À la fin de la guerre du Vietnam, des psychoses sont diagnostiquées chez un nombre inhabituel de soldats. La plupart d’entre eux étaient au combat lorsque ces troubles sont apparus et n'avaient jamais souffert de perturbation mentale auparavant. Le gouvernement américain met alors en place un réseau secret d'études et d’hôpitaux psychiatriques. L’un de ces hôpitaux, installé dans un impressionnant château abandonné au nord-ouest des États-Unis, est hautement expérimental. Un psychiatre militaire y est envoyé pour comprendre l’origine de la folie des internés et pour tenter de les soigner. Voici le point de départ intrigant de La Neuvième configuration, un film encore largement méconnu dans nos contrées qui a parait-il gagné un statut d’œuvre culte au fil du temps et que j’étais donc d’autant plus curieux de découvrir. Il s’agit du premier film de William Peter Blatty, plus connu pour avoir écrit L’Exorciste, qui a cette fois-ci choisi d’adapter lui-même son propre roman. Il s’agit également d’une œuvre maudite existant dans plusieurs versions, inédite en France, dont la sortie américaine et la conception furent véritablement chaotiques, notamment du fait de l’incompréhension des studios. Ces derniers réclamaient en effet à son auteur un nouveau film d’horreur à succès, ce que La Neuvième configuration, bien que longtemps vendu comme tel, n’est clairement pas. C’était ignorer que Blatty a commencé sa carrière dans le cinéma en écrivant des comédies pour Blake Edwards, un registre quant à lui bel et bien présent dans La Neuvième configuration.
Le film nous plonge dès ses premières images dans un univers absurde et fascinant qui captive immédiatement. On se croirait d’abord parachuté dans une œuvre oubliée d'un Terry Gilliam encore en forme et inspiré, dans une œuvre située entre le fantastique et le burlesque. Mais à vrai dire, la comparaison ne tient pas bien longtemps, car le film s’avère totalement inclassable et ne ressemble finalement à aucun autre. William Peter Blatty mêle les genres avec un talent évident et rare, en s’appuyant sur un scénario tout à fait imprévisible et surprenant. Les rires les plus francs se confondent ici avec des questionnements philosophiques et des inquiétudes profondes. Les grands thèmes abordés dans ce film peuvent effectivement être rapprochés de l’incontournable classique de William Friedkin. La Neuvième configuration apparaît surtout comme une sorte de drame métaphysique dont les personnages principaux s’interrogent sur leur foi, sur la bonté de l’homme ou même l’existence de Dieu. Rien que ça !
Le film s’aventure donc bien au-delà de la simple exploration des conséquences de la guerre. Présenté comme ça, il pourrait vous donner l’impression d’être un salmigondis indigeste, mais sachez que tout fonctionne miraculeusement bien. Les acteurs n’y sont pas pour rien, et je pense notamment au personnage principal campé par un Stacy Keach habité et charismatique, un acteur le plus souvent abonné aux seconds rôles dont le visage, habituellement moustachu, vous dira sans doute quelque chose. Il nous livre ici une prestation réellement envoûtante et participe grandement à rendre son personnage inoubliable. Un personnage à l’image de l’ensemble des protagonistes, puisque la plupart des habitants de cet asile sont des individus attachants et drôles. L’un d’entre eux se prend pour Superman et on découvrira avec le sourire qu’il a installé une cabine téléphonique à côté de son lit pour s’y changer. Un autre, brillamment incarné par Jason Miller, est bien décidé à adapter Shakespeare pour les chiens et nous gratifie de quelques répliques terribles déblatérées avec le cœur (“It’s a fucking headache but God damn somebody’s got to do it !”). A vrai dire, tous les acteurs ont l’air ravi de participer à ce petit festival loufoque et je ne vous donne là que deux petits aperçus d’un film qui parvient à amuser plus d’une fois.
La mise en scène n’est pas en reste non plus et tire parfois joliment profit du décor incroyable dans laquelle l’action est située. Ce château au style gothique décalé, perdu dans sa forêt et toujours perché dans les nuages, offre une vision poétique qui symbolise parfaitement la situation de ces personnages coupés du monde, et peut-être même entre deux mondes. Des scènes oniriques étonnantes offrent elles aussi l’occasion au cinéaste de faire preuve de sa capacité à nous offrir des moments d’une extraordinaire beauté surréaliste. Je pense ici à ce moment hallucinant où l’on voit un astronaute poser le drapeau américain sur la Lune et découvrir Jésus sur la croix dans un lent mouvement de caméra tout en apesanteur.
Dans sa dernière partie, le film prend des allures de thriller psychologique et peut alors curieusement nous faire penser au récent Shutter Island de Martin Scorsese. Mais ce rapprochement n’est pas fait pour vous gâcher une histoire riche et surprenante dont je ferai mieux de vous taire les secrets. La Neuvième configuration est aussi marqué par un rythme assez déconcertant, fait d’ellipses brutales et de longueurs passagères, mais tout cela contribue au bout du compte à l’étrangeté troublante de cette oeuvre parsemée de scènes poignantes. Enfin, on peut également constater un travail vraiment original réalisé sur les voix et le hors-champ, qui participe manifestement à la volonté d'égarer le spectateur. Un film unique et fourmillant d’idées, dont la découverte fut un réel plaisir, et que je vous invite donc chaudement à voir.
Le film nous plonge dès ses premières images dans un univers absurde et fascinant qui captive immédiatement. On se croirait d’abord parachuté dans une œuvre oubliée d'un Terry Gilliam encore en forme et inspiré, dans une œuvre située entre le fantastique et le burlesque. Mais à vrai dire, la comparaison ne tient pas bien longtemps, car le film s’avère totalement inclassable et ne ressemble finalement à aucun autre. William Peter Blatty mêle les genres avec un talent évident et rare, en s’appuyant sur un scénario tout à fait imprévisible et surprenant. Les rires les plus francs se confondent ici avec des questionnements philosophiques et des inquiétudes profondes. Les grands thèmes abordés dans ce film peuvent effectivement être rapprochés de l’incontournable classique de William Friedkin. La Neuvième configuration apparaît surtout comme une sorte de drame métaphysique dont les personnages principaux s’interrogent sur leur foi, sur la bonté de l’homme ou même l’existence de Dieu. Rien que ça !
Le film s’aventure donc bien au-delà de la simple exploration des conséquences de la guerre. Présenté comme ça, il pourrait vous donner l’impression d’être un salmigondis indigeste, mais sachez que tout fonctionne miraculeusement bien. Les acteurs n’y sont pas pour rien, et je pense notamment au personnage principal campé par un Stacy Keach habité et charismatique, un acteur le plus souvent abonné aux seconds rôles dont le visage, habituellement moustachu, vous dira sans doute quelque chose. Il nous livre ici une prestation réellement envoûtante et participe grandement à rendre son personnage inoubliable. Un personnage à l’image de l’ensemble des protagonistes, puisque la plupart des habitants de cet asile sont des individus attachants et drôles. L’un d’entre eux se prend pour Superman et on découvrira avec le sourire qu’il a installé une cabine téléphonique à côté de son lit pour s’y changer. Un autre, brillamment incarné par Jason Miller, est bien décidé à adapter Shakespeare pour les chiens et nous gratifie de quelques répliques terribles déblatérées avec le cœur (“It’s a fucking headache but God damn somebody’s got to do it !”). A vrai dire, tous les acteurs ont l’air ravi de participer à ce petit festival loufoque et je ne vous donne là que deux petits aperçus d’un film qui parvient à amuser plus d’une fois.
La mise en scène n’est pas en reste non plus et tire parfois joliment profit du décor incroyable dans laquelle l’action est située. Ce château au style gothique décalé, perdu dans sa forêt et toujours perché dans les nuages, offre une vision poétique qui symbolise parfaitement la situation de ces personnages coupés du monde, et peut-être même entre deux mondes. Des scènes oniriques étonnantes offrent elles aussi l’occasion au cinéaste de faire preuve de sa capacité à nous offrir des moments d’une extraordinaire beauté surréaliste. Je pense ici à ce moment hallucinant où l’on voit un astronaute poser le drapeau américain sur la Lune et découvrir Jésus sur la croix dans un lent mouvement de caméra tout en apesanteur.
Dans sa dernière partie, le film prend des allures de thriller psychologique et peut alors curieusement nous faire penser au récent Shutter Island de Martin Scorsese. Mais ce rapprochement n’est pas fait pour vous gâcher une histoire riche et surprenante dont je ferai mieux de vous taire les secrets. La Neuvième configuration est aussi marqué par un rythme assez déconcertant, fait d’ellipses brutales et de longueurs passagères, mais tout cela contribue au bout du compte à l’étrangeté troublante de cette oeuvre parsemée de scènes poignantes. Enfin, on peut également constater un travail vraiment original réalisé sur les voix et le hors-champ, qui participe manifestement à la volonté d'égarer le spectateur. Un film unique et fourmillant d’idées, dont la découverte fut un réel plaisir, et que je vous invite donc chaudement à voir.
La Neuvième configuration de William Peter Blatty avec Stacy Keach, Scott Wilson, Ed Flanders et Jason Miller (1980)
Je vais essayer de me procurer ce film et le regarder très vite! ^^
RépondreSupprimerCa donne diantrement envie !
RépondreSupprimerPareil, je vais essayer de le mater, ça a l'air famoso :)
RépondreSupprimerSalop !
RépondreSupprimeroui je confirme : ce film a réellement inspiré Denis Lehane pour son livre "Shutter island".
RépondreSupprimerUn film excellent que je conseille completement aussi oui^^
RépondreSupprimerPour ma part je le rapprocherais plus de Shock Corridor de Samuel Fuller. Dans le traitement, dans le ton, les deux films sont assez proches. ;-)
Merci pour la découverte
RépondreSupprimerCa m'a donné envie
Peut-être un de mes films préférés...
RépondreSupprimerRavie de lire une critique comme celle-ci, ça court pas les rues en français...
Félicitations pour votre blog, continuez!
RépondreSupprimerMerci ! On y compte bien :D
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