15 janvier 2025

Anima

Durant le tournage d'Anima (Poire à lavement au Québec), qui a duré 15 jours pour 15 secondes de film, Thom Yorke a osé aller demander à PTA : "Pourquoi ne me filmes-tu pas davantage ?", sachant qu'il est à l'image de la 1ère seconde à la dernière, et Paul Thomas Anderson de lui répondre sans bégayer (lui qui est bègue de naissance). Et par des arguments bien précis, notamment sur sa qualité de jeu. On ne sait pas ce qui s'est dit exactement (l'anecdote est (mal) rapportée par Duck Feeling dans son encyclopédique Radiohead, bouquin très complet, presque à gaver, qui flirte avec le trop-perçu), mais la star de la pop n'a plus parlé au cinéaste pendant quelques jours. Anima est néanmoins ce qu'on peut qualifier de "proposition de cinéma". On atteint un tel degré d'expérimentation qu'il faut s'étonner, venant d'un type comme Yorke, que le film ne s'intitule pas plus pompeusement Aenima ou quelque autre saeloperie dans le genre. Toujours est-il qu'avec ce film dystopique en N&B, qui a passé de justesse l'épreuve du banc de mixage, Thom Yorke et PTA se sont réconciliés avec le monde du cinéma. Une seule bobine. Muet. Pas de son direct ni de musique additionnelle. Un pur One-Reeler des premiers temps du cinéma. Avec sa compagne Dajana, Thom Yorke partage une danse hommage au film L'Exorciste, que le chanteur porte dans son cœur, en même temps qu'il adresse un double-clin d’œil appuyé à la RATP.
 


Anima de Paul Thomas Anderson avec Thom Yorke et Dajana Roncione (2019)