14 juillet 2012

Le Territoire des loups

Le film devait à l'origine s'intituler "Le Territoire des gnous" et être beaucoup moins palpitant. L'arrivée dans le projet de Liam Neeson a obligé les scénaristes à trouver des ennemis plus consistants à un acteur au sommet de sa forme, habitué à mettre à feu et à sang des continents entiers, parfois même à distance. Ils ont pensé au "territoire des babouins" et le tournage, en plein Congo, put commencer normalement avant qu'une scène fatidique pose problème, celle où le chef babouin devait lutter contre Liam Neeson : l'animal n'a pas voulu coopérer et son énorme cul violacé s'est retrouvé coincé dans l'immense appendice nasal de la star. Cet incident de tournage sans précédent a mis fin à la collaboration entre Hollywood et cette bande de babouins venue de Gibraltar. Chris Columbus, réalisateur de ces désormais "lost footage", fut également mis à l'écart, au profit du spécialiste des films bourrés de testostérone, Joe Carnahan, l'ex-protégé de Tom Cruise et futur gland.



Que faire après les gnous et les babouins ? C'est à cette question épineuse que Carnahan devait trouver une réponse dans les plus brefs délais, la star Liam Neeson menaçant de quitter le plateau à tout jamais. C'est alors que Joe Carnahan s'est souvenu de ses parents éleveurs de brebis dans le Vercors, qui avaient dû lutter tout un été contre des loups ritals affamés de chair fraîche. Le réalisateur a tout de même perdu son père dans cette tragédie. Il voulait donc faire d'une pierre deux coups : réaliser un long métrage et se venger des loups en liquidant une meute entière. Très emballé par cette idée, Liam Neeson promet de livrer une prestation habitée. Le tournage coïncide avec les heures les plus sombres de la WWF. Le jour du clap de fin, Joe Carnahan a achevé lui-même le dernier loup (un innocent oméga sans défense), d'un coup de savate astucieusement placé sur la cassure du museau ; un geste calculé, prémédité, celui d'un assassin animé par une rage peu commune, réglant là ses comptes avec un passé trop douloureux.



Après avoir mis Paris à genoux à lui tout seul, Liam StairFace Neeson se retrouve donc ici confronté à une meute de loups dans les contrées les plus hostiles de l'Alaska, soit dans le territoire des leups. Tireur d'élite tourmenté par la perte tragique de sa femme et employé d'une compagnie pétrolière, Liam Neeson prend l'avion avec des collègues pour profiter de quelques jours de congés bien mérités après avoir dégommé quelques canidés arctiques. Car en effet, sa profession est de faire le guet pendant que ses collègues réparent les pipelines : il zieute tout autour d'eux, pour prévenir les attaques des loups, à l'aide de son plus fidèle compagnon, son flingue à lunettes. Dans l'avion qui le ramène à la civilisation, une avarie provoque un terrible crash dont Liam Neeson et une poignée de collègues sortent indemnes.



Le problème, c'est qu'ils se retrouvent en plein milieu de la banquise, giflés par un blizzard de tous les diables, entourés d'une meute de loups à l'esprit de vengeance et au sens de la propriété bien affirmé. Liam Neeson et ses potes se sont crashés en plein territoire des leups. Dès la première nuit, le nombre de survivants se réduit de moitié, malgré un Liam Neeson survolté qui de ce côté-ci enflamme une torche et de ce côté-là ajuste son flingue à bout portant sur le crâne d'un leup ; cautérise la jambe arrachée d'un compagnon, ou creuse une tombe à mains nues dans la terre gelée pour enterrer un autre collègue moins chanceux. Le lendemain, Liam motive ses compagnons et devient le leader naturel d'une bande de types désespérés qu'il essaie de sortir du territoire des leups, avec pour seule boussole son gland qui, renfrogné par le froid, se tourne toujours en direction du sud. Liam Neeson et ses compagnons, par -30°C, courent sur la banquise, fuyant une meute de loups dirigée par Tourak (qui enchaîne les tournages après le succès d'Avatar), le chef loup, l'alpha de la meute.



On assiste tout le long du film à un écrémage régulier du groupe humain jusqu'à un final tétanisant : Liam Neeson seul face au "king de la meute", les bras en sang, les épaules avachies par l'effort, le gland gelé d'avoir été trop sorti, l'espoir disparu avec son dernier compagnon noyé et congelé à quelques mètres de lui, le regard dur et la bave aux lèvres... On ne donne pas cher de la vie du loup, mais on ne le saura jamais puisque le film se termine soudainement. Ecran noir. "En territoire des leups". Fin. Un goût amer dans la bouche, nous sommes venus à bout de cette péloche qui commençait pourtant assez bien, avec la promesse d'un film de survie haletant, avant de se transformer en une sorte de film de monstre ultra basique et bête comme ses pieds, comme on n'en a plus vu depuis la fin des années 80. La faiblesse du film ne lui a tout de même pas empêché de faire le buzz à sa sortie, d'où mon étonnement et ma déception face à la tournure prise par les évènements.



La petite histoire raconte qu'après la sortie du film, Joe Carnahan est allé voir sa maman en annonçant qu'il avait enfin vengé la mort de Joe Carnahan Sr. C'est là que sa mère marqua une longue pause, pris une lente inspiration et lui dit dans un monologue tétanisant "Fils, il faut que je te dise maintenant comment ton père nous a réellement quittés. Toi et tes yeux plein d'étoiles quand tu parlais de papa, je ne pouvais pas t'avouer la triste réalité. Je t'ai donc fait croire qu'il avait héroïquement défendu notre troupeau de 300 brebis, seulement armé d'un bâton. En réalité, il a trouvé la mort assez bêtement, en assistant à une étape du Tour de France 1965 qui passait dans le Vercors, au Col de Romeyère. Ton père a glissé du talus au moment même où le peloton passait à environ 66 km/h, ce qui lui a été fatal. Mort sur le coup. Il emporta aussi la vie de trois coureurs et de 15 vélos, et fut lui-même déchiqueté par les roues en titanes activées par les muscles saillants des coureurs. Sur la page wikipédia du tour de France 1965, apparaissent rayés les noms de ceux qui ont été tués par ton père. Ce que tu as filmé sur les hauteurs du Mont McKinley, c'est mal."

Bonne nouvelle pour le cinéma : Joe Carnahan ne réalisera pas un film de si tôt, il doit d'abord faire un stage chez son psy.


Le Territoire des loups de Joe Carnahan avec Liam Neeson et une meute de loups (2012)

15 commentaires:

  1. Le territoire des LEUPS ! C'est des leups ! Des LEUPS dans la forêt de Montmirail !

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  2. Trop bon trop con la chute (de l'article et du talus) :D

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  3. Bel article :D

    La tagline à elle seule mériterait d'entrer dans un panthéon avec le très inventif "Sur terre tout le monde vous entend crier" d'Alien Versus Predator Requiem, le très subtil "Nous ne sommes plus seuls sur terre" d'Independance Day et le très hilarant "La première fois, c'est pas de la tarte" d'American Pie.

    "Survivre ou mourir", ils auraient pu la remplacer par "Vivre ou pas vivre", c'eût été aimer leur public.

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  4. Pire article trop con ! Ecrit à l'image même du film !

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  5. J'ai aimé ce film. Je me suis attaché aux personnages et j'ai eu peur avec eux.
    Par contre j'ignorais totalement que des gnous étaient prévus initialement. Pas que cela aurait donné le même film. Et j'espère que Joe réglera ces problèmes psy rapidement car j'ai hâte de voir un autre film de lui

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  6. Vous êtes un peu atteints non?

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  7. Très bon article, je suis plié en deux!
    Blague à part le film ce laisse regarder, quand à la fin, il fallait resté après le générique ;)

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  8. Mec, la vraie fin débarque APRES le générique.

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  9. *ATTENTION GROS SPOIL DE MALADE DE LA MORT QUI TUE*

    On voit le loup à terre entrain de d'agoniser, mais on voit aussi le bout de la tête du héros, qui dépasse du "cadavre". Le héros est bien sûr de dos, pour pas qu'on se fasse de film du genre : Il est mort. Il est vivant !
    Avis personnel ? Les deux sont entrain d'agoniser, et ils vont mourir tout les deux. C'est chou non ?

    *FIN DU GROS SPOIL DE MALADE DE LA MORT QUI TUE*


    Petite morale : Toujours regarder le générique, même jusqu'à la fin.

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  10. Sauf que... en regardant attentivement la scène qui semble être un flash back avec sa femme à l'hôpital, on se rend compte que c'est lui qui a le goutte à goutte ! On peut donc raisonnablement en conclure qu'il s'agit d'un flash forward (bien comme ça qu'on dit ?), bref d'une scène qui se situe non pas avant mais après tout le reste du film, qu'on a été induit en erreur en pensant que sa femme était morte, et qu'en fait il s'est rabiboché avec elle grâce à cette épreuve.

    C'est beau non ?

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    1. Terrible.
      C'est un film qui a de multiples interprétations possibles.

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