2 décembre 2018

Sous le même toit

Dominique Farrugia est le véritable Richard Linklater du cinéma français. Il nous propose un nouvel épisode de la vie de son fameux couple, Delphine et Yvan. Delphine est cette fois-ci incarnée par Louise Bourgoin dont on jurerait qu'elle a "fait quelque chose à ses seins" comme le lui répète son ex-mari Yvan, qui a ici les traits disgracieux de Gilles Lellouche. Parents de deux enfants, Delphine et Yvan sont fraîchement divorcés et restent en très mauvais termes. Yvan se retrouve même à la rue, SDF, jusqu'à ce qu'il se souvienne qu'il possède 20% de la maison conjugale. Le voilà donc revenu dans les baskets de Delphine, pour une colocation infernale. Le film de Dominique Farrugia reprend ainsi un thème cher au cinéma français actuel : les couples divorcés amenés à devoir rester sous le même toit, souvent pour des raisons financières. C'était déjà l'idée de départ du beaucoup plus sérieux L'Economie du Couple, de Joachim Lafosse, dans lequel Bérénice Béjo passait son temps à s'engueuler avec Cédric Kahn. Un film plombant et assez pénible, puisqu'il consistait en une série de coups de sang et de disputes gênantes, tout comme l'est, mais dans un autre registre, le dernier méfait du désolant Dominique Farrugia.




Le plus grand problème du film réside dans le personnage incarné par l'ignoble Gilles Lellouche qui devrait tout de même se poser des questions quant à ce qu'il dégage et inspire naturellement, puisqu'il incarne encore une fois une sorte de rebut de l'humanité, un personnage totalement haïssable, méprisé par sa femme, sa fille et par pratiquement tous ses "amis", à l'exception de Manu Payet. Comment peut-on croire à cet homme qui, après avoir été critiqué par son ex-belle-mère, débarque à poil dans le salon pour la provoquer en agitant sa teub sous ses yeux et ceux de ses vieilles amies ? Il pourrait finir en taule pour agression sexuelle pour moins que ça. C'est d'une finesse... Ce personnage accumule les tares et les erreurs, c'est une sorte de beauf XXL, un adolescent attardé complètement immature qui sort des remarques lourdes, sexistes et vulgaires toutes les 20 secondes et qui se comporte comme le dernier des cons. Il n'est pas crédible une seconde. Comment Dominigue Farrugia peut-il croire que l'on pourra rire face aux exactions de ce si méprisable énergumène ? On finit simplement par associer encore davantage Gilles Lellouche à l'abruti profond auquel il prête de nouveau son allure bovine...




Soyons honnête, relevons tout de même la seule bonne idée du film : le fils de Bourgoin et Lellouche, un gamin d'une dizaine d'années complètement fan des orques. Une affiche d'Orca est placardée sur la porte de sa chambre, un film dont il est un fan absolu et qu'il regarde en boucle. Toute sa piaule est recouverte de posters à l'effigie des cousins de Tilikum et remplie d'accessoires du même ordre. C'est une chouette idée, il faut le reconnaître. C'est totalement débile mais c'est sympa. D'ailleurs, ce personnage-là est réussi, c'est bien le seul qui soit à peu près aimable, que l'on aimerait saluer, voir davantage à l'écran, croiser dans la rue. Le jeune acteur, Kolia Abiteboul, est très bon. Chacune de ses apparitions est une éclaircie dans cette comédie ridicule et laborieuse, proposant une série de scènes grotesques et jamais drôles. Il faut aussi reconnaître que la dernière saloperie de Farrugia est tristement accrocheuse. Le rythme est tel que l'on regarde ça bêtement, en se laissant faire, curieux de découvrir quel niveau de nullité et de débilité sera atteint par la scène suivante. J'ai tout de même stoppé net alors que l'affichage de mon lecteur indiquait 1:10, sans doute juste avant que cette horreur reprenne le schéma classique de la romcom de bas étage, qui voudrait ici que Delphine et Yvan se rabibochent, pour le meilleur et surtout pour le pire...


Sous le même toit de Dominique Farrugia avec Louise Bourgoin et Gilles Lellouche (2017)

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