9 novembre 2019

Le Roi

Quelle purge ! L'australien David Michôd, en lequel nous avions jadis pu croire grâce à deux premiers essais encourageants, continue sa chute dans les abîmes, en toute discrétion, sur Netflix. The King (étrangement traduit Le Roi par chez nous) était une grosse sortie pour la plateforme de distribution de vidéo à la demande et un nouveau déchet filmique de plus à ajouter à leur si triste catalogue. On annonçait pourtant du lourd, de l'épique, du costaud ! En réalité, on s'emmerde dès les tout premiers instants et on ne se sent strictement jamais concerné par ce film d'époque ankylosé au dernier degré, par ces personnages monolithiques et ce scénario emprunté qui traîne dans la boue Shakespeare et l'Histoire. C'est si long, si laborieux, si pénible... Il n'y a là-dedans aucun souffle, aucune énergie. On se fout tellement de ces intrigues de palais si platement filmées et grossièrement interprétées, vous n'avez même pas idée ! On relève un peu les yeux uniquement à l'apparition de l'impayable Robert Pattinson, d'un ridicule à toute épreuve dans la peau du vil Dauphin, Louis de Guyenne, avec son accent français improbable et extrêmement mal joué. L'acteur commet ici son premier gros accident de parcours post-Twilight, lui qui nous avait jusque là très agréablement surpris dans ses choix, chez les frères Safie ou devant la caméra de James Gray par exemple ; c'est bien la première fois qu'il apparaît autant à côté de la plaque, à ce point en roue libre.


Sean Harris, à droite du roi, adopte cette position étrange pendant tout le film. Il joue un traître.
Aux dernières nouvelles, Bobby Pattinson n'est pas mort, c'est bien la preuve que le ridicule ne tue pas.

La fameuse bataille d'Azincourt, supposée être le point d'orgue du film, est d'une terrible fadeur. Dénué de la moindre idée de mise en scène, David Michôd opte sans surprise pour le plan séquence quand il suit le roi gringalet Timothée Chalamet se joignant à la bataille le poing levé. Cela ne fait aucun effet et on a bien du mal à y croire. La prestation de l'acteur franco-américain, très coincé, ne fait rien pour arranger les choses. Regardez de près comment il marche : il pose chacun de ses arpions à plat devant lui, selon un angle de 25°, pour un résultat désolant qui ne lui confère en rien une démarche royale (ou bien un roi qui a une taupe obèse au guichet mais, à vrai dire, tout le casting a l'air constipé). En voilà un que nous avons beaucoup trop tôt couvert de louanges... Je ne dirai rien de Lily Rose-Depp car c'est trop facile de tirer sur l'ambulance de la "fille de" qui n'a strictement aucun talent de comédienne mais qui est tout de même conviée à jouer dans de tels films sous le prétexte que sa tronche en biais rappelle vaguement ses darons. Avec l'argent de ses parents, elle devrait plutôt penser à se payer une formation qualifiante, de type gardienne de troupeau dans les estives. Un mot sur Joel Edgerton, également co-scénariste avec son ami Michôd : il s'est attribué un rôle taillé à sa mesure, celui d'un sac à vin qui meurt à l'issue de son premier combat après avoir donné quelques bons conseils au roi, du genre "Un roi qui a baisé est un roi plus serein" (authentique).


Embelli pour le rôle, Joel Edgerton ne joue pas un traître malgré ce que l'image peut suggérer. 
Lily Rose-Depp après sa première nuit d'amour avec le roi. L'actrice ne nous a pas convaincus.

On a ici qu'une envie : que ça se termine enfin. D'autant plus que, de la première à la dernière seconde, nous aurons subi ce sempiternel voile grisâtre permanent, ces couleurs ternes et effacées, ces lumières artificiellement tamisées, bref, cette photographie paresseuse et à gerber que l'on a déjà bien trop vue par ailleurs. Car, quand même, vous comprenez, nous devons avoir l'impression d'être au Moyen Âge, à cette époque où tout était si morne et décoloré, c'est bien connu ! Faut-il n'avoir aucune espèce de curiosité, d'intérêt ou de respect pour les représentations que le Moyen Âge nous a laissées de lui-même pour tomber encore dans ces sordides travers. Navrant. C'est si mauvais et chiant que cela parvient presque à rendre plus sympathique le pourtant falot Outlaw King, cette autre production moyenâgeuse distribuée par Netflix avec un roi dans le titre (pour justifier mon rapprochement hasardeux). Au moins on s'amusait un peu. Là, rien. Le prometteur Animal Kingdom paraît désormais si loin... 


Le Roi (The King) de David Michôd avec Timothée Chalamet, Sean Harris, Joel Edgerton, Robert Pattinson et Lily Rose-Depp (2019)

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