L'heure fatidique des bilans de fin d'année a sonné ! Notre blog existe depuis trois ans, chaque année la question des TOPs était poussée sous le tapis, balayée par les habituels arguments anti-TOPs qui peuvent effectivement refroidir les mecs qui se posent un peu trop de questions, du genre : "Et qu'est-ce qui se passe si le 3 mars prochain je découvre tel film oublié et méga mieux que les dix films de mon Top réunis", ou encore : "Remember l'an de grâce 1982 où j'avais foutu Koyaanisqatsi au sommet de mon top pour avoir l'air fin, alors que la même année E.T. crevait l'écran en pointant son gros doigt vers mon trou de balle. J'étais pas né en 82 putain, on peut faire des erreurs quand on n'est pas né !". Exit toutes ces petites contrariétés. Maintenant le blog marche à fond, on a près de 20 visites par jour, on n'a pas désactivé nos propres visites donc c'est peut-être 19 fois nous et un fan de Lindsay Lohan mais au strict niveau des stats c'est la grande forme sur notre plate-forme. Donc, même si on est en retard d'un mois, Top il devait y avoir et Top il y a. Pour ce faire, nous allons vous proposer nos deux classements respectifs, qui seront donc deux Top 5, accompagnés de brefs commentaires qui seront particulièrement éclairants pour les films dont nous n'avons pas encore parlé (à noter qu'un article viendra développer nos points de vue sur pratiquement chaque film). A la suite de quoi viendra le Top des lecteurs d'Il a Osé !, auxquels nous avons également demandé de nous dresser la liste des pires films de 2010.
Félix :
1) Copie conforme d'Abbas Kiarostami
Mon acolyte vous en parlera certainement mieux que moi. Je l'ai découvert en sa compagnie au cinéma, et ce fut un véritable enchantement. Délesté d'une certaine lourdeur allégorie présente dans Le Goût de la Cerise, Abbas Kiarostami livre une œuvre poétique qui rappelle toute la force et la grandeur du cinéma, provoquée ici par une simplicité désarmante via un retournement magnifique. Ce film donne tout bonnement une haute idée de l'art cinématographique, et c'est à cela qu'on doit reconnaître les plus réussis.
2) Une Vie toute neuve de Ouinie Lecomte
Une Vie toute neuve est un petit bijou, d’une sensibilité et d’une beauté rare. Je regrette qu’on n’en ait pas davantage entendu parler. Ce film mérite toutes les louanges. Il m’a beaucoup ému, à tel point qu’il m’est même difficile d’en parler dignement.
3) Dans ses yeux de Juan José Campanella
Dans ses yeux est un film extrêmement séduisant, une bestiole de festoche, couverte de récompenses en tout genre, et je suis complètement tombé sous son charme. J’ai pris un réel plaisir à le suivre, un plaisir que je n’avais pas ressenti depuis un bail au moment où je l'ai découvert. Dans ses Yeux est un divertissement de très haute facture, réussissant à mêler différents genres, au sein d'un film qu'Hollywood a dû regarder avec envie et impuissance.
4) The House of the Devil de Ti West
Je vous ai déjà parlé de ce film en détails il y a quelques temps. Je ne l’ai pas revu depuis, peut-être qu’il le faudrait, mais il m’avait laissé une si belle impression que je le mets ici sans me poser plus de question. Pour moi, il s’agit tout simplement d’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années, et d'un bien plus bel hommage aux films de genre que peuvent l’être des œuvres comme celles de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Ti West nous rappelle qu’un bon film d’horreur peut se faire avec trois fois rien, tant qu’on est rempli de bonnes intentions. The House of the Devil est un film à découvrir de toute urgence pour les amateurs, et que je recommanderai même aux autres.
5) Moon de Duncan Jones
Pour ne rien vous cacher, sachez que j’ai longuement hésité entre Moon et MacGruber pour la cinquième place de mon top personnel. MacGruber m’a tué de rire plusieurs fois, notamment lors de deux scènes terribles qui à elles seules justifiaient la présence du film dans mon top. Mais, une fois n’est pas coutume, le sérieux m’a rattrapé, et j’ai préféré faire figurer ici ce film de science-fiction intelligent et rare qu’est Moon, dont peut-être nous vous reparlerons plus longuement bientôt. Il est aussi à noter qu’il s’agit du premier long-métrage de Duncan Jones, le fiston de David Bowie. On attend donc déjà son prochain film, Source Code, au pitch accrocheur, avec impatience ; et on espère de tout cœur qu’il continuera sur cette voie.
Comme je l'ai dit, j'ai effectivement hésité pour la cinquième place de mon podium... J'aurais aimé y mettre The Other Guys (aka Very Bad Cops en vf), la dernière comédie de Will Ferrell, et comme je reste fan du bonhomme, j'ai failli le faire. Faut dire qu'une place dans mon top lui était toute réservée. Hélas, le film n'est pas à la hauteur, et bien qu'il soit assez souvent drôle, la déception est tout de même le sentiment qui domine. J'ai également hésité en ce qui concerne Ouinie Lecomte. Je ne savais pas si on pouvait dire "un film d'Ouinie Lecomte", le "d'Ouinie" me gênait. Je l'ai dit plusieurs fois à voix haute pour m'aider, et j'ai finalement décidé d 'écrire "de Ouinie Lecomte". Voilà vous savez tout. A part ça, je voulais aussi préciser qu'il y a encore bon nombre de films qu'il me reste à voir, et certains de ces films sont mêmes présents dans le top que vous trouverez ci-dessous. Je pense tout particulièrement à Vénus Noire dont je suis à peu près sûr qu'il me plaira, étant donné le casier judiciaire d'Abdellatif Kechiche.
Rémi :
1) Copie conforme d'Abbas Kiarostami
Au sommet de ce classement je n'ai eu aucun mal à placer le film extraordinaire d'Abbas Kiarostami. Un film sublime, absolument parfait, et à tous points de vue. Porté par une Juliette Binoche époustouflante, c'est un film enthousiasmant et profondément riche à la fois, qui procède d'une liberté totale et qui en laisse autant au spectateur. Libre à celui-ci de s'efforcer de discerner le vrai du faux dans cette histoire en deux temps, ou d'en tirer une vérité personnelle, ou, mieux encore, libre au spectateur d'y puiser une intarissable source de joie devant un film qui ne choisit pas, qui ne répond pas, qui se contente de jouer sa partition, un film brillant sur l'art, sur le couple, un film porté par la grâce. Un film surtout qui rappelle à chacun la beauté élémentaire, l'efficacité puissante et la capacité d'émerveillement d'un art du cinéma dont aurait failli oublier à quel point il est précieux.
2) Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) d'Apichatpong Weerasethakul
C'est pour cette même faculté à l'enchantement que le film d'Apichatpong Weerasethakul atterrit à la deuxième place de mon classement. Car même si ce film m'a moins directement touché que celui de Kiarostami, il ne m'a pas quitté depuis que je l'ai vu au cinéma. Je suis impatient de le revoir pour retrouver ses instants subjuguants et pour mieux m'en imprégner encore. Encadrant la séquence centrale, qui touche au sublime, l'ouverture et la clôture du film revendiquent a contrario un style plus réaliste qui fait la nique au règne actuel d'un cinéma de la rapidité, du sensationnel et des effets spéciaux. Au détour d'un simple faux-raccord ou d'un banal champ-contrechamp, Weerasethakul nous rappelle modestement et librement tous les possibles d'un art dont les plus anciennes et rudimentaires techniques sont une ressource de ravissement inépuisable.
3) Bright star de Jane Campion
J'ai dit dans ces pages mon amour pour ce film, qui n'a certes pas la puissance ou la brillance des deux œuvres dont j'ai parlé précédemment, mais qui cependant fait preuve d'une sensibilité et d'une intelligence de plus en plus rares aujourd'hui. Simultanément réaliste et littéralement poétique, le film de Jane Campion est très simplement beau et touchant. C'est un film juste sur la noblesse des sentiments, qui se refuse aux facilités et aux platitudes du marasme des romances actuelles, et qui fait le pari d'une écriture originale, travaillée et réjouissante. Avec le parti pris d'une mise en scène classique, et en racontant l'histoire d'amour romantique d'un poète maudit, la cinéaste se joue des clichés et du grotesque pour toucher à la plus évidente subtilité. (Cf. ma critique du film sur le blog).
4) Vénus noire d'Abdellatif Kechiche
Avec son troisième film Abdellatif Kechiche s'impose comme un des cinéastes français contemporains les plus importants en même temps qu'il fait la promesse d'une œuvre à venir considérable. Avec humilité et sans s'en donner l'air, il a réalisé un film d'une prodigieuse ambition. Un long film, certes historique mais faisant la part belle à la fiction, dans lequel le réalisateur confirme son talent, si rare, de "storyteller". Son art du récit est peu commun et il devient particulièrement efficace lorsqu'il se revêt de qualités documentaires pour un film très dur, d'une vive intelligence, qui de répétitions en aggravations assume la volonté de ne pas laisser indemne et d'interroger le rôle même du spectateur.
5) Tournée de Mathieu Amalric
Il faut saluer le retour au sérieux de Mathieu Amalric, qui après s'être tristement éparpillé dans un millier de rôles en tant qu'acteur, est enfin revenu derrière la caméra pour réaliser un film vigoureux, imparfait, inégal et revitalisant. Car son film est tout cela à la fois, si bien qu'il est facile de s'avouer mitigé à son sujet. En effet les séquences de music hall sont d'un autre niveau que les séquences plus intimistes. Mais le mariage entre ces deux mondes, ces deux fictions, opère néanmoins. Certes le cinéaste ne tient pas toutes ses promesses, celles qu'il nous avait adressées avec ses premières réalisations. N'empêche que ce film, qui semble avoir été fait sur le vif, est emporté par un souffle de liberté et d'énergie qui fait un bien fou et qui, en soi, est une nouvelle promesse.
Et après ?
Il me faut néanmoins brièvement parler de ces perdants qui auraient pu gagner. J'ai longuement hésité, comme on hésite toujours avec ce genre de classement. Ça s'est bousculé au portillon. Parmi les perdants, deux films dont mon camarade vous aura parlé, le bouleversant Une vie toute neuve et le très plaisant Moon. Mais surtout deux autres films : Des Hommes et des Dieux et Bad Lieutenant, très justement plébiscité par nos lecteurs. Je vous ai déjà parlé de la puissance narrative du film de Werner Herzog. Encore un long film dense et essoufflant, plein d'ambition et de force qui tend son doigt au tout Hollywood en insistant sur les possibilités et la richesse de cette vertu que l'on nomme simplicité. Ou quand le cinéma se rappelle qu'il lui suffit d'un lézard et d'un art du cadrage pour évoquer le monde intérieur ravagé d'un vrai personnage sous les traits ingrats et adorables de Nicolas Cage. Quant au film de Xavier Beauvois, il aurait aussi mérité sa place dans ce classement. Traitant d'un sujet loin d'être évident avec une grande maîtrise, le film divise cependant. Ne s'embarrassant pas du politiquement correct qui veut que l'on évite à tout prix la moindre preuve de manichéisme ou le plus petit soupçon de complaisance, le cinéaste français réalise une pure hagiographie, et tant pis pour la nuance. Cet amour sincère pour ses personnages, calqué sur leurs propres sentiments, que l'on pourrait aussi qualifier d'aveuglement a de quoi séduire et de quoi agacer. Idem pour la séquence du repas final sur fond de Tchaïkovski, qui balance entre le risible et le magnifique. A la sortie du cinéma c'est plutôt largement le positif que j'avais retenu du film. J'ai hâte de le revoir pour peut-être confirmer - du moins je l'espère - ce jugement.
Le TOP 10 des lecteurs :
1) Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans de Werner Herzog
2) Copie conforme d'Abbas Kiarostami
3) Bright star de Jane Campion
4) Mother de Bong Joon-ho
5) Dans ses yeux de Juan José Campanella
6) Oncle Boonmee d'Apichatpong Weerasethakul
7) Une Vie toute neuve de Ouinie Lecomte
8) Moon de Duncan Jones
9) Vénus Noire d'Abdellatif Kechiche
10) Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois
2) Copie conforme d'Abbas Kiarostami
3) Bright star de Jane Campion
4) Mother de Bong Joon-ho
5) Dans ses yeux de Juan José Campanella
6) Oncle Boonmee d'Apichatpong Weerasethakul
7) Une Vie toute neuve de Ouinie Lecomte
8) Moon de Duncan Jones
9) Vénus Noire d'Abdellatif Kechiche
10) Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois
Avec ce top, nos lecteurs apparaissent donc en parfaite harmonie avec nous-mêmes, puisque seul Mother ne figure pas déjà dans l’un de nos deux tops. Bien qu'on l'ait regardé sans déplaisir, le film de Bong Joon-ho ne nous a pas totalement convaincus. Échouent aux portes de ce classement : Breathless, Fantastic Mr Fox, Mystères de Lisbonne, The Town, Toy Story 3 et The Ghost Writer, ce dernier aurait même pu figurer à une bien meilleure place si l’une de nos lectrices ne l’avait pas situé au sommet de son flop (elle est grande et file facilement des beignes, alors on a rien pu faire). C'est le film de Werner Herzog qui a plu au plus grand nombre, et c'est logiquement pour cela qu'il se retrouve tout en haut de ce top. Nicolas Cage a su trouver ses fans, c'est certain.
Le FLOP 10 des lecteurs :
1) The Social Network de David Fincher
2) Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton
3) Tout ce qui brille de Géraldine Nakache
4) Knight & Day de James Mangold
5) Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet
6) Mr Nobody de Jaco van Dormael
7) Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
8) Harry Potter et les reliques de la mort - partie 1 de David Yates
9) Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec de Luc Besson
10) Les Amours imaginaires de Xavier Dolan
2) Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton
3) Tout ce qui brille de Géraldine Nakache
4) Knight & Day de James Mangold
5) Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet
6) Mr Nobody de Jaco van Dormael
7) Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
8) Harry Potter et les reliques de la mort - partie 1 de David Yates
9) Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec de Luc Besson
10) Les Amours imaginaires de Xavier Dolan
Véritable plébiscite pour le dernier film de David Fincher, The Social Network, pourtant bien parti pour rafler tous les Oscars et que l’on peut également retrouver au sommet des tops sur bien d’autres blogs et magazines en tout genre. Il faut croire que c'est bien parmi les lecteurs de notre blog que Fincher s'est fait "quelques ennemis". Que rajouter si ce n’est que nous sommes ici très fiers de nos lecteurs. Pour ne rien vous cacher, sachez qu’une critique du film de David Fincher sommeille dans nos brouillons depuis plus de deux mois. Faut croire que ce film est tellement chiant que nous rechignons même à y revenir pour vous en dire du mal. Mais cette critique arrivera bientôt, c’est promis. Pour le reste, que dire ? S’exprime ici un véritable rejet pour toutes ces grosses machines merdeuses, avec lesquelles on nous a bassinés pendant des semaines, voire davantage, que ça soit mondialement (Harry Potter, Alice au Pays des Merveilles, etc) ou seulement dans notre doux et beau pays (Gainsbourg, Tout ce qui brille, Les Petits mouchoirs, Adèle Blanc-Sec). On pourrait presque s’étonner de ne pas retrouver Inception dans ce flop. Il aurait pu y figurer, car certains d’entre vous l’ont bel et bien détesté, mais quelques autres l’ont aimé et l'ont placé dans leurs tops... En tout cas, nous essaierons aussi de le critiquer bientôt, même si comme le film de Fincher nous retardons l'échéance par crainte de nous replonger dans l'esprit malade de Chris Nolan.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont aimablement participé à ces classements.
Nota Bene : Avis à tous ceux qui le souhaiteraient, n'hésitez surtout pas à poster vos propres Top/Flop dans les commentaires de cet article !