Le gamin de Guillaume Canet et Mélanie Laurent se fait enlever dans une réserve indienne alors qu'il était en colonie de vacances. A bout, Guillaume Canet décide de mener l'enquête lui-même et part, désespéré, à la recherche de son fils dans les beaux paysages enneigés du Vercors. Voici le pitch de Mon Garçon, le cinquième long métrage de Christian Carion à qui l'on doit également Une Hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël et En Mai, fais ce qu'il te plaît (du coup, moi, j'ai pas maté son film !). Bien qu'il ne sache pas monter à cheval, Christian Carion est Chevalier de la Légion d'honneur. Il fait partie de ces grands mystères du cinéma français, ces réalisateurs médiocres tout de même capables d'attirer dans leurs projets des "vedettes" (notez les guillemets). Guillaume Canet, Michel Serrault, Mathilde Seigner, Mélanie Laurent, Diane Krüger, Dany Boon, Emir Kusturica, Willem Dafoe, Alexandra Maria Lara, Niels Arestrup, Olivier Gourmet... tous ces gens ont défilé devant la caméra de Christian Carion, se mettant au service de ses scénarios minables, parfois même à plusieurs reprises. Comment est-ce possible ? Je laisse la question en suspend...
Mon Garçon nous propose donc d'assister à la détresse de Guillaume Canet. Bien décidé à gagner des oinps auprès de son ex-femme, sa rage lui ordonne de se faire justice lui-même. Nous le suivons donc dans son entreprise, très américaine, de vengeance. Après avoir repéré une voiture présente dans deux vidéos amateurs prises lors du départ en colonie du gamin, il retrouve immédiatement la piste des kidnappeurs à partir de la plaque d'immatriculation. Facile. Une fois arrivé au domicile du kidnappeur, nous avons droit à une scène mémorable de torture au chalumeau administrée par un Guillaume Canet enragé sur un pauv' type qui tient à garder le silence et ne livre aucune info, lui qui n'est qu'un maillon sans importance d'un vaste système de trafic de gosses. Cette scène-là vaut le coup car elle nous offre le spectacle d'un acteur poussé dans ses derniers retranchements. C'est la troisième collaboration entre Canet et Carion. Le réalisateur a demandé à son acteur d'improviser chacun de ses dialogues, chacune de ses réactions, selon le contexte et la situation. Quand Canet a vu ce poste de soudage équipé Oxyflam, son sang n'a donc fait qu'un tour : il s'est mis à menacer sa victime de lui cramer le ièp après lui avoir retiré, difficilement, sa godasse. Avant cela, l'acteur avait bien essayé de le faire causer par la menace verbale dans des interjections riches en insultes mais sans effet notable. "Enculé de ta race tu vas me dire où est mon garçon !" On remarque alors que Guillaume Canet insulte volontiers les races de ses semblables et qu'il est alors particulièrement ridicule.
Autre scène, plus tôt dans le film, autre performance de choix : celle de Mélanie Laurent qui, anéantie par la disparition de son fils et navrée par les agissements de son ex-mari, se met à hurler contre lui, après que celui-ci s'en soit pris à son nouveau compagnon (résultat des courses : deux côtes cassées et un séjour à l'hosto) qu'il accusait d'être dans le coup. Mélanie Laurent perd alors sa voix et se met à crier des dialogues infâmes en flirtant avec les ultrasons. Quiconque matera ce film avec son animal de compagnie au pied du canapé le verra fuir la pièce en toute hâte devant un spectacle aussi pénible pour leurs sensibles oreilles. Recherchant visiblement le réalisme à tout prix, Mélanie Laurent en oublie notre bien-être et prouve de nouveau toute sa bêtise. La dernière partie du film nous propose de voir Canet dégonfler un pneu de 4x4 (c'est long...) puis s'en prendre à chaque ravisseur à coups de club de golf. Quand il retrouve enfin son gosse, on se dit putain... tout ça pour ça ? Pour une telle erreur de la nature ? Pour cet avorton à peine humain ?
Alors que l'on croit avoir assisté au pire, Mon Garçon se conclut sur une scène surréaliste dans laquelle toute la petite famille est réunie au grand complet et joue ensemble au frisbee, dans un très joli décor immaculé et ensoleillé que Chris Carion croit embellir encore en filmant à contre-jour, le soleil inondant le cadre. Plus ridicule encore : Mélanie Laurent et Guillaume Canet commentent chacun de leurs lancers via des dialogues improbables ! "Oh, de la main gauche, joliiiii !", dit un Canet débordant d'un enthousiasme très forcé à son fils si problématique, heureux qu'il soit atteint de la même pathologie que lui. "Magnifique échange... C'est ce qu'on appelle un magnifique échange" ajoute Laurent, hilare sans motif valable, et Canet de répondre un incompréhensible "Elle va écrire des bouquins ta mère maintenant...". Ça laisse vraiment sans voix ! "J'ai eu un peu peur quand même..." précise ensuite Canet après avoir manqué de recevoir le frisbee en travers la gueule. C'est surréaliste !
Cette scène finale échappe aux mots. La légende raconte que la petite troupe devait initialement jouer au cerf-volant mais, face à l'absence total du moindre courant d'air le jour du tournage, le gamin a proposé le frisbee ! Quand on voit le résultat à l'écran, nous ne pouvons que nous réjouir que les éléments se soient mobilisés contre ce film. L'arrivée des flics vient conclure ce douloureux épilogue comme pour nous rappeler que nous sommes devant un film français et non américain : ils embarquent Guillaume Canet, qui a tout de même laissé trois ou quatre cadavres dans son sillage pour récupérer son morbac... Dans la catégorie "film français avec un acteur constamment à cran et en roue libre cherchant à se faire justice lui-même", Mon Garçon se pose là mais n'arrive tout de même pas à la cheville de Blanc Comme Neige, ce sommet d'humour involontaire porté par la frénésie d'un François Cluzet au top de sa forme.
Mon Garçon de Christian Carion avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent (2017)
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