10 décembre 2023

Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan

Le réalisateur Bourlouboulon a voulu faire un western "à la Sergio Leone", tout en reprenant les codes des productions Marvel (plans-séquences truqués de bastonnade d’une qualité que l’on qualifiera de médiocre par politesse) et en situant son action au temps des mousquetaires. L’histoire étant tombée dans le domaine public depuis plus de cent ans, pas de problèmes de droits et pas d’ayant droits qui mettraient un contrat sur sa tête pour non respect (au minimum) de l’esprit de cette œuvre que tout le monde connait au moins vaguement. L’intrigue originale est suffisamment dense pour faire deux films, voire une mini-série de dix épisodes. Mais Groboulon souhaite raconter d’autres choses car l’histoire originale ne lui semble pas assez riche en flingues et tirs de snipers au temps du roi Louis XIII. Les décors intérieurs restent la meilleure chose du film : hôtels particuliers, édifices religieux, châteaux. Les décors extérieurs le sont beaucoup moins. Par exemple, le lieu du premier duel entre D’Artagnan et les trois mousquetaires est une sorte de plantation de conifères vieille d’une trentaine d’années, sans aucun charme, sans aucune référence au bouquin. Les chevauchées "dans les champs" s’apparentent à des banques de vidéos achetées rapidement sur internet pour combler les rushes manquants après le tournage. Tout ça est recouvert d’un filtre jaune pisse qui laisse à penser que le directeur photo repartira avec le César 2024 de la photographie. L’ajout de la conspiration protestante menée par le frère (?) d’Athos pour tenter d’assassiner le roi via un fusil de sniper anachronique est une idée, débile certes, mais c’est une idée qui n’aurait jamais dû exister si vous souhaitez avoir mon avis personnel. Connaître dès leur première apparition l’identité complète des trois mousquetaires est également un manque de compréhension de l’esprit de l’œuvre. Mais passons. Il y a tant de scènes, d’idées, de choix, qui montrent que les personnes qui ont fabriqué ce truc-là n’ont rien compris au livre que ce serait un trop long article par rapport à l’intérêt de ce film, très mauvais quelle importance. Le pire est certainement la première scène de D’Artagnan qui semble atterrir dans la bouillie du Pacte des Loups alors que, dans le bouquin, ce passage-là a un énorme potentiel et fait une excellente introduction aux personnages de D'Artagnan, Rochefort et Milady. Petit aparté sur Rochefort, totalement oublié dans ce film, ce qui doit être une des décisions les plus débiles, car comme nemesis de D’Artagnan, il aurait été parfait. Je constate sur Wikipedia que Rochefort est bel et bien casté mais, personnellement, je ne l’ai pas vu. J’ai entendu qu’on parlait de Jussac à un moment… Ici, cette scène inaugurale est tout simplement affreuse, et elle donne le ton de tout ce qui suit. C’est pour moi le meilleur qualificatif pour ce film : AFFREUX.
 

 
 
Je ne parle pas du fait qu’au XVIIe siècle tout le monde est sale, tout est terne, tout est jaune pisse et triste. J’adresse une mention spéciale tout de même à Louis Garrel qui surnage au milieu de cette fange, et l’inverse d’une mention spéciale pour l’acteur qui joue Richelieu, Éric Ruf. Sachant que ce dernier est sociétaire et administrateur général de la Comédie Française, ça laisse rêveur. Évidemment, la principale erreur réside dans le casting principal, à savoir nos trois mousquetaires et D’Artagnan, j’ai tant de mots teintés de mépris et de consternation qui me viennent que je préfère en rester là pour éviter le procès en diffamation.


Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green et Louis Garrel (2023)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire