Je lis ici ou là qu'il a été reproché à Ridley Scott d'avoir réalisé un film "sans âme". N'est-ce pas là le propre des films du cinéaste britannique depuis plus de trente ans ? Alors certes, Tout l'argent du monde n'est franchement pas près d'être un grand film, mais c'est sans doute ce que Ridley Scott a fait de mieux depuis... depuis belle lurette ! Vous aurez compris qu'il s'agit là d'un compliment à relativiser étant donné l'amour que je porte pour la filmographie du bonhomme, à qui l'ont doit surtout de sacrées purges et notamment la mise à mort définitive de la saga Alien. Il nous raconte ici l'histoire vraie du kidnapping de John Paul Getty III, petit-fils d'un magnat du pétrole multimilliardaire, survenu à Rome en 1973. Le hic : le vieux Getty (Christopher Plummer), qui gère son immense fortune d'une main de fer et qui a des putains de mines antipersonnel dans les poches, ne veut pas débourser un seul centime pour récupérer le gosse ! Il va donc être confronté à la ténacité de la maman, incarnée par une très chouette Michelle Williams, bientôt épaulée par un négociant du milliardaire, Fletcher Chace, joué par Marky "Mark" Wahlberg.
Dans une interview accordée au JDD, Ridley Scott a affirmé : « Au-delà du fait divers, cette histoire possède tous les ingrédients d'une tragédie moderne. C'est un drame shakespearien qui soulève de nombreuses questions philosophiques sur le pouvoir, la filiation et surtout la puissance corrosive de l'oseille. » En effet. En voyant son film, on se dit qu'entre les mains d'un Sidney Lumet de la belle époque, d'un cinéaste de cette trempe en pleine possession de ses moyens, on aurait pu avoir droit à un vrai classique, aussi haletant que passionnant. On en est donc bien loin. Mais soulignons tout de même que le père Scott s'avère un brin plus inspiré quand il filme cette histoire que lorsqu'il nous sert des préquels honteux d'Alien (je l'ai toujours en travers...).
Dans une interview accordée au JDD, Ridley Scott a affirmé : « Au-delà du fait divers, cette histoire possède tous les ingrédients d'une tragédie moderne. C'est un drame shakespearien qui soulève de nombreuses questions philosophiques sur le pouvoir, la filiation et surtout la puissance corrosive de l'oseille. » En effet. En voyant son film, on se dit qu'entre les mains d'un Sidney Lumet de la belle époque, d'un cinéaste de cette trempe en pleine possession de ses moyens, on aurait pu avoir droit à un vrai classique, aussi haletant que passionnant. On en est donc bien loin. Mais soulignons tout de même que le père Scott s'avère un brin plus inspiré quand il filme cette histoire que lorsqu'il nous sert des préquels honteux d'Alien (je l'ai toujours en travers...).
Son dernier film se mate sans trop de souci. Ses acteurs y sont pour beaucoup, à commencer par l'excellente Michelle Williams, dont le jeu échappe aux clichés redoutés et qui parvient à donner vie à un personnage intéressant. Mark Wahlberg n'est quant à lui pas folichon là-dedans, mais il fait sagement le taff et il a droit à son petit moment de gloire quand il dit ses quatre vérités au vieux milliardaire. Celui-ci a donc été campé, au pied levé, par le fringant Christopher Plummer, impeccable et régulièrement glaçant dans un rôle en or massif. On ne peut pas s'empêcher de se dire que c'est sans doute une très bonne chose qu'il ait eu à remplacer Kevin Spacey, car ce dernier aurait sans doute beaucoup plus cabotiner (sans parler des couches de maquillage nécessaires pour le vieillir). Notons aussi un étonnant Romain Duris : sa présence pourrait prêter à sourire puisque l'acteur français a été engagé pour incarner un kidnappeur italien, mais son personnage ambivalent constitue l'un des points forts du film. Il amène une touche d'humour et de légèreté bienvenue. Bien ouèj Duris !
Pour le reste : R-Scott est en roues libres. Aucun effort particulier, rien à signaler. Vite fait, pas si mal fait (pour une fois). Il a dû laisser le taff à sa seconde équipe et venir chécker le boulot accompli une fois par quinzaine pour mieux consacrer ses forces restantes à imaginer une nouvelle suite à Alien et ainsi continuer son saccage de la saga, ce à quoi il a vraisemblablement décidé de consacrer ses derniers jours (ma rancune est tenace !). La photographie étonne par moments, avec cette teinte sépia assez moche, au début du film, lors de quelques scènes d'intérieur, comme pour nous rappeler que l'histoire se déroule bien dans le passé. La BO (les Stones, les Zombies) vient également renforcer cet effet. C'est pas finaud du tout mais c'est efficace. C'est signé Scott quoi.
On suit ça sans déplaisir, parfois d'un seul œil, je dois le reconnaître, car c'est long, ça dure trop longtemps, ça dépasse les 2 plombes, pas de beaucoup, mais ça les dépasse, j'ai vérifié et, surtout, je l'ai senti ! Le film a toutefois le bon goût de nous quitter en beauté : par un ultime gros plan sur Michelle Williams, confrontée à une sculpture à l'effigie du milliardaire fraîchement décédé. L'actrice met le paquet, elle nous sort la total : menton grelottant, regard mystifié, elle ne laisse pas indifférent. Elle nous rappelle une dernière fois que c'est bien elle le principal intérêt du film, et le petit bout de femme tenace qu'elle a su faire exister malgré un scénario paresseux. En bref, on tient là un film du dimanche soir tout à fait passable, que je me suis autorisé à regarder un mardi...
Tout l'argent du monde de Ridley Scott avec Michelle Williams, Mark Wahlberg et Christopher Plummer (2017)
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