24 avril 2022

Swiss Army Man

J'ai enfin vu Swiss Army Man ! Je dis "enfin" juste parce que c'était l'un des plus vieux fichiers qui traînaient encore sur mon disque dur. C'est une délivrance, un soulagement, une bonne chose de faite. Je ne compte plus les soirs où j'ai longtemps laissé mon curseur sur le nom de ce maudit fichier, avant de l'esquiver au dernier moment, ne sachant pas que je venais là de sauver ma soirée. J'ai donc fini par le lancer, avec bon espoir, croyez-moi, la bouche en cœur, les bras ouverts, croyez en ma bonne foi ! Je devais encore venir de croiser sur le web un énième commentaire laudatif au sujet de ce truc, devenu culte pour certains. C'était la petite poussette qu'il me manquait... Et plouf. Faut dire qu'on en lit des conneries, sur Twitter. Alors je vous préviens : vous espériez tomber sur une critique argumentée qui démonte cette horreur de trop long métrage point par point ? Nope... Vous recherchiez seulement le blog d'un hater farouche et belliqueux de ce sombre film ? Bingo ! Là, vous êtes tombé sur la bonne page web, ne partez pas.



 
 
Malgré toute ma bonne volonté, Swiss Army Man m'a donc très vite paumé. Mes efforts pour y accrocher étaient sincères et ont dû s'intensifier dès les toutes premières minutes, où le film commençait déjà à jouer avec mes nerfs à vif. Une introduction qui se veut intrigante, osée, anormalement longue et muette, mais qui affiche et crie même toutes ces fausses qualités, tout sa singularité d'apparat, comme le titre du film ou son casting visent une originalité à tout prix. On tient là un film qui cherche tellement à arracher de toute force son statut de bizarrerie vouée à devenir culte qu'il ne parvient à rien, ou qu'à m'agacer. Bon, apparemment, ça a marché pour quelques-uns. C'est cool, hein, il en faut pour tous les goûts, même les plus mauvais ! En tant que tel, Swiss Army Man est une pure saloperie indé, soi-disant "décalée", en réalité tellement calibrée. Il y a plein de passages tout mignons et hideux, qui se veulent manifestement poétiques et déconcertants, ou quand le gore, le macabre se met au service d'une bromance (horrible terme) faisandée... J'en ai eu les larmes aux yeux, vraiment.
 
 

 
 
On est quelque part dans un no man's land putride où je ne veux plus jamais foutre les pieds de ma vie d'aventureux cinéphage, dans une zone sinistrée entre Michel Gondry, Terry Gilliam et ce genre de tocards finis aux petites idées tristes, aux "univers" écœurants, dont le cinéma a généralement la particularité rare d'avoir une date de péremption ultra courte (si si, regoûtez-y un peu pour voir). Ça se veut un hymne à l'amitié, une réflexion sur la place de l'homme dans ce bas monde, ou que sais-je. A vrai dire, je n'ai pas tout suivi, on croirait subir les interrogations métaphysico-philosophiques d'ados découvrant à peine la vie et ses grands mystères. On sent bel et bien que ce scénar et ces dialogues nocifs sont le fruit de la réunion de deux cerveaux en berne qui se stimulaient mutuellement (Daniel Kwan et Daniel Scheinert, je retiens vos noms). Une chose est sûre : cela a eu pour seul effet de me foutre à cran. J'étais réellement de sale humeur après ça. Faut dire que j'avais tout misé là-dessus ce soir-là. Ce jour-là même. On était en plein confinement, et il n'y avait alors pas grand chose dans ma vie. J'avais donc misé gros là-dessus. Et j'ai perdu beaucoup, beaucoup d'argent. C'était un pari putain de perdant. Swiss Army Man, c'est peu ou prou de la merde.
 
 
Swiss Army Man de Daniel Kwan et Daniel Scheinert avec Paul Dano et Daniel Radcliffe (2016)

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