10 février 2013

Red Hill

Un jeune officier de police s’installe avec sa femme enceinte dans une bourgade paumée de l’Australie, une jolie petite ville plantée dans un décor magnifique, digne des images d’Épinal du Far West américain. Notre héros espère y trouver le calme et la quiétude propices à l’épanouissement de sa famille, cette tranquillité qui leur permettra bientôt de voir grandir sereinement leur gamin. Mais encore faut-il que le jeune flic survive à sa première journée de travail, qui lui réservera bien des surprises... Stop, je m'arrête là ! Je ne vous en dis pas plus, ça desservirait le film, et dites-vous bien que ce n'est qu'une histoire de playmobils ! Le réalisateur et scénariste australien Patrick Hughes devait avoir, comme nous petits, plusieurs genres de playmobils à sa disposition, tous issus de différents anniversaires ou fêtes de Noël. Des cow-boys  principalement, et tout ce qui va avec : chevaux, bétail, fusils, ranchs, bottes de paille, etc. Mais aussi des éléments plus contemporains : bagnoles, radios, télévision, talkie-walkie, bâtiments modernes, etc. Et même quelques raretés, comme par exemple une panthère noire, seule rescapée d’un cirque itinérant dont les autres pièces ont apparemment été perdues. Ne voulant pas se priver de tous ces jouets et autres gadgets divers et variés, comme nous autres quand nous étions encore des enfants plus ou moins gâtés, Patrick Hughes a jugé bon d'impliquer tous ces éléments dans l’histoire minimaliste de son film, un western moderne dans la plus pure tradition.




Ma comparaison foireuse avec les playmobils n’est pas du tout un reproche déguisé que j’adresse à ce film, bien au contraire. C’est plutôt pour insister sur certaines de ses plus évidentes qualités : la limpidité de son scénario, une appréciable économie de moyen et l’humble épure de son style, autant d'éléments qui lui donnent un cachet très plaisant. C’est une histoire de vengeance basique, ultra prévisible mais très efficace, que nous raconte finalement Patrick Hughes. Et l’on suit tout ça avec beaucoup d’entrain, car le bonhomme s’applique modestement à rendre son film très élégant. En outre, le cinéaste prend son temps pour installer ses personnages et dévoiler les quelques rares petits secrets de son intrigue. Des qualités qui sont aujourd’hui très rafraîchissantes et qui font vraiment plaisir à voir, alors que nous sommes noyés par une masse de films américains allant à toute vitesse et qui nous saoulent bien vite avec leurs scénarios sans queue ni tête se croyant pourtant tout à fait géniaux. Dans Red Hill, l’action a beau se dérouler sur une petite dizaine d’heures, le cinéaste prend son temps, et c’est ô combien appréciable.




Même quand il s’aventure dans une scène très risquée (lorsque le héros, s’éloignant très temporairement des évènements, revient voir sa femme pour lui dire quelques mots doux avant de repartir à l'aventure), Patrick Hughes s’en tire miraculeusement bien et parvient même à mettre en boîte un moment assez poignant. Faut dire qu’à ce stade-là du film, nous sommes déjà acquis à sa cause, et nous attendons seulement de savoir comment tout cela se terminera. C’est plutôt quand le réalisateur nous pond un petit flash-back explicatif qu'il n’excelle pas vraiment, car le procédé est un peu facile et on aurait peut-être même pu s’en passer. Il faut cependant noter qu'il saisit alors l’occasion pour nous gratifier de quelques très belles images dignes des meilleurs westerns. La pilule passe donc sans douleur. Red Hill est également très bien servi par ses acteurs. A commencer par le bellâtre Ryan Kwanten, l'un des acteurs principaux de la série True Blood. Mon paternel, conquis par le film, a deux hypothèses pour expliquer la performance remarquable du jeune australien dans le rôle de ce héros impliqué dans une sale histoire qui ne le concerne pas. La première : ce comédien est extrêmement mauvais et c’est pour cela qu’il a l’air de traverser le film comme un spectateur, ce qui paradoxalement convient tout à fait à son rôle. Seconde hypothèse : l’acteur est au contraire très doué, une future star, et il parvient superbement à rendre compte de l’état d’esprit de son personnage, qui se retrouve dans de beaux draps alors qu’il n’y est pour rien ! Personnellement, j’avoue avoir été moins interloqué par le jeu sans fioritures de Ryan Kwanten ; je ne sais pas si cet acteur deviendra grand, j'en doute même, je sais juste qu’il tient ici très bien sa place, il rend une copie propre, sans bavure. Quant aux autres acteurs, eux aussi dans des rôles difficiles, puisque nous ne sommes jamais bien loin des caricatures, ils s’en tirent également avec les honneurs, bien aidés par les grosses gueules patibulaires qu’ils se trimbalent naturellement.




Au bout du compte, Red Hill est donc un western très plaisant et drôlement efficace. L'histoire a beau être aussi basique que celles que l’on pouvait inventer quand on avait encore l'âge de jouer aux playmobils, on pardonne ses petites incohérences, et le film n’en demeure pas moins maîtrisé de bout en bout et ponctué de quelques passages de toute beauté. Une œuvre réellement enthousiasmante dans le paysage cinématographique actuel. Et, comme si cela ne suffisait pas, Patrick Hughes trouve le moyen de nous quitter sur un dernier plan d’une beauté sauvage tout à fait bienvenue. Une dernière image qui ne fait que nous donner encore plus envie de dire du bien de ce petit film si sympathique !


Red Hill de Patrick Hughes avec Ryan Kwanten, Steve Bisley, Tommy Lewis et Claire Van der Boom (2010)

13 commentaires:

  1. N'importe quoi c'est pas un western, ça se passe nowadays!

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  2. Cet article donne bien envie de voir ce film : pour l'histoire de playmobils et Ryan Kwanten ^^

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  3. Cool ça donne envie ! dans la série true blood l'acteur est justement assez bon dans le registre mec teubé

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  4. Oui il joue parfaitement le mec teubé dans true blood, on peine à l'imaginer jouer un rôle sérieux.

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  5. ça aurait dû s'appeler Sad Hill, Sad Hill, Sad Hill.

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    1. Parce que c'est presque comme Red Hill, sauf que c'est Sad Hill de DJ Khéops !

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Sad_Hill

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    2. Avant ça c'est le cimetière à la fin de The Good, the bad and the ugly.

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  6. Cet article me donne envie de rejouer au playmobil.

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    1. Après avoir été traumatisé par Mad Max 2, j'ai mélangé les legos moyen-âge avec ceux de l'espace!

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  7. Stallone a flashé sur ce film. Résultat : Patrick Hughes vient d'être embauché pour réaliser The Expendables 3...

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