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10 juillet 2018

Une femme fantastique

Marina, une jeune femme transgenre, voit sa vie bouleversée par la mort soudaine de son compagnon, un homme plus âgé, avec lequel elle nourrissait de beaux projets. Elle doit alors affronter la famille du défunt, qui ne la prend aucunement en considération et se montre même assez violente à son égard. Voici le point de départ d'Une femme fantastique, le cinquième long métrage du réalisateur chilien Sebastián Lelio, qui a récolté de nombreux prix depuis sa sortie, notamment le très convoité Oscar du Meilleur Film Étranger. Il est vrai qu'il tombe à pic et a sans doute pu profiter d'un contexte particulièrement favorable. Sebastián Lelio y traite, avec intelligence, de sujets actuellement très sensibles. Sans en faire des caisses, en évitant toute lourdeur et tout misérabilisme, le cinéaste nous retrace le chemin de croix de son personnage principal, cette femme qui, alors qu'elle vit déjà un drame terrible (les premières minutes du film nous permettent de saisir toute la sincérité des sentiments qui la lient à son compagnon), doit faire face au regard souvent malveillant, toujours différent, qui est posé sur elle et à l'intolérance crasse dont elle est victime.




Marina est jouée par Daniela Vega, une chanteuse, mannequin et actrice chilienne transgenre qui porte le film sur ses solides épaules. On devine combien le projet devait la toucher et combien elle a dû s'y impliquer mais, à l'image de son réalisateur, elle n'en fait pas trop pour autant. Marina affronte les événements en restant droite, digne, courageuse, et l'actrice lui apporte toute la justesse, la retenue et la présence nécessaires. On souhaiterait presque parfois qu'elle ait des réactions plus vives, qu'elle réponde à cette violence cruelle dont elle est l'objet par une violence équivalente, trop conditionnés que nous sommes par le cinéma américain et surtout touchés, voire révoltés, par ce qui lui arrive. Heureusement, le film ne tombe jamais là-dedans. Il reste sobre, du début à la fin, et c'est une de ses plus grandes qualité. Son autre mérite est de nous dresser une galerie de personnages assez variés, crédibles, qui ne sont pas tous à mettre dans des cases, comme on aurait pu le craindre. On apprécie ainsi l'arrivée de la sœur de Marina et de son conjoint, deux personnages intelligents, humains, animés par leur simple volonté de défendre et protéger Marina.




Alors certes, comme on dit désormais : ça "manque un peu de cinéma", hideuse expression qui était aux bords de toutes les lèvres des commentateurs à Cannes et qui signifie que la "proposition", mot également très usité, faite par le cinéaste s'avère, dans la forme, assez maigrelette. Il est vrai que Sebastián Lelio ne laisse guère un souvenir très marquant, il nous livre simplement un bon film, modeste, intelligent et sans doute nécessaire. On est peu étonné de découvrir, au générique final, qu'il a été coproduit par Pablo Larraín et Maren Ade. Un film qui méritait tout de même, pour ses quelques vraies qualités, les honneurs auxquels il a eu droit. 


Une femme fantastique de Sebastián Lelio avec Daniela Vega (2017)

8 janvier 2017

Bilan 2016





http://ilaose.blogspot.fr/2016/03/un-jour-avec-un-jour-sans.html
1. Un jour avec, un jour sans de Hong Sang-Soo


2. Toni Erdmann de Maren Ade


http://ilaose.blogspot.fr/2016/03/bone-tomahawk.html
3. Bone Tomahawk de S. Craig Zahler


4. L'avenir de Mia Hansen-Love


5. Rester vertical d'Alain Guiraudie


http://ilaose.blogspot.fr/2016/12/personal-shopper.html
6. Personal Shopper d'Olivier Assayas


7. The Assassin de Hou Hsiao-Hsien


 8. Carol de Todd Haynes


9. The Neon Demon de Nicolas Winding Refn


10. Victoria de Justine Triet


11. Julieta de Pedro Almodovar


12. La Loi de la jungle d'Antonin Peretjatko


13. The Strangers de Na Hong-jin


http://ilaose.blogspot.fr/2017/05/paterson.html
14. Paterson de Jim Jarmusch


http://ilaose.blogspot.fr/2017/01/in-valley-of-violence.html
15. In a Valley of Violence de Ti West


On était à la bourre sur 2015, mais on est à fond sur 2016 (19 films de 2016 critiqués sur le blog à ce jour, record de la blogosphère !). On a vu de nombreux longs métrages cette année (d'où le peu de critiques, on était souvent en salles...), et on veut aider notre prochain. On sait trop ce que c'est de passer les fêtes de fin d'année entre deux téléviseurs pour rattraper le retard et boucler un top d'au moins 10 titres onze mois plus tard. Que dire de ce bilan (outre la giga surprise de cul de classement) ? Nous n'avons eu aucun mal cette année à dresser un top satisfaisant pour l'un comme pour l'autre, chacun a pu placer ses pépites sans démoraliser l'autre (ou preeeeeesque), et en fion de classement on a juste mis un film qu'on a vu tous les deux... un film qui tombait à pic pour éjecter Elle, poids-lourd de l'année qui n'a pas du tout fait l'unanimité au sein de la rédac' (aucun de nous n'est maso, contrairement à Elle, le personnage éponyme, et pourtant nous avons échangé pas mal de coups et de blessures à propos de ce film). Vous retrouvez dans le trio de tête Bone Tomahawk, qui est là pour dégoûter tous les Quentin Tarantino et compagnie, pour leur rappeler qu'avec un peu d'humilité (trois chevaux, un mec qui boîte et un bone tomahawk), on peut encore réaliser un western qui tienne la route et qui sente la poussière. A ce titre, on peut peut-être saluer Claude Lelouch (c'est rare dans nos pages, première fois ever, et dernière), qui était président du jury à Gérardmer et qui a su distinguer le grain de l'ivraie en couronnant le film de ce cher Bone Tomahawk (un réalisateur à suivre), le préférant à The Witch, film d'horreur indé couvert d'éloges réalisé par un petit faiseur hipster qui méritait qu'on le renvoie à son brouillon. Au top de ce top, une excellente soirée pour l'autre, un grand film pour l'un, venu de Corée et signé du sosie officiel de l'un d'entre nous. A part ça, d'autres bons films. Et puis il y a des absents, par exemple Homeland et Le Bois dont les rêves sont faits, que nous n'avons pas vus et qui n'ont pas leur place ici puisqu'il s'agit de mockumentaires, de même que nous n'avons pas cité Stranger Things ou Ma Loute, qui sont des séries télévisées et n'ont donc rien à foutre dans un top ciné. Nous ne pouvons pas tout voir, n'ayant que 4 yeux. Nous sommes aussi passés à côté d'Aquarius et de Toni Erdmann, le film tant acclamé de Maren Ade, que l'on a quand même mis en 2, pour la crédibilité du classement (même si du coup on vient d'annihiler toutes nos chances à ce niveau-là).