26 août 2011

Poltergeist

Ce film a scellé la rencontre entre le vilain petit canard de la côte ouest, Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse) et le golden boy le plus prisé d'Hollywood, Steven Spielberg (E.T.). Ne me demandez pas les tenants et les aboutissants de cette surprenante collaboration, je ne les connais pas. J'imagine que ça s'est passé comme au collège, en cours de maths, quand la prof dit au cancre d'aller s'asseoir au premier rang, à la table du meilleur de la classe, afin d'améliorer son niveau au contact du "petit génie de 5ème4". Au final, les deux élèves sont devenus méga potes, mais ne sont pas liés par l'excellence : ils finissent en effet aussi cons l'un que l'autre. Les parents du débile sont ravis parce que sa moyenne a doublé, passant de 3 à 6, mais ceux du petit Einstein tirent un trait sur leur espoir de voir leur gamin devenir un crack, puisque ce dernier a vu sa moyenne rejoindre celle de son nouveau meilleur pote dans une chute de QI aussi soudaine que fracassante. Son père est franchement déçu mais également rassuré, parce qu'il se retrouve enfin dans son gamin, lui qui était une fiente à l'école et qui avant cette découverte répétait tout le temps, à qui voulait l'entendre (personne) : "Il tient ça de sa maman, il tient ça de sa maman...", mais qui rajoute désormais : "Ça reste le gros fils à son père...".



Cela s'est certainement passé comme ça pour le tandem Hooper/Spielberg : double effet kiss cool, skip school. Par contre pour l'amitié, on repassera. C'est moins drôle dans la vie qu'au collège. Les deux cinéastes se sont tout juste serré une main glaciale le jour de l'avant-première de Poltergeist. Faut dire que le film n'est pas au niveau du talent de provocateur d'Hooper, ni du goût du travail bien fait de Spielberg. Aussi les deux hommes se renvoient-ils la balle à longueur d'interview, où la question de la paternité de ce film, qui a hérité des défauts cumulés de ses deux auteurs, revient toujours sur le tapis. C'est le seul cas de long métrage dans l'Histoire du cinéma qui voit ses deux papas attribuer la signature de l’œuvre à l'autre avec l'hypocrisie de ceux qui ont fait une grosse connerie. Quand on demande à l'un qui a mené le projet, il répond systématiquement que c'est l'autre, lui balançant la patate chaude, congelée depuis quelques dizaines d'années. A propos de patate, quand on parle des deux papas et la maman, la maman est toute trouvée puisque Woopie Goldberg voit réunis dans son blaze les patronymes des deux enfants terribles du projet Poltergeist, ou comment la patate bouillante atterrit une fois de plus dans la tignasse hirsute de la star de couleur la plus cool des années 90. Comme les deux réalisateurs ne peuvent plus se voir et refusent même de se nommer l'un l'autre, Spielberg dénonce la responsabilité du "binoclard balafré" et Hooper celle du "barbu à casquette", voire du "feuj plein aux as" quand il a un peu bu.



On n'a jamais compris pourquoi ce film culte était culte. Difficile aujourd'hui d'aller au bout sans se faire chier. Poltergeist fut le premier d'une longue série de films de maisons hantées qui justifiaient la présence de fantômes par l'emplacement géographique desdites maisons sur d'anciens cimetières (indiens de préférence), une idée typique de Stephen King et qui aura été usée jusqu'à la corde dans une Amérique loin d'assumer son passé criminel. Même quand nous l'avons découvert, enfants, cibles idéales des deux manitous aux manettes du projet, Poltergeist ne nous a pas impressionnés le moins du monde. Il y a bien quelques scènes un peu marquantes, comme celle où tous les objets tournoient en lévitation dans la chambre juste au-dessus du lit, la fillette comprise, dans un effet spécial assez beau et qui n'a pas tellement vieilli, ou cette séquence immortalisée par l'affiche où la gamine est happée par un poste de télévision (Hooper dénonçait la société de consommation et de communication dans laquelle il plongeait à pieds joints, et critiquait directement son producteur et mécène, Spielberg, qui lui marchait sur les pieds à deux longueurs). Cette scène me hante parce que je fais un amalgame entre ma vie et le cinéma, or j'ai longtemps vécu avec un coloc qui passait ses nuits la gueule collée à l'écran de la télé devant les pornos de canal+ cryptés. Je le croisais fréquemment en allant au pipi-room et je le croise encore quelques fois le soir dans mon salon alors que je n'habite plus avec lui depuis des années.


Poltergeist de Tobe Spielberg et Steven Hooper avec Craig T. Nelson et JoBeth Williams (1982)

31 commentaires:

  1. WOW WOW WOopie, ça m'a foutu mal au crâne de bon matin !

    Chouette critique trivia. L'affiche du film est vachement bien (il est bizarre ce petit cul en pied), elle fait méchamment penser à Vidéodrome (qui est réussi par contre).

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  2. publié par Rémi et Félix, mais on se demande qui a écrit la dernière partie, et je sens que chacun leur tour, ils vont s'attribuer la paternité de cette partie d'article qu'on souhaite tous oublier, imaginant à tour de rôle un homme collé, tête sur l'écran plat, panard englobant la livebox de son ancien coloc, mattant un porn moviez issu du 1er site de google trends, et suppliant son ancien coloc de 'ne pas tirer la chasse, j'ai le sommeil léger", puis un autre homme, barbu, tentant de ne pas réveiller le chat qui dort sur l'ordi ouvert en continu sur "firefox - google trends", prenant son pied sur des images de pied.
    Otez ça de mon esprit!

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  3. Un truc qu'on ne remarquait pas gamin : y a une sacré MILF dans le film. + 3 stars.

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    1. +2 ! Très sympathique cette JoBeth (pire prénom), et bonne actrice de surcroît (je suis surpris qu'elle ait majoritairement fait de la merde à part ça).

      Sinon je vous trouve sévères avec le film. Je l'ai découvert hier soir et malgré des lourdeurs "symboliques", j'ai trouvé ça chouette, pas si daté que ça, efficace dans ses effets, et surtout assez surprenant dans le ton. Cette famille, surtout la mère, est plutôt barge, ça donne des scènes étonnantes et un côté assez irrévérencieux qui est appréciable.

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    2. Je crois que la critique se basait principalement sur mon premier souvenir du film (vu gamin), aussi flou que mitigé, et sur cette fois où on l'avait lancé un soir, Rémi et moi, et l'avions arrêté au bout d'un quart d'heure, par ennui. On est donc sans doute très cruels avec le film, oui, mais en réalité, on voulait surtout déblatérer autour de cette collaboration entre Hooper et Spielberg. :)

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    3. Je l'ai revu aussi, mais pas jusqu'au bout, j'ai arrêté juste avant la dernière demi-heure. Durant les 40 premières minutes je me suis dit la même chose : on a été sévères ! Sauf qu'en fait c'est après ces 40 premières minutes bien rythmées et très plaisantes que le film s'enlise pas mal et se traîne en longueur. A partir du moment où la gamine a disparu en somme, avec l'arrivée des espèces d'SOS fantômes puis de la naine à lunettes. Tout cela est venu me rappeler et confirmer le "difficile d'aller au bout sans se faire chier" de la critique, même si ça reste un film très sympathique (malgré le placement de produits habituel et navrant de Tonton Spielby) grâce à tout ce que tu dis, à quelques scènes bien chiadées et aux acteurs, dont, évidemment, JoBeth ! (j'aime bien le gars qui joue le père aussi).

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    4. Le papa est énorme dans la suite (je m'appuie là aussi sur un vieux souvenir), à un moment il pète un boulon un truc de dingue ! Il a une tronche pas nette. On sent que même pour le casting, Hooper et Spielberg ont choisi chacun leur tour. JoBeth, c'est du Spielby. Craig T. Nelson, du Hooper. Sauf pour la gamine, qu'ils ont voulu choisir ensemble, pour le résultat que l'on sait...

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    5. J'avoue avoir arrêté peu après l'arrivée de la naine aussi, j'avais sommeil :D mais j'ai bien kiffé la première heure ouais.

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    6. Tout s'explique ! La naine fait chier pendant une bonne demi heure avec sa putain de corde et sa voix de crécelle.

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    7. Monsieur et Madame Teurgaïst ont un fils...

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    8. Craig T. Nelson, qui incarna à la même époque que 'Poltergeist' l'Osterman du 'Osterman Week-End', de Peckinpah, est hilarant dans les quelques épisodes de la série 'My Name Is Earl' où il interprète un directeur de prison particulièrement gratiné. C'est vrai qu'il a un physique étonnant, quelque chose d'exagéré dans le front, le nez, le menton, le regard, qui en fait une sorte de caricature vivante, aussi susceptible d'inquiéter que de faire rire. C'est également une très bonne voix de doublage, et un lointain cousin, physiquement, de Steven Seagal (avant que ce dernier ne triple de volume)...

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    9. Je n'avais absolument pas fait le lien entre le papa de Poltergeist et Osterman ! A croire que Craig T. Nelson a un physique aussi particulier que, disons, changeant ?

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    10. Il faut dire que dans 'Osterman', il est affublé de bacchantes qui le changent pas mal.

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    11. Je viens de revoir la dernière demi-heure, et faut dire qu'elle tire un trait sur le ventre mou du film (tout ce passage mollasson avec la naine). Un gros souffle de folie s'empare de la fin du film, avec tout un tas d'idées assez géniales, à commencer par JoBeth en culotte sur son lit (eh oui), mais aussi le clown taré qui descend de sa chaise, les squelettes qui s'en prennent à la mère dans le trou boueux de la piscine, le couloir qui s'allonge quand la mère court vers ses gamins, les tombeaux qui sortent du sol de la cuisine et s'ouvrent pour dégueuler des cadavres, Craig T. Nelson qui comprend que son patron n'a fait déplacer que les pierres tombales sur la colline, en laissant les morts croupir sous le quartier résidentiel, et qui pousse ce cri aigu ("Why ?! WHYYYYY ?!) complètement autre, jaillissant presque hors du film, et puis le moment où il cherche les clés de sa bagnole dans ses poches en gros plan façon Ace Ventura, et la toute fin aussi, sans un mot, où la famille se réunit dans un motel et où le père éjecte le poste de télé de la pièce. Excellent, enfin, le générique de fin, avec une comptine pour enfants très longue qui se termine sur des ricanements diaboliques.

      Donc, pour conclure, oui, on a quand même été sévères :)

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    12. Cool, faut donc que je voie cette fin !

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  4. Des tofs pour nous rafraîchir la mémoire ? :)

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  5. Woopie = Tobe.

    Goldberg = Spielberg.

    O_O

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  6. Plus flippant que le film, n'est-ce pas ?

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  7. Le vrai souci de ce film c'est son titre qui ne veut rien dire. Dommage d'avoir inventé un mot qui n'a aucun sens pour titrer le film...

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  8. Je crois que le mot doit être expliqué et employé par les médiums qui viennent "nettoyer" la maison.

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  9. C'est un truc de dingue que ça soit juste la première fois que l'on mentionne Woopie Goldberg, après 500 articles consacrés au ciné !

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  10. J'aime bien les poltergeists, j'en ai un qui s'appelle Georges et qui vit dans ma cabane de jardin !

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  11. a lire le commentaire de mariauqe
    http://shangols.canalblog.com/archives/2011/09/08/21984676.html#c44938662

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  12. "'hypocrisie de ceux qui ont fait une grosse connerie" Une connerie qui a bien rapporté, et qui a engendré des séquelles, une série dérivée... Une connerie lucrative donc. Mais au fait... Pourquoi une connerie ? Je ne vois ici qu'un des plus grands classiques du genre, comportant des scènes tellement célèbres qu'elles sont copiées, parodiées, encore 30 ans après.
    Cet avis n'engage donc que vous.

    "cette séquence immortalisée par l'affiche où la gamine est happée par un poste de télévision" FAUX. Elle est happée par le placard, lors de la tempête ou son propre frère est, lui, aux prises avec un arbre aux branches menaçantes. *Par contre, après, elle communique à travers la télé, quand celle ci est brouillée. Les fameux white noises, repris d'ailleurs dans les deux films du même nom ("White noise" donc).

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  13. "On n'a jamais compris pourquoi bla bla bla"


    Ouais, comme d'habitude quoi...

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