Sans un bruit 2 s'ajoute à la trop longue liste de ces titres qui, dans leurs versions françaises, 
 passent assez mal à l'oral avec l'ajout 
d'un chiffre au titre initial : je pense au fameux cas Blade 2 déjà évoqué 
ici, à la saga Saw, très problématique passé l'épisode 5, et au plus 
méconnu mais encore plus disgracieux direct-to-video Troie 3 – et défaite aux tirs au but contre la SUISSE, que tout le monde veut chasser de sa mémoire.
 Sans un bruit de...? De pet ? On nous incite donc à évoquer auprès de 
la charmante ouvreuse de notre cinéma favori un pet silencieux mais très
 odorant ? Ceci dit, ce titre abscons n'est pas le plus gros handicap de
 cette suite qui m'a tout de même parue moins insupportable que 
l'original. Ça tient à peu de chose, une seule en réalité, et je sais 
que je n'ai pas un regard tout à fait objectif sur ce machin-là. Je 
n'aime pas les films d'horreur pop-corn, si grand public, c'est 
antinomique. J'ai une dent contre ces purs produits de conso conçus pour
 les ados et réalisés par des guignols opportunistes. Entre John Krasinski et moi, 
c'est viscéral, le courant ne passe pas. Ou ne passe plus, car je le 
trouvais tout à fait à sa place, sympathique, presque mignon, assis derrière son bureau, 
dans The Office. Mais depuis, il a enchaîné les développés couchés, il a pécho Emily Blunt, il a joué au petit
 soldat chez Michael Bay, il a explosé le box office, bref, il a pris le
 melon gravos, et ça suinte à présent de tous ses pores. Son souci, 
c'est qu'il s'était sacrifié en héros à la fin du premier opus, et qu'il
 ne pouvait donc plus apparaître à l'écran dans cette suite directe. Il 
était coincé.
Après quelques nuits blanches à se creuser la tronche, il a
 trouvé la parade pour nous faire de nouveau subir sa grosse tête 
d'idiot du village en démarrant son film par un long flashback qui nous 
raconte le premier jour de l'invasion d'aliens aveugles tel que l'a 
vécu sa petite famille. Un dimanche lambda où ils étaient tous allés 
assister amoureusement au match de baseball de l'aîné. C'est qu'il en 
faut de l'amour pour se taper ça. C'est interminable et le gosse est une
 véritable brèle. Heureusement les choses finissent par se gâter, 
l'occasion pour Krasinski de se prendre encore une fois pour une vedette
 d'action et d'en faire des caisses dans des postures déjà vues et 
revues des milliards de fois dans les pires bande-annonces de films 
catastrophes ou d'invasion extraterrestres où des américains débiles 
regardent tour à tour, impuissants, la menace débouler droit sur eux. Je
 dis ça, mais cette introduction constitue peut-être le meilleur moment 
du film, ou en tout cas le plus prenant. Après ça, on revient dans le 
présent du récit et l'on retrouve notre petite famille de survivants, 
chapeautée par la seule Emily Blunt, de nouveau réduite à dire "chut !" à
 ses cons de gamins pendant 80 minutes (la qualité principale du film : 
sa courte durée, mais c'est déjà beaucoup quand on a rien à raconter). 
Se sentant visiblement un peu seuls depuis la mort tragique du saint 
père, ils décident d'aller à la rencontre d'autres rescapés. Et c'est 
ainsi qu'ils atterrissent dans la vieille usine désaffectée pourrie où Cillian 
Murphy, habitué à jouer les derniers survivants (28 jours plus tard, 
Retreat) grâce à son élégant profil de pithécanthrope, a décidé de passer le 
restants de ses jours à attendre, oklm. Ouf, un nouvel homme fort est là
 pour protéger les plus faibles ! Ayant trouvé le talon d'Achille des 
aliens (les sons basse fréquence et tout ce qui est larsens ou grésillements – 
ils sont un peu comme oim), la gamine muette de la tribu décide de son
 propre chef de partir à l'aventure pour faire goûter aux envahisseurs 
le plaisir collectif des ultrasons grâce à une diffusion sur cette fréquence radio que d'autres humains utilisent depuis une île... 
 
Disons-le
 tout net : Sans un bruit 2 est un épisode de transition où il ne se 
passe quasiment rien d'intéressant. On est souvent plus proche du jeu 
vidéo que du cinoche, avec des personnages réduits à leurs maigres attributs distinctifs qui parcourent un monde post-apo archi 
rebattu, envisagé comme une série de niveaux à dépasser. Mais c'est dans l'air du temps, c'est ce qui plaît 
actuellement. On repense aussi à l'adaptation de La Route, en moins 
glauque toutefois, et ce n'est pas là un compliment tant plus personne 
aujourd'hui n'aurait envie de se replonger dans le film faisandé de John 
Hillcoat. On a ici droit à une succession de scènes répétitives, au 
montage alterné systématique, où John Krasinski essaie laborieusement de
 faire grimper notre trouillomètre en nous montrant les mésaventures 
simultanées d'individus tous plus teubês les uns que les autres (la palme revenant à l'aîné, qu'un piège à loups ne suffit pas à rendre moins remuant). Les 
créatures, crachats de CGI ambulants, sont toujours aussi mal conçues et
 foutent toujours aussi peu les j'tons. Sans idée d'écriture ni de mise en scène, Krasinski nous ressert son beau discours sur la famille. Chaque génération est donc prête à se sacrifier l'une pour l'autre, les enfants finissent par prendre les armes sous les regards admiratifs de leurs parents lors d'un final mollasson qui annonce évidemment un troisième chapitre. Cela plaira sans doute à ceux 
qu'un rien satisfait, aux spectateurs peu regardants qui avaient déjà 
passé un bon moment devant le premier. Et si j'ai de mon côté moins 
souffert, je l'admets, cela ne tient donc qu'à une chose, comme je le 
disais plus haut : on se tape cette fois-ci la vieille ganache de John 
Krasinski durant seulement 10 minutes au lieu de 80.
Sans un bruit 2 de John Krasinski avec Cillian Murphy, Noah Jupe, Millicent Simmonds, Emily Blunt et tout de même John Krasinski (2020)
 



 
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