5 janvier 2019

Désobéissance

Désobéissance, le premier film américain du cinéaste chilien Sebastián Lelio, a les mêmes qualités et défauts qu'Une Femme fantastique, son précédent long métrage multirécompensé qui avait fini de lui ouvrir grand les portes d'Hollywood. On peut de nouveau lui reprocher un certain académisme, une absence de vraie prise de risque côté mise en scène, car tout cela reste toujours très propre, mais bien trop sage et jamais vraiment surprenant. En revanche, on peut encore souligner l'intelligence du réalisateur et sa belle sensibilité : il signe une nouvelle fois un film très humain, où tous les personnages sont regardés avec respect et agissent de façon pleinement compréhensibles, là où tant d'autres auraient fait de ce triangle amoureux un pur calvaire.




Sebastián Lelio nous raconte l'amour impossible entre deux femmes issues du milieu juif orthodoxe new-yorkais. Ronit (Rachel Weisz) retourne à New York suite au décès de son père, le rabbin de la communauté. Une fois arrivée, elle retrouve Esti (Rachel McAdams), devenue la femme de Dovid (Alessandro Nivola), un vieil ami et l'homme tout désigné pour succéder à son père. On comprend facilement que les deux femmes ont un passif plus qu'amical... De ce contexte naît donc un triangle amoureux tout ce qu'il y a de plus banal dont la belle et délicate Esti sera le point centrifuge, l'enjeu sera pour elle de sortir enfin du carcan de sa religion et de l'emprise de son mari tandis que Ronit devra une nouvelle fois s'affirmer face à son ancien environnement.




Le principal atout de Désobéissance est d'être porté par un tandem d'actrices que l'on avait rarement vues aussi justes, j'ai nommé Rachel Weisz et Rachel McAdams. Les deux comparses sont irréprochables, elles donnent vie à deux personnages auxquels on a aucun mal à croire, pour lesquels on est vite en empathie et que l'on apprécie rapidement, la preuve étant que l'on ne souhaiterait qu'une seule chose : les voir s'enfuir toutes les deux, bras dessus bras dessous, pour une vie faite d'amour et d'eau fraîche. Rachel Weisz est parfaite dans la peau de la brebis égarée du troupeau, forte tête ayant su mener sa propre vie, loin du carcan religieux. Rachel McAdams est mignonne comme tout malgré sa perruque et dégage une douceur étonnante, on comprend tout le désir qu'éprouvent pour elles hommes, femmes et blogueurs ciné.




Le film est assez lent, le cinéaste paraît parfois un brin écrasé par son sujet, donnant trop d'emphase, par la musique notamment, à des moments qui n'ont pourtant plus grand chose d'inédit, aujourd'hui, au cinéma. La scène d'amour entre les deux femmes est plutôt réussie, sans être le pic d'émotion désiré par le réalisateur. C'est à la fin, quand le sort des personnages se joue, lors du discours du nouveau rabbin (excellent Alessandro Nivola), que nous vibrons davantage. La preuve, tout de même, que nous avons bel et bien mordu à l'hameçon. On aime s'imaginer la suite ; elles vécurent heureuses et eurent au moins un enfant (merci Dovid !).


Désobéissance de Sebastián Lelio avec Rachel Weisz, Rachel McAdams et Alessandro Nivola (2018)

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