Born to be the wild ("en pleine sauvagerie") de Sean Penn (Shaün Penn). Après avoir commis quelques larcins et un court métrage réalisé "on drugs" parmi ceux du collectif 11/09/01, Shaün Penn, dont la profession, au départ, est vidéaste (il filme habituellement les mariages et les baptêmes de sa famille), se lance à l'aveugle dans l'adaptation d'un bouquin de Boris Krakauer (pâle copie de Jack London, l'organisateur du projet littéraire Croc Blanc, que Shaün Penn avait initialement prévu de porter à l'écran car il était persuadé d'avoir trouvé le clébard idéal en la personne de son chien). Ainsi pour élaborer cette ambitieuse adaptation de Into Oscar Wilde, Penn commence par annoncer à ses producteurs qu'il ne demande strictement aucun budget, rien qu'une caméra, et qu'il pense que le film rentrera non seulement dans ses frais mais rapportera qui plus est peut-être jusqu'à 10 000 fois son coût (inexistant, mais tout le monde n'a pas étudié les mathématiques et encore moins Shaûn).
Alors, pendant près de dix jours et dix nuits, Shaün Penn filme chaque ligne du bouquin de Krakauer (long de quelques mille pages), sans sauter une ligne (ou alors par inadvertance). Il choisit la version brochée Gallimard et filme le bouquin, à même les pages qu'il tourne lui-même à l'image, assez lentement pour qu'un spectateur lambda puisse tout lire sans rater la moindre virgule. Des historiens du cinéma présents lors de la première diffusion des rushs au studio inventeront le nouveau terme d' "hyper long métrage", ainsi que celui d' "Adaptation cinématographique à la lettre/to the letter". Devant le spectacle, les producteurs se rendent compte que ce que Penn leur avait vendu comme étant un simple teaser deux jours plus tôt (filmant à même la couverture du livre le titre de l'œuvre, puis à même la quatrième de couverture son résumé), n'étais pas qu'une idée originale de bande annonce mais bien un avant-goût du film lui-même. Alors certes, parmi les 300 professionnels de la profession présents lors de la projection-test, il y en a bien un, en effet, qui a crié au génie, et il faut aussi avouer qu'il s'agissait de Robin Wright Penn, l'épouse du vidéaste amateur qui depuis l'a plaqué dans un des divorces les plus coûteux de l'histoire d'Hollywood. Mais c'était bien la seule, et les producteurs présents ont amèrement regretté d'avoir refusé le projet Croc Blanc, pour finalement dire à Penn de toute reprendre à zéro et de très vite rendre son exemplaire du bouquin adapté à la bibliothèque où il l'avait emprunté.
Un mois plus tard Shaün Penn revient aux studios avec une toute nouvelle version de son film et 152 millions de mètres de pellicule sous le bras (un nouveau record pour les studios Warner). Les producteurs sont alors bien forcés d'admettre qu'ils ont affaire à un con quand ils découvrent que Penn a cette fois-ci filmé la version poche du bouquin, dont la police était certes plus petite mais qui était régulièrement annotée en bas de page, et Penn ne s'est pas fait prier pour également filmer avec sa caméra Super 8 les notes de bas de page, dans leur intégralité, avec un souci d'exhaustivité terrifiant mais relevant de la simple anecdote piquante dans un tel contexte.
Consternés, les dirigeants du studio Warner se sentent accablés, dos au mur : que faire sinon accepter ? ShaÜN Penn est une des figures de proue de leur studio mythique et il menace de s'enfuir en Irak pour combattre auprès des siens. Mais le problème demeure. Le film, quand bien même il sortirait, tout réservé qu'il serait aux salles d'art et d'essai du Connecticut et à l'étage Art Contemporain de Beaubourg, est impossible à exporter. En effet comment sous-titrer le texte quand des sous-titres en langue étrangère couvriraient le texte d'origine du bouquin de Kracauer, dès lors illisible pour les anglophones ? Et puis refuser ce nouvel essai aurait certainement poussé Shaün à se rendre chez l'auteur (Boris Krauker donc) pour lui réclamer la version manuscrite et filmer ses estampes les unes après les autres. C'est l'impasse.
Au final, Shaün Penn, fort d'un budget conséquent, est résolu à s'éloigner des formats tapuscrits. Sur fond de musiques folk qui raviront les connaisseurs, Shaün fait le tour du pays et filme toutes les plus belles cartes postales qu'il trouve dans chaque bled des États-Unis. Il filme toutes les brochures sur la biodiversité de YellowStone, le plus grand parc naturel Américain, un zoo animalier, pour s'éviter des périples dangereux dans la faune et la flore de son État. Soucieux de coller au texte, il illustre par des images piochées ça et là dans des documentaires animaliers chacun des dialogues empruntés très fidèlement au livre qu'il connaît désormais par cœur. La voix-off parle d'un père qui a travaillé à la NASA et nous voyons une image d'archive de douze minutes sur une fusée Appolo qui décolle. Le personnage principal rédige un mémoire sur l'Apartheid et c'est un documentaire entier sur ce phénomène politique puant qui nous est incrusté dans la bobine. Shaün choisit un acteur parmi les plus immondes de la côte Ouest afin que le spectateur reste bien concentré sur les paysages qui l'entourent. Sans oublier une remarquable scène de 35 minutes qui semble être une publicité pour la toute dernière caméra waterproof Olympus Stylus 770SW 7.1MP Digital (aussi appelée MOAC 'Mother Of All Cameras').
Le film a finalement vu le jour et il a triomphé. C'est un triomphe, une bête de festival, un bestiaux de festoche, un winning prizes, un revers à médailles. C'est une putain de daube !
Into the wild de Sean Penn avec Vince Vaughn et William Hurt (2007)
je me permets d'ajouter que ce film pue les BVVA (Bonnes Vieilles Valeurs Américaines). Je voudrais aussi souligner qu'il n'y a rien de pire que la mention "basé sur une histoire vraie" à la fin des films puisque chacun a une compréhension différente de "basé":
RépondreSupprimer- le spectateur : c'est la réalité
- le réalisateur : c'est une source d'inspiration pour faire mon film
tu soulèves là un point intéressant, Jeanfou.
RépondreSupprimerNotre premier commentaire ! :)
Oh moi je vous trouve dur avec ce film parce que d'une part, j'aime beaucoup l'ami Sean Penn, et que si la première partie est un peu convenu, la deuxième partie vaut son pesant de cahuète.
RépondreSupprimerChaque fois que je discute de ce film avec quelqu'un, il me sort:
RépondreSupprimer"Moi, tu vois, ça m'a bien donné envie de tout lâcher. Ma clio et mon porte clés Donald Duck, mes converses (usées, sinon ça compte pas) et mon headphone-ultra-pouf de chez sony pour aller chatouiller les ours brun en pleine nature hostile."
C'est systématique.
Mon cul, ouais. Va construire ta cabane dans le fond de ton jardin et dors y trois nuits d'automne. Après on verra mon coco.
Bref, bravo à vous. J'aime l'esprit qui règne ici.
Je kiffe bien l'enchaînement des images !
RépondreSupprimerJ'aimerai vraiment savoir quel genre de traumatisme tu as subi dans l'enfance pour devenir cet être si cynique et vide d'émotion, et ce que tu as fait de si bien dans ta vie pour te permettre de critiquer ainsi les gens qui, eux, ont ont le cran de créer quelque chose et de s'exposer à la critique de gros con comme toi.
RépondreSupprimer:D
SupprimerOui tu as du sacrément en baver pour être non seulement insensible mais violent face à tant de bons sentiments. Et encore une fois, qui es-tu, toi, gros salopard, pour oser parler d'un film ? Tout le monde le fait, tout le monde y va de son "ça c'est culte", mais toi non, tu n'es bon qu'à fermer ta gueule, ou alors exprime-toi en silence en prenant bien garde à ne heurter personne, surtout pas ces personnes hyper-sensibles qui ne supportent pas d'entendre que leur chefs-d’œuvre ne sont peut-être que des bluettes pour adolescents qui confondent le miel avec l'émotion, l'intention avec le résultat.
SupprimerPutain.
excelent ce film!
SupprimerCette critique est vraiment nulle à faire caca!
RépondreSupprimerPersonne n'est un con parce qu'il dit ce qu'il pense, par contre personne ne devrait penser que son avis est le meilleur, le plus intelligent et que celui des autres ne vaut rien ... Chacun ses goûts ! On aime un film parce qu'il nous touche, parfois même en étant conscient de sa mauvaise qualité ou de ses défauts, et ce n'est pas grave ...
RépondreSupprimerJe suis d'accord sur cet avis, mais cette critique est celle d'un monsieur je-sais-tout.
SupprimerC'est quand même plus intelligent que de cracher sur les autres sans raison me semble-t-il...
Supprimerooooooooooooooooooh mollo ! c'est qu'un putain de film de merde!
SupprimerSi, vraiment, les auteurs de ce blog se considéraient comme l'apothéose de la critique ciné, ils n'auraient même pas pris la peine d'ouvrir les commentaires et de ne pas supprimer certains commentaires les insultant ouvertement.
SupprimerIci, le ton est donné, c'est direct, mais c'est pas pour ça qu'il faut se sentir écrasé ! T'as le droit d'aimer ce film, tout comme eux ont le droit de ne pas l'avoir aimé, de ne pas avoir été touché. Ils le disent à leur manière, aux antipodes du politiquement correct, qui peut paraitre insupportable à certains, qui ne font pas la différence entre cynisme humoristique et orgueil démesuré. Je dis pas que je suis systématiquement d'accord avec ce qui est mis sur ce blog (faire l'unanimité est la preuve qu'on plaît à tout le monde, y compris aux cons), mais enfin, je trouve les critiques infondées.
Et, de plus, si ne pas être touché par un film, et le dire, revient à être "cynique", ah bah putain, on est pas dans la merde. Tchô les courgettes.
Énorme! Dans mon top 10 facile! Je parle de la critique, pas du film.
RépondreSupprimerLa critique est un art de juger, faut juste savoir encadrer ses mots. En ce qui concerne le film, je dirai juste qu'il permet à chacun de réfléchir et de s'interroger sur son propre destin. Sean Penn nous embarque dans une aventure forte et émouvante.
RépondreSupprimerBonjour, à propos d'encadrer ses mots, au moment où cette critique a été écrite, l'option "encadrer" n'était pas encore disponible dans notre traitement de texte.
SupprimerBien cordialement,
L'équipe Blogger
o_O
SupprimerL'ajout des émoticones sera fait très prochainement également.
SupprimerBien à vous cordialement,
L'équipe Blogger chargée des commentaires
Même si Sean a été scolaire sur ce film, il a su capturer et rendre des instants et des espaces avec sensibilité. Ce film vaut au moins autant que tous les blockbusters des studios américains, voire davantage puisqu'il parle d'un aventure humaine.
RépondreSupprimerAu fait, as-tu déjà essayé de créer ? (Autre chose que de la critique, je veux dire)?
Oh ta gueule avec cet argument à la con!
Supprimer