Devoir de blogueur ciné oblige, pour couvrir la sortie très 
attendue du nouveau film de Michael Bay, Ambulance, sans avoir à me le 
farcir, j'ai choisi de vous parler de l'avant-dernier film du 
regretté Larry Cohen, L'Ambulance. Larry Cohen, ce drôle de loustic du cinéma de 
genre américain, qui a traversé les années 70 et 80 en solitaire, nous 
proposant une tripotée de séries b pleines d'idées saugrenues, d'humour 
décontracté et de références cinéphiles ou à la culture populaire. Nous 
suivons ici les mésaventures d'un dessinateur de comic book qui est 
incarné avec entrain par un merveilleux Eric Roberts, doté d'un look et 
d'une coupe de cheveux du tonnerre. Obnubilé par une jolie brune sur 
laquelle il a flashé dans les rues de New York, il se lance à sa 
recherche après que celle-ci ait été embarquée par une mystérieuse 
ambulance. Nulle trace d'elle dans aucune des cliniques de la ville où 
elle aurait pu être admise, la jeune femme s'ajoute en réalité à la 
liste des disparitions inexpliquées de personnes diabétiques, toutes 
emportées on ne sait où par la même satanée ambulance...  
 
   
Comme
 vous pouvez l'imaginer, Larry Cohen nous pond encore une histoire à 
dormir debout impliquant cette fois-ci un savant fou, joué par le moustachu et 
diabolique Eric Braeden, qui mène des expériences terribles sur de pauvres diabétiques pour, dit-il, faire avancer la science au péril de leurs vies. A vrai dire, on n'en saura pas beaucoup plus
 ! Le réalisateur et scénariste ne creuse pas vraiment cette veine de 
son scénario farfelu car il s'agit simplement d'un prétexte propice aux 
péripéties multiples et aux rebondissements invraisemblables, aux 
cascades gratuites et aux poursuites urbaines. C'est aussi l'occasion 
pour le sympathique gus auquel Eric Roberts prête ses traits taillés à 
la serpe d'enchaîner les belles rencontres. Le maverick du bis nous propose ainsi une petite galerie de personnages secondaires que l'on se plaît à découvrir progressivement, tous amusants et 
exubérants, en particulier ceux campés par Red Buttons, super en 
journaliste avide de scoop au bagout incroyable, et James Earl Jones, 
parfait en lieutenant de police à l'humeur si lunatique. Ces individus 
donnent lieu à quelques scènes assez poilantes, dynamisées par la bonne 
humeur palpable qui devait régner sur le plateau. Tous les acteurs ont 
en effet l'air de bien s'amuser, à commencer par Eric Roberts, très à l'aise et content d'être là ; quant à nous, on apprécie voir ses différents énergumènes 
interagir, se renvoyer la balle, se mettre des bâtons dans les roues, s'énerver et s'invectiver les uns les 
autres. Je serai d'ailleurs curieux de découvrir ce film-là en VF tant 
il est la porte ouverte à tous les écarts de doublage comme on en était 
capable alors. 
Si, côté comédie, L'Ambulance 
est une agréable réussite, un film léger, second degré et bien mené 
comme le cinéma américain ne produit plus, côté action, c'est un tout 
petit peu moins ça... Larry Cohen n'a malheureusement pas le talent d'un
 Carpenter ou d'un Spielberg pour personnifier le véhicule qui donne son
 nom au titre, pour le rendre menaçant ou pour tout simplement en faire 
véritablement quelque chose d'intéressant à l'écran. On a presque l'impression 
qu'il n'essaye même pas. Cette ambulance, aussi stylée soit-elle, n'a rien de véritablement marquant. Et nous ne sommes pas vraiment scotchés à notre
 fauteuil lors de ces passages plus faibles où l'action est à l'honneur.
 En fin de compte, Larry Cohen, qui apparaît peu soucieux de la 
cohérence général de son script, ne donne jamais pour de bon dans le 
thriller paranoïaque ayant pour thème le milieu médical comme son pitch 
pourrait le laisser supposer. Il préfère de loin la rigolade et 
l'absurde au sérieux et au drame, signant ainsi un film bien de son 
temps, une simple comédie d'action portée par la gouaille et l'énergie 
de son acteur principal dont est davantage exploité le grand clapet et le regard fou que la musculature saillante et l'imposante carrure. Le rythme est tel qu'on se laisse divertir avec 
plaisir et, l'air de rien, Larry Cohen atteste parfois d'une belle 
imagination pour contourner la petitesse de son budget. Il amène avec un
 aplomb implacable les idées les plus absurdes, comme la présence d'un 
hôpital de fortune à l'étage d'une boîte de nuit bondée. Dans le monde détraqué
 de Larry Cohen, peuplé de bébés mutants sanguinaires, de flics zombies tueurs en série, d'abjects yaourts mangeurs d'hommes et de 
serpents géants à plume, ce sont les choses les plus naturelles 
possibles, des évidences que l'on est tout à fait prêt à accepter.
L'Ambulance de Larry Cohen avec Eric Roberts, Megan Gallagher, Eric Braeden, Janine Turner, Red Buttons et James Earl Jones (1990) 
 

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