12 janvier 2020

Child's Play : La Poupée du mal

Il aurait presque pu être cool ce film. C'est dommage qu'il s'effondre complètement dans son dernier tiers et qu'il finisse par tomber dans le grand n'importe quoi. Avant cela, ce reboot tient la route et s'avère plutôt agréable à suivre. Je précise toutefois que je ne suis pas un très fin connaisseur de la saga Chucky, qui ne m'a jamais trop attiré. Je ne garde qu'un souvenir lointain du premier épisode et du troisième, et encore, je ne suis même pas sûr de moi... Je vais donc émettre l'avis d'un profane sur ce huitième film de la franchise, désireuse de repartir sur de nouvelles bases 2.0, et ne comptez pas sur moi pour me lancer dans une étude comparée. Je reconnais que l'allure de la poupée est ici complètement foirée. Chucky est hideuse, in a bad way. Les effets spéciaux ne sont pas ratés, au contraire, ils sont assez propres compte tenu du modeste budget alloué, non, c'est le design, la tronche et les expressions de la poupée robotisée qui posent problème. Il n'y a quasiment plus ce décalage qui existait auparavant entre l'apparence mignonne d'un jouet a priori inoffensif et sa personnalité diabolique. L'aspect de Chucky est d'emblée inquiétant. Il n'y a pas cette dégradation progressive que l'on pouvait observer dans les opus précédents, où le look de la poupée de plus en plus détériorée finissait effectivement par coller à son attitude meurtrière. C'est juste moche, mais ça n'est pas pire que l'espèce d'ourson en peluche, nouvelle version du jouet que nous découvrons à la toute fin, et appelé des vœux du réalisateur Lars Klevberg à devenir la vedette d'une suite éventuelle. Encore une preuve que le bonhomme manque de discernement et tient hélas à persévérer dans la mauvaise voie...





Pendant une heure, pourtant, ce Child's Play divertit sans souci. On retrouve un humour noir bienvenu et quelques petits trucs marrants, un peu craignos juste ce qu'il faut, comme quand le gamin présente son chat roux à Chucky en précisant très naturellement "Tiens ça c'est Mickey Rooney, c'est un gros tas de merde". Le héros du film est un ado solitaire qui, grâce aux talents débridés de son dernier cadeau d'anniversaire, se fait de nouveaux amis dans son quartier. Leur langage est fleuri et ils font dire quelques sacrées conneries à Chucky. La sympathie qu'inspire vaguement le film passe par un rythme bien mené et de tout petits détails, notamment des répliques anodines et grossières qui en auraient fait une vraie pépite s'il était sorti dans les années 80, à l'âge d'or des doublages français en roue libre. C'est un personnage qui jure en baragouinant dans sa barbe parce qu'il a une tâche ardue à accomplir en solo ; c'en est un autre qui se plaint à la caissière en étant exagérément vulgaire et de la façon la plus naturelle qui soit, etc. On devine que les gars derrière tout ça sont peut-être plus tentés par la comédie et la satire que par l'horreur et le suspense.





On sent poindre là-dedans une satire du consumérisme à tout crin et de ces multinationales technologiques qui veulent tout contrôler, du grille-pain à la voiture en passant par les téléphones. Désormais connectée à tout et capable de maîtriser les objets électroniques à distance, l'infernale Chucky met en exergue les dangers d'une domotique omniprésente. Elle n'est plus possédée par l'esprit d'un serial killer, elle est simplement le fruit du travail d'un pauvre ouvrier de l'usine de montage qui, poussé à bout par son supérieur violent, choisit en guise de représailles de retirer toutes les sécurités d'un modèle pris au hasard, avant de se donner la mort en se jetant du toit de la fabrique tandis que la poupée détraquée est embarquée dans un camion de distribution. Désireuse de protéger son jeune propriétaire et d'accomplir ses plus sombres désirs, Chucky entrera vite en killing spree. Il est intéressant de constater que c'est après avoir maté Massacre à la tronçonneuse 2 en compagnie des ados en plein délire que la poupée pète définitivement les plombs. Ça commence évidemment par le chat malaimé avant que le boyfriend de sa mère en fasse les frais. Puis le film se délite rapidement sous nos yeux et se complait dans un petit manège très attendu et décevant, empilant des scènes de mises à mort bien gores qui se veulent inventives mais qui sont surtout ultra pénibles. Il finit par perdre notre intérêt et l'on en vient à se dire qu'il manquait peut-être une vraie âme à cette maudite poupée. 


Child's Play : La Poupée du mal de Lars Klevberg avec Gabriel Bateman, Aubrey Plaza et la voix de Mark Hamill (2019)

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