2 juillet 2014

Rabies

Présenté comme le tout premier slasher du cinéma israélien, Rabies est avant tout un film d'horreur plus intelligent que la moyenne et prenant un malin plaisir à déjouer méticuleusement les attentes des spectateurs. Son étiquette de slasher est ainsi totalement factice, même si ses deux auteurs, Navot Papushado et Aharon Keshales (qui ont co-signé la réalisation et le scénario), connaissent parfaitement le genre et s'amusent à mettre tout en œuvre pour que l'on croie bel et bien qu'ils nous mènent droit vers cette voie si familière. Leur film débute ainsi avec une petite bande de jeunes qui s'en vont jouer au tennis et se retrouvent malencontreusement coincés dans une sorte de réserve naturelle après avoir percuté un type déjà bien amoché avec leur 4x4. La pauvre victime finit par se relever et leur demande de l'aide : une jeune fille serait retenue prisonnière dans les bois, vaste espace truffé de pièges en tout genre, et vraisemblablement hantée par un mystérieux tueur. Un brave berger allemand, un couple de géologues sympathiques et un duo de flics idiots se mêlent ensuite à la fête, le massacre peut alors commencer... Tous les personnages finiront en effet par y passer, sans qu'une logique compréhensible ne semble jamais régir cet étonnant carnage, ma foi assez plaisant à suivre et plutôt amusant dans sa majeure partie. Quand on comprend enfin que le film s'échine à éviter toutes les étiquettes pour finalement apparaître comme une sorte de parodie sanglante à l'humour noir particulièrement glaçant et corrosif, on finit tout de même par s'ennuyer un brin. Le petit jeu de massacre devient progressivement un peu trop systématique et le film peine à tenir la longueur. Las, on peut même se demander si l'exercice n'est pas un peu vain, et c'est bien dommage, car avant que le film s'essouffle et que son rythme patine, on goûtait là une vraie singularité. 




Il y a en effet un réel talent, chez les auteurs de Rabies, pour surprendre et intriguer l'audience habituée à voir défiler sous ses yeux des produits horrifiques aseptisés et se ressemblant tous comme deux gouttes d'eau. Bien qu'imparfait et maladroit, leur film apparaît du coup comme une réponse modeste et maligne à ce cinéma d'horreur sans âme ni aucun imprévu qui abreuve nos écrans depuis des lustres. Leur mise en scène parfois très inspirée réussit à faire surgir l'inattendu et à provoquer la stupeur, avec par exemple cette scène très bien menée où, tandis qu'un des flics est au téléphone et que la caméra le suit dans ses déplacements, nous devinons en arrière-plan une situation a priori anodine qui prend peu à peu une tournure épouvantable. Autre particularité : Navot Papushaldo et Aharon Keshales ont le chic pour faire monter la tension et nous quitter juste avant la conclusion paroxystique attendue de la scène, pour mieux enchaîner avec une autre situation tendue, en reproduisant encore le même schéma, ce qui a pour effet de créer un suspense original et une attente toujours bien entretenue. Arrivé dans une scène, on a hâte de revenir à la précédente, que l'on ne reprend pas au moment où on l'a quittée, mais après : on peut alors deviner ce qui s'y est produit, et ainsi de suite. Bref, leur petite idée fonctionne comme il faut ! Notons aussi que les acteurs sont tous bons, et permettent eux aussi d'élever le film nettement au-dessus des standards habituels. Une jeune actrice brune aux yeux bleus, Ania Bukstein, intrigue beaucoup. Son corps avantageux correspond parfaitement à ceux de ces bimbos décérébrées que l'on croise inévitablement dans ce genre de films, mais il est surmonté d'un visage de caractère, très particulier, presque masculin, dont les réalisateurs exploitent très bien la bizarrerie. Malgré les défauts de ce qui est leur tout premier film, Navot Paspushado et Aharon Keshales s'affirment comme un duo de cinéastes à suivre. Leur Rabies reste une bonne surprise, un film étrange et étonnant qui mérite amplement que l'on en dise quelques mots.


Rabies de Navot Papushado et Aharon Keshales avec Lior Askenazi, Danny Geva et Ania Bukstein (2010)

4 commentaires:

  1. Drole de gueule la meuf !

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    1. J'en ferais bien mon 4 heures quand même ^^

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    2. Messieurs, voyons... vous faites semblant d'avoir des propos sexistes, c'est pour la caméra casher ? Ne serait-ce pas le gros braquemart métallique érigé dans sa menotte qui vous émoustille ?

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