11 janvier 2015

Le Rôle de ma vie

La vie de Zach Braff, chapitre 2. Après la crise de la trentaine, voici donc celle de la quarantaine. On saura tout des petits tracas de l'acteur-réalisateur, qui a enfin pu poursuivre l'aventure après avoir racketté ses fans via Kickstarter. Quel scandale quand on mate le résultat de ce gigantesque vol organisé ! Rien ne nous sera épargné dans ce nouveau film largement autobiographique où l'on suit donc les déboires d'un pur zonard qui se retrouve encore une fois à un moment charnière de son existence : acteur raté, père de deux enfants, marié à Kate Hudson, il doit faire face à ses échecs professionnels et familiaux quand il apprend que son vieux père, gravement malade, n'en a plus pour très longtemps. Dès les premières minutes, c'est un festival Zach Braff, il nous submerge de mots d'esprit et de vannes lamentables. "Il conduisait un Hummer jaune. Qui conduit ça ? Il veut faire la guerre au soleil ?" entend-on lors d'une scène de petit-déjeuner qui ouvre les hostilités. Comment enchaîner après ça ?! Zach Braff doit cultiver cet humour pas drôle qui recherche son effet comique de par sa simplicité affligeante et son absence totale de drôlerie assumée. Sauf qu'il faut tout de même un certain talent pour manier cet humour-là et quand le comique est immédiatement pris en grippe, on a toutes les chances d'être d'humeur colérique face à tous ces échecs répétés dont on doute qu'ils soient véritablement assumés. Moi, ça me fout juste sur les nerfs !




Le titre français du film, d'une niaiserie abominable, est superbement bien choisi. L'apprenti réalisateur nous inonde de moments "trop mignons" qu'il doit imaginer irrésistibles. En signe de révolte, sa fille se coupe les cheveux, alors son père ultra cool lui permet de choisir la perruque de son choix dans un magasin qui en propose de toutes sortes. Elle en prend une rose fluo, et nous voyons ensuite toute la petite famille marcher de front dans la rue, le sourire aux lèvres, l'air insolent, les cheveux au vent, au ralenti, accompagné d'une musique pop insupportable. Les ralentis, Zach Braff adore ça. On doit en compter davantage que dans un John Woo lambda ! Après cette scène, toute la joyeuse bande a la chic idée de se rendre chez un concessionnaire auto. Ce dernier est incarné par l'acolyte oublié de Scrubs, Donald Faison. C'est bien, les fans de la série seront heureux de l'y retrouver, les autres jugeront cette apparition pitoyable et ce clin d’œil cruel, du même tonneau que toutes ces références geeks qui parasitent la moitié des dialogues. Trompé par la perruque de l'ado, qu'il imagine au stade terminal d'une maladie incurable, l'idiot marchand de bagnoles les autorise à faire un tour gratuit dans une voiture de luxe. Et rebelote. Nous devons ensuite les admirer sur les routes californiennes, sous un coucher de soleil et des lumières chatoyantes, encore une fois au ralenti, toujours avec une zik dégueulasse à plein volume, conduits par un Zach Braff visiblement très fier de lui. C'est à gerber.




Braff enchaîne de la même façon les situations où l'émotion est censée être à son paroxysme. Sauf que ça ne marche jamais. Kate Hudson vient ainsi faire la morale à son beau-père acariâtre, sur son lit de mort, afin que celui-ci renoue avec ses deux cons de fils avant de passer l'arme à gauche. Les larmes coulent à flots sur leurs joues tandis que nos poings se serrent et nos dents grincent... Le pire moment du film est peut-être celui où Zach Braff et Kate Hudson entonnent une chanson d'amour pendant qu'ils s'enlacent fiévreusement. Ils ont très envie d'avoir une relation sexuelle, là, tout de suite, sur le sèche-linge de la cave, mais doivent s'arrêter aux préliminaires. On est supposés trouver adorable ce vieux couple solide, qui affronte la vie main dans la main et dont la sexualité semble à peine entravée par l'existence de ces deux gosses dont il faut toujours s'occuper. Perso, j'avais envie de les exploser... Lors de cette scène, notons que Kate Hudson arbore un mini-short en jean ultra tight que même ma mère n'oserait pas porter lorsqu'elle part s'occuper seule de son jardin en plein été. C'est pour nous montrer que l'on peut toujours être sexy à 40 balais. L'actrice est soudainement filmée comme si elle était la star d'un BangBros, source d'inspiration évidente de son collègue malingre. Ça fout mal à l'aise. Elle est pourtant plutôt bien bâtie, c'est un fait. Mais quand on regarde son visage, c'est toujours la même rengaine, on tombe systématiquement dans le panneau : à la vue de sa mâchoire carrée et particulièrement virile, on se rappelle qu'elle est la fille Kurt Russell, puis on vérifie sur internet, et on découvre avec surprise qu'elle est seulement sa belle-fille, Goldie Hawn l'ayant conçue avant de rencontrer l'amour de sa vie. Seule éclaircie à l'horizon : la grosse tronche de Zach Braff, qui embellit en vieillissant. Les rides ne lui vont pas mal. Il est juste un peu moins laid qu'avant ! Mais en 10 ans, Zach Braff n'a en réalité pas changé d'un poil. Il bégaie de nouveau le pire du cinéma indé US. Un film d'un autre âge. Tout ce qu'on ne veut plus voir. Une triste chanson des Shins, le groupe qu'il a participé à rendre mainstream avec Garden State, décore le générique final. Ouf, c'est fini. Tirez la chasse !


Le Rôle de ma vie de Zach Braff avec Zach Braff, Kate Hudson, Josh Gad, Mandy Patinkin, Jim Parsons et Joey King (2014)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire