27 octobre 2020

Extra Ordinary

Cette comédie horrifique irlandaise, écrite et réalisée en duo par Enda Loughman et Mike Ahern, s'inscrit humblement dans la lignée des Ghostbusters et autres Fantômes contre Fantômes. Les esprits frappeurs servent d'abord de ressort comique et les médiums chargés de soulager leurs victimes se débarrasseraient volontiers de leur don, un fardeau bien lourd à porter. Ici, c'est une célibataire à la trentaine bien tassée (Maeve Higgins), qui tient ses dons spirites de son défunt paternel mais préfère se consacrer à son petit business d'auto-école plutôt que d'exploiter ses talents paranormaux. Jusqu'au jour où un homme désespéré (Barry Ward), embêté par le fantôme de sa femme décédée, en vient à lui demander de l'aide pour sauver sa fille, prise pour cible par la vedette locale, un vieux chanteur de rock chrétien (Will Forte), à la recherche d'une vierge pour pactiser avec le démon et renouer enfin avec le succès...
 
 
 
 
Derrière ce drôle de pitch se cache un petit film tout à fait aimable qui pourrait vous faire passer un bon moment, à condition d'avoir envie de quelque chose de léger et souriant. Extra Ordinary est une modeste réussite dans un sous-genre, la comédie horrifique ou fantastique, où il est de plus en plus rare d'exceller mais très courant d'agacer. Comme dans les autres films de cette catégorie, Mike Ahern et Enda Loughman s'adonnent à quelques clins d’œil inévitables (L'Exorciste, Poltergeist, SOS Fantômes, etc), mais ils font cela sans aucune lourdeur et il ne s'agit pas du tout de leur premier argument comique, nous sommes très loin de la parodie. Dès ses premières minutes, le film dégage son charme délicat, trouve son ton singulier et son petit rythme bien mené, qui nous placent d'emblée dans les meilleures dispositions.
 
 
 
 
C'est d'abord grâce à ses personnages principaux sympathiques et attachants qu'Extra Ordinary parvient rapidement à exister par lui-même. Le film doit beaucoup à son actrice principale, Maeve Higgins, très amusante et naturelle, elle n'en fait jamais trop et ses petites facéties nous charment rapidement. A ses côtés, Barry Ward, sosie rajeuni d'Arsène Wenger, s'en tire très bien lui aussi, fort de son charme discret de gentleman ; nous avons tout simplement envie de voir ces deux-là s'acoquiner puis tomber amoureux. Face à eux, dans un rôle d'hurluberlu taillé sur mesures et propice aux écarts de conduite, Will Forte a ses quelques bons moments et nous sommes contents de retrouver cet acteur au talent comique véritable dans un film qui lui ressemble (avec encore toutefois une légère frustration car il aurait pu être plus exploité).
 
 

 
Le dernier acte, moment parfois très laborieux dans ce genre de films puisque l'on y perd trop souvent de vue l'humour et la légèreté au profit de la résolution inévitable d'intrigues tarabiscotées, est ici assez réussi. Il constitue même un moment fort grâce à une situation très osée et loufoque, que je ne vous révèlerai pas dans le souci de maintenir le plaisir de la découverte intact chez nos deux lecteurs de passage. Enfin, les effets spéciaux ne sont jamais envahissants et quasiment toujours réussis, ils contribuent eux aussi à faire d'Extra Ordinary une petite chose agréable et joliment faite qui sait toujours éviter, l'air de rien, les écueils cruels de son genre.
 
 
Extra Ordinary de Enda Loughman et Mike Ahern avec Maeve Higgins, Barry Ward et Will Forte (2019)

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