14 décembre 2019

Doubles vies

Ce film est une série de coups de couteau dans les reins. Ffft ffft ffft. Dans les films, c'est ce bruit qu'on entend quand les types lardent de coups de lames le flanc gauche d'un Liam Neeson impassible. Comment quelqu'un d'aussi brillant que Olivier Assayas, auteur de livres aussi indispensables que Présences ou L'Encyclopédie des farces et attrapes au cinéma, a pu pondre un film aussi indigne. Comment une bible de Gutenberg humaine du cinéma, qui peut te sortir sans réflexion un top 1000 des plus beaux plans d'ouverture du cinéma (à sa place, si on nous demandait, mais vu qu'on ne nous demande pas, on ne se fait pas prier, on citerait volontiers En quatrième vitesse d'Aldrich, Délivrance de John Boorman, Eyes Wide Shut de Kubrick ou encore la fameuse toupie d'Inception), comment un crack de la bobine celluloïd, qui la veille au soir nous pondait encore un Personal Shopper de haute facture, peut à ce point se fourvoyer dans un film inique, dont le plan d'ouverture annonce la couleur, puisqu'il s'agit de la porte d'entrée d'un cloaque parisien qui s'ouvre sur un Guillaume Canet souffreteux, blafard, mesquin et déjà merdeux.





Le film est un condensé de clichés, de phrases toutes faites, d'idées reçues, de méditations de trépanés archi-datées et ringardes sur l'avenir du petit monde de l'édition et les livres numériques, tout ça récité platement et avec un ridicule consommé par une troupe de tocards imbuvables et niais qui nous assènent leurs pensées débiles sur la politique et le monde comme il va avec un sérieux de pape dans un enchaînement sans fin et monotone d'élucubrations toutes plus fétides et idiotes les unes que les autres. Et comme si la situation n'était pas déjà assez embarrassante, tous ces guignols ont entre eux des histoires de cul nauséabondes et souvent improbables, en tout cas franchement inintéressantes, encore plus quand elles concernent le tocard en chef campé par Guillaume Canet qui se croit crédible en patron d'une maison d'édition découvrant, en 2019, que le numérique commence à prendre un petit essor, bien aidé dans sa découverte de l'eau tiède par son assistante/orifice Christa Theret, qui enfile les perles pendant tout le film. RIP Christa Theret, qui a explosé dans LOL et qui depuis n'est pas parvenue à recoller les morceaux, MDR.





Le fond du fond est atteint dans cette scène de conversation (la douze millième du film qui en compte bien onze mille) sur une petite terrasse en bord de mer, dans un décor digne des Petits mouchoirs, où les pires sbires de la bande, le quatuor infernal constitué de Canet, Macaigne, Hamzaoui (Hamzanon de notre côté) et Binoche évoquent la possibilité de tirer un film du dernier torche-cul de Vincent MacCain, et mentionnent pour le premier rôle nulle autre que Juliette Binoche. Ce qui donne cette farce et attrape métafilmique savoureuse où Juliette Binoche affirme, sourire aux lèvres, qu'elle croit pouvoir obtenir le numéro de téléphone de Juliette Binoche. A ce moment-là, on est persuadé qu'Olivier Assayas a trouvé une nouvelle énergie fossile, un combustible qui reposait là, sous nos yeux, tel Cthulhu dans son antre de R'lyeh. De quoi embraser le monde. A la toute fin de ce supplice, que l'on regarde de la première à la dernière minute totalement médusé, tel un lapin dans les phares d'une jeep conduite par un forcené, en se demandant comment un cinéaste de la trempe d'Assayas a pu commettre un tel packaging de fientes, Nora Hamzaoui (c'est toujours Hamzaniet) annonce fringante à un compagnon d'infortune qu'elle attend le divin enfant. Deux solutions : soit on aura droit à un Doubles vies², ce qui sera impossible à gérer, soit ça donnera un énième épisode de Chucky, la poupée de sang.


Doubles vies d'Olivier Assayas avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne et Nora Hamzaoui (2019)

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