Affichage des articles dont le libellé est Marie Gillain. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Marie Gillain. Afficher tous les articles

9 juin 2015

Valentin Valentin

Faut-il trouver du charme à Marie Gillain, dont Pascal Thomas, après d'autres, révèle toute la beauté très full frontalement (c'est bien sa seule façon d'honorer l'actrice, à laquelle il offre un rôle de nymphomane adultère hystérique pitoyable), pour rester planté face à ce déplorable film, Valentin Valentin, whodunit sauce comédie dépourvu de toutes les qualités potentielles des deux genres qu'il réunit (pas facile, certes, mais certains y sont parvenus : Hitchcock avec The Trouble with Harry, ah bah oui, ok, de suite, Hitchcock, voilà, bah oui, mais si). Dans la foulée du Grand appartement, film de 2006 où Pascal Thomas réservait plus ou moins le même traitement (en tout cas en termes d'hommage frontal) à Laetitia Casta qu'à Gillain aujourd'hui, le cinéaste situe ses marivaudages dans un immeuble parisien toutes portes ouvertes où l'on chante, danse, s'aime, se déchire et vit de petites aventures pseudo-sympathiques. P. Thomas semble chercher un lointain patronage chez Rohmer et Truffaut (qui s'en foutent pas mal), pour finalement atterrir dans le sillage d'un bon vieux vaudeville nanardesque du type A gauche en sortant de l'ascenseur.




Le film est insignifiant. Mais on ne prend pleinement conscience de l'étendue de la catastrophe que constitue le sens de l'écriture de Pascal Thomas qu'à la fin du programme. Que je vous explique. On apprend en préambule que Valentin (Vincent Rottiers), personnage central de l'affaire - jeune rentier fade et sans qualités supposé irrésistible et que toutes les femmes du film vont se disputer à mort - a été assassiné. Mais qui l'a tué ? Who dun it (en anglais) ? On s'en fout royal. Toujours est-il qu'après un long retour en arrière, nous finirons par être enfin débarrassés de ce personnage si transparent que le titre martèle son nom comme pour le faire exister, et qu'alors les suspects seront nombreux à se disputer l'honneur de l'avoir flingué.




Pourquoi pas la marâtre qui règne sur la petite famille de chinois de l'autre côté de la rue, mafieux clandestins qui ont transformé un bouge en plantation de bambous et qui retiennent prisonnière une petite jeune fille innocente, elle aussi éprise de Valentin et prête à foutre les voiles avec lui. Pourquoi pas Freddy (Louis-Do de Lencquesaing), le mari trompé et sanguin de Claudia (Marie Gillain), qui a déjà filé quelques beignes au bellâtre éponyme pour calmer ses ardeurs. Pourquoi pas Claudia (Gillain donc) elle-même qui, rejetée par un amant las de se faire tabasser pour ses beaux yeux, a juré de se venger de lui. Pourquoi pas Marilou Berry, la voisine de Valentin, folle amoureuse de lui et (forcément) jalouse de Gillain. Bref, on s'en fout je vous dis. Le coupable sera confondu à la fin du film et on s'en foutra encore plus une fois découvert. Mais avant cela, l'enquête est lancée, et l'un des meurtriers potentiels n'est autre que Roger, aka François Morel, l'ex-Deschien qui semble avoir acheté sa filmographie sur le 3615 code kinenveut.




Qui joue-t-il dans ce film ? Il joue Roger, jardinier de profession, mari de la femme de ménage de Valentin, et pédophile à ses heures perdues. On le devine, d'abord, dans un dialogue d'une finesse inouïe, où le personnage reproche à sa femme d'avoir des formes, de mesurer plus d'1m20 et d'être majeure. Puis plusieurs scènes nous le présentent sur son lieu de travail (le jardin public où Valentin sera bientôt retrouvé mort), planqué derrière les buissons pour reluquer et photographier les fillettes du collège voisin en plein cours de sport. Plus tard, dans une scène qui peut vous sécher une carrière bien assise (sachant que la filmographie de Morel est une chute libre sans fin), on voit notre Roger en train d'imprimer les photos faites dans le parc, chez lui, sur son imprimante perso, flinguant tout son lot de cartouches Epson SX400 à 30 euros le lot. Morel joue cette scène comme s'il était encore coincé dans un épisode des Deschiens. Il se frotte le visage contre les photos imprimées sur papier A4, en murmurant des horreurs proférées sur le ton de la mégère qui parle à son toutou en le caressant de la tête aux pattes, le tout la main dans le froc. La représentation du pédophile-type a de quoi laisser songeur.




Et comme il est surpris dans sa private session par Valentin (qui, entre parenthèses, est certes un bon samaritain prêt à épouser la petite chinoise d'en face pour qu'elle obtienne des papiers, mais ne signalera à personne le comportement un rien douteux du psychopathe pédophile qui vit à côté de chez lui), Roger devient (pour le spectateur donc, mais aussi pour la police, qui a retrouvé le téléphone portable du jardinier dans le parc, non loin du macchabée) un suspect de premier choix. Sauf qu'il n'y est pour rien, et c'est une voix-off qui nous l'apprend (celle du narrateur de l'histoire, un autre voisin, heureux de servir la soupe), et qui nous l'apprend en ces termes : "Roger ne fut pas condamné pour ses rêveries de promeneur solitaire". Heureux d'apprendre que ce brave type, qui photographiait à leur insu des adolescentes pour s'astiquer sur les photos volées, s'en tire sain et sauf. Ouf ! Mais quid de l'association opérée dans les termes par notre cher Pascal Thomas entre les réflexions de Rousseau et les passions d'un jardinier planqué derrière des arbres pour se branler sur des gosses en short ? Cette phrase m'a définitivement scié en deux.


Valentin Valentin de Pascal Thomas avec Vincent Rottiers, Marie Gillain, Marilou Berry, Louis-do de Lencquesaing et François Morel (2015)

30 avril 2012

Toutes nos envies

Qu'est-ce qui ne va pas, Philippe Lioret ? Qu'est-ce qui ne va pas !? Moi, je ne t'avais rien demandé, j'allais très bien, Philippe, tu n'aurais pas dû t'en faire ! Je passais une soirée plutôt tranquille, jusqu'à ce que je mate ton film. Je luttais simplement contre un mal de bide carabiné, conséquence logique d'un barbecue dominical chez mes beaux-parents. "Faire honneur aux repas", "avoir très bon appétit" étant la seule qualité qu'ils me reconnaissent, je m'étais donné pour mission de ne pas faillir à ma belle réputation. Hélas, mon organisme n'est pas habitué à ingurgiter autant de matières grasses, autant de viande grillée. J'ai un peu goûté à tous les vertébrés du monde ce dimanche-là. Ce barbecue, c'était l'Arche de Noé revue et corrigée à la plancha. Quelques feuilles de salades, c'est loin d'être suffisant pour aider à digérer tout ça. A l'heure qu'il est, je lutte encore, et je n'ai pourtant rien avalé depuis. Je suis à la diète. Je rechigne même à boire de l'eau. Rendez-vous compte ! Bref, sachez bien qu'à part cet important souci de digestion, tout allait pour le mieux au moment de lancer Toutes nos envies, le dernier rejeton de Philippe Lioret, cinéaste engagé à dégager, à qui l'on doit déjà l'abominable Je vais bien ne t'en fais pas et le médiocre Welcome.


J'avais à peu près cette mine lorsque j'ai lancé le film.

L'affichage de mon lecteur dvd m'indiquait qu'à peine 9 petites minutes venaient de s'écouler quand j'ai commencé à sombrer dans une sévère dépression mélancolique. Vincent Lindon n'avait même pas encore fait son entrée en scène. Apathique, je suivais innocemment les mésaventures de la belle Marie Gillain dans le rôle de Claire, une jeune juge d'instance confrontée aux personnes en situation de surendettement qui tente de venir en aide à la mère d'une amie de sa petite fille, prise dans l'étau d'un organisme de crédit impitoyable. Dit comme cela, ça n'a l'air de rien, mais croyez-moi, à l'écran, c'est la déprime totale. C'est fait de telle façon que ça vous colle illico un cafard monstrueux. L'énoncé clinique de toutes les sommes que doit la jeune maman endettée n'y est pas étranger. Le fait qu'elle se félicite d'avoir trouvé un emploi à mi-temps en tant que caissière dans un supermarché pourri, croyant cela suffisant pour rembourser ses dettes et subvenir aux besoins de ses trois enfants qu'elle élève seule, ça n'arrange évidemment rien à l'affaire. Ni une ni deux, j'envoyais fissa un mail à mon acolyte Rémi, fan hardcore de Marie Gillain, pour le prévenir de ne pas s'envoyer ce film un soir où son moral serait déjà défaillant. Sitôt le message d'alerte envoyé, je relançais le brûlot de Philippe Lioret et j'apprenais aussi sec qu'il ne restait plus que quelques mois à vivre à la douce Marie Gillain, atteinte d'une tumeur au cerveau incurable. Voilà pour les 10 premières minutes irrespirables de ce film terrible, qui nous prend brutalement en otage et nous saisit à la gorge pour ne plus jamais relâcher son étreinte.


Le seul moment "sexy" du film.

Sérieusement, on n'a pas idée de commencer un film comme ça... J'étais à deux doigts de l'arrêter net pour ne plus jamais le relancer, animé d'une rancune tenace envers Philippe Lioret. Passé le premier quart d'heure, l'arrivée du personnage incarné par le toujours impeccable Vincent Lindon apporte un peu de lumière à ce film si glauque, si gris ; mais c'est tout de même trop maigre. L'acteur a beau faire tout son possible, apporter sa présence pleine de bonhomie et son charisme redoutable, cela ne suffit pas. D'ailleurs, Marie Gillain aussi est très bien, irréprochable, rien à dire là-dessus. En vérité, aucun acteur n'est à blâmer, à l'exception peut-être de celui qui joue l'époux de Marie Gillain (un dénommé Yannick Renier, le demi-frère de Jérémie et qui n'a même pas le quart de son talent), un personnage toujours de bonne humeur, qui s'émerveille de tout, et tout particulièrement de ses propres talents de cuisinier alors même que sa compagne vomit en silence dans la salle de bains. Un type insupportable dont l'humeur contraste méchamment avec celle du spectateur et que l'on a donc très naturellement envie de fracasser. La tignasse redoutable et la mâchoire proéminente de ce comédien n'aident pas du tout à le rendre un brin sympathique. Je le place en état d'arrestation pour délit de sale tronche.


Il faut que Vincent Lindon raye de son carnet d'adresses le nom de Philippe Lioret (et qu'il en profite aussi pour effacer celui de Pierre Jolivet).

Toutes nos envies est un cocktail d'idées noires. Un film-massue à déconseiller aux plus sensibles d'entre nous. Je l'ai moi-même arrêté au bout d'une quarantaine de minutes, dans un réflexe salvateur totalement inespéré en plein repli catatonique. Une sale nuit m'attendait, due à mon estomac en vrac, mais aussi à l'ensemble de mon organisme, mental et physique, que Philippe Lioret avait sournoisement pris pour cible. Ton film se termine peut-être bien, Philippe, mais il commence si mal que je ne le saurai jamais. D'ailleurs, non, il se termine forcément mal puisque Marie Gillain est promise à une mort certaine. A travers le portrait de ces deux personnages campés par Gillain et Lindon, Toutes nos envies a peut-être la louable intention de faire l'éloge de ces combattants du quotidien ancrés dans une réalité sociale éprouvante, violente et cruelle. Certes, mais ça pèse des tonnes et des tonnes, Philippe, et je place très facilement ton pamphlet dans le top 5 des films français les plus cafardeux de ces dix dernières années, alors que la concurrence est extrêmement relevée (je pense par exemple à Partir, mais ça n'est pas le seul). Cet article est là pour vous prévenir, chers lecteurs. Je ne prends aucun plaisir à me rappeler l’œuvre de Philippe Lioret. Toutes nos envies est un sale film. Sans doute un film "utile" dans ce qu'il dénonce de la société actuelle, comme l'était peut-être déjà Welcome, je n'en sais fichtre rien, mais une chose est sûre : c'est fait d'une telle façon qu'on n'a pas envie de voir ça, de s'infliger une telle épreuve. C'est simplement désagréable, pesant, plombant. Un "cinéma de résistance", comme le disent certaines critiques, qui vous paralysera de pessimisme et aura votre peau bien avant d'atteindre sa véritable cible.

Sur ce, je m'en vais prendre du Forlax.


Toutes nos envies de Philippe Lioret avec Marie Gillain, Vincent Lindon, Amandine Deswasmes, Yannick Renier et Pascale Arbillot (2011)

19 mars 2011

Barnie et ses petites contrariétés

C'est l'anniversaire des dix ans de Barnie et ses petites contrariétés. A cette occasion je voulais vous torcher quelques lignes à propos de ce film que j'adore. Bon, pour être plus sincère, j'aime surtout un très court passage du film que je viens de chercher pendant toute une matinée sur google images. Je suis sûr qu'on pourrait en faire un gif animé de type mythique. Ceux qui connaissent le film sauront de quoi je parle. Même ceux qui n'ont vu que la bande annonce. Je parle évidemment de cet instant inoubliable qui m'a personnellement fait ressentir une grosse contrariété, d'autant plus que j'étais en présence de belle-maman quand je l'ai maté, ce moment terrible où Marie Gillain suce le doigt de Fabrice Luchini (une fois n'est pas coutume muet comme un espadon), comme s'il s'agissait de son berlingo. Elle te bouffe ce doigt comme si sa vie en dépendait, avec le regard qui va bien, ce regard qu'il est même rare de croiser dans les films pornos parce que les actrices y font leur boulot sans passion. Là on la voit la passion, on la palpe.



Ces cinq secondes en disent long sur Marie Gillain. Car il est impossible qu'une femme sorte ça de nulle part. Ce regard-là il est vrai ou il n'est pas. Ou alors Marie Gillain est vraiment la plus grande actrice de l'histoire du cinéma, rien qu'avec cette scène. Donc parions plutôt sur le fait qu'elle n'ait aucun a priori contre ça. Et je dis "ça" avec le plus grand respect pour une pratique ancestrale, vieille comme la nuit des temps, ne soyez pas naïfs. Depuis que l'homme a une queue et une bouche, la pipe est sa préoccupation première. Il faut bien se dire que tout le kamasutra a été inventé dans la première heure du monde. Tout a été tenté dans le berceau de l'humanité. Si vous repensez au petit dessin de Darwin où on voit un type se redresser lentement jusqu'à marcher, dîtes-vous bien que dès la première case de cette bd - la plus fameuse bande-dessinée du monde à ce jour - dès la première case la messe était dite et même si notre macaque était encore seul à cette époque-là il avait déjà sucé sa propre queue. J'aimerais savoir si y'a des races de singes qui sucent leur propre queue... Sûrement que oui ?


Barnie et ses petites contrariétés de Bruno Chiche avec Marie Gillain, Fabrice Luchini et Nathalie Baye (2000)

2 décembre 2010

Fais-moi plaisir !

Emmanuel Mouret m'a une fois de plus séduit ! Son film est une réussite et mon goût grandissant pour ce cinéaste n'est pas près d'être démenti. Mouret se renouvelle et signe un film drôle et léger après le plus solennel et dramatique mais néanmoins remarquable Un baiser s'il vous plaît. Avec Fais-moi plaisir ! il réalise une comédie dans le genre slapstick, qui emprunte largement à un certain Woody Allen bien révolu aujourd'hui et surtout au fameux Blake Edwards, et qui consiste à raconter les aventures inattendues d'un héros naïf qui se fourvoie dans une suite d'étourderies et de maladresses qui en appellent d'autres et le propulsent vers une avalanche d'ennuis et de dérapages. Mouret évite d'en faire trop, déroule son scénario avec un certain raffinement et, au final, accouche de beaucoup de scènes drôles. L'idée de se lancer dans ce genre de comédie est d'ailleurs d'autant plus judicieuse que le type de personnage réclamé par le genre correspond à ce que nous évoque physiquement Mouret, qui joue lui-même de mieux en mieux la comédie.



Le cinéaste-comédien Emmanuel Mouret, sosie officiel du clebs Droopy, continue avec joie à déployer sous nos yeux l'éventail de ses fantasmes, en faisant montre de talent. D'ailleurs "fantasme" n'est pas le bon mot. Il faudrait plutôt parler de rêveries érotiques. Mouret n'écrit pas avec son entre-jambes mais bien avec ses songes. Après Promène-toi donc tout nu !, son premier "long" métrage (50 minutes) en 1999, où une amie de son personnage lui suggère d'être sa fiancée pour une journée, pour lui prouver que toutes les filles sont les mêmes et l'aider se positionner par rapport à sa compagne ; Laissons Lucie faire, où il nous racontait l'histoire d'une jeune femme complexée par sa tardive virginité suppliant un garçon pourtant déjà marié (à Marie Gillain) d'être son premier partenaire sexuel ; après Changement d'adresse, qui narre l'histoire d'un homme tombant amoureux de la jeune et timide demoiselle à qui il donne des cours de trombone, avant de se voir proposer par une autre fille de bien vouloir être son colocataire dans un appartement dont la baignoire est au milieu du salon ; Après Un baiser s'il vous plaît, l'histoire d'un type en grande difficulté affective et sexuelle qui demande à sa meilleure amie (Virginie Ledoyen) de bien vouloir l'extirper de sa solitude en couchant avec lui, laquelle, après quelques hésitations, prend finalement goût à cette drôle de thérapie...



Après tout ça, Mouret met à nouveau en scène un certain nombre de ses douces fantasmagories érotiques : du mot écrit en douce aux inconnues dans les bars qui leur donne inéluctablement envie de coucher avec l'émetteur, à la maîtresse dont on découvre peu à peu qu'elle est la fille du président de la république, en passant par la soubrette contrainte de réparer une braguette à même le porteur du pantalon, sans oublier le groupe des quatre sœurs colocataires en nuisettes blanches, Mouret se fait plaisir ! Son film est drôle, intelligent, original et savoureux, et son auteur a trouvé un fidèle supporter en ma personne.

NB. Le film s'ouvre sur une danse des pieds de Mouret qui laisse songeur et qui révèle que le cinéaste a des panards très fins qui lui font apparemment un gros effet.


Fais-moi plaisir ! d'Emmanuel Mouret avec Emmanuel Mouret, Judith Godrèche et Deborah François (2009)

25 avril 2008

Fragile(s)

L’idée était simple : réaliser un film choral dont le seul lien entre chaque personnages serait un labrador, vagabondant de scènes en scènes en quête de quelques caresses et d’une gamelle de croquettes qu’il finirait par obtenir seulement à la toute fin. Le film est, hélas, beaucoup plus compliqué car, durant le tournage, le labrador a foutu le camp, lassé d’être traité par-dessus la jambe et surtout de ne pas profiter d’un salaire au moins égal à celui de François Berléand. Martin Valente, jeune réalisateur français qui a lui-même reconnu lors d’une interview accordée à Paris Match qu’il était devenu metteur en scène uniquement parce qu’il espérait, un jour, avoir la chance de croiser Lorant Deutsch, a donc du revoir l’intégralité d’un scénario déjà peu brillant, en créant de nouveaux liens souvent grotesques entre chacun de ses personnages.




Ainsi, Jacques Gamblin voit son rôle de flic coriace devenir le père de Jean-Pierre Darroussin, pharmacien et célibataire endurci, pourtant d’une dizaine d’années son aîné. En pleine confusion, nous constatons plus tard avec horreur que la femme de Jacques Gamblin, incarnée timidement par Caroline Cellier, n’est autre que la fille de Jean-Pierre Daroussin. Un peu plus tard encore, on apprend avec stupéfaction que Caroline Cellier et François Berléand sont des jumeaux, Berléand étant pourtant depuis le début l’amant caché de Caroline Cellier et le fils adoptif de Marie Gillain, cette même Marie Gillain que Jacques Gamblin appelle « Tata » ! Nous sommes alors en présence de l’un des plus tristes cas de familles consanguines de l'histoire du 7ième Art ; même le nouveau spécialiste du genre Rob Schmidt n’avait pas fait mieux dans son film d’horreur Détour Mortel, de bien triste mémoire, où une famille d’attardés s’en prenait à des touristes allemands perdus en plein Kansas.




Mais les anomalies et autres étrangetés de Fragile(s) apportées par les retouches du scénario suite au départ imprévu du chien vedette ne s’arrêtent pas là. Au cours d’une scène surréaliste, le second rôle inutile interprété par Maureen Dor, nettement plus à l’aise sur les plateaux télé, se voit relier aux autres personnages d’une bien triste manière : se baladant pieds nus dans son jardin, elle enfile sans raison une chaussette qui traînait par-là, apportée par le vent, et surtout aidée par un François Berléand étendant son linge avec une désinvolture flagrante dans l’interminable scène précédente. En plus de nous imposer la vue des effroyables panards de Maureen Dor, deux infâmes bouts de chair rouge vif qu’on croirait sortis de la déchetterie d’un abattoir brésilien, ce passage démontre à nouveau les faiblesses de Fragile(s). L’astuce de la chaussette est ensuite réutilisée jusqu’à l’overdose par un Martin Valette en manque total d’inspiration : une fois jetée à la poubelle par Maureen Dor pour cause d’odeur insupportable, la chaussette maléfique est récupérée par Jacques Gamblin qui y voit-là l’une des preuves manquantes pour résoudre le crime d’un enfant unijambiste, c’est ensuite au tour de Darroussin de porter la fameuse chaussette à son pied après que son père lui ait ramené du travail une fois l’affaire résolue, et c’est seulement Marie Gillain qui mettra en terme à ce déplaisant tour de manège en éliminant la chaussette dans un brasier salvateur après que son fils adoptif grisonnant l’ait laissée traîner dans le salon, à côté de la cheminée.




Bref, c’est du grand n’importe quoi. Et dites-vous bien que si j’ai inventé toute cette histoire immonde, c’est bien dans le seul but de vous préserver de la véritable histoire du film, qui est quelque chose d’encore plus minable mais de tout aussi indigeste. Martin Valente est à enfermer.


Fragile(s) de Martin Valente avec Jean-Pierre Darroussin, François Berléand, Jacques Gamblin, Marie Gillain, Caroline Cellier et Maureen Dor (2007)