11 janvier 2021

Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn)

Au risque de perdre toute espèce de crédibilité au sein de l'impitoyable blogosphère ciné, je dois vous avouer avoir bien aimé Birds of Prey. Je le dis tout timidement, je ne vous invite guère à vérifier la qualité de la chose par vos soins, craignant trop le retour de bâton... Je suis le premier étonné d'avoir passé un agréable moment devant ce film dont je n'attendais strictement rien. La raison est d'ailleurs peut-être là. Pourtant nettement plus agréable que le tout-venant des productions super-héroïques qui nous inondent depuis des lustres, le film de Cathy Yan s'est fait laminer à sa sortie, en particulier par la presse américaine, elle qui est d'ordinaire si encline à faire l'éloge de daubes XXL plus ou moins apparentées (Black Panther, Wonder Woman et compagnie). C'est plutôt cruel et injuste pour ce film sans grande prétention qui renoue humblement avec les divertissements US des années 90, flirtant régulièrement avec le buddy movie, et n'aborde pas du tout le genre avec le sérieux si plombant trop souvent de mise ailleurs. Il y a certes de sacrées lourdeurs et quelques fautes de goûts, avec notamment des scènes d'action pas assez bien fagotées pour être aussi longues, mais l'ensemble est à mes yeux sauvé par cette modestie et cette légèreté affichées d'emblée, par une énergie bien présente de la première à la dernière minute et, surtout, par une bande de comédiennes sympathiques, à commencer par la meneuse du groupe, Margot Robbie.




Également productrice, l'actrice australienne porte clairement ce film sur ses frêles épaules, elle y insuffle toute son énergie, elle a l'air d'y croire à fond. Elle atteste d'un abattage comique évident qui donne très envie de la revoir dans de plus pures comédies, dans des rôles carrément burlesques, de chtarbée finie. Elle constitue à l'évidence, et de très loin, le meilleur effet spécial de cette production au budget avoisinant les 100 millions de dollars. L'actrice, qui visiblement s'amuse beaucoup, est parvenue à me rendre son plaisir ludique contagieux. Elle est d'une expressivité de chaque instant, faisant preuve d'une précision dans son jeu, dans sa diction par exemple, qui donne tout son intérêt à ses scènes (à vrai dire, on pourrait même effacer du film sans grand regret les rares scènes où elle n'apparaît pas oui, même celles avec MEW, cette actrice attrayante qui, d'habitude, focalise notre attention et se retrouve ici reléguée au second plan). On dirait un personnage de dessin animé dont chaque détail aurait été pensé au préalable et aurait pu être parfaitement maîtrisé dans son exécution. Il y a aussi une autre raison, dans la performance de Margot Robbie, qui explique sans doute pourquoi elle m'a autant plu là-dedans, moi le nostalgique inconsolable de l'âge d'or de Jim Carrey*...



 
Pendant la promotion du film, une émission de télé américaine a confronté l'actrice à Jim Carrey. Ce dernier a alors eu une blague un peu déplacée, ou en tout cas maladroite, en disant avec une ironie pas assez évidente pour les twittos du monde entier que le succès de Margot Robbie devait beaucoup à sa plastique si agréable. L'actrice a alors souri et rougi, rendant le compliment encore plus frappant, et n'a montré aucun signe de vexation, ayant sans doute saisi la gentille taquinerie du trublion Carrey, plus charmeur qu'autre chose. Aussi, il me semble évident que la star d'Ace Ventura et Dumb & Dumber devait être le principal modèle de l'actrice pour son jeu désinhibé dans Birds of Prey, sa plus grande source d'inspiration. Dans sa gestuelle si calculée et parfois outrancière, son bagout dans toutes les circonstances, sa façon d'investir à fond un personnage invraisemblable, son explosivité pas toujours retenue, son contrôle absolu de chacun de ses muscles faciaux, etc. etc., Margot Robbie se présente elle aussi comme une toon à visage humain. Elle qui était déjà le seul intérêt de Scandale, voire de Moi, Tonya, confirme qu'avant d'être un idéal de beauté au sourire enchanteur, elle est d'abord une actrice très douée. On espère que ses choix futurs l'amèneront plus souvent à explorer ce registre comique et, surtout, à sortir de ces productions super-héroïques que, d'ordinaire, j'évite comme la peste. Quoique si elle revient bientôt en Harley Quinn, je devrais sans doute répondre présent...




*il faut d'ailleurs lire à son sujet le superbe livre d'Adrien Dénouette qui vient de paraître aux éditions Façonnage, Jim Carrey ou l'Amérique démasquée, dont la lecture, passionnante de bout en bout, est un pur régal.
 
 
Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn) de Cathy Yan avec Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead et Ewan McGregor (2020)

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