4 mai 2019

Dans la brume

Attention, nouvel essai de film fantastique à la française ! Faisons donc preuve d'indulgence face à cette production ambitieuse qui nous plonge dans un Paris noyé sous une épaisse brume toxique d'origine inconnue. Seuls quelques habitants, placés suffisamment en hauteur lors de l'apparition du nuage mortel, et une paire de gamins malades, condamnés à demeurer dans des bulles artificielles, sont encore en vie. Parmi les rares rescapés, un couple fraîchement divorcé, incarné par Romain Duris et Olga Kurylenko, a trouvé refuge dans l'appartement de leurs vieux et aimables voisins situé sous les toits, juste au-dessus du brouillard nocif. Ils vont faire tout leur possible pour sauver leur gamine atteinte de ladite maladie, restée à l'abri dans sa bulle, quelques étages en-dessous.




Le film du québécois Daniel Roby n'a rien de véritablement honteux et se regarde sans trop souffrir, ce qui est déjà pas si mal pour le genre. Le problème, c'est qu'il semble tellement préoccupé à ne pas tomber dans les pièges habituels, à ne pas nous resservir tous les poncifs attendus (zombies, virus, etc), qu'il en oublie de développer une identité à part entière. Au bout du compte, on sort de cette petite heure et demie sans l'impression d'avoir vu grand chose et, quelques temps après, il n'en reste quasiment plus rien...




Les acteurs ont pourtant l'air concerné. Romain Duris est tout à fait supportable. J'émettrai plus de doute quant aux capacités d'Olga Kurylenko à changer de langue à chaque tournage, mais allez, ça passe, soyons cool. Hélas, si les comédiens font leur possible et prennent leurs rôles au sérieux, Daniel Roby s'avère de son côté bien incapable de pondre la moindre image un brin marquante. Les effets spéciaux ne sont guère ratés, mais les quelques plans d'ensemble nous montrant la capitale submergée par la brume, dont seuls derniers étages, les toits et les plus hautes tours émergent encore, n'ont, en soi, rien de spécialement spectaculaire ou fascinant.




Dans la brume a le cul entre plusieurs chaises. Ça pourrait faire son charme, ça participe surtout à le rendre indigent. Ça n'est ni un film catastrophe, ni un film de science-fiction, ni un film d'horreur, ni un film post-apocalyptique, bien qu'il se rapproche davantage de cette dernière catégorie. Devant un spectacle aussi insignifiant, notre mémoire de cinéphile nostalgique s'égare et se raccroche à de vieux souvenirs plus agréables. On repense alors à d'autres tentatives françaises un peu plus heureuses comme l'intriguant Malevil, l'adaptation du fameux livre de Robert Merle par Christian de Chalonge, sans jamais que l’œuvre de Daniel Roby en atteigne la charmante bizarrerie ni n'en partage l'ambiance si particulière. Dommage.




Ce qu'il y a de plus inquiétant, là-dedans, c'est de découvrir au générique final qu'ils étaient trois pour co-écrire le scénario et, surtout, de lire la mention "d'après une idée originale de Dominique Rocher et Guillaume Lemans". Comment ça s'est passé ? Qu'est-il arrivé ? Je veux qu'on m'explique ! Lors d'une discussion anodine en plein temps faible d'une soirée quelconque, Dominique, contemplant les rues de Paris depuis la fenêtre de son appartement, a dit à Guillaume "Imagine une ville dont les rues serait soudainement inondées par une brume épaisse" et son comparse a ajouté "Et imagine si c'était Paname !!". C'est ainsi qu'est né Dans la brume, c'est ça ? Je veux savoir ! Comment peut-on se partager une idée qui tiendrait sur un post-it ? Comment peut-on vouloir en partager la paternité ? Une histoire d'oseille sans doute... Il n'y a bien que ça qui peut conduire à de telles absurdités. De Dominique Rocher, nous préfèrerons retenir La Nuit a dévoré le monde


Dans la brume de Daniel Roby avec Romain Duris et Olga Kurylenko (2018)

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