Quel étrange film... Bon. D'abord on s'attend à une pure comédie, mais en
réalité le film s'ouvre par des scènes plutôt lourdes, où Valérie
Bonneton découvre que son mari, Didier Bourdon, la trompe depuis
quelques mois avec Isabelle Carré. Je nomme les actrices et les acteurs au lieu des personnages, vous aurez compris. Je n'ai aucun souvenir des prénoms de ces personnages, tout le monde s'en fout. Excédée, Bonneton met son mari Bourdon, prof de littérature à
la fac, au pied du mur devant tout un amphi. Ensuite, ça se déride un
peu, mais on ricane quatre ou cinq fois maximum, grâce à une poignée de
répliques qui font mouche, bien aidées par la tension qui s'empare du spectateur et lui provoque des spasmes nerveux incontrôlables. Mais surtout, le
postulat de départ tire sur la corde de la crédibilité, puisqu'il faut
bien accepter l'idée que Didier Bourdon dans ce film est irrésistible et
subit les assauts répétés et insistants de toute la gent féminine
comme de toute la gent masculine, sans que jamais rien, en dehors de sa beauté physique (l'éventuel côté brillant ou éloquent du prof émérite étant à oublier), n'explique la
fascination et l'adoration qu'il suscite. Il est même assez puant,
notamment avec son ami homo, interprété par Laurent Stocker, dernier vampire sociétaire de la Comédie
Française. Dieu sait qu'on a une immense sympathie pour Didier Bourdon,
mais de là à voir en lui un Dom Juan des années 2010, il y a quelques kilomètres (150³°°°km env.). Ce postulat de départ, qu'il convient d'épouser sous peine de passer à côté du film, nous amène tout droit vers de bien étranges scènes.
En gros, l'épouse, Bonneton, professeur de violon, et la maîtresse, Carré, libraire, se disputent bec et ongle Didier Bourdon. La femme légitime, mise en échec, prétend alors qu'elle n'a plus de libido et qu'elle se fout que son mari tire ailleurs. Le propre père de Bonneton (Jackie Berroyer, un vrai tombeur lui aussi) trompe sa mère (Hélène Vincent) depuis des décennies, dans le plumard de toutes les femmes du quartier, avec le consentement tacite de sa chère et tendre. En fait, le film présente le couple comme obligatoirement voué à l'adultère et l'homme comme obligatoirement plié aux caprices anarchiques de son membre viril. Bonneton en a bien conscience, et n'a semble-t-il plus beaucoup de passion pour son homme après 15 ans de mariage, mais elle tient à garder un père à la maison pour ses enfants. Elle propose donc à la maîtresse une garde alternée de Bourdon : une semaine chez l'une, une semaine chez l'autre. En réalité, ce n'est qu'une manœuvre. Elle veut récupérer son mari. Et vu que la maîtresse est raide dingue de ce dernier, les deux femmes se livrent une guerre sans pitié pour l'obtenir.
Ce qui pousse les concurrentes à un comportement qui laisse songeur. On reste pantois, par exemple, quand Valérie Bonneton se trémousse et prend des poses ultra suggestives en lingerie fine devant sa propre maman improvisée photographe pour ensuite faire triquer son mari en lui envoyant ces images par texto, pimentées par quelques phrases comme "Je t'embrasse sur la raie. Sur ta petite raie" (sic). Et cela fonctionne à ravir puisque le soir même Bourdon regagne ses pénates, laissant ses gosses dans les pattes de sa maîtresse pour s'envoyer en l'air avec son officielle, dans la chambre de leur petit garçon. L'étonnement redouble quand Isabelle Carré décide de passer toute sa semaine de "garde" à pomper Bourdon pour le décharger totalement afin qu'il ne touche plus sa femme la semaine suivante. Elle programme le réveil à 2h et à 4h du matin, avec une alarme nommée "PIPE" (sic encore) et se met à sucer Didier Bourdon. Elle le réveille deux fois par nuit, complètement dans le gaz, pour le pépom. Et rebelote chaque nuit. A la moindre occasion, dans la journée, elle le suce aussi. Y compris un dernier coup juste avant qu'il change de domicile, sur le pas de la porte. Je précise que je n'invente strictement rien.
A la fin
du film, les deux prétendantes, devenues très proches (elles prennent
leur bain ensemble), viennent à bout du plus si fringant Didier Bourdon,
qui n'en peut plus de faire l'aller-retour entre les deux baraques et
de se faire littéralement vidanger à chaque voyage. Le pauvre homme, toujours aussi ventripotent mais dont les noyaux sont secs comme l'amadou et dont le petit quinquin pompe trop de sang à longueur de journée pour permettre à son cœur et à son ciboulot de s'alimenter convenablement, fait
un AVC sous les yeux de ses deux groupies incrédules et mortes de rire.
La fin ne laissera pas de nous surprendre une fois de plus puisqu'on
retrouve les deux ex-rivales ravies de partager une maison de vacances
dans le Lubéron avec leur Didier Bourdon devenu un légume. Le film se
termine quand Bourdon, sans raison, allongé sur une bouée dans la
piscine, chope de nouveau le marbre, sous l'oeil réjoui de Bonneton et
Carré, qui semblent soulagées que son calibre marche encore, car c'est
bien l'essentiel, et c'est effectivement à l'extraordinaire pouvoir d'attraction de sa bite que se résume
exclusivement ce bon vieux Didier Bourdon dans ce film dont on ressort différent.
Garde alternée d'Alexandra Leclère avec Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré, Laurent Stocker et Michel Vuillermoz, Hélène Vincent et Jackie Berroyer (2018)
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