Tout mon respect à Brit Marling ! Cette jeune femme est en train de se bâtir une filmographie très intéressante, constituée de petits films de genre toujours singuliers et ambitieux. Fait peu commun de nos jours, la jolie dame co-écrit les scénarios de ces films, et ceux-ci sont généralement mâtinés de science-fiction. A l'écran, cette blonde ravissante dégage naturellement quelque chose d'assez rare, un magnétisme évident, qui fait d'elle une actrice remarquable. Sans doute bien consciente de cela, elle incarne avec brio et sans effort apparent la gourou d'une étrange petite secte qui fascine et enrôle ses adeptes en affirmant venir du futur, de l'an 2054 pour être exact. Elle se garantit la fidélité de ses sujets en déclarant pouvoir les préparer à une très prochaine apocalypse. S'infiltre dans cette secte un couple bien décidé à percer son mystère et qui, par là même, compte réaliser un documentaire mémorable, voué à leur faire gagner une belle reconnaissance. Vous tenez-là l'appétissant synopsis de Sound of my voice, un étonnant film de SF indépendant au budget minuscule mais à la tête bien pleine, qui, je vous le promets, saura vous captiver du début à la fin et, je risquerais même : pourra vous scotcher complètement ! Il pourra aussi faire de vous un adepte de Brit Marling, ou au moins un sympathisant...
Brit Marling s'était déjà faite remarquer il y a deux ans avec Another Earth, co-écrit et réalisé par Mike Cahill, sorti dans nos salles de façon assez confidentielle. Il s'agissait déjà d'un simili film de science-fiction réalisé avec trois fois rien et adoubé par Sundance qui, pour une fois, avait vu juste. Une brillante idée de départ, la découverte et la rencontre attendue avec une terre jumelle soudainement apparue tel le reflet d'un miroir, y servait finalement de simple prétexte à la peinture d'un drame humain un brin maladroite et peu originale. Malgré la légère déception suscitée par de belles promesses initiales, nous avions toutefois senti des personnalités rafraîchissantes derrière tout ça et apprécié l'ambiance brumeuse et planante qui parvenait à poindre ici ou là. La présence salutaire de la révélation Brit Marling permettait aussi d'éponger nos regrets, pour mieux garder le souvenir d'une première œuvre encourageante.
Dans Sound of my voice, la science-fiction apparaît également d'abord comme une sorte de toile de fond qui serait cette fois-ci propice à un thriller psychologique. Mais, en fin de compte, le film joue à fond sur la croyance du spectateur en ces rares éléments irrationnels autour desquels tout se construit et s’emmêle. La question de l'authenticité du personnage superbement joué par Brit Marling est au centre de l'intrigue. Ce doute avec lequel joue sans cesse l'actrice et son acolyte Zal Batmanglij, jeune réalisateur dont il s'agit du premier long-métrage, représente le cœur même du film, sa raison d'être. En ce sens, la fin du film, qui pourra peut-être en décevoir quelques-uns, m'a personnellement semblé tout à fait logique. Elle m'apparaît comme la seule fin possible à ce film qui questionne tout du long notre capacité à croire et ce plus que jamais lors de sa brutale conclusion.
On pourrait reprocher au film de Zal Batmanglij son découpage en chapitres de durées apparemment égales, car cela a le menu défaut de lui donner une forme proche des plus efficaces séries télé américaines, chaque chapitre se terminant par une sorte de cliffhanger (même si le mot n'est ici pas tout à fait bien choisi). Il faut cependant reconnaître que ce dispositif est très habile et l'effet est pleinement réussi, puisque nous sommes tenus en haleine comme rarement devant ce film au rythme sans faille, qui parvient à nous faire oublier la notion du temps en même temps qu'il l'interroge. Les parties se succèdent avec délice, et la toute première, pratiquement muette, fait office d'introduction idéale puisqu'elle suscite immédiatement la curiosité. Elles apportent toutes leur mystère, au grè de ces séances rituelles qui constituent les meilleures scènes du film, notamment car elles sont orchestrées par une gourou fascinante dont chacun des mots captive et dont le charisme raffiné intrigue constamment.
Brit Marling s'était déjà faite remarquer il y a deux ans avec Another Earth, co-écrit et réalisé par Mike Cahill, sorti dans nos salles de façon assez confidentielle. Il s'agissait déjà d'un simili film de science-fiction réalisé avec trois fois rien et adoubé par Sundance qui, pour une fois, avait vu juste. Une brillante idée de départ, la découverte et la rencontre attendue avec une terre jumelle soudainement apparue tel le reflet d'un miroir, y servait finalement de simple prétexte à la peinture d'un drame humain un brin maladroite et peu originale. Malgré la légère déception suscitée par de belles promesses initiales, nous avions toutefois senti des personnalités rafraîchissantes derrière tout ça et apprécié l'ambiance brumeuse et planante qui parvenait à poindre ici ou là. La présence salutaire de la révélation Brit Marling permettait aussi d'éponger nos regrets, pour mieux garder le souvenir d'une première œuvre encourageante.
Dans Sound of my voice, la science-fiction apparaît également d'abord comme une sorte de toile de fond qui serait cette fois-ci propice à un thriller psychologique. Mais, en fin de compte, le film joue à fond sur la croyance du spectateur en ces rares éléments irrationnels autour desquels tout se construit et s’emmêle. La question de l'authenticité du personnage superbement joué par Brit Marling est au centre de l'intrigue. Ce doute avec lequel joue sans cesse l'actrice et son acolyte Zal Batmanglij, jeune réalisateur dont il s'agit du premier long-métrage, représente le cœur même du film, sa raison d'être. En ce sens, la fin du film, qui pourra peut-être en décevoir quelques-uns, m'a personnellement semblé tout à fait logique. Elle m'apparaît comme la seule fin possible à ce film qui questionne tout du long notre capacité à croire et ce plus que jamais lors de sa brutale conclusion.
On pourrait reprocher au film de Zal Batmanglij son découpage en chapitres de durées apparemment égales, car cela a le menu défaut de lui donner une forme proche des plus efficaces séries télé américaines, chaque chapitre se terminant par une sorte de cliffhanger (même si le mot n'est ici pas tout à fait bien choisi). Il faut cependant reconnaître que ce dispositif est très habile et l'effet est pleinement réussi, puisque nous sommes tenus en haleine comme rarement devant ce film au rythme sans faille, qui parvient à nous faire oublier la notion du temps en même temps qu'il l'interroge. Les parties se succèdent avec délice, et la toute première, pratiquement muette, fait office d'introduction idéale puisqu'elle suscite immédiatement la curiosité. Elles apportent toutes leur mystère, au grè de ces séances rituelles qui constituent les meilleures scènes du film, notamment car elles sont orchestrées par une gourou fascinante dont chacun des mots captive et dont le charisme raffiné intrigue constamment.
Ce second essai signé Brit Marling, de nouveau accompagnée par un ami réalisateur, et tourné dans la foulée d'Another Earth, me paraît donc beaucoup plus abouti et cohérent que le premier. Sound of my voice atteint clairement son but et nous laisse avec la conviction d'avoir vu un film fichtrement ingénieux, dont l'ambition et l'intelligence rappellent un peu le sympathique Man from Earth, et dont la découverte si agréable appelle à être partagée. De nos jours, on appelle ça une perle rare. On a à présent très hâte de découvrir The East, la nouvelle création de ce même duo, qui, grâce à son casting plus clinquant pourra bientôt, je l'espère, bénéficier quant à lui d'une sortie en salles en bonne et due forme. Sound of my voice l'aurait mille fois méritée.
Sound of my voice de Zal Batmanglij avec Brit Marling, Christopher Denham et Nicole Vicius (2012)