1 novembre 2018

Le Cercle infernal

Le Cercle infernal fait partie de ces titres méconnus du cinéma fantastique que quelques amateurs tiennent en haute estime et s'échangent encore sous le manteau, incitant ardemment à leur redécouverte. J'avais moi-même envie de le voir depuis des lustres puisqu'il figurait dans le fameux numéro de Mad-Movies consacré aux "100 meilleurs films fantastiques" paru en 1996, une liste certes propice aux déceptions, mais également riche en petites pépites oubliées et autres obscurités qui valent effectivement le détour. Le film de Richard Loncraine, sorti en 1977, y avait donc bel et bien toute sa place. Adaptation d'un livre de Peter Straub, Le Cercle infernal joue sur plusieurs tableaux, se situant quelque part entre le gros mélodrame et le pur film de maison hantée, il se consacre avant tout à nous dresser le portrait d'une mère endeuillée, qui ne parvient pas à se remettre de la mort accidentelle de sa fille (dès la première scène, lors d'un banal petit-déjeuner qui commence bien mal la journée et installe d'emblée une ambiance assez glauque !).




Mia Farrow campe donc Julia, cette maman dévastée par la mort de sa fille unique qui quitte son époux et s'en va vivre dans une nouvelle maison dès sa sortie de l'hôpital où elle était restée pour se remettre du choc. Arrivée sur les lieux, elle ressent rapidement une étrange présence, qu'elle ne craint pas vraiment et qui lui rappelle sa fille. Obnubilée par celle-ci, Julia va mener des recherches dans l'objectif de faire la lumière sur le passé de cette maison, un passé qui la renvoie à son drame personnel... Inutile d'en dire plus pour en révéler le moins possible, le scénario n'ayant lui-même pas tant de secrets que ça à révéler et se déroulant sur un rythme très tranquille (on est très loin des scénars actuels des films du même genre, qui partent trop souvent dans tous les sens). Richard Loncraine coche la plupart des topiques du film de maison hantée avec, au programme : séance de spiritisme, portes qui grincent, radiateur qui s'allume tout seul, enquête sur le passé de ladite maison, etc. Tout y est et, si la tension n'atteint jamais des sommets, ça reste plutôt bien fait. On n'a jamais la trouille mais on sent que ça n'est pas là le principal objectif du cinéaste, qui prend surtout soin de travailler son atmosphère, à l'évidence le plus grand atout du film.




Avec ses couleurs et ses lumières vaporeuses et automnales, Le Cercle infernal baigne dans une ambiance mélancolique à souhait où l'on se laisse facilement aller. Mia Farrow, de par sa présence lunaire et gracile tout à fait adaptée au fantastique, y est comme un poisson dans l'eau. L'actrice dégage très naturellement une fragilité qui sied idéalement à son personnage. La musique de Colin Towns, et son leitmotiv délicat et entêtant, apporte aussi beaucoup au charme suranné d'un film qu'il aurait peut-être été difficile de situer dans le temps. On peut toutefois regretter que le réalisateur, à la démarche très classique, n'exploite pas à fond le potentiel d'une histoire qui aurait pu davantage semer le trouble entre fantasme et réalité (voire développer l'idée d'une boucle temporelle, d'un monde parallèle ou que sais-je). A côté de ça, il se perd dans quelques scènes de morts "accidentelles" tout à fait dispensables, n'apportant pas grand chose au récit. Dick Loncraine a cependant le bon goût de nous abandonner sur un dernier plan magnifique, qui nous hante quelques temps après la projection en nous enveloppant durablement dans sa tristesse. Cette conclusion terrible, particulièrement sombre et réussie, nous quitte de la meilleure façon possible et vient nous rappeler les vraies qualités d'un film qui, sans sa lenteur relative et son manque de vraie fulgurance (à l'exception du plan final donc), jouirait peut-être d'un autre statut aujourd'hui. 


Le Cercle infernal (Full Circle) de Richard Loncraine avec Mia Farrow (1977)

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