19 mai 2019

Arctic

Projeté au Festival de Cannes l'an passé dans le cadre d'une "Séance de minuit", Arctic est un survival des plus minimalistes mettant en scène un Mads Mikkelsen coincé quelque part dans l'Arctique suite au crash de son avion. Nous ne savons rien de ce personnage dont nous découvrons le quotidien monotone, qui se résume à une lutte de chaque instant pour survivre dans un milieu hostile. Solitude extrême, ours blancs à l'affût, froid intense permanent, soleil qui ne se couche jamais et obligeant notre homme à s'imposer un rythme via sa montre Casio, absence de réseau wifi... les dangers et les difficultés sont nombreuses, mais Mads Mikkelsen paraît animé par un instinct de survie au beau fixe. Disons le tout de suite : le même film avec Ryan Reynolds ne fonctionnerait pas une seule seconde. On n'aurait qu'une envie : le voir mourir congelé ou déchiqueté par un ours. Mads Mikkelsen, excellent, est le plus gros atout d'Arctic. Il faut le voir découvrir puis manger des pâtes séchées alors qu'il crève de faim. C'est un modèle... Peu d'acteurs auraient aussi bien jouer ça. Avec son physique sportif, solide, et son visage buriné mais néanmoins gracieux, l'acteur est impeccable là-dedans, on croit sans souci à son combat contre les éléments et nous n'avons pas besoin que son rôle soit plus étoffé que ça.




Par ailleurs, le réalisateur et musicien brésilien Joe Penna fait le taff avec une certaine application, ce type-là n'est pas manchot et nous suivrons d'un œil curieux ce qu'il fera par la suite. Il s'agit là de son premier film et il a tout juste 31 ans. Il profite ici du contexte pour croquer quelques plans très chiadés qui mettent efficacement en avant l'isolement désespérée de son personnage, pauvre silhouette solitaire découpée par un paysage surréaliste à la blancheur omniprésente et à la grandeur étouffante. Joe Penna se montre particulièrement attentif à ces petits gestes du quotidien qui permettent à Mikkelsen de survivre tant bien que mal, notamment par la pêche patiente et méticuleuse sous la glace et par le rationnement des poissons récupérées. Ainsi, c'est le début du film, où nous assistons à tout cela, dans un style contemplatif, proche du documentaire, qui est le plus captivant et le plus réussi. Par la suite, les rebondissements sont un peu attendus, avec quelques passages obligés, et Arctic peine à tenir la longueur, menaçant de s’essouffler. N'empêche que Joe Penna maintient sa ligne de conduite jusqu'au bout, avec une conviction notable, son savoir-faire, bien épaulé par un acteur principal investi, font de son film un survival tout à fait honnête et très recommandable aux amateurs. 


Arctic de Joe Penna avec Mads Mikkelsen (2018)

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