26 décembre 2018

Hitman & Bodyguard

Il n'y a franchement pas grand chose à dire sur ce film, nouvel essai non concluant de buddy movie comme les américains savaient en produire dans les années 80 et 90 mais dont ils ont depuis longtemps oublié la recette. Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson sont supposés faire la paire dans ce film d'action au scénario en roues libres dont on se contrefiche du début à la fin. En gros, Ryan Reynolds est ici une sorte de garde du corps qui a pour mission d'escorter un tueur à gages, Samuel L. Jackson, jusqu'au tribunal de La Haye afin que celui-ci puisse témoigner sur les exactions d'un dictateur biélorusse sanguinaire joué par un très triste Gary Odlman. Alors que le script devrait nous proposer une course contre la montre trépidante, puisque nos deux hommes sont pourchassés à la fois par Interpol et les agents du dictateur tandis qu'ils doivent arriver au tribunal en un temps limité, nous sommes en présence d'un gloubiboulga indigeste, sans queue ni tête, dont les scènes d'action, qui veulent pourtant nous en mettre plein la vue, sont particulièrement pénibles. A aucun moment nous ne nous intéressons à ces deux personnages inexistants qui pourraient tout à fait être de nouveaux super-héros tant ils ont les mêmes pouvoirs (illimités) et le même sens de l'humour (très limité). Infaillibles, invincibles, ils accumulent les cadavres de pauv' types anonymes sur leur passage lors de fusillades et de poursuites sans aucun enjeu ni suspense.




C'est quand même dommage de voir la trajectoire qu'a pris la carrière de Patrick Hughes, ce cinéaste australien qui avait débuté par un western plutôt prometteur, Red Hill, avant de devenir un yes man lamentable à Hollywood. Si sa réalisation n'a pas d'âme, les acteurs ne parviennent jamais à donner le moindre intérêt à ce foutoir hideux. Ryan Reynolds est dénué de tout charisme et fait preuve d'un potentiel comique proche du zéro absolu. C'est un véritable boulet, à peine bon pour pavaner dans des pubs pour fringues ou parfums minables. Quant à Samuel L. Jackson, s'il est, je crois, la vedette qui cumule le plus de millions de dollars de recette au box office, il serait intéressant d'analyser sa filmographie de près pour en dresser un bilan qualitatif et non quantitatif. Il y aurait de quoi chialer des jours entiers. Et puis l'on retrouve donc Gary Oldman, qui tourne comme on pointe à l'usine et ne sera décidément jamais fatigué de faire le guignol dans de telles daubes. Lui aussi, tel Samuel L. Jackson, il a beau être "cool", son crédit va finir par s'épuiser totalement à force d'aligner les immondices de cet acabit. Enfin, sachez que l'on croise également Salma Hayek, dans un second rôle se voulant comique, qui prouve ici que le ridicule ne tue pas. 




Face à un spectacle si lassant et semblant s'attacher coûte que coûte à laisser nos neurones au repos, notre esprit divague et se focalise sur des détails inhabituels. Détail ? Peut-être pas. Devant Hitman & Bodyguard, j'ai été particulièrement sensible à la laideur absolue de la photographie, de la lumière. Comment peut-on encore supporter de tels films ? Lors des scènes supposées se dérouler la nuit, on devine des spots énormes, hors cadre (de justesse !), éclairer les acteurs, pratiquement comme en plein jour, sous une lumière blanche irréelle. Quand ils sont en voiture, nos deux zigotos ont toujours les tronches qui baignent dans un halo de lumière jaunâtre provenant d'on ne sait où (d'autant plus que l'un des gimmicks du film est que Ryan Reynolds choisit systématiquement des carrosses jugés lamentables par son compète - en réalité des bagnoles tout à fait recommandables). Lors de l'affrontement final entre Samuel L. Jackson et Gary Oldman sur le toit d'un immeuble, le premier est filmé en légère contre-plongée et nous le voyons alors enveloppé d'une lumière crémeuse abominable qui mange sa silhouette. C'est tout bonnement dégueulasse. Pratiquement toutes les grosses productions américaines actuelles ont ces couleurs, ces lumières, comme la plupart des séries télé, et on ne les remarque même plus tant c'est devenu la norme. Quelle tristesse. Hitman & Bodyguard nous offre seulement une nouvelle occasion de faire cet accablant constat et de nous apitoyer encore sur le triste sort d'un certain cinéma de divertissement US, porté disparu.


Hitman & Bodyguard de Patrick Hughes avec Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson et Gary Oldman (2017)

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