20 décembre 2015

Mustang

D'abord le titre. Quand on entend Mustang on pense tout de suite à la fameuse marque de guitare. Puis on se souvient que tout le monde n'est pas aussi pointu que nous en matière de zique, et que l'association la plus commune dans la majorité des cerveaux humains est sans doute celle avec le fameux cheval du même nom. Devant le film, on se dit "Non, cela doit être plus malin que cela". Peut-être qu'une Ford Mustang va heurter tout le casting d'un seul coup (un strike) et justifier le titre ? Eh bien non, nous n'aurons pas cette chance. Le titre du film est bel et bien une référence quasi directe au cheval. Quasi si on retire l'aspect guitare, auquel on pense évidemment en premier. Ce groupe de filles, cette sororité visible sur l'affiche (ÉQUIVOQUE !...), toujours filmée en plan large, cheveux au vent, toute entière contenue dans le cadre, pendant les quinze premières minutes, est bel et bien associée à un troupeau de chevals. 




Ce film sur la condition des femmes en Turquie associe donc la femme à un cheval. Nous, ça nous gêne. Apparemment c'est passé, comme une lettre à la poste, puisque le film a été salué unanimement (à l'exclusion de tous ceux qui ont un peu de goût et de jugeote). Ce film franco-turc-allemand a été le candidat pressenti pour le si désiré Oscar du Meilleur Film Étranger de ces trois pays. Les Turcs ont finalement cherché deux secondes et trouvé un meilleur film dans leur cheptel. Les Allemands n'étaient pas intéressés outre-mesure. Et ce sont donc ces cons de français qui ont choisi de le proposer pour la statuette en marbre. Quelle belle destinée pour ce film apatride. Avouons-le tout net, c'est une bestiole à Oscars. Sujet grave, sujet lourd. Traité avec gravité, traité avec lourdeur. Des jeunes actrices accessibles, impliquées, formant une belle fratrie. Trois idées de mise en scène qui se foutent la race (dont celle des chevaux). Bref, toutes les cases sont cochées pour être un prétendant sérieux aux Césars, aux Oscar, dans toutes ces cérémonies de merde.




Un passage du film nous a gênés. Et ici nous nous mettons en mode Rivette qui assassine Truman Kapot dans l'un des épisodes les plus sanguinolents de la critique française. Contexte : deux jeunes filles vont faire des courses à Auchan avec leur paternel et l'une des deux filles (qui a 16 ans et ne rêve que d'une chose, qui peut mesurer une vingtaine de centimètres quand on a de la chance et qu'on a du sang sub-tropical) décide de rester dans la bagnole. Sur le parking rôde un clodo torse poil, taillé comme CR9 (Il Phénoméno, double-ballon d'or, double vainqueur de la coupe du monde, nemesis et meilleur ami de Zizou, amateur de hot-dogs). La jeune fille rameute le jeune clodo en lui montrant qu'elle ne porte pas de sous-vêtements et que les préliminaires seront inutiles pour que le passage soit doux, agréable, optimal. Ni une ni deux, la petite sœur fout le camp et laisse l'arrière du van aux exploits de son aînée. La caméra hypocrite de Deniz Gamze suit alors la gamine dans son errance sur le parking et un suspense s'instaure quant à savoir si le papa va débouler le caddy plein à craquer avant que le coït soit fini et promettre ainsi à sa progéniture une raclée du tonnerre. Quand le père se ramène, la caméra le suit jusqu'à l'ouverture de la porte du van. Point culminant du suspense puisque nous ne savons pas si le clodo a fait son affaire et pu s'en aller discrètement. Aucun indice ne nous a été donné. Pour un film qui s'indigne de la condition des femmes, qui veut pointer du doigt leur statut de femmes-objets impuissantes subissant le diktat d'une société rétrograde et patriarcale, il est d'assez mauvais goût, nous semble-t-il, après avoir associé les femmes à un haras, d'instaurer un suspense aussi facile, forçant le spectateur à espérer le pire. Moyen moyen Deniz Bergkampz...


Mustang de Deniz Gamze Ergüven avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu (2015)

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