2 mai 2008

Deux vies plus une

Ce film pue à plein nez le premier film, ça saute à la gueule immédiatement, et en effet, c'est bien la première œuvre d'Idit Cebula. On le devine très vite en constatant le côté petit foutoir du film, son côté vieux cagibi. Idit Cebula nous a compilé toutes les petites idées de scénarii et de gags qu'elle avait réunies dans ses carnets avant de se lancer dans la réalisation. Il y a un côté film à sketchs, gags à tiroir toujours un peu en décalage par rapport à la trame principale, commun à bien des premiers films. C'est l'histoire d'une jeune femme (Emmanuelle Devos), professeur des écoles, mariée, mère d'une grande fille. Et cette jeune femme, qui vit dans un chouette appartement, qui a un époux certes un peu fané mais drôle et aimant, une famille attentionnée et aimante, une fille intéressante et aimante, un travail honnête, enfin tout pour être à peu près pas trop à plaindre, va faire sa crise de la quarantaine, gentiment. Entre un voyage chez sa mère épuisante et un autre sur la tombe de son père qui lui parle depuis le royaume des morts, elle décide qu'elle va devenir écrivaine. Alors elle achète un ordinateur et réunit les notes prises dans ses carnets depuis des années (tiens, tiens...), bien résolue à envoyer ça à un éditeur. Et bien sûr ça va marcher, même si l'éditeur est d'origine allemande ("ils sont nés en quelle année ses parents allemands ?" s'engatse sa mère un peu conne).



Enfin vous l'aurez compris ça va pas bien loin, c'est le film définitif (aussi définitif que les 150 000 autres films sortis ces dix dernières années qui avaient le même script) sur les gens de quarante ans qui décident que ça suffit d'être rangé des voitures même si la voiture en question est plutôt cool et qu'il faut s'émanciper en écrivant des livres, et que ça marche et qu'on est édité dans la seconde parce que c'est un film. Devos interprète sans doute un ersatz d'Idit Cebula, et ce film qu'on regarde c'est la compilation de ses petits carnets de jeune femme perturbée par sa vie et qu'un producteur a bien voulu financer pour la grande lucarne. C'est étonnant que le portrait que je tire de ce film soit si grinçant alors que je partais dans l'idée d'en dire plutôt du bien. Parce que ce film se regarde et il est bien moins agaçant que ceux auxquels il ressemble et que je veux fustiger à travers lui. Il y a même quelques idées assez drôles paumées là-dedans. Mais en rédigeant, c'est le mal qui est ressorti. Sans doute n'est-ce pas pour rien. Est-ce l'intention qui compte ou le premier jet ? Peut-être un peu des deux. Deux vies plus une est sympathique, inoffensif, et pas brillant.


Deux vies plus une de Idit Cebula avec Emmanuelle Devos et Gérard Darmon (2006)

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