22 juillet 2018

Sixième Sens

On s'attaque à un morcif en tapant ce film. Dès le premier plan, on était dedans. Souvenez-vous. Mais souvenez-vous ! Vous vous souvenez ? Manoj Might N. Nelluaty Night Schumi Netanyahou Shyamalan allume son premier chef d’œuvre avec une ampoule qui s'éclaire, très lentement. On est chopé... Seul regret : elle n'est pas à économie d'énergie. Si Schumi n'était pas éco-citoyen dès son premier film à succès, il faisait déjà preuve d'un art poétique flagrant et d'une vraie capacité à situer son film dans le domaine fantastique en un plan fulgurant, un plan parfait. Un conteur hors de pair était né. Cette ampoule annonce la couleur : la vérité se fera jour, tout doucement, soyez patients, qui éclairera le film d'une lumière artificielle toute neuve. 




Bruce Willis s'est refait la cerise grâce à tonton Schum. Après Pulp Fiction, Die Hard 3, L'Armée des 12 linges et une infâme saloperie comme Le Cinquième élément, la star interplanétaire des années 80 et 90 était sur le toit de l'Olympe et ne pouvait que redescendre. Willis vivait une fin de siècle et de règne difficile quand Nellyatu vint frapper à sa porte avec un scénario dont il avait écrit le rôle principal en pensant à lui. Choix ma foi étonnant que de pointer du doigt le policier du monde pour camper un pédopsychiatre obséquieux. Mais choix payant. Et Willis l'avait flairé d'entrée, acceptant un cachet misérable tout en ajoutant une petite ligne au contrat, assez novatrice pour l'époque, réclamant 50% des recettes mondiales.




Bruce Willis avait saisi avant tout le monde que ce film attirerait chaque proie au minimum deux fois en salle. Une fois pour la découverte, une fois pour revoir le film en connaissant le fin mot, sous une nouvelle lumière (cf. notre premier paragraphe, éclairant), voire une troisième fois pour les débiles qui n'avaient rien pigé les deux premières. L'acteur tablait sur 5 millions de gain, il en reçut 350. Trois cent cinquante millions de dollars de bénéf pour le divin chauve... Il vit encore dessus. Une rente du diable. Sans parler de l'amitié à vie que ce deal scella entre l'acteur et son metteur en scène. Aujourd'hui encore, à chaque fois qu'ils se croisent (et c'est fréquent ces temps-ci, car Glass est sur les rails !), Willis ne peut s'empêcher de lancer à Schumi : "Je t'en dois une belle !" ("I owe you shit" en anglais).




Avec ce petit bijou du cinéma bis, qui réserve de vrais moments de trouille (de quoi se chier dessus une paire de fois), le monde entier découvrit Manoj Nellyatu Shyamalan et ne s'en remit pas. Nous concernant, rien de neuf à l'horizon, puisque nous suivions sa carrière depuis Praying with anger, un moyen métrage d'une maturité folle qui nous scia l'anus. Impression confortée par Wide awake, qui demeure pour nous le vrai film breakthrough du poète de Pondichéry puisqu'il nous a littéralement perforé le fion : un film d'une naïveté déconcertante mais bouleversante en ces temps où il est de bon ton de cacher ses sentiments. Toutefois nous comprenons que Sixth sense ait explosé le box office et propulsé Schumi sur d'autres cieux, faisant de lui l'égal de Neil Armstrong, premier canidé russe à toucher la lune. En effet, le twist final a de quoi nous prolonger la raie. A vrai dire, la première fois qu'on a vu le film, en salle, on n'a rien pigé. C'est dans la voiture, en causant avec un grand frère un tout petit peu moins con, que la lumière s'est allumée, à l'image de l'ampoule inaugurale. Depuis, elle a parfois manqué de peps, mais elle ne s'est jamais tout à fait éteinte, et Schumi est aujourd'hui affairé à renouer avec le jour.


Sixième sens de M. Night Shyamalan avec Bruce Willis et Haley Joel Osment (1999)

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