à son nombril. Faire un parallèle entre The dark knight et la Shoah, c'est crasseux, c'est utilisez ce fait historique en insultant la mémoire de ceux qui y sont mort. C'est aussi faire preuve d'une grande méconnaissance historique. Des juifs et des nazis ce sont rebellés contre Hitler. Il y a des films qui en parlent : Sobibor de Claude Lanzmann, et l'attentat fomenté contre Hitler dans lequel Rommel était impliqué est relaté dans l'excellent La nuit des généraux de Anatole Litvak. Vous semblez bien mal renseigné. Votre analyse, c'est juste de la pose pseudo intellectuel pour impressionner vos camarades de cours.
Pour votre information, j'ai aussi lu Oscar Wilde. On trouve ses livres en librairie, vous n'êtes donc pas le seul au monde, à l'avoir lu... Donc vos jugements comme quoi, je suis inculte et abruti, vous vous les réservez. Car il faut l'être pour, mal, écrire comme vous écrivez, sans jamais développer un seul argument, juste des dogmes.
Aussi, je réfère vous prévenir que j'utilise mon vrai nom. Je vous conseille de mesurer vos propos... Nul n'est censé ignorer la loi...
M. Roland,
RépondreSupprimerJe me permets de m'infiltrer dans votre discussion à bâtons rompus et à couteaux tirés. Je mets les pieds dans le plat sans savoir si j'agis au doigt et à l'oeil bien que ça me mette la puce à l'oreille et que j'ai peur de tomber à genoux, mais je n'ai pas froid au yeux et il se peut que j'ai les oreilles qui sifflent avant la fin de ce paragraphe, j'ai les chevilles qui enflent alors que j'ai chaud aux fesses et certains des propos échangés plus haut font froid dans le dos et me font faire des cheveux blancs avant même de commencer à rédiger quoi que ce soit, mais c'est la bouche en coeur que je m'avance avec les dents du bonheur et les mains moites.
Je suis un jeune homme avec une culture cinématographique très limitée, je ne connais pas la moitié des réalisateurs que vous citez avec tant de bonheur dans votre dernier message, probablement des gens dont vous appréciez le travail, et qui ont sans doute apporté leur pierre à cet édifice tant chéri qu'est le cinéma. Je peux être qualifié d'étudiant qui ne connait en cinéma que les gros films qui passent à l'UGC. Je vois ces gros films et j'éprouve de la joie devant les oeuvres de McG, Rob Cohen, Dominic Sena, Zack Snyder, M Night Shyamalan, Michael Bay, Joel Schumacher, John Turteltaub, Michael Lehmann, Thierry Klifa, Danièle Thompson, Christophe Gans, Alan Smithee, Darren Aronofsky, Fabrice du Welz, Xavier Gens, Martin Valente, Eli Roth, Uwe Boll, Stephen Sommers, Len Wiseman, Sidney J. Furie et j'en passe.
Et c'est justement par ce biais que j'ai pu assister à Alien VS Predator, dont vous citez le director Paul WS Anderson, dont j'ai mis la tête à prix depuis 2004 (ne me dénoncez pas à la justice, c'est une affaire entre lui et moi). J'attends qu'il me rembourse mes 6€10 et qu'il trouve un moyen de racheter les 101 minutes éprouvantes qu'il m'a infligé. Si par un moyen quelconque vous connaissez cet homme ou que vous réalisez une interview dans le cadre de votre profession, dites-lui que j'accepte aussi les dollars (en cash).
D'après ce que j'ai pu comprendre vous êtes lié à un magazine portant sur le cinéma intitulé "Brazil", peut-être en hommage au film de Terry Gilliam. Si c'est cas, je suis navré de voir que vous aimez l'un de mes films préférés, si beau et si émouvant alors que ce que vous avez montré de vous dans vos deux messages est plus proche du contraire, en espérant que la manière, peut être un peu dure, dont je juge vos propos, ne vous feront pas aller déposer une main courante auprès de votre commissariat de police.
Et au fait, c'est Rémi avec un "i", il utilise lui aussi son vrai nom. De mon côté aussi, j'utilise mon vrai prénom, mais je n'ai aucun lien de parenté avec M. Litvak.
Je remate le dark knight pour voir pourquoi, comment les gens ont pu se tromper, ou bien si c'est moi qui me suis trompé ?
RépondreSupprimerPour l'instant je me suis pas trompé. En plus je me le fait pas en une traite, je le mate par petits bouts d'une demi-heure, donc ça devrait pas me saouler, mais c'est pas gagné. Un bon reproche c'est déjà qu'on voit quasi-pas le batman, sa première scène est ridicule, le perso n'est jamais mis en valeur, genre sur un sommet d'immeuble avec grosse musique (la musique est un gros ratage, un gros défaut pour un blockbusteur keaton) vu en hélico, enfin bref, c'est naze, et aaron eckart, c'était une fausse bonne idée. Et l'autre pute qui est amoureuse de harvey dent mais qui se laisse peloter par le batman dès qu'il en a l'occasion. C'est minable. Après quand elle crêve, c'est "je t'aime harvey dent", mon cul oui ! C'est du poulet mon cul ! Elle s'en fout du Dent, elle laisse batman lui montrer son gland masqué sans sourciller.
Monsieur Rémy,
RépondreSupprimerJe n'ai rien à dire sur l'insignifiant Dark Knight. J'ai en revanche à dire sur Serge Daney.
Daney, monsieur Rémy, est une sombre merde. Non que je le dise sans avoir lu Daney, d'ailleurs, et même précisément le passage que vous évoquez; ce qui fait une sacrée différence entre moi et Daney. Daney n'est pas une sombre merde parce que je l'ai lu chez un de mes critiques favoris. Daney est une sombre merde pour suivre à la lettre (A LA LETTRE, andouille!) ce que disait Rivette sur un film que lui, Daney, n'a pas vu; Daney, donc, trouve le Travelling de Kapo abominable, comme Rivette; Daney, ensuite, vante les mérites de l'honnêteté d'un des "documentaires" les plus malhonnêtes jamais tournés, Nuit et brouillard de Rennais, comme Rivette (et tant pis si en fait d'honnêteté Rennais recadre des images pour faire sortir du champ quelques membres de la Croix-Rouge française aidant des déportés à monter dans des wagons plombés, ou si il gratte la pélloche d'un film de fiction pour les faire passer pour des images d'archive). Daney est un petit fanboy qui a eu une révélation en lisant Rivette, et qui sait, sans avoir vu un film, qu'il n'a rien à dire à ceux qui l'ont aimé; mieux: qui déclare (c'est dans son putain de texte de crétin satisfait, j'invente rien) qu'il basera ensuite toute sa foutue théorie du cinéma sur cet axiome: le travelling de Kapo, c'est mal.
Au moins le texte de Rivette était à la fois plus court et (incroyablement) plus intelligent, quoiqu'à mon sens il se trompe largement dans l'exemple choisi, je comprends et j'adhère au sens général. Pour ce qui est de l'autre con, par contre, qu'on puisse être un disciple transi à ce point, qu'on décide de baser toute une théorie du cinéma sur la base d'une confiance aveugle au maître, disons juste qu'il a de la chance d'être déjà mort.
Dernier truc: Sergio-la-Lèche ne parle pas, n'a rien à dire aux gens qui ont aimé Kapo; ce qui inclut Pasolini par exemple, qui avait dit qu'il aurait aimé faire ce film.
Fin.
Gaël Violet
Enfin une critique intéressante (bien que virulente), vivement la réponse !
RépondreSupprimerintéressant oui,je veux bien connaitre la réponse de Rémy. ^^
RépondreSupprimerAlors pour commencer cette brève réponse, je m'appelle, A LA LETTRE : Rémi, et non Rémy.
RépondreSupprimerTu commences par traiter Serge Daney de "sombre merde". C'est pas des manières, déjà. Ensuite c'est dommageable de mépriser à ce point celui qui fut quoiqu'on en dise un des plus importants critiques de cinéma. Et enfin c'est malheureux de résumer un homme, auteur d'une somme d'écrits critiques conséquente, à un seul texte. C'est peut-être pas aussi malheureux que juger un film qu'on a pas vu d'après ce que tu affirmes, mais c'est malheureux tout de même. Je te laisse juge.
Après ces insultes à l'encontre de feu Daney, tu t'en prends à "Nuits et brouillard" de Resnais, dont tu fustiges la malhonnêteté. Et tu as raison, le film est truqué, il y a de fausses images etc. Tu as le droit de penser t'être fait couillonner, puisque c'est le cas, et de t'en plaindre. On pourrait quand même te répondre que la frontière entre documentaire et fiction n'existe peut-être pas vraiment en fait d'honnêteté, que tout film monté (et Resnais est avant tout un monteur, de formation et de génie) est monté puis montré depuis un certain point de vue nécessairement mensonger, non-exhaustif, singulier, manipulateur et calculé. D'où que le moindre des documentaires est un "documenteur" pour reprendre une terminologie chère aux annonceurs. Et c'est peut-être encore plus vrai quand on parle de Resnais. Mais par-delà les moyens de la manipulation, et bien au-delà de toute malhonnêteté technique, de moyens si l'on préfère, il y existe certainement une honnêteté/malhonnêteté de visée, de fin. Et Daney, quand il compare les deux films, le fait à mon avis dans cette optique, celle de juger l'honnêteté ou son absence "au finish", dans la visée, dans la portée du film, pas dans ses matériaux mais dans ce qu'il en reste. Et "Nuits et brouillard" est resté et restera là où personne ne se rappelle plus du film de Pontecorvo, et par quel bonheur ! Tout simplement parce qu'un film est bon et l'autre non, et il suffit de les regarder pour s'en douter.
Ces deux exemples ne sont que des exemples, précisément. Tu dis toi-même être d'accord avec l'idée (cette idée depuis tant ressassée, et par moi le premier, qu'un travelling destiné à enjoliver l'image du cadavre d'une juive dans un camp nazi serait abject), et c'est de l'idée dont parle Daney, et dont parlait Rivette qui devait bien se foutre de "Kapo" mais qui s'en est servi comme d'un étendard, exactement ce qu'a fait Daney à sa suite qui avouait sans complexe n'avoir pas vu le film, et donc ne pas parler du film, mais bien de l'idée tirée du film par Rivette.
Quant à ta dernière phrase sur Pasolini... Combien de cinéastes ou de critiques importants ont dit avoir adoré tel film qu'un autre cinéaste ou critique important dit avoir détesté. Qui croire ? Soi-même peut-être, ou celui qui nous semble le plus juste. Et puis, quel intérêt...
Monsieur Rémi, avec un i,
RépondreSupprimervous a-t-on déjà fait remarquer que vous avez le tutoiement facile?
Ainsi Daney est un des plus grands critiques de cinéma "quoiqu'on en dise" au premier paragraphe, et il faut se croire "soi-même, peut-être" au dernier, de votre réponse. Ah. C'est compliqué de vous suivre. Surtout quand vous me reprochez de critiquer Daney par le biais du texte que vous citiez vous-même dans le texte qui est à l'origine de ma réaction.
Je ne me suis pas contenté de reprocher à Daney de juger un film sans l'avoir vu (je n'ai pas besoin de voir la dernière bouse de Besson pour le faire, d'ailleurs, même si - ouiiiiiinnnn - Mathieu Amalric joue dedans, ce qui me rend triste à un point que je ne peux pas exprimer), mais d'en tirer une ligne de conduite sur toute sa conception du cinéma, de son propre aveu.
Je n'ai pas reproché à Nuit et Brouillard d'être un mauvais film, et je sais comme vous à quel point la frontière entre fiction et documentaire peut être poreuse. Votre avis sur l'optique de Daney pèse en revanche moins à mes yeux que ce qu'il déclare de cette optique: "Kapo" malhonnête (pour un plan foireux), "Nuit et Brouillard" honnête (et quel que soit le talent que Rennais met, incontestablement, dedans, j'aimerai bien que vous me disiez ce qu'est à votre avis la "manipulation et le calcul" derrière l'évacuation de la coupable participation de la Croix-Rouge au plan d'extermination nazi, et en quoi il s'agit de "malhonnêteté technique" - considération déjà jésuitique - et non de "malhonnêteté de visée, de fin").
L'idée avec laquelle je suis d'accord n'est pas "qu'un travelling destiné à enjoliver l'image du cadavre d'une juive dans un camp nazi serait abject", ça, c'est l'illustration de l'idée (le personnage d'ailleurs n'est pas juif, et l'histoire ne se déroule pas dans un camp d'extermination. Mais j'oublie sans doute à qui je m'adresse: quelqu'un qui a ici défendu bec et ongle que les juifs se sont laissé mener à l'abattoir jusqu'à la (seconde) révolte du Ghetto de Varsovie, et tant pis pour Sobibor ou pour un des fours de camp qu'une résistance intérieure avait réussi à faire sauter, entre autres "exemples"). L'idée avec laquelle je suis d'accord est qu'il y a une politique du cadrage, du travelling, de l'image.
Qui croire? Soi-même peut-être, et donc ne pas suivre l'exemple d'un Daney. Vous vous souvenez de votre "comme le disaient Daney (tiens tiens) et Godard avant lui"? Tiens, tiens, en effet.
Si Daney ne parle pas du film, il fait bien semblant, qui parle des gens qui ont vu et aimé ce film avec un mépris que Rivette au moins limitait au type qui avait eu l'idée de recadrer une image, et à partir d'un film qu'il avait vu. Si Daney s'était contenté de dire qu'il avait fait confiance à Rivette sans voir le film, on n'aurait pas cet échange sur lui.
Donc: si vous argumentez, préférez au moins, par pitié, l'original à la mauvaise copie. Et évitez de sortir des "qui croire? Soi-même peut-être" quand vous venez de placer un auteur dans un panthéon inattaquable.
J'ajoute, "celui qui me semble plus juste" entre Rivette et Pasolini, mon cœur balance; par contre, entre le type qui idolâtre Rivette et Palolini, sérieusement, vous choisissez le premier? Et si j'ajoute qu'il s'agit de la remarque la plus dithyrambique d'une série de remarques laudatives de l'autre côté des alpes... je vous laisse deviner qui je crois. En outre ce film de Pontecorvo reste très connu et réputé en Italie, vous pouvez, si ça vous chante, y voir un malheur. Pas moi.
Gaël Violet
Par ailleurs, ton grand argument contre Daney ne tient pas debout une seconde :
RépondreSupprimer"Dernier truc : Sergio-la-lèche ne parle pas, n'a rien à dire aux gens qui ont aime Kapo; ce qui inclut Pasolini par exemple, qui avait dit qu'il aurait aimé faire ce film".
"Si Daney ne parle pas du film, il fait bien semblant, qui parle des gens qui ont vu et aimé ce film avec un mépris que Rivette au moins limitait au type qui avait eu l'idée de recadrer une image, à partir d'un film qu'il avait vu. Si Daney s'était contenté de dire qu'il avait fait confiance à Rivette sans voir le film, on n'aurait pas cet échange sur lui".
Or Daney dit quoi ?
"Ainsi un simple mouvement de caméra pouvait-il être le mouvement à ne pas faire. A peine eus-je lu ces lignes que je sus que leur auteur avait absolument raison. Au fil des années, en effet "le travelling de Kapo" fut mon dogme portatif, l'axiome qui ne se discutait pas, le point limite de tout débat. Avec quiconque qui ne ressentait pas immédiatement l'abjection du "travelling de Kapo", je n'aurais, définitivement, rien à voir, rien à partager".
Donc Daney ne dit pas qu'il méprise ceux qui ont aimé le film de Pontecorvo, il dit qu'il n'a rien à partager avec ceux qui nient qu'il y a "une politique du cadrage, du travelling, de l'image", et ce sont tes propres termes. Donc il aurait volontiers causé avec toi, parce qu'en somme tu penses comme lui. Il ne dit pas qu'il en veut à ceux qui aiment le film, dont il ne parle pas, il dit qu'il ne peut pas communiquer avec ceux qui nient qu'on ne fait pas ce qu'a pu faire Pontecorvo dans ce plan, lequel lui sert d'étendard comme il avait servi d'exemple idéal à Rivette, d'axiome comme il le dit si bien lui-même, pour une politique du cinéma.
Bref en gros tu nous les brises alors que t'as tout simplement très mal lu, A LA LETTRE, un texte que tu prétends fustiger.
Pour ce qui est du dernier Besson, rassure-toi Le Violet, Amalric on ne le reconnaît pas du tout dedans. :D
RépondreSupprimer@ le violet :
RépondreSupprimerVoilà des lustres que l'on sait que "Nuit et brouillard" contient de fausses images, et voilà des lustres que l'on est passé outre pour s'accorder à dire que c'est un grand film.
Tu n'as rien compris au texte de Daney mais il est devenu de bon ton de s'imposer en jeune cinéphile iconoclaste et résolument ignorant, sauveteur in extremis des mauvais cinéastes oubliés et condamnateur éclairé des grands noms de moins en moins respectés et compris. Retourne adorer Gillo Pontecorvo et continue de cracher sur Alain Resnais, tu n'en seras que toujours plus con et tu continueras à nous faire marrer.
Ah au fait, ça ne s'écrit pas "Rennais" mais Resnais, A LA LETTRE, espèce de débile...
:-D
RépondreSupprimerwhy so serious??????
RépondreSupprimerTout cela m'inspire cette devise : "je préfère rester un sale gosse plutôt qu'un adulte sombre, moral et profond" ... je me rappelle Alain Chabat déclarant au Grand Journal que ce film était pour lui un film d'auteur (un grand film donc) soutenu par le joufflu qui a joué dans une bouse mythologique (CLash of Titans) d'un français propulsé à Hollywood par Luc Besson : voilà donc des juifs et un normand multiculturaliste qui nous servent la cause du fascisme (et personne n'a soulevé d'objections de la tenue de tels soutiens ni à la fabrication du film : les executives de studio US lisent-ils les scripts ? si c'est le cas, y comprennent-ils quelque chose ? ou le monde fonctionne-t-il sur la tête ?) ... Tout cela m'écoeure profondèment : je vais me remater Cyrano de Bergerac, ça ira mieux.
RépondreSupprimerJe me rappelle qu'à l'époque Jean-Michel Frodon, alors rédac' chef des Cahiers du cinéma, avait dit de Dark Knight lors d'une conférence où nous autres auteurs de ce blog étions : "C'est un grand film du cinématographe". O_o
RépondreSupprimerQue Frodon retourne au Mordor et se fasse empapaouter le derrière par Sam dans les collines du mont Doom.
RépondreSupprimerTrès en verve ce soir, Arnaud. :)
RépondreSupprimerJ'étais à cette putain de conférence !
RépondreSupprimeraie, TDK aussi, mais y at-il un seul Nolan que tu as compris de belle manière ? (outre que le parallèle avec Kapo soit inique, il semble que tu n'as pas compris que cette scène des bateaux, EST justement une révolte, et la meilleure de toute, la révolte du Mal contre le Mal (oui c'est ça la métaphore des bateaux, bravo à la seule personne des commentaires du blog qui l'a comprise).
RépondreSupprimerEt je rejoins avec moins de véhémence mais tout de même, les deux "journalistes" apparemment du mag Brazil au sujet de ta manière de décrire les réalisateurs et leurs films (qui n'ont pas toujours écrit le meilleur, cf leur duel à la con contre Besson, j'ai arrêté de lire ce mag peu après ce propos peoplisant stupide et qui n'avait rien à voir de près ou de loin avec le cinématographe mais tout avec Voici, Trash, Public ou ici-Paris.
Bref, tout n'est pas daube, tout n'est pas navet, et c'est pas parce que toi et tes potes n'aimaient pas certains films qu'ils en sont naveteux pour autant, tu l'apprendras en vieillisant (tu me sembles bien jeune d'ailleurs). Et si tu réalises des films (ou si tu t'y destine, tu te rendras compte en tant et en heure combien la critique agressive négative, même la plus insignifiante soit-elle peut faire de mal à un créateur.
Tu as compris Christopher Nolan et j'en suis ra-vi pour toi !
SupprimerPar ailleurs si j'ai fait le moindre mal à un créateur tel que Christopher Nolan, je n'ai pas tout perdu !
C'est marrant, je trouve cette analyse beaucoup trop subjective et toutalement HS (Kapo mais wtf ??) .
RépondreSupprimerBref, quand j'ai vu TDK, j'ai été réellement impressionée. Le scénario tient parfaitment la route, les scènes bien articulées !
De plus les acteurs sont vraiment excellents (Christian Bale,imposant et crédible comme d'hab) et que dire de Heath Ledger en autres (oscar bien mérité pour le petit australien)
Pour faire court, TDK est une pure réussite, et donne bien envie de voir la fin, le 25 juillet pour TDKR .
Serieusement, arretez de dire que tout est un pur navet, c'est pas parce qu'un film est un blockbuster qu'il est forcement mauvais (pour une fois ! )
Bon scénario + bons acteurs = une totale réussite. Belle démonstration.
SupprimerPutain et vous arrêtez de dire que les auteurs de ce blog défoncent tous les blockbusters et adorent tous les films d'auteur, par principe, alors que c'est archi-faux, c'est bien pratique et facile à dire, mais c'est putain de faux! Et la critique est subjective ? SANS DÉCONNER ? Trouve-moi une critique purement objective, que je me marre.
SupprimerC'est peut-être pas à moi de défendre ce blog qui ne m'appartient pas, mais c'est tellement chiant de lire toujours les mêmes remarques creuses et infondées.
Ken même, dans se blog y a un apriori négative dès que c'est un blocbuster. Les films d'auteurs sont sistématiquement ensensés ici. Un jour je suis tomber sur un film d'alain rennais, je me suis fait chié.
SupprimerEt encore, t'as pas vu de matche du Stade Rennais !
SupprimerQuand j'ai envie de chier je viens sur ce blog. Caca.
RépondreSupprimerC'est marrant ça, parce que moi je vais sur asbaf :)
Supprimer:D
SupprimerJe vous fais croquer cet article d'un ridicule à toute épreuve :
RépondreSupprimerhttp://www.ecranlarge.com/article-details-23313.php
Sacré film !
RépondreSupprimerExcellant film, dommage pour ceux qui sont passés a coté et qui n'ont rien compris. Ce film s'adresse pourtant aux fans mais aussi aux non initiés. Apres ca devient fatiguant d'entendre les complotistes parler de propagande blabla... faudrait arreter de prendre les gens pour des idiots, on parle d'un film sur le Batman il serait utile de se renseigner sur la profondeur du personnage et ses valeurs avant d'oser ramener le travail de Nolan a une simple publicité pro-oncle Sam.
RépondreSupprimerCe n'est pas parce qu'on est passé à côté qu'on a rien compris à ce film en placoplâtre. Au contraire, l'histoire est d'une simplicité risible, d'autant plus risible que Nolan, ce génie, la rend compliquée artificiellement pour faire croire qu'il est un génie, il est génial. Pour un film à l'histoire réellement retorse mais parfaitement menée de bout en bout, préférez Gone Girl. Ok c'est pas un film de super héros, meême si le futur Batman joue dedans.
SupprimerNolan est un guignol.
À ce Batman numéro 2 de Nolan, préferez le numéro 2 de Burton qui est un bon film, lui.