Affichage des articles dont le libellé est Jean-Jacques Annaud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jean-Jacques Annaud. Afficher tous les articles

27 mai 2021

Mon Roi

Maïwenn-Bercot-Cassel. Regardez-nous bien dans les yeux. Ce film, c'est sans nous. Pour rappel, on a toujours fait ça gratis, malgré les appels du pied réguliers de DvdTrafic qui nous propose souvent un trafic de dvds. C'est un blog à but non-lucratif, association loi 1901, journal officiel du douze avril deux-mille-trois. Certes on pourrait faire une petite cagnotte Litchi. Chacun met un peu de sa paye et on mate Mon Roi si on touche la barre des 5 ou 6 euros (on réfléchit à voix haute, c'est pas acté). Mais même cette démarche prendrait du temps, et le film doit bien durer ses deux heures à coups de crises de nerfs, de crises d'angoisse, de crises d'hémorroïdes et d'épilepsie, de baisers à pleine gueule entre deux pervers narcissiques insupportables, de crêpages de chignons, de déferlantes de larmes passionnelles et de prise d'otage d'un spectateur forcément obnubilé par un sous-feuilleton racoleur, la gueule plongée dans ce plat infect tel le personnage du père interprété par le pauvre Jean-Jacques Annaud dans la scène de cauchemar d'ADN (un nœud coulant dans l'histoire de notre cinéphagie), les narines encore pleines de soupe à la tomate et à la grimace (on ne fait qu'extrapoler à partir de la bande-annonce de Mon Roi, entraperçue il y a six ans, déjà trop longue, et d'une affiche pénible qu'on ne mettra pas en exergue sur nos pages, au profit de notre 11 idéal pour l'Euro 2021, notre compo de rêve, pour l'éternité). Résumé du contenu de cette critique : nous n'avons pas vu et ne verrons jamais ce film. Ultime rappel : taux horaire d'un blogueur ciné de quinze ans d'expérience en 2021 = null
 
 


Mon roi de Maïwenn Le Besco avec Vincent Cassel et Emmanuel Macron (2015)

25 février 2015

Willow

Comment ne pas se laisser embarquer dans les aventures de Willow Ufgood, bon père de famille et apprenti magicien Nelwyn (nain), placé à la tête d’une petite communauté chargée non pas de cramer un anneau mais de confier à une personne responsable la petite Elora Danan, bébé daïkini (humain), trouvée au bord d’un fleuve par les enfants de Willow, et qui, selon la légende, est censée mettre fin au règne de la despotique Reine Bavmorda (Jean Marsh). Comment surtout ne pas tomber sous le sortilège de Joanne Whalley (voir paragraphe ci-dessous) dans le rôle de Sorsha, fille de Bavmorda, ou ne pas craquer face au charme ravageur de Val Kilmer, dans la peau de Madmartigan, chevalier déchu qui deviendra l’ami de Willow. Ces deux-là ont d’ailleurs fini en couple, à la vie comme à l’écran. Comment ne pas souhaiter, enfin, vivre dans le village des Nelwyn, parmi toutes ces personnes de petite taille si bonhommes et affables ? Bon, à toutes ces questions, on peut certes répondre qu'il suffit d'être allergique à l'empire Lucasfilm, à l'héroïc-fantasy, aux films pour enfants ou à Ron Howard. Mais, je l'avoue, difficile pour moi de résister à la sympathie sans limites de Willow Ufgood et de son ami Meegosh, aux facéties du grand Aldwin, sans oublier, parmi les compagnons qu'ils croiseront au cours de leurs aventures, les cabotins Rool et Franjean, deux brownies (lilliputiens) hauts comme une pomme et timbrés.




Mais qui dit film de nains dit aussi acteurs nains, et nos amis de petite taille sont souvent traités par-dessous la jambe au cinéma. On est habitué à ce que les bébés se relaient à l’écran dans les films impliquant des nouveaux nés, pour des raisons tout à fait évidente de planning, de couches pleines de fientes et de biberons, mais aussi parce qu’ils ont tous plus ou moins la même tronche. C’est d’ailleurs le cas dans Willow, avec la petite Elora Danan, à laquelle deux gamines, les sœurs Greenfield, Ruth et Kate, ont prêté leurs traits poupins. Plusieurs acteurs pour incarner un même personnage dans un film, ça passe quand il s’agit de bébés (les personnages adultes qui changent de façade d’un film à l’autre au sein d’une même saga, parce que le comédien d’origine avait un semi-marathon ce jour-là ou juste parce qu’il avait flairé la suite merdique, c’est déjà moins évident). Mais on admet. Par contre un seul acteur recyclé dans plusieurs scènes, au sein d’un seul et même film, là, perso, ça coince ! Et c’est trop souvent le cas pour les acteurs nains, à qui l’on demande de jouer plusieurs rôles en croyant que personne ne le remarquera. Passe encore quand ils sont grimés, planqués sous un costume et donc méconnaissables. Exemple : Kenny Baker, le seul et l’unique R2-D2, qui, dans Le Retour du Jedi, s’est aussi glissé sans prévenir dans la fourrure d’un Ewok nommé Paploo (l’acteur était ravi de pouvoir, une fois dans sa vie, bouger ses bras et ses jambes sous l’objectif d’une caméra, quitte à le faire devant un AT-ST, engin de transport bipède de l’empire, sur le point de lui cramer la touffe).




Mais que dire de ce brave Warwick Davis, l’éternel Willow ? Saviez-vous qu’il a joué Pinocchio et Gepeto dans Pinocchio et Gepeto ? L’acteur a aussi prêté sa petite taille à six Leprechauns différents (dont le personnage éponyme, Lepre Chaun) dans la saga des Leprechauns. Six ! A quoi ça rime ? Plus difficile encore à avaler, ses multiples interventions dans la saga Star Wars, encore elle… Il était bien sûr et avant tout Wicket, le plus mignon de tous les Ewoks, à deux doigts de se serrer la princesse Leïa entre deux séquoias, sur la planète forestière Endor, dans le Retour du Jedi. Mais dans Star Wars : épisode 1 - La menace Fantôme, il devient subitement un dénommé Wald, ami d’Anakin Skywalker doté d’une gueule pas possible, ainsi qu’un spectateur lambda de la course de pods, amateur de vitesse et de sensations fortes, les mains plongées dans un pot de pop-corn plus grand que lui, mais aussi un citoyen sans histoires de Mos Espa, habillé comme un clodo… Qui incarnera-t-il dans Star Wars : épisode VII - Le Réveil de la force ? L’animal de compagnie de ce vieux con de Mark Hamill ? Le cul de Chewbacca ? Un jawa numérique sur Tatouïne ? Un 7ème Leprechaun ? Idem dans la série de films Harry Potter, où Warwick est à la fois Craspec le gobelin, le professeur Filius Fistfuck et un type tristement nommé Griphook, sans oublier Magicien (c’est le prénom du personnage, pas sa fonction, vérifiez sur l’encyclopédie en ligne du cinématographe si vous ne me croyez pas) dans le meilleur épisode de la saga, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban.




Warwick n’est pas le seul à cumuler les rôles dans un même film, c’est aussi le cas, par exemple, toujours dans l’épisode I de Star Wars, de Silas Carson, qui interprète Nute Gunray, Ki-Adi-Mundi, Idi Amin Dada et Lott Dodd, rien que ça... sauf qu’un seul de ces personnages ne porte pas (ou pas totalement) de masque. Alors que Warwick, quand il suit la course de pods  sur Tatouïne ou quand il fait la manche dans Mos Espa, le fait à visage découvert ! Sans véritables postiches et surtout sans être l'acteur principal du film, volontairement décliné dans plusieurs rôles, tel Peter Sellers dans Docteur Folamour. Comme si, de toute façon, personne n’allait le reconnaître. N'est-ce pas un brin insultant ? Car il ne s’agit pas d’un de ces films dont c’est le parti pris que de faire jouer plusieurs rôles à un même acteur, parce qu'il s'agit d'interpréter des jumeaux ou des clones (Van Damme s’en est fait une spécialité), parce que c’est la famille (Jerry Lewis dans Les Tontons farceurs, Eddie Murphy dans Professeur Foldingue, ou Alec Guinness, non pas dans Star Wars cette fois mais dans Noblesse oblige), parce qu'une descendance consanguine en a décidé ainsi (Michael J. Fox dans Retour vers le futur, ou les villageois de La Malédiction d’Arkham, affaire d’héritage et plus encore), parce que le héros se dédouble (Michael Keaton dans Mes doubles, ma femme qui n’en demandait pas tant et oim), parce qu'il est question d'un acteur qui devient tout un tas de personnages (Holy Motors), parce que c’est brillant (Smoking, No Smoking) ou parce que c’est nawak (Cloud Atlas).




Je concède, ceci étant, que c’est un bon moyen pour ces comédiens de cumuler les contrats et les paychecks. Il n’y a bien que Peter Dinklage pour rouler des mécaniques (sa jambe gauche plus courte que l’autre l’aide bien) à la tête de Games of Thrones, même s’il galère un maximum pour grimper sur lesdits thrones, perdant régulièrement aux fameux "jeux des trônes" rythmant chaque épisode, simple jeu de chaises musicales avec des trônes musicaux à la place des chaises, qui a donné son nom à la série et qui en a assuré le succès auprès des gosses. Mais il peut dire merci à Warwick Davis, qui méritait amplement ce rôle, pour faits d’armes. J’ai personnellement une molaire contre Peter Jackson qui n'a pas filé à Willow Davis le moindre nain à jouer dans sa trilogie de l'anneau et autres films de Hobbits, qui en sont remplis à ras-la-gueule, préférant sans doute engager des mecs de 2m10 pour ensuite les miniaturiser grâce à Paint ou autre logiciel de retouche d’image à la pointe, comme il l’a fait pour Froton et ses potes. Triste monde.




Mais revenons à nos moutons (pas d'offense). Vous me direz qu’il n’est pas rare, dans des films à petits budgets, voire dans des séries B, que des figurants jouent plein de rôles différents. Mais Star Wars, la deuxième saga, petit budget ? Soyons sérieux. Pire encore : Warwick Davis, un figurant... On aura tout vu. Vous me direz aussi que dans le cas de Warwick Davis il s'agit plus d'un caméo, d'un clin d’œil, qu'autre chose. Mais aurait-on imaginé Harrison Ford interprétant deux ou trois clochards anonymes au détour d'une paire de faux-raccords dans Star Wars : la menace I - l'épisode fantôme, pour faire coucou ? Caméo, mon cul... Alors quoi ? Ca veut dire que les nains sont interchangeables, comme les nourrissons, ou comme les chiens dans tous les films de chiens ? On s’était assez plaint, rappelez-vous, de l’utilisation de toute une portée de clébards pour incarner Sébastien dans Belle et Sébastien, mais ce maudit film n’était que l’arbre qui cache la forêt, car c’est le cas dans pratiquement tous les films du genre ! Un seul saint-bernard de Clairvaux dans Beethoven ? Croyez-le... Un seul Willy dans Sauvez Willy ? Tu parles ! L'équipe de tournage en bouffait un exemplaire entre chaque scène ! Un seul rat dans Ratatouille ? Mon œil... Un seul ours dans L'Ours ? Un seul frère dans Deux frères ? Non, il y en avait au moins deux. Quoique, ce fourbe de Jean-Jacques Annaud est capable de n'en avoir utilisé qu'un, avec tout un système de miroirs à l'appui, dans le seul film où il en fallait bien deux au casting ! Jean-Jacques Annaud parlons-en. Il sort aujourd’hui Le Dernier loup, mais je déteste déjà son film qui prétend nous faire admirer le dernier leup alors que le cinéaste, coupable du même subterfuge sur de nombreux films par le passé (on a longtemps cherché à se convaincre du contraire, mais il faut regarder la vérité en face), se vante encore en interview d’avoir utilisé 150 loups d’élevage différents au bas mot pour incarner son soi-disant héros, prétendue ultime bestiasse de sa race. Mais que dire quand il s’agit d’un nain ? Et pas de n’importe quel nain… Remarquez, Hollywood a fait pareil avec les indiens, qui (quand ils n'étaient pas tout simplement remplacés par de purs playboys comme Rock Hudson ou Burt Lancaster), devaient passer et repasser dans le champ, à l’arrière-plan, cinquante mètres au moins (distance de sécurité) derrière telle illustre star déguisée en cowboy, et changer de chapeau à plumes, de mocassins et de démarche chaloupée pour avoir l’air, à chaque passage, d’un autre indien. On sait gré à Michael Mann de voler un poil au-dessus de J.J. Annaud, puisqu'il a refusé de faire tourner 50 indiens différents pour incarner Chingachgook, le dernier des Mohicans, dans Le Dernier des Mohicans. C’était le dernier ou c’était pas le dernier ? Bon ben si c’est le dernier y’en a pas une chiée plus mille qui attendent leur tour derrière le combo, merde !…




Méditez là-dessus… Est-ce que tout le monde trouverait ça parfaitement banal si le fringuant Val Kilmer incarnait Madmartigan dans une scène, la sorcière Fin Raziel dans la suivante, la fée Cherlindrea dans la troisième et un poivrot sans répliques, assis dans le fond d’un plan de coupe, au milieu de la séquence de la taverne, celle où il est d’ailleurs déguisé en femme (mais toujours dans la peau de Madmartigan), et où l’un des deux brownies, celui joué par Kevin Pollack, est à deux doigts de se noyer dans une pinte de bière (un conseil : c'est bien meilleur trempé dans du lait) ? Permettez-moi d’en douter. C'est donc limite… Remarquez, pas plus que de les foutre dans tout un tas d’appareils ménagers (R2D2) et autres peluches (les fameux Ewoks), et que d’embaucher six ou sept nains à tout casser par mesure d'économies puis de les jeter dans quinze costumes différents pour tromper le spectateur (aujourd'hui, on n'hésiterait pas à les démultiplier numériquement...). Mon affection pour Willow n’en est pas altérée, parce que ce problème ne se pose pas dans ce film, tout connement. Au contraire, il n’en sort que grandi, d’abord parce que Ron Howard, cet homme d'exception, l'un des rares cinéastes rouquins de l’histoire d'Hollywood (le seul ?), qui en sait donc long sur les minorités visibles, a, quant à lui, fait tourner une foule de nains pour composer la population du village Nelwyn (parmi lesquels Tony Cox, le célèbre nain de Fous d’Irène), et a donné au cinéma (avant de lui prendre beaucoup...) l’un de ses rares héros nains, sans costume poilu pour le recouvrir de la tête aux pieds. Ensuite parce que Warwick Davis sera à jamais pour moi un caméléon, et l’un des meilleurs acteurs nains de l’histoire du cinéma.


Willow de Ron Howard avec Warwick Davis, Val Kilmer, Joanne Whalley, Jean Marsh, Patricia Hayes, Kevin Pollack, Billy Barty, Phil Fondacaro, Tony Cox et David Steinberg (1988)

19 décembre 2013

Belle et Sébastien

On souligne toujours la "performance" de ces films qui donnent la part belle aux enfants ou aux animaux. La millième adaptation de Belle et Sébastien réunit ces deux gageures, et on l'en félicite en l'applaudissant des deux mains. Mais des deux bestiaux, disons-le, l'un est tout de même plus facile à manœuvrer que l'autre. On veut bien évidemment parler du clebs, puisque qu'il en existe des wagons, autant de Sébastien interchangeables à souhait. C'est le truc à ne pas dire pour ne pas faire retomber la magie du film, surtout aux yeux des gamins qui raffolent de ce genre de contes humanistes. Dès qu'on leur avoue que ce chien des quais qu'ils ont tant adoré n'était jamais le même à chaque contrechamp, et que le réalisateur devait composer avec toute une portée de clébards identiques, choisissant toujours le premier à avoir vidé sa gamelle pour le propulser devant la caméra à l'aide d'un grand coup de pied au cul, les enfants ont envie de crever. Tout l'intérêt du film s'estompe en effet, on leur a menti, on les a trompés, on les a pris pour des cons. 


Nicolas Vanier, aka "Nicolas Vanilla Sky", sur le plateau du film, en compagnie de Sébastien 1, Sébastien 5, Sébastien 7, Sébastien 4, Sébastien 2, Sébastien 3, Sébastien 6 et Sébastien 18.

A ce petit jeu-là, seul Annaud, Jean-Jacques Annaud, est resté droit dans ses baskets, portant Bart the Bear au pinacle dans L'Ours. Bart the Bear n'est autre, rappelons-le aux plus jeunes, que l'ours éponyme du petit chef-d’œuvre d'Annaud, un bestiau unique en son genre et fringuant tous les matins. C'est aussi le dernier grizzly d'Europe, qui a assisté à la mort de sa mère pour les besoins du spectacle, et qui nous a livré à cette occasion l'un des regards-caméra les plus troublants de l'histoire du cinéma. Bart the Bear a ensuite traversé l'Atlantique à la nage pour assiéger Hollywood, vaisseau-mère de l'industrie du 7ème Art, afin de révéler au monde l'horreur de ces élevages en masses de clones animaliers destinés à se partager le devant de la scène dans tous ces films vendus aux enfants naïfs. Bart, à cette occasion, a brisé ses chaînes et fait irruption sur le plateau du film A Couteaux tirés (At a arm left) pour niaquer Sœur Anthony Hopkins, dont il avait peu goûté la prestation minable en Van Helsing dans le Dracula de Coppola, adapté de son roman de chevet. Par chance, Lee Tamahori, réalisateur de son état, était là, caméra au poing, œilleton vissé au front, et a capté la scène pour ensuite construire un film autour de cette image-choc. 


Sur ce cliché, Sébastien 3, après une rude journée de tournage, prépare déjà le spin-off du film, annoncé pour 2016. On peut déjà voir que deux futurs Sébastien seront mis de côté à cause d'un mince défaut de pelage à la naissance du zob, et seront abattus puis dépecés. On ne gardera d'eux que leur pelage qui, même imparfait, servira à l'isolation des murs d'un orphelinat. La peau de Berger des Pyrénées est un isolant inflammable de première qualité que le jeune public du film sera ravi d'avoir dans ses murs.

Pour revenir au film, Belle et Sébastien est donc beaucoup moins honnête et puissant que n'importe quel Annaud. D'ailleurs, en passant, procurez-vous toute sa filmo, ses neuf films, et surtout l'avant-dernier, Sa Majesté Minor, l'Annaud de pouvoir, parce qu'il faut se l'enquiller, faut se le foutre au doigt sans verser la larme, un Annaud pour les gouverner tous, un Annaud pour les trouver, un Annaud pour les mater tous et dans les ténèbres les lier, et pour être invisible en soirée aussi, parce que si vous avez l'intégrale d'Annaud à la maison vous êtes certain d'être poliment ignoré même à domicile. En parlant de Jean-Jacques Annaud, on notera la présence au casting de Tchéky Karyo, son acteur fétiche, venu sur le plateau du nouveau film de Nicolas Vanier entre deux gardes-à-vue pour stationnement sur passage clouté, et qui incarne ici l'abominable bonhomme des neiges sans maquillage. L'acteur a sans doute accepté le rôle avant qu'un réalisateur ne soit appelé à la rescousse suite au refus de l'auteur de La Guerre du feu, que Tchéky vénère et qu'il appelle "Le Nécromancien". Un mot sur Belle quand même, la gamine du film, qui quant à elle a passé du bon temps sur le tournage, à cheval sur le dos de Séb', qu'elle appelait "Bastien" quitte à systématiquement faire tressaillir toute la meute de clébards du film. La petite Belle, avare en images chocs mais gourmande en DéliChocs, de Delacre, est assez masculine d'aspect et rend donc peu hommage au prénom de son personnage, tout comme son prédécesseur, Mehdi El Glaoui, qui a bien vieilli mais qui joue dans le film. C'est le problème de toutes ces filles qui s'appellent Linda ("bonne" en portugais), sauf qu'ici le contraste est encore plus saisissant entre le sens du prénom et l'horreur de ce gosse recouvert de poils blancs et cavalant à quatre pattes dans la neige.


Belle et Sébastien de Nicolas Vanier avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier et Mehdi El Glaoui (2013)

19 septembre 2009

L'An 1 : des débuts difficiles

On connaissait le goût d’Harold Ramis pour les pitchs de poche. Quid d’Un jour sans fin, où un homme revit le même jour sans fin. Quid de Multiplicity, où un homme se démultiplie pour pouvoir prendre son épouse en gang bang. Quid de Mafia Blues où un parrain de la Mafia a le blues. Quid d’Endiablié, où un homme vend son âme au Diable (sous les traits de cette salope de Liz Hurley) pour exaucer dix vœux à la con. Autant de films pour autant d’idées uniques estramassées sur une heure et demi de film. Dans L'An 1 l’audace et l’ambition sont au rendez-vous. Harold Ramis nous situe à l’origine de tout. C’est le passage de la préhistoire à l’histoire, en faisant un détour chez Mathusalem. Avec son humour et sa dérision habituelle, Harold Ramis met en scène le premier assassinat de l’histoire (Caïn tuant son frère Abel) comme on ne l’avait jamais imaginé. Comme on aurait voulu ne jamais le voir. Year One, ou quand la Bible est mise en scène par le plus grand des hérétiques ; ou quand les saintes écritures servent de papier cul à un quinquagénaire en manque d’idée. Quand les Robins des bois de RRRrrrr tournent avec le Jean-Jacques Annaud sous acides de Sa majesté Minor, ça donne un film qui coûte trois bras et qui fait deux entrées sur le sol Américain, signées Jack Black Jack et Michael Cera Nevada, pour le plus gros flop du XXIème siècle.


L'An 1 : des débuts difficiles de Harold Ramis avec Jack Black et Michael Cera (2009)

5 août 2008

L'Ours

Je voulais faire voir Gremlins à ma nièce, mais je ne retrouvais pas le dvd. Alors je ne savais plus du tout quoi lui mettre. Je tenais à ce qu'elle regarde un vrai film, et pas un dessin animé ou une suite crétine mise en boîte en 5 jours comme les 102 Dalmatiens ou La Belle et le Clochard 2. Puis j'ai mis la main sur L'Ours, en disant à ma nièce "ce sont de véritables ours, t'imagines un peu ? c'est autre chose qu'un dessin animé, non ?", elle était d'accord, alors hop, on a maté L'Ours.

Je l'ai tout de suite prévenue que le début était triste. Avant même que ça arrive à l'écran, j'ai annoncé à ma nièce "Oui oui, la maman ours va se faire destroyer la tronche par tout un tas de rochers. Ils vont lui tomber sur le coin de la gueule l'un après l'autre, d'une façon trop méthodique pour être naturelle, tout ça parce qu'elle est trop gourmande et veut à tout prix bouffer un peu de miel. Et alors qu'un seul cailloux aurait suffit à la tuer, elle en prendra bel et bien une cinquantaine dans le dos, gratos." Je préférais prévenir ma nièce en employant des mots moins cruels et moins durs que cette terrible scène d'ouverture, et ma méthode a été efficace, puisque ma petite nièce a bien su surmonter cette première épreuve.




Après cette première scène, et pour ne rien vous cacher, sachez que j'ai très rapidement pioncé. Je me suis foutu en boule contre ma nièce, un peu à l'image de l'ourson malheureux contre le cadavre de sa mère ratatiné, puis j'ai tapé un gros roupillon peinard. J'ouvrais parfois un œil pour m'assurer que ma nièce suivait bien le film, puis je repartais illico dans les panards d'Orphée. Parfois je me réveillais un peu car je devais aider ma nièce, répondre à ses questions, elle est encore jeune, c'est normal. Elle me demandait "Mais cet ours-là, il est gentil ou méchant ?", "Oh c'est un ours tu sais, il est un poil rustre mais au fond il est pas méchant, enfin tu verras, il est cool celui-ci je crois", je répondais souvent au hasard car je ne me souvenais pas très bien du film et, avec chance, je me trompais jamais.




L'Ours, pour moi, c'était la première scène, et uniquement la première scène. Je ne me souvenais de rien d'autre. Et le reste donc, c'est tout simplement une tranche dans la vie d'un ours. 24h/24 dans les pattes poilues et maladroites d'un ourson. Le quotidien de petit ours brun, épisode "petit ours brun a paumé sa mère sous un tas de caillasse". Les déboires au jour le jour d'un jeune carnassier tristounet. Même ses nuits ne nous sont pas épargnées, puisqu'on a droit à ses rêves à travers de très jolies scènes d'animation. Il y a donc peu de dialogues, le rythme du film est celui d'un ours, assez lent donc ; il se vautre bien une fois ou deux dans des pentes trop abruptes, mais le reste du temps, il évolue à la vitesse d'un gros animal pataud. Tout ça n'est que pure logique et malgré cela, ma nièce a regardé le film du début à la fin, sans manquer la moindre seconde, avec les yeux grands ouverts ; car L'Ours dispose tout de même d'une réelle trame et se termine sur un plan rassurant qui fait oublier la défunte mère et son tombeau naturel. Après avoir échappé à des chasseurs eux-mêmes rattrapés par leurs bonnes consciences, puis à un formidable cougar dont on se demande bien ce qu'il vient faire au beau milieu des Pyrénées, l'ourson rencontre un gros ours sympa, son nouveau papa, qui l'accueillera avec le sourire dans sa tannière et contre lequel il hibernera, heureux.




Personnellement, je continue à penser qu'il s'agit d'un sacré film, et je suis content de l'avoir fait voir à ma nièce. Rien que pour l'idée de s'être pourri la vie à tourner une histoire qui met en scène de véritables ours, je dis "chapeau". Parce qu'il a fallu les faire jouer, sûrement, ces cons d'ours. On sait à quel point ce genre de bestiole peut être tétue et débile. Il en fallait du courage pour se lever chaque matin et se dire "Bon, est-ce que Konrad acceptera de tendre la patte à Volvik pour la scène du bar qu'il me faut mettre en boîte depuis 15 jours ?". En regardant Sa Majesté Minor récemment, on a bien pu constater que Jean-Jacques Annaud avait, hélas, un caractère de cochon, déterminé et volontaire, qui lui permettait de mener à bien les projets les plus improbables. Mais il ne faut pas oublier que ces mêmes qualités l'avaient rendu coupable de jolies choses par le passé, lorsqu'il tournait L'Ours accompagné d'une ribambelle de dresseurs de bêtes à cran, ou qu'il filmait de véritables attardés mentaux se battant autour d'une brindille pour les besoins de La Guerre du Feu.


L'Ours de Jean-Jacques Annaud avec Bart l'Ours et Tchéky Karyo (1988)

2 mai 2008

Sa Majesté Minor

À propos des Amours d'Astrée et de Céladon, Les Cahiers du cinéma écrivaient : "Le film auquel nous avons affaire est une aurore, et nous n'avons pas fini de sonder la profondeur qui a rendu possible une telle liberté". On pourrait écrire la même chose à propos de Sa majesté Minor, en remplaçant juste un mot : "Le film auquel nous avons affaire est un fiasco, et nous n'avons pas fini de sonder la profondeur qui a rendu possible une telle liberté". JJ Annaud tente le diable, il se lance dans une entreprise qui le dépasse totalement et dont il tire les ficelles à bout de bras. Ce film c'est une utopie d'enfant paraplégique, et Annaud a malheureusement l'usage de ses bras et de ses jambes. Entre le récit mythologique pétomane et graveleux, l'omniprésence de porcelets à l'écran qui nous renvoie aux plus belles heures de l'Ours, l'utilisation du super 8 pour figurer les rêves ou de mille effets pas très spéciaux plus inquiétants les uns que les autres, et un Vincent Cassel plus libéré que jamais sur grand écran, JJA s'éprend d'une liberté que jamais personne ne lui a accordée. Au final c'est une catastrophe cinématographique, un UFO sur pellicule.


Nicolas Anelka n'a rien inventé... Les hommes pré-historiques mimaient déjà le vol d'un oiseau avec leurs mains après avoir marqué un but

Mais reconnaissons à JJA un certain vent de liberté dans une œuvre relevant certes de la pire des diableries mais qui a au moins l'originalité et le courage d'aller contre une certaine tendance de la comédie française à se cantonner aux intérieurs bourgeois de pâles figures trentenaires submergées par leurs soucis de célibat. JJA s'en va bravant toutes les règles contemporaines en sortant un film dantesque sans relief mais sans limites dans la connerie. Jean-Jacques A. serait-il le Mel Gibson français ? Allez savoir... Moi je dis non.


Sa Majesté Minor de Jean-Jacques Annaud avec José Garcia, Mélanie Bernier, Claude Brasseur, Rufus et Vincent Cassel (2007)