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26 décembre 2018

Hitman & Bodyguard

Il n'y a franchement pas grand chose à dire sur ce film, nouvel essai non concluant de buddy movie comme les américains savaient en produire dans les années 80 et 90 mais dont ils ont depuis longtemps oublié la recette. Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson sont supposés faire la paire dans ce film d'action au scénario en roues libres dont on se contrefiche du début à la fin. En gros, Ryan Reynolds est ici une sorte de garde du corps qui a pour mission d'escorter un tueur à gages, Samuel L. Jackson, jusqu'au tribunal de La Haye afin que celui-ci puisse témoigner sur les exactions d'un dictateur biélorusse sanguinaire joué par un très triste Gary Odlman. Alors que le script devrait nous proposer une course contre la montre trépidante, puisque nos deux hommes sont pourchassés à la fois par Interpol et les agents du dictateur tandis qu'ils doivent arriver au tribunal en un temps limité, nous sommes en présence d'un gloubiboulga indigeste, sans queue ni tête, dont les scènes d'action, qui veulent pourtant nous en mettre plein la vue, sont particulièrement pénibles. A aucun moment nous ne nous intéressons à ces deux personnages inexistants qui pourraient tout à fait être de nouveaux super-héros tant ils ont les mêmes pouvoirs (illimités) et le même sens de l'humour (très limité). Infaillibles, invincibles, ils accumulent les cadavres de pauv' types anonymes sur leur passage lors de fusillades et de poursuites sans aucun enjeu ni suspense.




C'est quand même dommage de voir la trajectoire qu'a pris la carrière de Patrick Hughes, ce cinéaste australien qui avait débuté par un western plutôt prometteur, Red Hill, avant de devenir un yes man lamentable à Hollywood. Si sa réalisation n'a pas d'âme, les acteurs ne parviennent jamais à donner le moindre intérêt à ce foutoir hideux. Ryan Reynolds est dénué de tout charisme et fait preuve d'un potentiel comique proche du zéro absolu. C'est un véritable boulet, à peine bon pour pavaner dans des pubs pour fringues ou parfums minables. Quant à Samuel L. Jackson, s'il est, je crois, la vedette qui cumule le plus de millions de dollars de recette au box office, il serait intéressant d'analyser sa filmographie de près pour en dresser un bilan qualitatif et non quantitatif. Il y aurait de quoi chialer des jours entiers. Et puis l'on retrouve donc Gary Oldman, qui tourne comme on pointe à l'usine et ne sera décidément jamais fatigué de faire le guignol dans de telles daubes. Lui aussi, tel Samuel L. Jackson, il a beau être "cool", son crédit va finir par s'épuiser totalement à force d'aligner les immondices de cet acabit. Enfin, sachez que l'on croise également Salma Hayek, dans un second rôle se voulant comique, qui prouve ici que le ridicule ne tue pas. 




Face à un spectacle si lassant et semblant s'attacher coûte que coûte à laisser nos neurones au repos, notre esprit divague et se focalise sur des détails inhabituels. Détail ? Peut-être pas. Devant Hitman & Bodyguard, j'ai été particulièrement sensible à la laideur absolue de la photographie, de la lumière. Comment peut-on encore supporter de tels films ? Lors des scènes supposées se dérouler la nuit, on devine des spots énormes, hors cadre (de justesse !), éclairer les acteurs, pratiquement comme en plein jour, sous une lumière blanche irréelle. Quand ils sont en voiture, nos deux zigotos ont toujours les tronches qui baignent dans un halo de lumière jaunâtre provenant d'on ne sait où (d'autant plus que l'un des gimmicks du film est que Ryan Reynolds choisit systématiquement des carrosses jugés lamentables par son compète - en réalité des bagnoles tout à fait recommandables). Lors de l'affrontement final entre Samuel L. Jackson et Gary Oldman sur le toit d'un immeuble, le premier est filmé en légère contre-plongée et nous le voyons alors enveloppé d'une lumière crémeuse abominable qui mange sa silhouette. C'est tout bonnement dégueulasse. Pratiquement toutes les grosses productions américaines actuelles ont ces couleurs, ces lumières, comme la plupart des séries télé, et on ne les remarque même plus tant c'est devenu la norme. Quelle tristesse. Hitman & Bodyguard nous offre seulement une nouvelle occasion de faire cet accablant constat et de nous apitoyer encore sur le triste sort d'un certain cinéma de divertissement US, porté disparu.


Hitman & Bodyguard de Patrick Hughes avec Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson et Gary Oldman (2017)

4 janvier 2015

Lucy

Attention, devant ce film qui relate la progression exponentielle des capacités cérébrales d'une abrutie, le spectateur inattentif est susceptible d'être victime d'une chute de QI perceptible par l'oreille humaine. Quand on lance le dernier rejeton surnuméraire (il avait juré de s'arrêter à dix daubes ! tous les Besson seraient-ils des traitres ?) de la filmographie de Luc Besson, on s’attend à un truc profondément bête et laid. On est encore trop bienveillant. Lucy est nettement pire que tout ce que l’on pouvait imaginer. Le film s’ouvre sur un assez long dialogue, totalement inutile et insipide, entre Scarlett Johansson (qui à ce moment-là du film n’utilise pas encore 100% des capacités de son cerveau, avoisinant plutôt les 0% bien tassés) et un tocard baratinant pour la conduire chez le salaud de coréen qui fera d’elle une valise humaine pour sac de drogue ultra prisé puis, de loin en loin et malgré lui, un génie, une déesse, une étrange antimatière noirâtre et, in fine, une clé USB. Dans ce dialogue, le compagnon de Lucy lui (à ne pas confondre avec Lucy Liu, ni avec Gong Lui) affirme, tout fier de lui : « Je suis allé au musée hier et j’ai découvert, tiens-toi ienb, que la première femme s’appelait Lucy ». Cette phrase, totalement débile, et effrayante en soi dans la bouche d’un trentenaire faisandé, résume à elle seule la naissance du projet de ce film. Un contact Facebook de Besson a dû afficher un statut disant que « l’être humain n’utilise que 10% de ses capacités cérébrales » et, fort de cette révélation hallucinante, Luc a enchaîné les lectures (la page wikipédia sur Darwin et celle sur la théorie de l’évolution), frisant la rupture d’anévrisme à force de concentration, puis il s’est enfoncé de tout son poids dans son fauteuil de scénariste puis de réalisateur pour nous pondre cette horreur.




Besson n’a pas évolué d’un pouce depuis les débuts de sa carrière. Il nous ressort, vingt-quatre ans après, les mêmes plans, déjà ringards en 1990, qu'il avait usés jusqu’à la corde dans Léon. Ces ralentis sur l’héroïne marchant d’un pas sûr vers l’adversaire, dans un couloir, un flingue dans chaque main, centrée dans le cadre, filmée en plongée puis en contre-plongée et en travelling, un coup avant, un coup arrière, en montage alterné avec le vilain (Choi Min-Sik, le Gary Oldman coréen) qui écoute de la musique classique au casque, musique qui, pour le spectateur torturé, rythme la lente marche classieuse de l’âme vengeresse tirant sur tout ce qui bouge telle une machine parfaitement rodée pour finalement arriver face à l'ennemi suprême, lui planter des couteaux dans les mains et lui sortir de grandes phrases crétines avec aplomb. C’est le culte de la maîtrise martiale, et Besson maîtrise ces plans-là, alors il les répète à l’infini. Depuis Nikita il maîtrise aussi les personnages féminins qui dégomment leurs geôliers machos, et rejoue donc aussi cette vieille partition miteuse, en faisant des geôliers des bridés, sujet qu'il gère bien depuis Wasabi. Depuis ses productions Taxi, Taxi 2, Taxi 3 et ainsi de suite, il maîtrise aussi les grosses bagnoles qui vont vite en plein paname, qui zigzaguent à toute berzingue entre les poteaux et créent des tonnes d'accidents sans récolter une rayure, alors on n'y coupera pas, quitte à ce que la scène soit parfaitement gratuite dans le scénario.




Mais entre le nettoyeur et la nettoyeuse, entre Léon et Lucy, Besson a quand même vu quelques films. Au moins trois. Matrix d’abord, et on aura droit à Lucy détaillant les lignes de codes horizontales de la matrice dans une scène d'un autre temps. Sans oublier la grande fusillade finale opposant les gentils et les méchants tous vêtus de noir et tirant en rafales dans des colonnes de marbre pour que tout pétarade à foison. Besson a bien aimé Old Boy aussi, auquel il emprunte son acteur principal et qu’il cite frontalement dans une scène complètement incohérente parmi tant d’autres (scène de combat au corps-à-corps contre une armada de coréens dans un couloir, sauf que Lucy, alors qu’elle parvenait à endormir une foule en un claquement de doigts deux scènes plus tôt et qu’elle est censée devenir toujours plus puissante, élimine désormais ses opposants un par un, sans difficulté mais de façon plus laborieuse…). Besson n'est pas resté insensible au charme de Tree of Life, enfin, et il égrène son film d’action d’images documentaires piochées ça et là dans les documentaires de France 5 et d'Arte, montrant la belle nature et la méchante civilisation. Dans la lignée de Malick, il n'hésite pas non plus, le temps d’une scène mémorable, à repartir vers la naissance du monde, réunissant les dinosaures et la première Lucy, la vraie, la première femme au look de singe. Cette dernière touche le doigt de la nouvelle Lucy transhumaine dans une reprise complètement ridicule du plafond de Sixtine. Besson n’a vu que trois films depuis 24 ans mais il connaît ses classiques, foutez-lui la paix. Et son message est clair : Dieu n'est pas mort, il n'est simplement pas né (comme l'auteur de cette thèse, qui lui est trépané), ou plutôt pas encore exaucé, car Dieu c'est l'homme 2.0, ou en l'occurrence la femme 2.0, la femme surboostée par des drogues miraculeuses, la femme améliorée, faite machine (ici, donc, une clé USB de marque DaneElec, avec une capacité tout de même de 8GB).




Le pire c’est que l’homme, et là je parle de Besson, n’a certes pas évolué mais il a même plutôt nettement régressé. Ses premiers films ne valaient pas grand chose, sinon rien, mais il savait encore y développer, bon an mal an, des esquisses de personnages. Ultra simplistes, ok, mais quand même, et ils avaient même droit à des relations (l'orpheline et son Léon reconverti en mère poule, reconversion logique dans l'esprit de Besson vu le goût prononcé du personnage pour les plantes vertes et le nettoyage...). Aujourd’hui ce n’est même plus le cas. Aucun personnage dans ce film. Lucy n’est strictement rien ni personne. La seule scène qui tente de la définir est celle où elle se fait opérer (elle sait retirer une balle de son épaule, ne craint plus la douleur, apprend le chinois en une fraction de seconde, mais ne sait ni conduire, ni s’ouvrir le ventre…). Elle profite qu'on lui déroule la bidoche pour appeler sa mère et lui dire qu’elle l’aime et qu’elle se rappelle désormais des moindres détails de son existence pré-natale. Elle est toujours sensible, puisqu’elle chiale comme une madeleine en se rappelant le liquide amniotique de sa mère (elle choisira plus tard un flic lambda pour rester à ses côtés, un pseudo-élu, lui aussi inconsistant, qu'elle embrassera au prétexte qu'il lui faudrait "se rappeler" ce que c'est qu'un mec, elle qui se souvient de toute l'histoire de chaque cellule de l'univers...), mais, toute émotive soit-elle à ce stade de son évolution, elle vient d’assassiner sèchement un chauffeur de taxi innocent parce qu’il ne savait pas où se trouvait l’hôpital.




On peut laisser passer des tonnes d’incohérences quand un film de science-fiction (et presque tous en contiennent) a suffisamment d’arguments pour mériter ces efforts, mais Lucy est une avalanche d’inepties entassées dans un enveloppe dégueulasse qui ne fait pas l’effort minimum, à défaut de déployer une mise en scène ne fût-ce que correcte, de nous présenter un personnage ou simplement une histoire qui se tienne. Tout cela ne raconte en vérité strictement rien, au point qu’on a l’impression d’avoir regardé l’épisode pilote d’une série qui ne devrait surtout pas se poursuivre. A la dernière seconde du film, après que Johansson s’est dématérialisée pour se transformer en cette fameuse clé USB contenant tout le savoir qu’elle a accumulé en 24 heures (l'idée pourrait être intrigante, mais, après un tel désastre audiovisuel, elle provoque un rire nerveux), la voix-off de Johansson (actrice aussi misérable dirigée par Besson qu’intéressante dirigée par Glazer, dans Under the Skin) nous déballe : « Maintenant vous savez quoi faire ». On se demande alors, incrédule : « Mais quoi ? ». Ah si, ne plus jamais accorder une seconde de notre temps aux abjections de Luc Besson.


Lucy de Luc Besson avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman et Choi Min-Sik (2014)

18 février 2012

La Taupe

Avant la sortie prochaine de Martha Marcy May Marlene, voici Tinker Tailor Soldier Spy, nouveau venu dans la catégorie des titres à rallonge qui essaient de faire péter un plomb aux Sophie Favier et autres Isabelle Mergault (en règle générale à tous ceux qui ont des fèves à la place des dents), et de séduire les autres à coups d'allitérations fumeuses. Le pire c'est que ça marche ! J'ai voulu voir ce film principalement à cause de ce titre original taré. Mais pas seulement. La bande-annonce mensongère du film avait su me donner envie de le découvrir. C'est chose faite. Et Dieu que la bande-annonce est mensongère… Elle promet un thriller d'espionnage chiadé et haletant alors que La Taupe est probablement le film le plus soporifique de l'année. La grisaille permanente et le statisme tétanisant du film en assurent la caution auteuriale, et lui valent en prime d'être qualifié d'élégant un peu partout. Ce mot ne veut-il donc plus rien dire ? Suffit-il qu'un film soit chiant comme la mort, son scénario inutilement compliqué, les vestons de ses acteurs bien repassés et son image uniformément grise pour qu'il soit "élégant" ? Décors, photographie, costumes, acteurs, tout est gris là-dedans. D'un gris blafard qui vous pétrifie sur place.


La scène trépidante du film : Gary Oldman, toujours les mains dans les poches, apprend à une sorte de traître, en tout cas à un agent qui n'a pas bien fait son boulot, qu'il le renvoie en Russie, l'avion approche lentement au second plan, le "traître" pleure, Oldman le regarde pendant cinq minutes, fin de la séquence.

Et c'est pas l'histoire qui va vous maintenir en vie. On n'y comprend strictement rien, mais c'est peut-être moi, je suis une merde devant ce genre de scénario retors à la mords-moi-le-nœud où chaque personnage ressemble à tous les autres et possède 18 noms minimum. Certains prétendent qu'il faut revoir le film quatre ou cinq fois pour en saisir toutes les subtilités et enfin capter le fin mot de l'histoire dans ses moindres détails, sauf qu'il faudra me payer, et chèrement, pour que je relance un film dénué de tout intérêt historique, de toute portée métaphysique, de toute émotion esthétique et de tout plaisir cathartique. Pour ce que j'en retiens, ou plutôt pour ce que j'ai compris donc, c'est l'histoire, durant la guerre froide, d'agents secrets et autres espions anglais qui sont bien embêtés parce qu'ils ont une taupe au guichet. Vous trouvez ça court ? Moi aussi ! En gros ils sont cinq ou six, ce sont les dirigeants ou des membres actifs du Circus, et il y a une taupe, un traître à la solde des Russes, infiltré parmi eux, "there is a mooooole at the top of the circus". Il faut trouver l'intrus. Voila. Et ça déblatère d'un côté, de l'autre… Au final le grand traître c'est (je vais vous ruiner le film, mais croyez-moi c'est un service que je vous rends) Colin Firth, qui ressemble assez à Chandler Bing dans ce film, le Chandler Bing obèse et au visage cubique des dernières saisons de Friends. Son personnage est non seulement une taupe mais c'est en prime un sacré renard puisqu'il baisait la femme de Gary Oldman, pour le foutre dedans jusqu'au bout et puis pour faire soi-disant diversion, là encore, allez piger.


Comment cacher sa grosse gaule, par Colin Firth, best actor award winner 2011

Ce qui est sûr c'est que si Colin Firth fut sacré aux Oscars pour son rôle d'héritier de la couronne d'Angleterre dans Le Discours d'un roi, il vient de s'enterrer en la trahissant dans un film où on ne se souviendra de lui que pour cette séquence où Gary Oldman le surprend dans son salon en rentrant chez lui, le prenant la main dans le sac alors qu'il vient juste de tringler sa femme, et où ce grand espion et fin dissimulateur tâche de mystifier son vieux patron par une excuse bidon tout en essayant vaille que vaille de renfiler ses chaussures sous la table. A moins qu'il ne fasse exprès de se faire choper ? On s'en tape ! Toujours est-il qu'il est magnifique dans cette scène où ses chaussettes couleur taupe lui volent la vedette, observé dans sa pathétique manœuvre par un Gary Oldman qui réagit en.. non il n'a aucune réaction, ni dans cette scène ni dans aucune autre. Les acteurs en font paradoxalement des caisses sans broncher. C'est-à-dire qu'ils ne bougent pas un sourcil mais qu'ils en font des kilos dès qu'ils clignent de l’œil, chacun de leurs cils pesant semble-t-il une gigatonne. En particulier Gary Oldman. Pour ce qui est de son enveloppe corporelle, c'est sa statue de cire du Musée Grévin qui est filmée, et pour la voix, quoi qu'il dise il déclame avec un accent anglais surdoué insupportable, tel un acteur shakespearien du XVIème siècle, mais sous-doué l'acteur, vu qu'il détache chaque syllabe comme un abruti. Le comédien ne quitte strictement jamais la pause qu'il tient sur l'affiche. Vous pouvez faire défiler dix décors de bureaux enfumés dans son dos en laissant sa photo en surimpression au premier plan et vous tenez l'intégralité du film !


John Hurt mérite mieux que cet éternel rôle de vieux croulant... Lui aussi en fait des bombonnes sans jamais lever son cul de sa chaise. Derrière lui, Gary Oldman prend littéralement racine.

Le jeu des acteurs est non seulement fatiguant mais il rend le film encore plus figé et mort qu'il n'est. On se fout à peu près à 100% de savoir qui est la taupe. Si c'est ça le renouveau du film d'espionnage, autant vous dire que le genre est mort une seconde fois ! Le titre anglais, le fameux Tinker, Tailor, Soldier, Spy, énumère les noms de code des traîtres, ou des types qui n'ont pas bien fait leur boulot d'agent, si j'ai bien pigé (loin d'être sûr), l'intitulé se veut donc un massive spoiler unique en son genre, et le film aurait dû s'appeler Tinker Trailer Spoiler Spam ! C'est comme si Seven s'était appelé "John Doe", ou si Hannibal s'était appelé "Hannibal"... Ceci dit ça me paraît louche ce que j'avance là sur le titre original de La Taupe, j'ai pas dû bien piger. Mais je suis pas fou, à un moment, à la fin du film, on voit bien un des agents secrets anglais qui observe à la jumelle ses potes qui entrent dans un bâtiment discrètement, et il énumère leurs blazes : Tinker… Tailor… Soldier… Shpatz... Donc ça reste un spoiler, à moins que je n'aie vraiment rien compris ! Mais j'en ai, alors là, mais rien à foutre.


La Taupe de Tomas Alfredson avec Gary Oldman, John Hurt et Colin Firth (2012)

13 janvier 2011

And Soon the Darkness

Ce film-là, on est 12 à l'avoir vu. Pas un de plus, pas un de moins. 12 zonards pur jus, 12 gros naïfs, 12 ados attardés. Tout ça à cause d'une image présente dans la bande-annonce qui nous a tous fait espérer un film gouverné par la seule beauté de ses actrices principales. Aussi, le titre n'y est peut-être pas pour rien non plus. And Soon the Darkness. Dites-le à voix haute, ça fait trembler les murs, ou bien c'est juste moi qui ai un gros mal de gorge. Sans déc', on dirait le titre d'une chanson de Death Cab for Cutie ! M'en faut pas plus pour me choper. Mais le réalisateur Marcos Efron et sa petite bande n'ont rien inventé : ce film est le remake d'un thriller british quasi culte signé Robert Fuest sorti en 1970 avec lequel il partage son terrible intitulé (d'autres éléments ont cependant été modifiés : alors que l'action se déroulait dans nos campagnes françaises, elle a été ici déplacée en Argentine, le remake nous narrant les mésaventures de deux jeunes américaines et non d'anglaises). Bref, revenons plutôt au cœur du problème, à ce maudit trailer... Un plan de quelques secondes était placé dans ce teaser par un roi du marketing, par un petit Machiavel d'Hollywood. Quelques secondes d'un bonheur bucolique et ensoleillé qui rendaient à ce teaser son sens le plus littéral. To tease : allumer, aguicher. C'est pas moi qui le dis, c'est Robert et Collins. Quand j'ai maté cette bande-annonce, plusieurs fois de suite, pendant près d'une heure trente, soit pendant la durée de ce long-métrage à proprement parler, j'étais effectivement teasé. Ce plan pas si fugace que ça était évidemment issu de cette scène assez gratuite où la brune Odette Yustman et la blonde Amber Heard se dévêtent tour à tour pour profiter d'un bon bain de soleil.

 
 
Dans ce teaser calibré pour les crapauds de mon espèce, un plan était entièrement consacré au postérieur d'Odette Yustman, suite à sa libération de son mini-short en jean. Cette jolie actrice a l'habitude de produire cet effet. A ma connaissance, c'est la deuxième fois qu'un film base sa promo sur ses charmes. Elle était déjà filmée en petite culotte dans Unborn, autre film d'horreur de bas étage où on apprenait qu'elle était possédée par l'esprit de son jumeau mort-né, devenu par conséquent démon de minuit (un scénario d'enfer, original celui-ci !). Non seulement elle devait s'y promener en culotte courte, mais que dire de l'affiche de ce film, reprise pour sa pochette dvd et tous les supports le contenant ?




On n'y mettait pas trop en avant la présence de l'Academy Award Winner Gary Oldman, curieusement... Une question se pose alors. Ou plutôt plusieurs. D'abord, que fait le réalisateur du film quand il doit tourner de tels plans ? Que demande-t-il à son actrice ? La prévient-elle en lui annonçant "Hé je vais faire un plan serré sur tes fesses, ne bouge pas", ce à quoi l'actrice répondrait machinalement "Ok mais fais vite, il fait pas chaud..." ? Allez savoir... Mais surtout : que pense une actrice comme ça quand le réalisateur met en boîte son maudit plan et quand, plus tard, elle découvre que les affichistes ont eux aussi axé leur travail autour de ses courbes ? Et quand, bien longtemps après, un blogueur ciné trépané y consacre un article ? On espère seulement que ça ne la gêne pas trop ; la beauté et le sex-appeal sont souvent de bien lourds fardeaux... Je laisse toutes ces questions en suspend, ou plutôt : je les laisse continuer à me ravager de l'intérieur.

Ce film-là, on est 12 à l'avoir vu. 12 hommes en colère.


And Soon the Darkness de Marcos Efron avec Odette Yustman et Amber Heard (2010)

27 mai 2009

Bram Stoker's Dracula

Ne vous y trompez pas, le Dracula de Coppola n'est pas un film d'horreur, c'est une comédie romantique. Côté comédie faudra vraiment se marrer comme un chalutier devant les lunettes rondes teintées de bleu que porte le Comte de Dracula (Gary Oldman) dans l'Angleterre de la fin du 19ème siècle, parce qu'à côté de ça c'est quand même pas un gros rigolo Francis "Ford" Coppola. Du coup il a tout misé sur la romance. Les seuls frissons qu'on peut attendre de ce film seront les émois d'une grande histoire d'amour. Encore faut-il y être sensible à cette fresque amoureuse : en 1492, Le Prince Vlad Dracul revient d'une guerre contre les Turcs et retrouve sa bien-aimée morte. Grosse faute de scénario, historique, grand goof scénaristique, accroc logistique, couac de script puisqu'en 1492 Christophe Colombin essuyait ses bottes dégueulasses sur le paillasson de l'Amérique en étendant sur la plage sa collection de slips fatigués par un long voyage en mer. Évidemment ça n'empêche pas qu'il se passât d'autres choses dans le monde la même année, mais quitte à choisir une date pour une fiction inventée pourquoi pas en choisir une autre, un peu moins historiquement marquée ? Ce serait comme si King Kong avait mis la patte sur New-York le 11 septembre 2001, se frottant contre l'Empire State Building tandis qu'à deux pas de là les Twin Towers subissaient l'assaut d'un autre barbu, plus petit mais plus rusé. Ou bien ce serait comme adapter la légende de la Bête du Gévaudan en la réactualisant pour situer l'action le 12 juillet 1998, alors que le monde entier avait les yeux rivés sur le Stade de France ce soir-là.



Toujours est-il que découvrant le cadavre de son grand amour, Dracul Vlad s'en prend à Dieu, l'invective, "encule sa mère" (sic.), et se voit transformé en Comte Dracula vampire de son état. Près de 400 ans plus tard, le suceur de sang le plus célèbre du monde est soucieux de quitter le bled, la Transylvanie, où il croupit depuis tout ce temps. C'est alors qu'il rencontre en Angleterre une jeune femme, Mina, qui ressemble trait pour trait à Elisabeta, son amour du 15ème siècle. La jeune femme est le sosie vivant de son flirt de jeunesse qu'il n'a jamais oubliée et pour qui il s'est damné la race. Au point que la même actrice, la très bustée Winona Ryder, incarne les deux rôles. Personnellement j'ai un peu de mal avec cette idée-là. C'est très facile de trouver cette histoire incroyablement belle et troublante, mais personnellement je suis uniquement troublé, et loin de trouver "belle" l'idée que ce type tombe éperdument amoureux d'une femme uniquement parce qu'elle ressemble à une autre, parce qu'elle lui rappelle celle qu'elle n'est pas mais qu'il a passionnément aimée fût un temps, 400 piastres plus tôt. Le seul moyen d'accepter cette idée comme "belle" c'est d'admettre l'évidence, à savoir que Mina n'est autre que la réincarnation d'Elisabeta, la même femme. Dans ce cas c'est plus ou moins la même personne et Dracula ne réduit pas une femme au souvenir d'une autre, se contentant plutôt de laisser son amour en sursis refleurir lorsqu'il retrouve in fine l'âme tant aimée pour laquelle il s'était condamné. Mais pour ça encore faut-il croire à la réincarnation. Et perso j'y crois pas. Et quand je crois pas au truc je peux pas aimer le film. Le souci c'est que je crois pas non plus aux vampires. D'où la chicane...



Qui plus est cette grande histoire d'amour n'est qu'arnaque, crime et botanique ! De la poudre aux yeux lancée à la face du naïf que je suis, craignant vampires et autres goules chaque nuit et impatient de découvrir enfin, après l'avoir rippé en dvd, l'adaptation fidèle du plus grand roman aux dents longues de l'histoire de la littérature. Adaptation promise par le titre, qui, vérifiez si ne m'en croyez, est bel et bien Bram Stoker's Dracula. Titre original et véritable, que les sous-titres de mon lecteur dvd traduisent maladroitement : "D'après Bram Stoker", alors qu'ils devraient dire : "Dracula, de Bram Stoker", comme l'a écrit dans la langue de Shakespeare l'illustre Francis Ford Chipolata. Ou bien à la limite : "Dracula de Bram Stoker de Francis Ford Mustang Coppola"... J'étais donc en droit, ou plutôt avais-je le devoir de m'attendre à une adaptation fidèle du roman si cher à mon cœur, que je n'ai jamais lu. Sauf que Coppola a collé le nom de l'auteur au cul de son film pour se légitimer ou pour se démarquer d'une dizaine de films souvent tout aussi mauvais que le sien. Il faut un certain culot pour choisir "L'amour est éternel" comme tagline sur une affiche, juste au-dessus du nom de Bram Stoker, alors que dans le roman originel y'a autant d'histoires d'amour que j'ai d'ailes au cul.



De toutes façons Francis Ford Copycat flirte avec le mauvais goût à tous les niveaux dans ce projet et ça dégouline à l'image. Ce kitch qui peut avoir un certain charme dans les premières minutes du film, en directe lignée du style gothique un peu grotesque inféodé à ce genre de récits, finit par taper sur le système. Si Coppola a voulu rendre ses lettres de noblesse au genre, il lui a adressé une lettre d'insultes en recommandé. Les gens adorent "Le Dracula de Coppola". En réalité il est relativement nul à chier. Seulement ça sonne tellement bien "le Dracula de Coppola" que c'est un régal à dire. Perso j'ai voulu aller au bout de cette thèse et pour kiffer comme jamais j'ai regardé le Dracula de Coppola en mangeant des samosas trempés dans du tarama ainsi qu'une grosse pizza, le tout en enculant mon chat. Mais rien n'y a fait, j'ai pas plus apprécié pour autant. Le seul acteur qui sache tirer son épingle du jeu de Coppola, c'est Anthony Hopkins. On le voit essayer de détruire le script sous nos yeux et il s'y prend à merveille (vous me direz que Keanu Reeves en fait autant mais lui ne le fait pas du tout exprès). Ce vieillard d'Hopkins était sans doute la seule personne un poil lucide sur le plateau. J'ai toujours pas pigé comment on peut avoir une carrière aussi longue avec un visage aussi peu symétrique.


Dracula de Francis Ford Coppola avec Keanu Reeves, Gary Oldman, Winona Ryder et Anthony Hopkins (1993)