J'ai fait une petite expérience avec quelques scènes de Crimson Peak, ce film de fantômes de Guillermo del Toro sorti en 2015 que tout le monde a zappé. Bon, rien de bien méchant. J'ai juste trafiqué un peu le grain, le contraste, la luminosité, la colorimétrie. En gros, le rendu visuel quoi. Hop hop hop, des broutilles par-ci par-là, des détails infimes. J'ai des logiciels d'édition vidéo assez costauds à la maison, du matos de pointe, et je perds régulièrement un temps fou à faire mumuse avec, au grand dam de mes proches. Je choisis des films desquels a priori il n'y aurait rien à sauver et j'essaie très modestement de les améliorer, d'en faire quelque chose. Bref, après quelques heures de bidouillages sur Crimson's Peaks (j'y ai passé quasiment deux après-midis), j'étais toujours pas convaincu du truc, j'arrivais à rien, j'en tirais que dalle de potable, et ça devenait presque une obsession... Puis j'ai eu l'idée de mettre tout ça en noir et blanc... Et là... Sa race... La révélation.
Parfois, c'est dans les choix les plus simples que réside le génie... Imaginez tout ça en mouvement : c'est assez dingue. D'ailleurs, si ça vous intéresse, je peux vous partager mon director's cut sur mon compte Viméo. J'espère que le maestro del Toro ne sera pas en colère après moi mais ces échelles de gris, avec ces effets discrets sur les visages des comédiens, ajoutent une dimension onirique au récit et me transportent vers un espace-temps indéfini. Cela me donne des frissons et me hérisse les poils du bas du dos, très exactement ceux qui s'échappent de ma raie. Bref, rien à voir avec l'ennui terrible et l'envie de crever que j'ai pu ressentir en découvrant la version originale.
Ces images-là ne semblent pas issues d'un film.
Mais de mes propres souvenirs.
De mes propres cauchemars de névrosé.
Crimson Peak de Guillermo del Toro avec Jessica Chastain, Mia Wasikowska et Tom Hiddleston (2015)