Wolf Creek, The Snowtown Murders et maintenant Love Hunters... les serial killers australiens inspirent le cinéma de genre de leur pays, pour des films crus et réalistes qui se font immédiatement remarqués par les amateurs et offrent une certaine reconnaissance à leurs auteurs, synonyme de billet d'entrée gratis pour Hollywood. Avec Love Hunters, Ben Young a donc pu rejoindre Justin Kurzel et Greg McLean dans la bande des cinéastes océaniens qui ont été catapultés sur la A-List américaine du jour au lendemain. Il n'a pas connu là-bas un bien meilleur sort que ses compatriotes... En vérité, son film breakthrough ne nous donnait pas spécialement de raison d'y croire, tant il était pollué par des erreurs de jeunesse, un manque de finesse et une arrogance néfastes. Retournons donc sur les lieux du crime...
Perth, 1987. Vicki (Ashleigh Cummings) fait du stop quand un couple a priori sympathique lui propose de monter. Elle ignore qu'elle vient d'ajouter son nom au tableau de chasse d'une paire de serial killers aux pratiques bien huilées. Love Hunters nous narre donc les mésaventures de cette pauvre jeune fille, séquestrée par un couple de psychopathes complètement timbré dans une banlieue lambda. Dans les faits, Ben Young s'attache principalement à nous dresser le portrait de la femme dudit couple, Evelyn White, incarnée par une Emma Booth qui donne tout ce qu'elle a et qui a été considérablement enlaidie pour le rôle. Il se trouve que cette Evelyn est elle aussi totalement à la merci de son compagnon, le psychopathe en chef, j'ai nommé John White (Stephen Curry), un type tout bonnement infréquentable et tout juste capable de prendre son pied quand il maltraite des innocentes...
D'emblée, le décor est planté, avec cette misérable maison anonyme, dont les fenêtres ont les rideaux tirés, et dans lesquelles nous pouvons nous imaginer n'importe quoi. L'action se déroule au milieu des années 80, mais le réalisateur prend soin de ne pas trop la temporaliser. Nous pourrions être n'importe où, n'importe quand. Ben Young choisit de filmer au plus près les méthodes du couple tueur, de nous les détailler ce qu'il faut pour nous faire réaliser leur crédibilité, leur simplicité. Cela fonctionne plutôt bien, c'est d'une efficacité évidente. Ajoutez à cela des acteurs dévoués à leurs causes (en particulier Emma Booth donc), quelques effets de style par-ci par-là et une certaine retenue dans la peinture de la violence, maintenue à distance, et vous constaterez que tous les ingrédients étaient effectivement réunis pour que ce thriller très glauque et malsain provoque un petit buzz à sa sortie.
D'emblée, le décor est planté, avec cette misérable maison anonyme, dont les fenêtres ont les rideaux tirés, et dans lesquelles nous pouvons nous imaginer n'importe quoi. L'action se déroule au milieu des années 80, mais le réalisateur prend soin de ne pas trop la temporaliser. Nous pourrions être n'importe où, n'importe quand. Ben Young choisit de filmer au plus près les méthodes du couple tueur, de nous les détailler ce qu'il faut pour nous faire réaliser leur crédibilité, leur simplicité. Cela fonctionne plutôt bien, c'est d'une efficacité évidente. Ajoutez à cela des acteurs dévoués à leurs causes (en particulier Emma Booth donc), quelques effets de style par-ci par-là et une certaine retenue dans la peinture de la violence, maintenue à distance, et vous constaterez que tous les ingrédients étaient effectivement réunis pour que ce thriller très glauque et malsain provoque un petit buzz à sa sortie.
Hélas, il en faut un peu plus pour nous convaincre et les qualités de ce film ne suffisent pas à nous faire oublier ses vilains défauts. Fasciné par son histoire, Ben Young, qui porte parfaitement bien son nom, nous rappelle régulièrement qu'il n'a pas encore atteint l'âge de raison et qu'il signe ici son premier long métrage, truffé de maladresses condamnables. Nous ne comptons plus les scènes où il met en place un suspense aussi malvenu que superflu, prenant en otage des personnages dont il se fiche assez, au profit d'un effet assuré, mais bien facile, sur le spectateur. Quand il filme au ralenti les gamins du quartier faire de la corde à sauter tandis que se produit l'impensable derrière les murs à quelques mètres d'eux, nous ne sommes guère impressionnés par la créativité du bonhomme, bien au contraire. Enfin, quand il balance à toute berzingue les grosses basses de la chanson Atmosphere du groupe culte Joy Division au moment où la triste victime, très mal en point après avoir subi les pires sévices, s'échappe pour de bon, on se dit qu'il ne s'est pas interrogé une seconde sur l'intelligence et la pertinence de sa mise en scène. On est alors assez gêné face à cet étonnant spectacle et devant cette conclusion sordide, de mauvais goût, qui fait perdre à son auteur le maigre crédit précédemment acquis.
Love Hunters (Hounds of Love en version originale, peut-être en référence à une autre de ces chansons que le réalisateur doit apprécier et regretter de ne pas avoir pu placer dans son petit bébé), est en fin de compte un film assez quelconque, ne méritant absolument pas toutes ces louanges aveugles qui ont accompagné sa sortie. Ben Young, paraît-il un mec délicieux et adorable en interview, est peut-être capable de s'améliorer, car il n'est pas totalement dénué de talent, reconnaissons-le. Nous lui laisserons volontiers une deuxième chance.
Love Hunters de Ben Young avec Emma Booth, Stephen Curry et Ashleigh Cummings (2017)
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