11 août 2018

Calibre

Un scénario classique ! Deux potes venus de Londres partent en week-end à la chasse dans un coin reculé d’Écosse. Là-bas, un accident de chasse terrible va bouleverser tout leurs plans... Impression de déjà-vu ? Bien évidemment ! On pense tout particulièrement au fameux Délivrance de John Boorman, le grand film matriciel du genre, et à toutes ces autres péloches où des citadins un brin arrogants se retrouvent aux prises avec un monde rural dont ils ignoraient la sauvagerie et dont ils découvrent les mœurs radicales. Ici, nos deux potes débarquent dans un très joli village désolé, niché dans les collines encore enneigées et habité par une petite communauté en totale autogestion. Heureusement, Matt Palmer est assez malin pour s'éloigner juste ce qu'il faut de ce qu'on attend de ce canevas archi rebattu, il nous livre un thriller franchement honnête. Son scénario est assez prévisible, certes, mais il se suit sans déplaisir car il ne tombe jamais véritablement dans les clichés et les extrêmes. Le réalisateur se concentre sur la terreur psychologique et, à l'écran, aucun éclat de violence, aucun effet gore à signaler. Le déroulement de l'histoire aurait pu permettre au cinéaste de baigner dans le torture porn de bas étage, mais Matt Palmer vaut mieux que ça, et s'en tient toujours très loin, tout étant laissé à notre imagination.




Les comportements des deux personnages principaux sont plutôt crédibles, ce qui leur arrive nous paraît même plausible, ils sont campés par deux acteurs de qualité, Jack Lowden et Martin McCann. Nous croyons également à la détresse qui anime les villageois face au drame vécu et à leur volonté de se faire justice. Matt Palmer filme avec talent les paysages de la campagne écossaise. Il croque quelques très belles images bucoliques qui tranchent avec le récit qui nous est conté et attestent d'un certain sens du cadre et de la lumière. On pourra seulement regretter que la nuit dans la forêt écossaise soit si claire. Elle aurait sans doute gagné à être plus ténébreuse.




Le film suit donc son bonhomme de chemin, en ayant la très bonne idée d'accrocher assez vite notre attention. Dès le premier quart d'heure, nous sommes dedans et condamnés à aller au bout pour savoir comment tout ça va se goupiller. Les protagonistes n'échappent quant à eux pas totalement aux stéréotypes du genre : il y a celui qui n'a pas froid aux yeux et qui réagit instinctivement aux situations terribles dans lesquelles il s'enfonce avec son pote, plus peureux, la conscience moins tranquille, et désireux de tout avouer... Soulignons toutefois que le contraste entre les deux citadins et les autochtones est bien dépeint, avec une subtilité bienvenue. 




Le parallèle avec le chef-d’œuvre de John Boorman est encore plus évident à la toute fin du film, avec ce nouveau père de famille qui n'aura jamais l'esprit tout à fait libre et nous adresse un ultime regard caméra chargé d'angoisse après avoir été réveillé par ses cauchemars... Si l'on peut encore de nouveau constater le petit gouffre qui sépare les deux œuvres, on se dit tout de même que l'on vient de passer un moment pas si désagréable devant ce modeste Calibre, et qu'il faudra garder un petit œil curieux sur ce que fera Matt Palmer par la suite. 


Calibre de Matt Palmer avec avec Jack Lowden, Martin McCann et Tony Curran (2018)

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