21 juillet 2021

The Hole in the Ground

Voici donc le premier long métrage de Lee Cronin, un réalisateur irlandais qui s'est d'abord fait remarquer pour ses courts, copieusement récompensés en festivals, et qui semble bien décidé à se spécialiser dans le cinéma d'horreur puisqu'il signera le prochain opus de la franchise Evil Dead. The Hole in the Ground a été distribué par A24, désormais perçu par certains comme un gage de qualité en matière de films de genre, et a également bénéficié d'un accueil assez favorable outre-Atlantique. Mérité ? Plutôt... Ce film, bêtement réintitulé The Only Child - L'Enfant unique pour sa sortie vidéo française, se présente d'abord comme une énième variation autour du thème de la possession démoniaque, de l'enfant diabolique, mais se distingue du tout-venant par une certaine retenue, une construction lente et habile de l'intrigue, et une attention particulière portée aux deux personnages principaux : cette maman et son fiston partis vivre dans une baraque à retaper, dans un coin forcément très reculé, située non loin d'une vaste forêt abritant un étrange cratère, trou ou doline (je laisse le soin aux experts de se pencher sur la question pour déterminer la nature exacte de cette particularité géomorphologique étonnante). 





Le personnage au cœur du récit est incarné par une actrice concernée et convaincante, j'ai nommé Seána Kerslake, la jeune mère, dont nous ressentons bien le malaise grandissant de se retrouver face à un petit être qui lui échappe, qu'elle ne reconnaît plus. Lee Cronin joue convenablement avec cette vieille peur primitive, déjà abordée des milliards de fois par le cinéma d'horreur et de manière bien plus marquante ; il le fait avec sérieux et application, ce qui empêche de le prendre en grippe d'emblée ou de se désintéresser petit à petit de son histoire. Malgré une photographie grisâtre et terne comme le cinéma de genre actuel en regorge, le réalisateur donne une bonne allure générale à son film, notamment par une utilisation maline du hors champ. Lee Cronin évite ainsi les effets grand-guignolesques, trop souvent de mises lorsque l'on a affaire à un gosse au comportement bizarre et doté de pouvoirs maléfiques paranormaux. Il préfère laisser principalement cela à l'imagination du spectateur, ce qui ne l'empêche pas néanmoins de nous gratifier de quelques bons moments de tension.





Surtout, le réalisateur a l'intelligence de ne pas révéler de façon trop explicite les éléments d'horreur folklorique qui demeurent en toile de fond et finiront par occuper une place essentielle, justifiant les événements surnaturels à propos desquels nous aurons été amenés à douter de la nature jusqu'au dernier acte, assez rondement mené. Cela s'avère être un choix payant car la description trop directe des légendes et des mythologies locales, prétextes bien pratiques à quelques scénarios tordus, aboutit généralement à des moments douloureux, laborieux, avec toujours le risque de sombrer dans le ridicule. Lee Cronin s'appuie là encore sur l'imagination du spectateur et sa capacité à relier les indices, à combler les quelques vides astucieusement laissés à son appétit. Alors certes, The Hole in the Ground manque de profondeur, d'originalité, et ne nous laissera pas un souvenir indélébile, mais il n'en reste pas moins une bobine horrifique tout à fait honnête, nettement au-dessus de la moyenne actuelle et qui révèle un cinéaste adroit sur lequel il faudra garder un œil curieux. 


The Hole in the Ground (The Only Child - L'Enfant unique) de Lee Cronin avec Seána Kerslake (2019)

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