21 décembre 2014

Young Ones

Jake Paltrow a l'air d'un type sympa. Déjà, il a une bonne tronche. Il ressemble à sa sœur, Gwyneth. Ça fait de lui un beau gosse, y'a pas à dire. En plus, il a bon goût. C'est sûr. Y'a qu'à voir son premier film, Young Ones, dont il a aussi signé le scénario. On pense à Mad Max, on pense à ces films de SF des années 70, pessimistes et hantés par la peur d'une apocalypse nucléaire. Ici, ça n'est pas la guerre atomique qui est redoutée, mais les conséquences d'un réchauffement climatique inéluctable. Le film, situé dans un futur proche, prend pour décor les contrées asséchées d'une Amérique méconnaissable où l'eau est devenue une denrée rare et précieuse, au centre de toutes les convoitises. Construit en trois chapitres, chacun consacré à un personnage masculin différent, il nous narre les mésaventures d'une famille encore animée par l'espoir de rendre ses terres à nouveau fertiles et mener une vie normale.




Jake Paltrow a une autre qualité : il sait également s'entourer. Michael Shannon, acteur désormais incontournable et presque symbolique d'un certain renouveau du cinéma indépendant américain, incarne un père désireux de protéger sa famille, auquel la première partie est consacrée. On a aussi le bonheur de retrouver la mignonne Elle Fanning, actrice à la présence toujours agréable, qui incarne sa fille. C'est donc bien volontiers, sans se forcer une seconde, que l'on donne une chance à ce qui s'apparente davantage à un néo-western et à une fable écologique séduisante. On sent le cinéaste débutant véritablement rempli de bonnes intentions. Il émaille son film de quelques belles idées, sa mise en scène ne prend pas beaucoup de risque mais essaie bien deux ou trois choses. Les éléments de pure science-fiction sont très rares mais toujours appréciables et bien vus. Le robot transporteur, que le père achète pour remplacer son âne, apparaîtra d'abord comme un gadget joliment fait mais assez inutile, avant d'avoir un rôle-clé dans l'intrigue et de quasiment devenir un personnage à part entière. Une autre belle idée visuelle est cette sorte de maison de retraite futuriste où vit la mère malade, reliée par tout un tas de fils et comme maintenue en vie par des prolongements mécaniques.




Hélas, tout ça ne suffit pas à faire de Young Ones une franche réussite, celle que l'on pouvait espérer pendant ses plaisantes premières minutes. Le film finit en effet par lasser, par nous désintéresser de ce qu'il raconte. Jake Paltrow se disperse dans quelques digressions inutiles, son second long métrage manque cruellement de force et d'enjeu dramatique. Ne parvenant pas à faire preuve d'efficacité dans des scènes où la tension devrait être au beau fixe, échouant à trouver une envergure suffisante pour justifier ses ambitions de grande tragédie familiale, Young Ones laisse finalement un goût d'inachevé et de regrettable gâchis. A l'image, d'ailleurs, du personnage campé par Elle Fanning, qui a l'air d'être là uniquement pour faire joli et pour servir la soupe, littéralement, aux trois personnages masculins (son père, son mec puis son frère) mis en avant par chaque partie. C'est dommage, car il y avait là matière à trouver une proposition de cinéma de genre intéressante et, surtout, nécessaire par les temps qui courent. On donne tout de même rendez-vous à Jake Paltrow pour son prochain film, à défaut de ne pas pouvoir rencarder sa sœur... 


Young Ones de Jake Paltrow avec Michael Shannon, Nicholas Hoult, Kodi Smit-McPhee et Elle Fanning (2014)

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