Il y a mille choses à dire sur ce petit classique des fêtes de fin
d'année. J'ai déjà dit mon admiration pour Kevin Costner et pour ce film
en particulier dans un article consacré à Swing Vote (article sur lequel
personne au monde n'est jamais tombé, même en faisant une quelconque recherche Google et par pur hasard). Nous avons même évoqué notre goût pour cette affiche de cinéma mille fois imitée, jamais égalée (crève Philippe Lioret). Je ne vais pas recommencer et me
répéter. On peut ergoter cent ans sur chaque scène de cette fresque
humaniste qui sent bon le fétu de paille et qui a tout dit du génocide
amérindien. Dès la première séquence le génie de son metteur en scène et
acteur vedette s'exprime, où l'on voit toute une armée de nordistes et
toute une armée de sudistes rater un seul homme chevauchant au ralenti
et les bras en croix à portée de tir, comme à la parade, séquence qui explique en quelques
minutes et sans détour les cinq années que dura la guerre de sécession et le nombre de ses victimes = zéro.
On peut aussi trouver à redire sur ce film (les pisse-vinaigre s'en donneront
à cœur joie), et dénoncer avec la meute le massacre, orchestré par
Costner et sa bande, de 90% de la population survivante des bisons
d'Amérique pour les besoins d'une scène d'anthologie où les Sioux font
ce qu'on appelle un carton plein sur des bestiaux plus du tout habitués à
se faire cribler de balles par tout un safari géant de malades sanguinaires armés jusqu'aux dents et perchés sur des Jeeps
Renegade déguisées en chevaux.
Mais ce qui me touche, moi, dans ce film, ce sont les relations qu'il tisse entre ses
personnages. Je suis toujours sensible, à la vie comme à l'écran, aux
relations homme-mec, et ce film en foisonne. De belles rencontres et de grandes amitiés, voilà ce
que filme avant tout Kevin Costner. Et je n'oublierai jamais, outre la
danse du bellâtre autour d'un feu de camp, outre la mort tragique de son
cheval et de son leup, outre celle, flamboyante, de Wes Studi, farouche
Pawnee, je n'oublierai jamais les adieux que s'adressent John G. Dunbar et ses amis indiens, à la fin des
4h30 de la version longue du film (l'équivalent de l'entracte du documentaire de 500 heures consacré par sieur Costner aux natifs du continent austral : 500 Nations, à raison d'une heure par nation indienne chérie).
C'est d'abord Oiseau Bondissant, qui, en gage de souvenir impérissable, propose à son homologue blanc une "bonne pipe". Puis Cheveux Aux Vents, qui hurle son nom
indien à Dunbar, aka Šuŋgmánitu Tȟáŋka Ób Wačhí, sis sur son canasson,
au sommet d'une montagne enneigée, à une plaque de verglas du trépas, rameutant par le fait toute l'armée Yankee qui n'a qu'à suivre ses cris pour venir décimer les derniers
dignes représentants du peuple des plaines. "Sais-tu que tu es mon ami ?
Sais-tu que tu seras toujours mon ami ?" Les larmes... Une par nation...
Danse avec les loups de Kevin Costner avec Kevin Costner, Wes Studi, Graham Greene et Mary McDonnell (1990)